mardi 31 mars 2015

Où vais-je ?

31 mars 2015


Il est 21h00 et pour une fois je ne suis pas au lit, entrain de m'endormir. Pourtant la fatigue est là, latente, mais j'ai préféré ressortir ce soir plutôt que de me coucher si tôt, entraînant alors systématiquement mon premier réveil vers 2h00 du matin. Oui, si cela était possible, une fois couché tout à l'heure j'aimerai dormir d'une traite jusqu'à six ou sept heure du matin, sans entre-sommeil, sans réveil toutes les deux heures. Je suis sortis parce que j'étais aussi un peu triste. Effectivement je suis rentré à la maison vers 19h00 afin d'être un peu en compagnie de Cynthia. Mais le simple fait de me retrouver entre les murs du salon m'a mis comme un coup de barre, me fatiguant à l'avance de je ne sais quoi. D'un autre côté Cynthia était occupé à ses cours, puis à se faire à manger. C'est donc vers 20h30 que nous nous sommes enfin retrouvé côte à côte, nous embrassant enfin. Ma fille m'a également appelé vers 19h30 et lorsque je lui ai fait comprendre que j'étais fatigué, que je ne resterai pas longtemps au téléphone, j'ai senti le ton de sa voix se fléchir, entendu sa déception et je regrette d'avoir ainsi écourté notre conversation. Bref, ce soir je me suis senti seul, c'est le cas de le dire et ce n'est la faute de personne, ce sont les circonstances qui veulent ça.

Aujourd'hui Cynthia a donc filmé les cours qu'elle donne à ses deux classes de seconde. J'ai tout transféré sur mon ordinateur et j'ai regardé quelques petits passages. Étant trop fatigué pour me concentrer longuement sur ces deux heures de cours, je regarderai tout cela demain, tranquillement et, j'en suis sûr, avec plaisir. Déjà de l'apercevoir derrière son bureau de prof, de voir qu'une bonne partie de ses élèves étaient plus grands qu'elle en taille, j'ai trouvé tout cela mignon. Les cours qu'elle a filmé portent sur l'initiation à la poésie. Je suis donc curieux de voir, d'entendre comment elle va leur « vendre » la poésie, manière d'écrire qui est en général peu apprécié des lycéens et rarement lu par les adultes. De même, je suis curieux de voir les réactions des élèves.

Je viens de relire quelques textes que j'ai publié sur mon blog, dont celui consacré à Michel. A la relecture, ce texte m'a fait froid dans le dos alors que, je le sais, au moment où je l'ai écrit c'est surtout en colère contre moi-même que j'étais. Que dire encore de cette histoire ? Mais comment l'éviter également ? Il m'est impossible de faire table rase, oui, impossible. Même si je ne culpabilise plus de la même façon qu'à l'époque de cette sinistre histoire, je sais que je culpabilise encore, mais je ne comprend pas comment, de quoi exactement et, du coup, je ne sais où chercher la solution, quelle direction prendre pour faire la paix avec moi-même face à cet événement. Oui, c'est une cicatrice qui n'a pas refermé toutes ses plaies, du sang coule encore, mais je ne sais par quel orifice. Depuis les années 2000, années où j'ai commencé à sortir la tête hors de l'eau face à ce drame, jamais plus je ne m'étais attardé sur cette période de ma vie. Non, c'est seulement depuis que j'ai mon cancer que je m'y replonge. Est-ce là pour moi une façon d'accepter ma mort peut-être prochaine ? Un rendu pour un rendu ? Est-ce là une façon plus supportable d'accepter ma maladie mortelle, tout comme j'ai été mortel pour Michel ? Est-ce là une façon de justifier ma fin à court ou moyen terme ? Est-ce parce que tout cela m'est insupportable, tant la gestion de la mort de Michel que la gestion de ma maladie, ce qu'elle signifie, que je me remet à fumer, histoire d'en finir une bonne fois pour toute et rapidement avec la gestion de moi-même, gestion qui me fatigue, m'épuise, me vide ? Il me semble être sur la voie des bonnes réponses, mais après les mots il faut les actes, des actes cohérents tant qu'à faire. Soit je prend le parti de me détruire et la logique veut que j’arrête de me soigner, soit je prend le parti de faire la paix avec moi-même et, là, tous les soins prennent alors un sens.

2 commentaires:

  1. J'ai rempli à plein temps le rôle que je préfère -celui de Mamy- et ai pris un peu de retard.
    Votre belle mère semble aller mieux; comme quoi, face à cette salop...de maladie, on peut encore rebondir. Et espérer toujours. Bonne chance pour votre visite chez le radiothérapeute. Tenez moi au courant
    Je pense aussi que votre maladie et la peur de la mort vous font repenser à Michel. Néanmoins, ne vous torturez pas trop; c'était un accident tragique certes, mais on ne peut pas revenir en arrière. Toujours y penser vous fait beaucoup de mal. Il faut que vous acceptiez de vous aimer; aux yeux de Cynthia, vous êtes aimable. Et quand je lis vos écrits, j'ai l'impression de lire l'histoire d'un mec torturé mais d'un mec bien
    Je comprends aussi que vous vous fassiez du souci pour votre fille; en cela, vous êtes un parent normal; nous nous sommes tous faits du souci pour nos gosses.et nous nous en faisons encore; il y a la réussite scolaire mais après le travail, la vie à eux, la santé, les petits enfants etc...
    Mais pour une fois que vous avez votre fille, ne jouez pas les pères fouettards
    Nos enfants s'en sortent toujours et sans nous; là je parle par expérience. A 13 ans l'avenir pour eux, c'est loin. Mais les bons moments passés avec les enfants restent une richesse
    J'ai pensé à vous l'autre soir en écoutant Laurent Voulzy, né à Paris et qui a connu la Guadeloupe, patrie de son père, à 15 ans; il avait l'impression d'être enfin chez lui. Le Maroc n'est peut-être pas un pays si étranger pour vous. A visiter un jour?
    Je vous embrasse très affectueusement. Embrassez Cynthia qui fait le métier dont j'ai toujours rêvé; mais sans papa pour financer mes études, la fac n'était qu'une illusion
    Dans 15 jours, Zazou sera là -enfin- et je n'aurai pas le temps de vous contacter; néanmoins, je ne vous oublie pas malgré mes silences

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  2. Bonjour Mamy. D'abord, concernant les vacances avec ma fille, je vais suivre vos conseils, que ces dix jours soient de véritables moments de vacances, au sens plein du terme, et laisser le scolaire loin de nous. Comme vous dites, qui que l'on soit, quelque soit son parcours, si l'on veut s'en sortir on trouve toujours un chemin et je ne vois effectivement pas pourquoi ma fille échapperai à cette règle.

    Quant à Michel, c'est malgré moi, c'est un peu comme si c'était une ombre qui me suivait où que je sois et quoi que je pense. Face à cela, c'est vrai, je me sens assez désemparé, ne sachant comment aborder et prendre la chose. En attendant, j'essaie de faire avec, en essayant de ne pas trop culpabiliser, mais ce n'est pas simple.

    Vous me dites que vous avez été Mamy à temps complet ces derniers temps et, avec le sourire au lèvre, je me dis que je serai papa à temps complet d'ici quinze jours. Tout ce que j'espère c'est que j'aurai assez d'énergie pour faire plusieurs chose avec ma fille, que je ne dormirai pas toutes les matinées comme c'est le cas actuellement, bref, j'espère que j'aurai beaucoup de temps à lui consacrer. Ma fille a treize ans aujourd'hui-même. Elle n'est plus complètement dans l'enfance, mais pas encore de plein pied dans l'adolescence. A son âge, je faisais déjà des bêtises, étais inconscient, ne mesurais pas du tout la portée de mes actes ou de mes décisions. Est-ce qu'à treize ans tous les enfants, peu ou prou, sont aussi "inconscients"? Je le pense, même si fort heureusement l'immense majorité ne ressemble pas au petit garnement que j'étais.

    Quant au Maroc, mon pays paternel, non à cause des marocains et de leur culture, mais à cause du comportement de membres de ma famille paternelle, il y a longtemps que j'ai mis une croix sur ce pays. De plus, il est vrai que je ne suis pas très "voyage" et lorsque l'envie me prends de découvrir un nouveau lieu, j'estime que notre hexagone offre un large panel de choix. Rouen par exemple, ville que je ne connais que de nom, ne m'avez-vous pas dit qu'elle était une belle petite ville?

    Quoi qu'il en soit vous m'apprenez que vous aller bientôt revoir Zazou, une image que j'ai plaisir à voir dans mon esprit, et même si vous n'avez pu devenir enseignante, peut-être est-ce vous qui lui avez transmis le goût des mots, le goût de notre langue, du verbe et de la poésie. De mon côté, j'essaye de transmettre à ma fille le goût de l'écriture, mais ce n'est pas gagner! Zazou, à son niveau et comme je lui ai déjà dit, a été un carrefour dans ma vie. Son pseudo et celui de quelques autres blogueuses sont gravés dans mon esprit à jamais. Zazou est le début du fil qui, de blog en blog, m'a amené à connaitre Cynthia, c'est vous dire l'importance de cette rencontre pour moi.

    Sinon, vous vouliez enseigner quelle matière? Et à l'époque, les bourses étudiantes n'existaient pas? Et puisque vous n'avez pu être enseignante, dans quel secteur vous êtes-vous alors dirigé?

    Quoi qu'il en soit je vous embrasse bien fort, vous, Zazou et toute votre grande famille, vous que je sais quelque part dans l'ombre, prêt à me tendre la main si mon moral n'était pas ou plus au top. Je vous dis donc à très bientôt !

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