lundi 31 août 2015

Euphorie

 31 août 2015


Il n'y a pas à dire, miracle du médicament, de la chimie, de leurs capacités de connecter ou déconnecter des groupes de neurones, de débloquer des molécules, d'en créer de nouvelles, tout cela pour essayer de faire de nous la plus parfaite des machines cérébrale. Dans mon cas cela marche, bien au-delà de ce que j'escomptais. Depuis une semaine que je prends maintenant un antidépresseur, chaque jour qui passe est un petit peu plus de joie dans mon cœur, tandis que la veille c'était le désespoir, la panique et le trouble. Oui, ce soir je me sens tellement euphorique, si content d'être débarrassé de mon stress et de mes angoisses, que je ne sais que penser de ce traitement qui, certes, me rend la vie nettement plus légère, mais qui, je le sais aussi, fausse la réalité de ce que je devrais normalement éprouver. Pour tout vous dire, c'est à un tel point, que l'on pourrai m'annoncer que je vis mon dernier jour, que je le prendrai avec le sourire, sereinement. Oui, l'alliance de mes calmants, de mon neuroleptique et de mon antidépresseur, se révèle d'une redoutable efficacité. Est-ce que dans les centres de soins palliatifs la méthode est la même, permettant ainsi aux personnes de mieux accepter leur fin ?

Cependant, en acceptant d'être ainsi déformé psychologiquement, n'être plus nous-mêmes quelque part, notre intégrité de naguère étant mis à mal, voire niée, ne sommes-nous pas des lâches ? Là, je parle en tant qu'homme et non en tant que femme, en tant qu'homme qui a baigné toute sa vie dans le culte de la virilité, de la force, de la résistance, du combat, de la lutte, et peu importe que j'ai eu plus d'une fois dans ma vie des lacunes dans ces domaines, elle a été et est encore la ligne directrice de mon existence, de mon conditionnement, de ma raison d'être. Si tout s'écroule dans cette perspective de moi-même, dans cette idée que je veux avoir de moi, alors qu'il est vrai que plus rien ne m'y oblige, alors qu'il est vrai que je ne m'y sens plus non plus obligé, la fin étant là, à proximité, quelque soit le comportement viril pour lequel j'opterai, mais en acceptant d'agir lâchement, en prenant tous ces psychotropes, quel estime aurai-je de moi-même d'ici quelque temps ?
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Mais il faut que je sois honnête avec moi-même, j'en tirerai les conclusions plus tard. Je dois admettre, avouer, que je préfère être dans cet état presque euphorique, en tout cas joyeux, même si c'est au détriment de ma véritable personnalité, car au moins là, je ne souffre pas. Même le cancer je peux le penser sereinement à présent, ainsi que mes séances de radiothérapies à venir, et pourrais en rire sincèrement si je devais en parler à quelqu'un. Là, de suite, je sais que je pourrai entendre tranquillement ma mère et ses espoirs, que contrairement à hier ou avant, cela ne m'irriterait pas. Ce serait donc l'occasion de l'appeler, pour un dialogue plus serein, plus détendu, dans lequel je serai moins aux aguets. Du coup je vais le faire...

Mes appels sont finis. Effectivement, en plus de ma mère j'ai téléphoné à ma sœur, afin de les rassurer toutes les deux sur mon état d'esprit psychologique, leur signifiant que je me sentais très bien. Dans leur voix, j'ai entendu le « ouf » de soulagement, la décompression, la détente faire son chemin. Voici une bonne chose de faite.

Pour tout vous dire, je me sens tellement détendu, ce qui ne veut pas dire que je plane pour autant, que je me sentirai capable de regarder un film, voire même de m'y intéresser. Oui, mon cancer, ma fin, m’apparaît ce soir comme un sujet parmi d'autres, pas plus important, pas plus grave que je ne sais quel attentat, oui, encore une fois, mes psychotropes sont redoutables d’efficacité. Cela continuera-t-il ainsi ou, tel que je le crois, je vais m'y accoutumer, m'y habituer, et revenir petit-à-petit à mes bons vieux démons, à l'état d'esprit qui est généralement le mien, celui du questionnement, du doute, du scepticisme ? L'avenir nous le dira, à chaque jour suffit sa peine pour le moment, à chaque jour sa pluie ou ses nuages, son soleil ou sa neige, j'aurai bien le temps de vivre tout cela en temps et en heure.

Un peu de répit

31 août 2015


Aujourd'hui c'est la rentrée de Cynthia, celle des professeurs. Elle a peu ou pas dormi de la nuit, mais j'espère que ça se passera bien. Cette matinée ? Elle n'est pas comme les autres. Chaque matin n'est plus le même depuis une semaine, car je me sens différent. Oui, je me sens dorénavant comme un mourant et non plus comme quelqu'un qui va mourir, grosse nuance. Oui, je ne crois pas en des effets positifs et durables des séances de radiothérapie que l'on va me faire. Quelque part, je crois même qu'elles vont accélérer le processus, je ne sais sous quelle forme, mais qu'elles vont réellement me rendre handicapé, peut-être du corps, peut-être de l'intellect, mais qu'il y aura eu un avant et un après, chose que je n'ai pas ressenti lorsqu'à Rennes j'ai subi le même traitement.

Je sens l'effet de mon antidépresseur, effet que je n'aime pas, car je le sens, ma pensée, ma réflexion, l'humeur qui les accompagne habituellement, n'est plus. Je ne me sens plus aussi profond lorsque je médite, j'ai l'impression de survoler les choses, de ne plus discerner ce qui est grave de ce qui ne l'est pas, même si je sais pourtant tout de ma santé en toute connaissance de cause. Alors j'hésite à cesser de le prendre, j'en parlerai à mon psy ce soir.

Demain c'est mon anniversaire, peut-être le dernier. Depuis des années je ne le fêtais pas, mais parce que je pense ne pas voir le prochain, celui je l'aurai bien fêté avec tous mes proches. Cela sera  impossible, mais ce n'est pas grave car, comme l'on dit, il n'y a pas mort d'homme.

Depuis que j'ai publié il y a deux jours, je ne suis pas retourné sur internet. Je ne vais plus non plus sur facebook ou autres sites d'échanges, comme celui de la ligue contre le cancer. Oui, tout cela ne m'apporte plus rien et, lorsque je converse, je me demande si j'entends bien quelque chose, si je retiens au moins une parole, s'il en est une qui me parle, qui raisonne dans mon cœur, mon corps ou ma tête, et peu importe de qui elles viennent.

Hier soir j'ai encore eu ma mère au téléphone. Depuis une semaine je l'appelle tous les jours, mais elle ne se fait pas à l'idée de ma mort prochaine, ne veut pas l'entendre, veut croire qu'un miracle se produira, bref, je l'a plaint. Pour ma sœur, c'est un peu la même, c'est ce qu'elle m'a écrit dans son mail de la semaine dernière. Elle n'ose m’appeler, affronter le malade, le mort en sursis, cela l'ébranle trop, ce que je ne peux que comprendre. Aussi je la laisse dans son coin, ne tente plus de la joindre, et la laisse m'appeler si un jour elle s'en sent la force. J'ai également téléphoné à mon frère la semaine dernière, à deux reprises. J'ai enterré ma hache de guerre qui, de toute les façons, me rendait plus triste que joyeux. Là-aussi, libre à lui de m'appeler quand il le veut car, pour l'instant, à part ma maladie, je n'ai aucun sujet de conversion.

Il est bientôt 9h00 du matin, je suis à la terrasse d'un café situé proche de la gare, mais il n'a pas la wifi. Cependant je suis au calme, le bruit des voitures ne m'agresse pas trop et il y a vraiment peu de monde dans les rues. Non, Belfort n'est pas Rennes, c'est même le jour et la nuit, surtout dans l'état d'esprit, le type de populace, leur âge. Tandis qu'à Rennes soufflait l'esprit de l'entreprise, de la légèreté, de la jeunesse, ici c'est l'esprit du marasme qui semble plomber la ville. Les gens ne sont pas souriant, marche tête  baissée, on dirait qu'ils s'ignorent ou voudraient pouvoir le faire. On n'ose aller à leur rencontre, un peu comme avec les lyonnais, tant on a à l'avance l'impression que l'on va les emmerder. Les rennais, c'était tout l'inverse, avec eux le contact était facile au possible.

Il est 13h30, la matinée est fini. Je suis rentré vers 10h00 pour me recoucher et me suis réveillé vers 12h00. Cynthia m'a appelé, me disant que sa rentrée des professeurs avait été un peu le bordel, que tout n'était pas au point. Qu'en sera-t-il demain avec les élèves, là est la question ? Puis, ne sachant que faire, j'ai décidé de prendre le bus qui passe en bas de chez moi et de faire toute la ligne, histoire de voir un peu plus à quoi ressemble Belfort. Sur le chemin du retour, apercevant un café avec une terrasse à l'ombre, je suis descendu à cet arrêt. Oui, aujourd'hui encore il fait bien trop chaud pour moi et le soleil tape autant qu'hier. Avant de partir de chez moi j'ai consulté mes mails et, à ma grande surprise et grande joie, j'ai découvert un poème de Zazou sur mon blog.Tout à l'heure, lorsque j'aurai trouvé un café ayant la wifi ou de chez moi, je lui répondrai personnellement. Par contre, en l'état, je ne sais strictement pas ce que je vais lui dire.

Le café où je suis est à côté de la place des Vosges, place où se tient un marché tous les dimanche matin, marché réputé à Belfort. A côté de ma table,  un homme de mon âge prenait également un café et m'interpella à propos de ma cigarette électronique, me demandant si cela marchait, aidait à arrêter de fumer. Effectivement, depuis mon réveil je n'ai pas fumé un cigarillo, n'en éprouvais pas l'envie, ne l'éprouve toujours pas, car je me dis à quoi sert-il d'envenimer les choses, d'en rajouter une couche à mon corps, n'est-ce pas suffisant pour l'instant ? Ce monsieur fumait donc et je lui racontait mon histoire. Plus de trente ans de tabac, la cigarette électronique un beau jour, l'arrêt du tabac trois jours après, et la découverte de mon cancer du poumon trois mois après. De fil en aiguille on en arriva à ma situation actuelle, celle d'un vivant en sursis, et il me dit qu'il fallait garder espoir, qu'il était musulman, comme mon radiothérapeute, et que c'est Dieu qui décidait des choses, pas les médecins et leurs diagnostiques ou leur pronostiques. Il m'a dit que nous n'avions d'autre choix que d'accepter notre destin, mais si j'avais été en forme je lui aurai demandé ce que signifie « accepter son destin ». Se soigner alors que naturellement notre corps est malade, est-ce cela accepter son destin ?  N'est-ce pas plutôt essayer d'aller contre la volonté divine ? Quoi qu'il en soit, je crois que ce genre de débat ne m'intéresse plus. Chacun croit en ce qu'il veut, je lui demande juste de m'épargner son exposé sur sa croyance et, plus encore, d'essayer de vouloir me convaincre.

Je ne sais comment un croyant s'éprouve lorsqu'il se sait près de sa mort, mais pour moi, non croyant, cela n'est pas évident en ce moment. Oui, je n'ai rien à quoi me raccrocher pour entretenir l'espoir d'un futur, celui de l'autre côté du mur. Mon seul espoir actuel, c'est le corps médical, ses compétences, ses techniques, ses remèdes de chevaux, de taureaux, de bœufs, qu'il m'administre. Cependant, si cela permet que je ne panique pas tous les jours, que je ne tourne pas comme un lion en cage en tout moment, cela ne me prépare en rien à ma mort, en l'acceptation de l'idée de ma mort. Oui, cela ne veut pas du tout dire la même chose lorsqu'un médecin vous dit « nous allons tout faire pour vous en sortir » ou « on va tenter le tout pour le tout, mais ce ne sera qu'un répit ».

Depuis quelques jours je récupère un peu de ma motricité de ma main droite. J'arrive même à réécrire, mal évidement, comme un enfant dessine ses premières lettres, mais c'est que le solupred agit, que l’œdème se dégonfle un peu, laissant un peu d'oxygène à mon cerveau, laissant respirer la zone qui gère ma main droite. De même, je n'ai plus de tremblements, de tressaillements, dans ma jambe droite et, depuis deux jours, je peux à nouveau marcher correctement, même si je vais très lentement, tout en supportant le poids de mon ordinateur. A l'état d'esprit près, on pourrait croire que rien n'a changé depuis mon départ de Rennes.

Il est à présent 15h30, j'ai changé de café, je suis place Saint-Christophe, la place bourgeoise de Belfort, le seizième arrondissement parisien de Belfort, où néanmoins le choix est assez restreint en terme de brasseries ou de restaurants, mais ici j'ai la wifi et, avant d'être trop épuisé, j'ai tenu à répondre à Zazou, à avoir le plaisir de lui écrire, de lui répondre directement. Maintenant que c'est chose faite, parce que je marche très lentement, je ne vais pas tarder à aller à pied dans un autre quartier de Belfort, celui des deux rues piétonnières qui sont à proximités du cabinet de mon psy. Comme je le lui ai promis, j'ai avec moi les expertises-médicales qui remonte à l'époque de mon histoire avec Michel. J'ai donc ré-ouvert mon dossier judiciaire hier soir, dossier que je n'avais pas ouvert depuis au moins une décennie, et je me demandais qui il concernait, quel lien avais-je encore avec celui que je fût à cette époque. Il aurait été le dossier judiciaire d'une autre personne, que cela m'aurait laissé aussi indifférent. J'ai donc sorti les rapports, mais ne les ai pas relu, n'en vraiment pas éprouvé l'envie tant ce passé, face au présent actuel, m'est complètement impersonnel.

samedi 29 août 2015

Avenir

29 août 2015


AVENIR

Cancer
Autre terre
Loin des paradis promis
Assassin d'espoirs

Cancer du cerveau
Inquiétant, stressant
La logique s'échappe souvent
Également le raisonnement

Cerveau
Organe centrale
Celui qui fait vivre ou survivre
Sans qui rien ne se peut
Bien avant le cœur
Les poumons
Ou tout autre tuyau

De tout temps l'on sait notre fin annoncée
Mais s'y prépare-t-on vraiment
Je ne le crois pas
Et tout nous mettons en œuvre pour l'occulter
Pour l'oublier, l'ignorer, la ranger dans un placard

Acculer à la sinistre vérité
Moi je n'ai plus le choix
Ainsi que tous ceux dans mon cas
Condamnés à attendre
Même si nous faisons tout
Pour éviter cette attente
Focalisant nos yeux et quatre autres sens
Sur l'immédiat, le concret, le réel d'aujourd'hui

Mais dans l'arrière-chambre du cerveau
Nous le savons tous et toutes
Nous nous interrogeons
Plus ou moins souvent
Nous nous demandons
Quand sera donné le départ final
Combien de temps de répit d'ici-là

Alors je regarde le ciel
Un ciel sans nuages
Bleu comme la pureté de l'espoir
Qui nous enveloppe de son affection

Oui, même si l'on sait sa fin proche
Il est plus sensé d'entretenir l'espoir
Celui du miracle
Que de se morfondre, geindre et pleurer

Au moins le cœur est plus léger
L'esprit plus détendu
Et s'il faut des drogues
Pour parvenir à ce résultat
Alors il ne faut pas hésiter
Rien ne sert de souffrir

Je pense à toi belle compagne
Toi qui m'a tant fait vibrer
Vivre, respirer, désirer
Et à qui je laisse un cimetière
Méritais-tu cela ?
Bien sûr que non
Et tous le savent

Mais un jour viendra où tu respireras à nouveau
Il n'y aura pas d'autre choix, d'autres solutions
Aussi prépares-toi aujourd'hui, dès hier déjà
Car comme moi, tu n'auras pas d'autre vie

Ainsi je t'en conjure
N'hésite pas à m'oublier
A te tourner vers d'autres
Si l'aventure se présente
A éviter ma tombe
Et à ne te souvenir
Que de ce qui te sera agréable

Me pleurer ne me ramènera pas
Vous empêcherait de vivre
De savourer les étoiles et les cieux
D'apprécier vos proches

Avant de mourir
J'écrirai mon testament
Non pour léguer
Mais pour témoigner

Plus les jours avanceront
Plus je réaliserai où est le vrai
La peur au ventre, l'esprit abasourdi
Mais c'est une étape incontournable

Digression

29 août 2015


Tendance, je laisse les mots s'abattre comme ils me viennent, profonde lassitude, expérience du rien, du vide, mais pas du néant tant tout semble ennui, inutilité, en cet instant tout du moins, depuis plus d'une heure que je suis assis à cette nouvelle terrasse de café, place Saint-Christophe, là où se trouve la mairie de Belfort  et la cathédrale Sainte-Christophe. Je n'ai plus envie de réfléchir, de méditer, je l'ai assez fait ce matin, que ce soit par écrit ou par téléphone. Marre de parler de mon cancer, de répéter sans cesse la même histoire à mes divers interlocuteurs, qui qu'ils soient.

Je ne veux plus d'autres rendez-vous, j'aimerai que tout cela cesse, que les séances soient déjà effectuées, que tout ce tintamarre soit terminé. Je me vois déjà dans l'hospice, heureux que ce soit enfin la fin, la fin réelle, définitive. Si de plus je ne me vois pas partir, alors que demande le peuple ? Pas de souffrance, ni gémissement, juste le laisser-aller le plus complet, décidé ainsi par mon corps, décidé ainsi par mes tumeurs et mes œdèmes.

Je ne penserai plus à personne, plus à rien, plus à ma fille, plus à Cynthia, ni à quiconque. Espace de liberté s'il en est, c'est là que je me trouverai, attendant la dernière minute, l'ultime seconde. Cancer du cerveau, ainsi va la vie, ainsi sera ma mort, raison pour laquelle je me suis remis à fumer mes cigarillos, ne touchant pratiquement plus à ma cigarette électronique, sachant que ce sont mes tumeurs actuelles qui m'emporteront dans la tombe, même si d'autres se développent ailleurs dans mon corps.

Virginie m'a envoyé un poème, poème destiné à son homme, à son couple, à cet amour qu'elle veut plus que tout, mais que puis-je lui dire, sinon que son espoir est beau, certes, mais qu'il est dangereux à mes yeux, car je le constate en lisant, en me renseignant, que le cancer du cerveau est l'un des plus féroces, l'un des plus difficiles à guérir, et que les soins et traitements qu'il génère engage souvent des dégâts irrémédiables dans le fonctionnement de notre cerveau, perturbant ainsi la psyché, la motricité, ou les deux. J'aimerai que François, l'ami de Virginie, s'en sorte mieux que moi. Cependant, ais-je vraiment à me plaindre ? Entre la découverte de mon cancer et de ma première tumeur au cerveau, le corps médical à réussi à me fait vivre deux ans, ces deux dernières années, dont cette si belle année à Rennes, même si d'autres tumeurs sont apparues. Dans les années 2000, l'espérance de vie d'une personne atteinte d'un cancer du cerveau était de six mois. Il y a donc eu du progrès depuis, c'est indéniable.

Est-ce que je pleure sur moi-même ? Je ne le sais pas vraiment. Cependant je sais que je geins sur mon sort et que s'il est quelqu'un pour qui je pleure en ce moment, c'est Cynthia. Horrible ce sentiment d'impuissance, horrible de lui être non seulement inutile au possible, mais en plus un fardeau dont personne n'a besoin, un fardeau qui ne peut faire que du mal, encore et toujours. Oui, même pour ma fille je pleure moins, beaucoup moins.

Non, il n'y a plus de véritable horizon, les corbeaux eux-mêmes me fuient. J'ai la nostalgie de l'année 2008, année de ma rencontre avec Zazou, d'autres, puis Cynthia via nos blogs, année où j'ai quitté Paris, tout laissé, afin de construire avec Cynthia. Peu importe que cela n'ait pas toujours été facile, nous l'avons fait, c'est tout ce que je sais, alors qu'avec nos 25 ans d'écart, cela n'était vraiment pas gagné d'avance. Et maintenant qu'elle démarre enfin dans la vie, a sienne, celle qui lui est propre, quelque soit le secteur, le domaine dans lequel elle s'engage, je viens tout foutre en l'air avec ma maladie, vient abîmer son parcours, vient entraver sa vie. Égoïstement je reste pourtant auprès d'elle, mais cela ne pourra pas duré si ma situation dégénère encore plus, cela me sera insupportable de me savoir lui infliger plus encore qu'elle n'encaisse actuellement.

Que doit-on se dire lorsque l'on se sait condamné ? A l'heure d'aujourd'hui je n'en sais rie. Garder quand même l'espoir, l'entretenir ? Mais l'espoir de quoi et, surtout, pour faire quoi du temps éventuellement disponible ? Profitez du moment présent, je m'y efforce à nouveau depuis hier. Mais contrairement à l'époque de Rennes, maintenant que je suis certain que ma fin est proche, qu'il n'y aura pas de guérison miracle ou de nouveaux traitements mis sur le marché, découvert par les chercheurs, pour éradiquer mon cancer, ce n'est donc vraiment pas aisé d'apprécier, au sens plein du terme, le moment présent. Néanmoins, et c'est là une promesse que je me suis faite à moi-même hier, je m'engage à tout faire pour, sinon occulter demain, tout au moins le relativiser, l'accepter, afin de pouvoir encore jouir du jour présent, des moments, de l'instant, quitte à me bourrer de cachets, afin que Cynthia me voit dans un état acceptable, partageable, décent, digne.

Nouveau jour

29 août 2015


Qu'écrire, comment me délivrer, mais me délivrer de quoi ? De la vie ? Oui, certainement c'est cela. Cynthia n'étant plus en mesure de me soutenir, ce qui est parfaitement compréhensible, plus qu'acceptable, je suis complètement seul à présent, c'est ainsi que je le ressens. Pour elle, peu ou prou, ce doit être la même chose. Même si depuis hier je me sens plus apaisé, je ne suis pas pour autant plus serein. Oui, la sérénité est autre chose que l'apaisement. Lui n'est qu'un souffle, qu'un soupir, qu'un instant de répit qui se répète plus ou moins de fois dans la journée. Cynthia a changé d'antidépresseur hier. Le premier ne lui a pas réussi. Dès le lendemain de sa première prise, elle ne cessa de trembler. Son psy lui a donc changé d'antidépresseur et, tel que cela semble le cas avec celui que je prend, j'espère que ce dernier sera efficace, que cela lui redonne un peu plus le moral, que cela lui fasse moins voir les choses en noir. D'ici-là, d'ici à ce qu'il fasse effet sur elle, il va falloir que je gère ses humeurs, sa morosité, sa lassitude, chose malheureusement très difficile pour moi qui ne suis pas au top également, même si ça va un peu mieux depuis hier.

Écrire hier m'a soulagé, m'a permis de poser un peu de mon fardeau, de me délester. Cependant cela ne change rien à la réalité, à l'avenir, notre avenir à Cynthia, ma fille, ma famille, mes amis et moi. Bientôt je ne serai plus, nous serons séparés, ce n'est qu'une question de temps à présent.

Mais j'aimerai parler d'autre chose, de choses plus légères, qui détendent et non qui stressent ou inquiètent. Le problème, c'est qu'en l'état je n'ai pas d'autre sujet de pensée. Dans mon esprit il n'y a que mon entourage, ma maladie et le corps médical. Alors je pense à vous Mamy, à toi Virginie, à cette même région que vous habitez et à la mer qui est à proximité. Je pense également à Bordeaux, cette grande ville qui me fait immédiatement penser à Paris, une autre grande ville, à leur agitation commune qui, dès que je les envisage, me stresse, me tende, ne me donne pas envie d'y aller.  Cependant, lorsque je pense à Paris, malgré la contrariété que j'éprouve à l'idée de me retrouver là-bas, d'y retourner, l'envie est néanmoins là. Paris, c'est ma seconde mère et mon second père, un ventre maternelle où j'ai poussé, grandi, évolué, me suis fabriqué de A à Z. Alors je m'interroge sur le mois de septembre, après mes séances de rayons, si je suis en état et ai assez d'argent, j'essayerai de passer au moins une semaine, voire deux, chez ma mère. Toujours si je le peux, si c'est possible, j'essayerai de faire accepter à la mère de ma fille que notre enfant me rejoigne, au moins quelques jours, et tant pis pour la rentrée scolaire.

A l'instant je raccroche avec ma fille. Elle a passé toute la semaine à la mer, près de Bordeaux, et rentrera demain chez elle. Bien évidement elle m'a demandé de mes nouvelles, m'a dit qu'elle avait plusieurs fois essayé de me joindre, mais il n'y avait pas de réseau là où elle se trouvait, un endroit où elle campe. Je l'ai donc informé des soins que l'on allait me faire, lui ai précisé que ce n'était pas sûr que cela marche, que cela enraye un peu la maladie et, une fois de plus, lui ai dit qu'il ne me restait peut-être pas beaucoup de temps à vivre, que tout dépendrait de l'effet des rayons, de la réaction de mes tumeurs. Je lui ai dit que je ferai tout pour la voir rapidement après mes soins, dans la mesure du possible, en fonction de mes capacités physique. Je lui ai donc dit de demander à sa mère de m’appeler afin que nous discutions de tout ça. En attendant, je lui ai dit de continuer à profiter de la mer. Elle doit me rappeler lundi, sa rentrée scolaire étant mardi.

Je suis donc là, à une terrasse de café depuis mon levé, ou presque, et j'ai faim. Cependant, parce que j'ai peur de voir Cynthia, de ne pouvoir supporter son état, de ne pouvoir le gérer en moi-même, de l'encaisser, je préfère rester là, quitte à manger un petit truc dehors. Bientôt il sera 13h00 et le soleil commence à bien taper. Je vais donc me trouver un autre endroit où aller me poser, avec plus de fraîcheur, peut-être même aller au parc qui est en bas de notre résidence.

vendredi 28 août 2015

Radicalité

28 août 2015


Par où commencer, par quoi commencer, depuis mon dernier article je n'ai plus ouvert mon ordinateur, était obnubilé par ce qui m'arrivait, me demandant ce qui m'attendait, à quel point j'étais dans la merde ou non. Cet écrit sera décousu, forcément, car je n'ai plus vraiment ma tête sur les épaules. C'est foutu, c'est tout ce que que je sais, tout ce dont je suis sûr. Alors gardez l'espoir, l'entretenir ? Actuellement c'est au-dessus de mes forces, c'est trop titanesque.

Je viens donc juste de prendre connaissance de vos messages à toutes, ainsi que d'un mail que m'avait écrit ma sœur il y a quatre jours. Dès que j'ai lu les premières lignes du poème de Zazou, je me suis mis à fondre en larme, là, à la terrasse de café où je suis. Les gens qui passent, je m'en fou, mais vous n'auriez pas dû Mamy, car ça fait mal de se voir ainsi de l'intérieur dans un miroir. Mais il me semble avoir déjà lu ce poème à l'époque où j'ai croisé votre fille sur son blog, en 2007 ou 2008. Je crois même l'avoir pris à mon compte, déjà, à ce moment.

Hier matin, 8h00, j'ai enfin vu le radiothérapeute qui va me prendre en charge, radiothérapeute détaché du CHU de Besançon. Lundi, mardi, j'ai attendu comme un con qu'il entre en contact avec moi, qu'il me fixe un rendez-vous afin que je sache quelles solutions il avait pour mon cas. En désespoir de cause, en fin de mâtinée mardi, j’appelai le centre de Montbéliard où il exerce, le Mittant, pour essayer d'accélérer les choses. Je me suis entendu dire qu'ils attendaient d'avoir tous les éléments de mon dossier, ceux-là même que j'avais amener avec moi à la radiothérapeute du CHU de Besançon lors de mon rendez-vous de la semaine dernière. Je proposais donc d'amener le jour même au Mittant tout mon dossier afin que les choses aillent plus vite. Pour se faire, avec Cynthia, nous prîmes des bus et le train. Pour moi, le voyage qui ne dura qu'une heure, fut épuisant. Nous sommes donc rentré en taxi à Belfort, car je n'en pouvais plus, était complètement essoufflé, épuisé, complètement somnolent. Une fois mon dossier déposé au  secrétariat, IRM, scanner, ordonnances, rapports, etc, de suite me fut donnez rendez-vous pour le lendemain matin, mercredi, avec le radiothérapeute. Donc mercredi, à 8h00, j'étais dans son bureau. Pendant plus d'une heure il étudia en long et en large mes IRM, l'évolution de mes tumeurs, mesura à nouveau la plus grosse, et nous découvrions qu'en l'espace de trois mois, elle avait pratiquement doublé de volume. Elle est donc passée de 1,8 cm à 3,3 cm. La deuxième tumeur, quant-à elle grossit plus lentement, mais n'est pas loin de mesurer 2 cm. Comme à Besançon ou Lyon, le radiothérapeute m'a clairement fait comprendre que l'on ne pouvait faire que du rafistolage, impossible d'éradiquer d'une manière ou d'une autre la vie de ces deux tumeurs, que quoi que l'on fasse, quel que soit le traitement, et en admettant que ce dernier fonctionne un minimum, ce serait au mieux des mois de vie en plus, mais avec des séquelles, car il ne voyait pas d'autres solutions que d'irradier à nouveau ces deux tumeurs, irradiations qui endommageront irrémédiablement des zones saines de mon cerveau. Il hésitait entre deux méthodes d'irradiation. La première serait de focaliser les rayons X uniquement sur les deux tumeurs, comme on me l'avait déjà fait précédemment, mais avec un autre appareil, un appareil pouvant envoyer jusqu'à 210 rayons sur chaque tumeur. La seconde méthode était d'irradié entièrement le cerveau, m'handicapant forcément encore plus. Mais quelque soit la méthode, au mieux cesserait le grossissement de mes tumeurs, mais tôt ou tard elles recommenceraient à grossir et, là, ce sera irrémédiablement le début de la fin. Ayant les données en mains, nous avons opté pour la première méthode, l'irradiation localisée. Comme il me l'a dit, et j'étais d'accord avec lui, autant tenter le tout pour le tout, ce sera quitte ou double, au moins pour quelque temps si ça marche.

Ce matin je suis retourné au Mittant, mais à présent j'y vais en Taxi pris en charge par la sécu, aller et retour, car je n'ai plus la force de marcher, monter ou descendre des marches, et dès que je dis une phrase je suis complètement essoufflé. Donc ce matin on a préparé mon masque, celui qui maintiendra ma tête sur la table d'opération lorsqu'ils m’irradieront. Trois séances sont prévues, la première sera vendredi prochain, le 4 septembre, trois jours après mon anniversaire. Les deux dernières séances auront lieu la semaine suivante. Dans quel ressortirai-je ? Quand reverrais-je ma fille ? Serai-je même en état de me déplacer pour aller à sa rencontre, à Paris ou ailleurs ? Et Cynthia, je n'ose même plus en parler, j'ai même parfois peur d'y penser, car elle-aussi est dans un sale état à présent. Depuis hier, elle est sous anti-dépresseur. Je le suis également depuis le début de la semaine, j'ai accepté de prendre ces cachets, car de toute façon je ne sais plus que faire, que penser, tant je ne vois que la fin.

Il est 19h00, je viens de quitter mon psychiatre, séance qui me font du bien, même si je ne n'aborde pas encore vraiment la fin de l'histoire, c'est à dire ma mort prochaine, car il est clair dans mon esprit que si je vis encore un an, cela relèvera du miracle. J'ai vu mes tumeurs à l’œuvre, la manière et la fréquence dont elles se produisent et, je le sais, en plus des deux qui vont être retraitées, d'autres métastases, ou au moins une, se développera, naîtra dans mon cerveau.

Je pense évidement à toi Lila, ne me demande pas plus pour autant comment tu vis tout ça, je l'ai compris, j'en suis à ce point-là à présent, le même que le tien, à nouveau des soins, toujours des médicaments, un psychiatre, des calmants, un anti-dépresseur à présent. Cependant je préfère ma place à la tienne, à cause des enfants. Les tiens t'ont toujours eu à leur côté, c'est pourquoi il ne faut pas que tu disparaisses, que tout soit fait par le corps médical, ton entourage, pour te faciliter la vie, te permettre de vivre, de prendre des vacances, d'avoir de réels moments de répit. Ma fille, ma chère fille, jamais n'a vécu avec moi. La rupture, la séparation, le manque, elle connaît déjà, malheureusement. Mais ma disparition ne changera en rien ses habitudes de vie avec sa mère. D'ailleurs il va falloir que j'appelle cette dernière pour qu'elle m'aide à préparer notre enfant à l'inéluctable qui peut arriver dans trois mois, comme dans six mois ou un peu plus tard. De même, je lui demanderait qu'elle m'aide à voir notre fille après mes séances de radiothérapies, quitte à me l'amener à Belfort s'il n'y a pas d'autres solutions, quitte à lui payer l'hôtel et tout ce qui va avec, quitte à ce que ma fille loupe une semaine d'école. Effectivement, déjà aujourd'hui, je doute des capacités intellectuelles et motrices que je vais conserver, je ne sais même pas si je serai en état de tenir une conversion avec ma fille. Jade est donc au courant de ce qui m'attend, je l'ai mis au courant en début de semaine, dans les grandes lignes. Par contre elle ignore que je suis condamné à court terme.

Avec mon psy, je ne sais plus pourquoi, on est revenu sur mon histoire avec Michel, sur sa mort. Il voudrait lire les comptes-rendus qu'ont fait les experts-psychiatres lors de l'instruction judiciaire de cette affaire. Je lui ai promis de les porter à sa connaissance, car depuis plus de vingt ans maintenant, tout le contenu de mon dossier judiciaire est resté à mes côtés. Il y a tout, interrogatoires policiers, compte-rendu des interrogatoires du juge d'instruction, rapports médicaux, plaidoirie de défense, des parties civiles, et verdict des juges. Je ne sais pourquoi les rapports médicaux sur ma santé mentale de l'époque intéressent mon psy, surtout dans le contexte actuel, mais qu'ai-je à cacher à présent ? Mon cancer me bouffera, plus tôt que tard, c'est ainsi.

Lors de mon rendez-vous avec le radiothérapeute du Mittant, j'ai demandé à baisser la cortisone. De 80mg, je suis passé à 60 ce matin, raison pour laquelle j'arrive à rester calme, pouvant ainsi me concentrer un peu à nouveau et revenir à mon blog et à vous. Hier après-midi, j'étais sur la terrasse de notre appartement. Cynthia et moi habitons au quatrième étages. A un moment je me suis mis à regarder en bas la pelouse et, d'un coup, l'idée de sauter m'a traversé l'esprit. Je me suis fait peur, brusquement, car de ma vie jamais pareil sensation de m'avais traversé l'esprit et le corps. Immédiatement je me suis reculé, m'interrogeant sur moi-même, me demandant ce qui commençait à se passer dans ma tête, me troublant moi-même. Puis je suis retourné vers la rembarre, lorgnant à nouveau sur la pelouse, et l'effet fût exactement le même. J'avais envie de sauter, comme si la pelouse m’appelait, me disait de venir à elle, et je me suis donc forcé à penser à Cynthia, me disant que je ne pouvais pas lui faire ça. Du coup, toujours sur la terrasse, je me suis assis sur une chaise longue et me suis mis à contempler le haut des arbres. Tout d'un coup, perché tout en haut de l'un d'eux, j'apercevais un corbeau. Pendant un bon quart d'heure il est resté là, à proximité de moi, et j'avais l'impression qu'il était là pour moi, comme un signe. D'un coup il m'est apparu que j'observais le processus de la vie. Lui, moi, l'arbre, toute la verdure qui est autour de la résidence où nous habitons, les montagnes que l'on voit au loin, les Vosges, et je me suis dit que mourir faisait partie du processus. Alors le corbeau s'est envolé et j'ai décider de quitter le domicile pour aller me poser dans l'immense parc qui est en bas de notre résidence. Je voyais les enfants jouer, courir, faire du vélo, et je ne sais pourquoi, mais je trouvais tout cela triste. Tant d'énergie, tant d'espoir en eux, tant de difficultés et d'efforts qu'ils auront encore à fournir, et tout cela pourquoi, pour dépérir un jour, peu importe que ce soit de la vieillesse ou de la maladie. Ils sentiront leur corps perdre de sa force, soit brutalement, radicalement, tel que c'est mon cas depuis quinze jours, soit progressivement, lentement, tel que ce fût également à peu près mon cas lors de mon année à Rennes. Peut-être se demanderont-ils alors, comme je ne ne cesse de le faire régulièrement, à quoi sert encore leur présence, à qui peuvent-ils encore être utile ? Et s'ils sont trop handicapés physiquement, comme ma belle-mère et comme je le deviens un peu plus chaque jours, incapable de porter une minute une bouteille d'eau d'un litre sans que cela ne m’essouffle, ils demanderont certainement également ce qu'ils peuvent envisager de construire. La réponse sera « rien », car quand le corps ne fonctionne plus, que vous êtes alité, aliéné à un lit, alors plus rien n'est possible.

Je constate que j'ai écrit beaucoup et que je ne n'ai pas envie de m’arrêter. Effectivement, j'en profite car je constate que je le peux aujourd'hui, tandis que je ne ne sais plus ce qu'il en sera demain. J'ai comme l'impression de vivre les dernières heures de mon d'histoire d'amour, car c'est bien de cela qu'il s'agit, avec l'écriture, l'expression par les mots, quelque soit la forme privilégiée pour se faire. Là, je repense à ma fille et à Lila. Effectivement, comme je n'ai pas de gliome, la chimiothérapie ne sera d'aucune utilité dans mon cas. Je ne sais pourquoi, alors qu'elle a été efficace lorsqu'ils s'agissait de s'attaquer aux cellules cancéreuses qui était dans mon poumon, elle se révèle inefficace dès lors que ces mêmes cellules cancéreuses, d'origine pulmonaire, sont dans le cerveau. Avec le radiothérapeute j'ai également parlé de immunothérapie, ces nouveaux traitements en vogue actuellement. Là aussi l m'a clairement dit que ce serait inutile dans mon cas. Non, je n'ai pas le choix, le seul traitement possible pour moi est l'irradiation.

La semaine prochaine Cynthia fait sa rentrée scolaire. Tandis qu'elle hésite à se mettre de suite en arrêt de travail, tout le monde l'incite, moi le premier, à faire cette rentrée. J'espère qu'elle tiendra le coup, sincèrement, sinon je serai complètement désemparé, ne voyant pas comment la soutenir moralement tant, moi-même, j'ai du mal à me gérer. Oui, même si ce ne sera pas la panacée, je pense qu'avoir à faire ses élèves lui permettra d'avoir l'esprit occupé, au moins un laps de temps, à autre chose qu'au sort de sa mère et moi. Quoi qu'il en soit, et je pense que c'est ce que je ferai, je pense que c'est à Paris que j'irai mourir. Oui, il est hors de question que je fasse vivre à Cynthia ce que vis son père avec sa mère. Dès lors que je ne serai plus en état de faire quoi que ce soit, je demanderai à ma mère d'organiser mon retour dans ma ville natale, qu'elle me trouve une maison médicalisé où je finirai mes jours. A moins que je ne fasse le choix de trouver une maison médicalisé sur Lyon, afin de voir parfois Cynthia lorsqu'elle descendra voir ses parents. Oui, elle ne pourra pas être à Lyon et à Paris en même temps et, ma présence à Paris, serait forcément la mort de notre couple.

Quoi qu'il en soit je vous remercie sincèrement du fond du cœur, Mamy, Lila, Virginie, pour votre attention à mon cas. Cela me fait un bien fou, je me sens vraiment moins seul, moins dans le désert.

lundi 24 août 2015

Fin de journée

24 août 2015


14h30, il pleut toujours autant. Je me suis recouché vers 10h00 du matin après avoir pris deux bons calmants, mes fameux Xanax. Réveillé vers 12h30, je me sentais toujours tendu, en colère, comme ce matin à mon premier réveil. La cause de cette brutalité est chimique, elle s'appelle la cortisone, celle que je prends s'appelle le Solupred. Étant toujours aussi tendu, juste avant de sortir, j'ai pris deux autres Xanax. Dans deux heure je dois voir le psy, je parlerai de tout ça avec lui et verrai s'il me propose un remède ou pas, non pas comme à l'emporte pièce comme il me l'a fait la dernière fois. De même, sachant que je vais augmenter mes doses de calmants ces prochains jours, c'est évident, je lui demanderai également qu'il me fasse une ordonnance pour cela.

Je sais, je vous fais chier à parler de médicaments, de soins, de maladie, sans m'étaler plus sur mes états d'âme. Mais je pense que parfois, à travers ces préoccupations banales, ordonnances, soins, transpirent parfois ce que j'éprouve. Là, je suis assis à la terrasse d'un café de l'une des deux rues de Belfort. Ici, alors qu'il a l'air de pleuvoir souvent, voire plus souvent qu'à Rennes, les terrasses ne sont pourtant pas aménagées pour faire face aux intempéries. Je suis même dans l'idée qu'en hivers, il ne doit y avoir aucune terrasse sortie. Plus que les paysages, Belfort est entouré de montagne, élément que je n'aime pas, c'est le climat qui me semble spécial. Hier je pouvais me promener torse-nu, y compris à l'ombre, et aujourd'hui je suis habillé comme en hivers, avec pull, tee-shirt, etc. La température est pourtant correct, plus de 20°, mais il y a ici un vent très frais qui ne cesse de souffler. Lorsqu'il fait beau, il est agréable et rafraîchi, mais dès qu'il fait moche ou que le soleil se couche, alors il faut mettre les manteaux, voire les pulls. Si c'est déjà ainsi en plein été, qu'est-ce que cela promet pour cet automne et cet hivers.

Il est 17h30, je suis sorti de chez mon psychiatre et, cette fois, l'entretien s'est mieux déroulé que la première fois. Cette fois il s'est attardé sur mes questions, y a répondu clairement, et m'a indiqué pourquoi il m'avait prescrit l'antidépresseur la dernière fois. Effectivement, constatant la dose de Xanax que je prenais, il m'a précisé cette fois que c'était un antidépresseur qui avait un effet anti-anxiogène qui agirait en deux ou trois jours, me permettant ainsi, normalement, de diminuer mes prises de calmants. Aussi je commencerai ce soir à le prendre et, en fin de semaine quand je reverrai mon psy, nous ferons déjà un premier point.

Sinon, demain Cynthia et moi seront toute la journée à Lyon. Oui, j'ai décidé d'aller quand même voir le premier radiothérapeute qui s'est occupé de moi, afin d'avoir son avis, même si je pense qu'il me dira sensiblement la même chose que la radiothérapeute de Besançon. Effectivement, je n'ai eu aucun contact de l'annexe d'oncologie que le CHU de Besançon à Montbéliard aujourd'hui, c'est dire qu'ils ne sont pas pressés ou qu'ils sont en sous-effectifs, ce qui ne m'inspire guère confiance. Enfin, si pour une raison ou une autre, ni Besançon ni Lyon ne font l'affaire dans mon histoire, alors j'irai sur Paris, ma décision est là-aussi prise, je me ferai domicilier chez ma mère, ce qui impliquera malheureusement que je verrai beaucoup moins Cynthia, ce que je ne souhaite pourtant pas du tout, mais au moins je serai suivi correctement, par des médecins reconnus et qui sont équipés des derniers matériels de pointe en matière de radiothérapie. Oui, dans mon esprit tout cela devient de plus en plus clair, rester à me faire soigner ici, en Franche-Conté, signifiera faire du bricolage, sans plus à priori. Cependant j'attends tout de même d'avoir un rendez-vous avec l'équipe de Montbéliard, sait-on jamais, il peut y avoir des surprises.

Tout ça mis à part, comme vous le constatez je recommence à écrire. Non pas que j'en ai tant envie que ça, car je ne vois pas ce qu'il y a de passionnant à parler et à lire sur des traitements médicaux, sur les consultations chez les uns ou l'autre, oui, tout ça ne dit à personne comment le malade se vit, comment il s'éprouve, comment il se voit aujourd'hui et demain et, parce que nous sommes dans le même cas, je pense plus encore à Lila, à François le compagnon de virginie, me disant qu'ils ont peut-être traversé, eu, les symptômes que je viens d'avoir pendant une semaine, paralysie, crise d'épilepsie, troubles du langage, ou d'autres tout aussi handicapant. Oui, comment se vivent-ils eux aussi. Ni l'un ni l'autre ne sont expansif, comme si c'était presque une honte d'être malade, d'être fragile, de ne plus pouvoir être au top.

Enfin il y a les autres cancers, je parle de ceux que l'on ne peut soigner, comme celui de ma belle-mère et de Mamy. Aujourd'hui je suis à égalité avec elles, contrairement à hier, je suis bel et bien entrer dans l'attente de ma fin.

Je ne cesse de penser à ma fille, ne sachant justement pas quoi en penser, comment l'aborder, comment ne pas trop la brusquer sans lui mentir pour autant, oui, je suis plein d'interrogations.

Tout de même, qu'il est dur de se savoir, de s’accepter impuissant face à soi-même.

« Un malheur prédit, lorsqu'il survient enfin, est dix, est cent fois plus dur à supporter qu'un malheur que nous n'attendions pas. Tout au long de notre appréhension, nous l'avons vécu d'avance, et, quand il surgit, ces tourments passés s'ajoutent aux présents, et forment ensemble une masse d'un poids intolérable. » (Cioran, « De l'inconvénient d'être né »)

Réveil

24 août 2015


Il est 7h00, je me viens de me réveillé, déjà complètement excité, effet de la cortisone qui commence à agir véritablement depuis deux jours. Cet après-midi j'ai rendez-vous mon psy. Je l'ai rencontré la semaine dernière, avant Besançon. Notre entretien a duré peut-être dix minutes et je le quittais avec une ordonnance d'antidépresseur. J'ai été chercher cette boite à la pharmacie, mais je n'y ai pas touché. Je me demande simplement quel est ce genre de psy qui vous prescrit des psychotropes sans même connaître votre histoire. C'est la première des questions que je lui poserai tout à l'heure et, après, certainement, je lui demanderai de me diriger vers un autre de ses confrères,  un confrère qui n'emploiera pas les mêmes méthodes, c'est à dire imaginer soigner le mal psychologique uniquement par des médicaments.

Ceci dit, dès que je me suis levé j'ai pris mon téléphone, sachant pourtant fort bien que personne ne m’appellerai à sept heure du matin. Mais je veux croire, espérer, que le personnel du CHU de Besançon détaché à Montbéliard m'appellera tôt pour me fixer le plus rapidement possible mes premier rendez-vous. J'appellerai aussi le Centre Léon Berard de Lyon où j'ai toujours un rendez-vous là-bas demain avec le premier radiothérapeute qui m'a suivi lors de l'arrivée de mon cancer. Oui, j'ai envie d'avoir deux avis. Enfin, en dernier recours si j'entends trop de choses discordante, j'envisage également d'aller à Paris, quitte à m'y installer à nouveau provisoirement, afin d'aller consulter à l'Hôpital de la salpêtrière ou à Gustave Roussy, voire m'y faire soigner. Quoi qu'il en soit, que ce soit Montbéliard ou Belfort, ce sont deux villes dans lesquelles il ne faut pas subitement tomber gravement malade.

En attendant je me morfond, m'inquiète, vois déjà l'aube de la mort et ne sais plus comment respirer depuis. Je me sens tourner en rond, raison pour laquelle je ne vais pas tarder à sortir, mais où aller puisqu'il n'y a rien à faire dans cette ville et, surtout, qu'aujourd'hui il pleut encore. D'entrée de jeux je savais que la montagne ne me serai pas favorable et, même si j'essaie de trouver des côtés positifs à Belfort ou sa région, rien n'y fait. De me dire que c'est peut-être là que je mourrai est déprimant, ce serai comme crever dans une prison. Donc, à l'avance, quand mon état de santé sera devenu trop critique, je déménagerai à Paris, ma ville natale, et y décéderai là-bas, à moins que je n'opte pour une solution, le suicide assisté qui se pratique en Suisse, à un quart d'heure de Belfort. Effectivement, même si je veux pourtant vivre, arriverais-je à accepter de me voir diminué petit-à-petit, jusqu'à devenir un légume, quelqu'un qui ne sera même plus capable de tenir des propos cohérents, qui aura des absences de conscience, bref, qui sera un spectacle lamentable pour lui-même et pour autrui.

dimanche 23 août 2015

Nouvelle donne...

23 août 2015


Qu'écrire, que veux-je veux écrire, je crois que je ne le sais même plus, tout est emballé, tout semble déjà écrit. Je n'ai même pas envie d'écrire, c'est la stricte vérité, j'ai juste envie de penser à ce qui m'arrive, à ma santé à venir, à tout ce que j'ai appris lors de mon entretien avec la radiothérapeute du CHU de Besançon, des nouvelles fort mauvaise, guère encourageante, mais n'était-ce pas ainsi que c'était écrit à l'avance ?

Parmi mes trois tumeurs encore active, qui ont toutes trois été traité, au lieu de régresser ou de stagner, deux entre elles continuent à grossir. Mais l'irradiation ayant déjà eu lieu, il ne sert pratiquement à rien d'irradier à nouveau ces tumeurs. Ce serait un soin palliatif de dernier recours, de dernière chance qui, dans la plupart des cas qui ne servira strictement à rien, en tout cas pas à éradiquer définitivement ces tumeurs. La radiothérapeute m'a également parlé de possibilité de chimiothérapie, éventuellement, selon le diagnostic que ferons les médecins du service que je rencontrerai vraisemblablement la semaine prochaine. En attendant, pour pallier au mieux tous les symptômes que j'ai eu cette semaine, on m'a augmenter la dose de tout mes médicaments relatifs au cerveau. C'est ainsi que l'on m'a doublé la dose de mon antiépileptique, que l'on m'a ajouté pour quelque jours un second épileptique et, en matière de cortisone, le seul médicament vraiment efficace pour diminuer les effets secondaires de mes œdèmes cérébrales, œdèmes qui prennent presque toute la place de mon aire gauche du cerveau, autour justement de mes trois tumeurs, œdèmes qui ont provoqué en plus de l'augmentation du volume de mes tumeurs tous les désagrément de ma semaine, donc la prise de cortisone pour pallier à tout çà, dans la mesure du possible, a été augmenté par 5 en l'espace d'une semaine. Là encore, point de vue traitement, je me demande ce que va me réserver la nouvelle équipe médicale qui va me suivre.

Depuis une semaine il est vrai que j'ai rarement ouvert mon ordinateur, mais par contre j'ai pris connaissance de tous vos commentaires. Malheureusement je n'avais pas la force de vous répondre, la concentration me fatigue toujours autant, et j'en suis désolé. De même, aujourd'hui encore je ne saurai quoi vous dire tellement je n'ai pas encore bien ingéré, intégré, assimilé les nouvelles de vendredi. La radiothérapeute a répondu à toutes mes questions, à celle de Cynthia. Pendant plus d'une heure et demi elle nous a gardé en entretien afin de bien nous expliquer la situation. La rémission, il n'y en aura pas pour moi, je ne ferai pas partie de ces privilégiés. Pour autant, personne ne peut dire combien de temps il me reste à pouvoir me mouvoir, à pouvoir penser, discuter, échanger, écrire, puisque tout dépend de la vitesse à laquelle vont grossir mes tumeurs.

Bien qu'il s'agisse  d'un autre sujet, lorsque quelque fois je relis mes articles, je m’aperçois qu'il manque des mots et que les fautes d'orthographe ne manquent pas. Là aussi j'en suis désolé pour vous lectrices, car pensez bien que j'essaie de bien faire. D'ailleurs Mamy, j’insiste pour que vous me donniez le titre d'un ouvrage d'Aragon par lequel l'aborder, car je ne veux pas passer mon temps à penser à ma maladie comme je le fais en ce moment, j'ai besoin d'autres pensées, d'autres univers, et la poésie, dès lors qu'elle me parle, est mon ciel préféré. Cependant, cela ne m'empêchera pas de continuer à rédiger à partir de Cioran, et oui, lui et encore lui, mais pas dans le but de vous provoquer évidement.

C'est donc, samedi, que j'ai décidé de mettre ma mère, ma fille et ma sœur au courant de ma nouvelle situation. Je ne veux parler que de la réaction de ma fille qui, dès que je lui dis que l'on ne pourrait pas me guérir, mais que les médecins feraient tout pour que je vive néanmoins le plus longtemps possible, elle a commencé à pleurer. Mais cela n'a pas duré longtemps, elle s'est vite reprise. Après elle m'a posé plein de question, sur les remèdes possible, l'utilité des médicaments que je prenais, la différence entre un œdèmes et une tumeur, la différence de dégât et, enfin, de quelle façon mourrait-on d'un cancer du cerveau. Calment et doucement je répondais ses questions, en essayant d'être le plus clair possible, de ne pas essayer de trop rentrer dans le jargon médical, pour finir par lui expliquer que l'on mourrait d'un cancer du cerveau en tombant petit à petit dans le coma. Mais, me dit-elle, il y a des personnes qui sont dans le coma et que les médecins maintiennent en vie. Je lui expliquais alors qu'il y avait différentes sortes de coma, différentes sortes de lésions au cerveau, que l'on pouvait être dans la coma sans que toutes les fonctions du cerveau soient touchées, comme celles qui commandent les battements du cœur, mais qu'avec un cancer du cerveau, ce sont toutes les fonctions qui sont petit à petit touchées et, indubitablement, tôt ou tard le cerveau ne pourra plus donner d'ordre au reste du corps, comme marcher, parler, et ainsi de suite, jusqu'à ne plus tenir éveillé et, de là, sombrer avec le temps dans un coma complet et irrémédiable.

jeudi 20 août 2015

Semaine chargée

19 au 21 août 2015


Je suis désabusé, un peu, je l'avoue, par les effets secondaires, parallèles, je ne sais plus comment il faut le nommer, du traitement de mes tumeurs cérébrales. Lundi, en fin d’après-midi, Cynthia et moi nous trouvions dans le bus qui nous ramenait à notre domicile. C'est là, soudain, que je fus pris de convulsion, mais uniquement de la partie droite de mon corps, ma main et sa jambe droite se crispant, comme si j'avais des crampes, mais des crampes qui ne faisait pas mal. Immédiatement Cynthia et deux autres personnes se ruèrent sur moi, m'adressant la parole, me demandant ce que j'avais, mais j'étais incapable de répondre, aucun mots ne parvenait à sortir de ma gorge malgré que je comprenais tout ce qui se disait autour de moi. Les crispations de mon corps et mon trouble du langage durèrent quatre bonnes minutes, minutes où j'étais allongé comme je le pouvais sur les fauteuils du bus. Puis, lentement mon corps commença à se décrisper et je parvins à nouveau à prononcer quelques mots. Bref, cela s’apparentait à une crise d'épilepsie partielle. Entre temps, les pompiers qui avaient été prévenu par le conducteur du bus arrivèrent et me conduisirent à l'unique hôpital de Belfort, bien évidement au service des urgences. J'acceptai d'y rester dans l'espoir que l'on me ferai un IRM en urgence afin que l'on comprenne ce qui se passait encore dans mon cerveau. Quatre après, quatre heures d'attente sans voir aucun médecin, je m'inquiétais auprès d'une infirmière pour savoir si leur hôpital procédait à des IRM d'urgence. La réponse fut sans appel : non. Aussitôt je compris que je n'avais plus rien à faire ici, qu'ils ne pourraient rien pour moi, n'ayant pas de radiothérapeute ou un quelconque médecin en rapport avec ma pathologie. Je signifiais donc à l'infirmière de rentrer chez moi, y compris contre avis médical, et elle alla de ce pas prévenir un médecin. Quelque minute après ce dernier vint me trouver, je lui expliquai posément que seule un IRM pourra donner des explications sur ce qui m'était arrivé et, puisqu'il ne pouvait pas m'en faire, qu'elle me prescrive au moins une ordonnance pour que j'en passe un le plus tôt possible. Enfin, côté traitement médical, le médecin appela l'une de ses collègues, une neurologue, qui augmenta la dose d'un antiépileptique que je prenais déjà et m'en rajouta un supplémentaire. Cynthia était resté avec moi tout ce temps et il fut décider que l'on me ramène en ambulance à la maison, mais Cynthia n'était pas autorisée à y monter. Nous nous séparâmes alors, elle rentrant en autobus et moi, le temps de faire encore un prise de sang, attendant l'ambulance.

Avant d'aller plus loin dans notre périple, sachez que depuis moins d'une semaine que nous étions à Belfort, je n’eus de cesse de trouver un nouveau médecin référant, car sans ordonnance de ce dernier, pas question de passer quelque examen que ce soit, qu'il s'agisse d'une IRM, d'un scanner ou d'un simple prise de sang. Effectivement, constatant que ma paralysie de main droite s'accentuait et que celle de ma jambe droite démarrai, constatant également que je commençais à avoir de sérieux problèmes d'élocution, j'avais appelé le radiothérapeute qui me suivait à Rennes. Non seulement il m'indiqua d'augmenter encore mes doses cortisones, passant de 40mg à 60mg, et tout faire pour passer une IRM le plus tôt possible. C'est là que je m’aperçus que sans ordonnance de la part de mon médecin référant, personne ne me ferait passer cet examen. Par la suite, j'appris même qu'il n'y avait que l'hôpital de Belfort, celui-là même où j'ai été aux urgences, qui possédait ce type d'appareil, ce dernier étant « partagé » avec des centres d'examens privés. Chacun a donc ses créneaux horaires réservés, voire ses journées réservées, et si pendant que l'un de ces centres privés utilisent l'appareil, et bien il ne faut pas qu'un patient de l'hôpital en ait besoin, en urgence ou non. Face à cette évidence qui laisse froid dans le dos, qui fait que l'hôpital de Belfort ou ces centres privés aient un planning complet pour les deux mois, voire trois mois à venir, pour pour faire passer  ce genre d'examen, l'IRM, comment s'en étonner ? Je découvre la Franche-Conté et constate que dans la deuxième ou troisième plus grand de ville de la région, il ne vaut mieux pas être gravement malade. L'hôpital de Belfort me fait penser à la clinique de merde où, malheureusement, ma belle-mère s'est fait suivre pour son cancer. Pour ma part, même si je dois quitter Belfort et donc Cynthia, il est hors de question que quiconque s’intéresse à mon cancer ici, du simple fait que j'y habite, si d'aventure je ne pouvais plus me déplacer jusqu'au CHU de Besançon, CHU dont mon oncologue de Lyon, celle par qui je voulais être suivi de nouveau, m'a venté le plus grand bien, me signalant également que le Centre Léon Bérard, là où justement travaille cette oncologue, et le CHU de Besançon travaillaient ensemble régulièrement. Quoi qu'il en soit, si je dois déménager pour être suivi là où je veux être soigné, je n'hésiterai pas à le faire, sinon à quoi bon faire tout ce que je fais depuis le début ? Pour me retrouver du jour ou lendemain dans un lieux où il n'y a ni les compétences humaines ni le matériel médicale adéquate au bon suivi de ma maladie ? Autant baissé les bras tout de suite.

Mais revenons à lundi soir, lorsque l'ambulance me ramena enfin chez moi. Pour le lendemain, mardi, vers 10h00, j'avais dégoté en urgence un rendez-vous avec un médecin généraliste dans une espèce de dispensaire de quartier. Par défaut, le temps que j'en trouve un autre, ce sera mon médecin référant par défaut. Après ce rendez-vous, un autre suivait, mais avec mon futur psychiatre. Je vous le dis, en tout cas en plein mois d’août, il est plus facile de trouver un psychiatre qu'un médecin généraliste à Belfort. Là-encore, toute la journée Cynthia m'accompagna. En début d'après-midi nous nous mîmes alors en quête d'un rendez-vous pour mon IRM. Sur notre chemin il y avait un centre privé de radiologie. Il n'avait aucun disponibilité avant le mois d'octobre. Nous partîmes alors à l'hôpital en désespoir de cause, pensant que les délais serait peut-être plus court, mais pas de beaucoup. Arrivés à l’accueil de la radiologie, le première réponse de notre interlocutrice fût la même, le planning était plein également. Alors je plaidais ma cause, argumentant que c'était le propre service d'urgences qui m'avait prescrit l'ordonnance. Elle lu donc l'ordonnance et de suite constata qu'il n'était même pas précisé sur cette dernière ce que devais chercher et où chercher de lésion, de tumeur ou autre dans mon cerveau. Autrement, on leur demandait d’effectuer une IRM en aveugle, ne sachant quoi comparer à quoi afin de faire un diagnostique viable. Face à son état de stupéfaction par rapport une telle ordonnance, je saisis la bon, lui indiquant que j'avais sur moi touts mes IRM précédentes, touts gravées sur CD, afin que ses collègues sachent avec quoi comparer. Elle eu un temps d'arrêt, comme si elle ne s'osait pas à faire quelque chose, comme si elle tergiversait, puis lâcha le morceau : « Vous avez de la chance, je viens juste d'avoir un désistement pour jeudi, je vous place là. » C'était inespéré, je n'ai pas d'autre mot, et je remercie mon étoile, si j'en ai une, de s'être ainsi manifestée.

A présent, car c'est bien beau d'avoir l'IRM en main jeudi, il me faut à présent le radiothérapeute pour déchiffrer tout çà et adapter mon traitement ou mes soins en conséquence. Comme l'oncologue du centre Léon Berard m'avait demandé de la tenir au courant de ma situation, je m'empressais de l'appeler afin de lui demander que faire. Effectivement j'avais pris rendez-vous avec son collègue, le  radiothérapeute du centre Léon Berard, pour la semaine prochaine. Mais elle me suggéra d'appeler le CHU de Besançon, là où m'avait dirigé le radiothérapeute de Rennes et me prenant rendez-vous pour le 24 septembre, et de tout faire pour avancer ce rendez-vous, m'affirmant encore une fois que le CHU de Besançon possédait un excellent service de radiothérapie. Sur ce, pour la première fois, j'entrai en contact avec cet hôpital. Au début je suis tombé sur une première  secrétaire, lui narrait ce qui venait de m'arriver, mon état qui m'avait conduit aux urgences, et la nécessité d’avancer mon rendez-vous avec ma futur radiothérapeute. Après avoir consulté le planning de cette dernière, il s'avérait qu'elle ne pourrait pas être disponible avant début septembre. J'insistai, lui précisant que mon traitement médical n'était plus approprié, que c'est mon radiothérapeute de Rennes qui me faisait des prescriptions par téléphone depuis deux jours, au juger, mais qu'il insistait pour pour que je vois un radiothérapeute sitôt mon IRM en main. Bref, toutes ces palabres durèrent prés de vingt minutes et la secrétaire, m'avouant qu'elle était dépassée par la situation, décida de me passer l'une de ses collègues. Je dû attendre une bonne dizaine de minute avant d'avoir sa collègue, certainement le temps qu'elle soit complètement informée de ma situation. Sitôt que je l'eus enfin, sa première question fût de me demander où j'habitais. Sitôt informée, elle me proposa de me donner un rendez-vous dans une espèce d'annexe qu'avait leur CHU de Besançon dans la ville de Montbeliard, ville situé à un quart d'heure de Belfort en train et 1h20 de Besançon. Je lui expliquai que je ne voulais rien entendre de cette annexe, qu'à Lyon et à Rennes c'est le CHU de Besançon que mes médecins m'avaient me recommander, et que c'est donc là que je voulais être suivi et pas ailleurs. A ma grande
surprise la secrétaire n'insista pas et, à ma plus grande surprise encore, elle me fixa un rendez-vous avec ma nouvelle radiothérapeute, celle que m'avait recommandé mon radiothérapeute de Rennes, pour le vendredi suivant, juste le lendemain de mon rendez-vous de mon IRM.

Voilà, c'est ma semaine chargée où tout c'est précipiter et, dans quelques heures je serai avec Cynthia à Besançon, l'IRM ayant été faite hier.

De même, j'ai mis trois jours à rédiger cette chronique, sois du fait de la fatigue qui ne m'a pas permis de la terminer le jour même, sois parce que hier, alors que je pensais la terminer, j'ai été pris de problème du trouble de langage. J'étais à une terrasse de café, comme d'habitude, et là je me suis aperçu que je n'arrivais pas à passer ma commande, laissant désemparé le garçon de café, lui parlant un langage incompréhensible que je n'arrivais pas à saisir. Le garçon, fort patient, procéda alors par élimination des boissons proposées à la carte et c'est ainsi que j'ai pu réussir à avoir mon café. J'ai ensuite allumer mon ordinateur, pensant que même si je n'arrivais pas à parler, j'arriverai au moins à écrire. Mais ce fût pire encore, car non seulement je n'arrivais plus à écrire, ne  sachant plus du tout comment les mots s'écrivaient, n'arrivant plus à formuler des phrases, des pensées cohérentes, exactement comme lorsque j'essayais de parler auparavant, mais de plus je m'apercevais que je ne n'arrivais plus à lire. Ou plus exactement je parvenais à déchiffrer mot à mot, comme un enfant de cinq  ans qui apprend à lire, mais j’étais tout simplement incapable de décoder le sens général des phrases que je lisais. Ce trouble du langage dura près de deux heures et cela commença à se résorber en début de soirée. Néanmoins, même si je pouvais recommencer à parler, c’était en hésitant, parfois en bégayant, mais toujours en parlant très lentement afin de ne pas dire trop de choses incohérentes. Aujourd'hui nous sommes vendredi, il est 8h00 du matin, pour l’instant j'ai récupérer mes facultés, mais je ne peux m'empêcher de me demander comment va se passer la journée à Besançon.

dimanche 16 août 2015

Premier dimanche à Belfort

16 août 2015


Il est 8h30 ce matin et depuis que je suis arrivé à Belfort, je suis devenu un lève-tôt. Effectivement, ici ce n'est pas Rennes, très loin s'en faut. Pour l’instant je n'ai découvert que deux quartiers, deux petites places devrais-je dire, qui me sied à peu-près. Il a celle de la gare où sont ouverts deux cafés qui n'offrent pas le wifi, contrairement à Rennes, et celle située dans le quartier « République », la place Saint-Barthélemy exactement, où sont situés les cafés et les restaurants du centre ville. Cette place est a proximité de la mairie et de tous les bâtiments administratifs de la ville, préfecture, sous-préfecture, chambre de commerce, etc. Le dimanche je ne sais si il y a des cafés ouverts. Aussi, dans le doute et parce que je habite loin du centre ville, à l'entrée d'une cité excentrée à la périphérie de la ville, je dépend complètement des transports en communs, uniquement des bus, et il me semble qu'il n'y qu'un passage par heure de ces derniers. Comme depuis trois jours il n’arrête pas de pleuvoir sur Belfort et que je ne me vois pas attendre ou vadrouiller, du fait de ma condition physique, sous la pluie, je partirai un autre dimanche, lorsque le temps sera plus clément, pour découvrir ce qu'offre Belfort en matière de café. Donc ce matin, puisque nous avons la chance d'habiter un appartement avec une large et longue terrasse, j'écris depuis cette dernière. Nous y avons installé une petite table basse et un fauteuil, le temps d'investir dans un table de jardin et les chaises qui vont avec.

Il est 15h00 à présent et je n'ai pas eu la force d'écrire plus ce matin. J'ai passé plus d'une heure à me concentrer pour rédiger ces deux-trois phrases et cela m'a achevé. A final je suis retourné me coucher pour trois bonnes heures. Là, parce que le temps semble plus clément que matin, il ne pleut plus, je suis sorti à la quête d'un café ouvert. J'ai eu de la chance, car l'une des deux brasseries de la gare est ouverte et, actuellement, je suis donc installé à sa terrasse, toujours entrain d'écrire de la seule main gauche, de me concentrer sur ma syntaxe, sur mon vocabulaire, sur l'orthographe de mes mots, devant réfléchir pour effectuer toutes ces actions comme l'on réfléchi pour résoudre un problème mathématique.

Ce matin je commençais à parler de Belfort, mais présentement ce n'est vraiment pas le sujet qui m'intéresse. Oui, ce qui m’inquiète c'est ma santé, et il m’apparaît clairement qu'il ne faut pas qu'il m'arrive quelque chose de grave sur Belfort. J'ai vu l'hôpital, le seul que la ville possède, c'est là que j'ai vu le cardiologue cette semaine et l'état piteux des lieux, et inutile de dire que j'espère ne pas y avoir à y retourner, hormis pour passer mes examens de contrôles en rapport avec mon cancer. Donc, comme je le disais, c'est ma santé qui me préoccupe, plus les jours passent et plus je m'attarde sur mon état, de plus en plus, état qui se détériore,  et sur la situation de ma belle-mère qui me renvoi, malgré moi, immédiatement à mon avenir, un avenir peut-être beaucoup plus proche que je le concevais il y a encore deux semaines. J'ai peur, il n'y a pas d'autre mot, d'autre terme, et en ce moment je prends sur moi pour ne pas augmenter mes doses de calmants. Dés demain je vais me mettre en quête d'un médecin référant et d'un  psychiatre, car une fois ces derniers trouvés je sais que je serai un peu tranquillisé. 

samedi 15 août 2015

Evolution de la maladie

14 août 2015


Je ne sais même par quoi commencer, mais je sais que ça va être court tant mon cerveau va de pis en pis. Cela m’a pris du jour au lendemain, en début de semaine ou presque, un deux jours après que je puisse plus me servir de main droite. De ce côté-là aussi ça a empiré, je ne peux plus porter quoi que ce soit plus de quelques secondes sans que l’objet que tiens dans main, que s’agisse d’un billet de banque ou d’un quelconque objet plus lourds, ne me glisse entre les doigts. Je ne le sens même pas filer, c’est comme si ma main, une partie de ma paume et au moins trois de mes doigts, dont le pouce, ne sentaient plus la pression qui va de pair avec le toucher. Du coup, chaque jour passé je me suis mis à me servir de plus en plus de ma main gauche pour arriver, ce soir même, à ne plus pouvoir lacer seul mes baskets. C’est Cynthia qui a dû m’aider. Inutile de vous dire que pour m’habiller, ne serait-ce fermer le bouton d’un pantalon ou mettre un pantalon, ça devient la croix et la bannière. De même, toujours point de vue motricité, je perds également celle de ma jambe droite. Cela m’a pris il y a trois ou quatre jours au réveil. J’avais du mal à prendre appui sur cette dernière pour me redresser, manquant de ma casser la figure en voulant sortir de mon lit. Cette matinée-là j’ai eu les jambes complétement flageolantes, puis l’après-midi cela passa. Mais le lendemain ce fût rebelote et, à ce jour, j’en suis au stade où ma jambe droite est sans arrêt flageolante, m’empêchant de marcher plus 500 mètres d’affilée, car ma jambe gauche supporte presque tout le poids de mon corps, demandant des efforts physiques que j’ai du mal à fournir, efforts nécessitants un souffle que je n’ai presque plus. Du coup, afin de récupérer mon souffle, je n’ai d’autre choix que de faire de nombreux arrêts assis, car même à l’arrêt mes jambes ne me portent plus.
                                                                                                                                                   
Mais revenons à neurones et à mes tumeurs. Toutes sont donc situées dans l’aire gauche de mon cerveau, l’aire qui gère justement la partie droite de mon corps. Plus précisément ces tumeurs sont situées près de la partie qui gère également le langage. C’est là que le bât blesse depuis une petite semaine. Cela a commencé avec l’élocution. Pour répondre, poser une question, donner un avis, les mots ne sortaient plus. Certes, j’avais la bouche grande ouverte, savaient pertinemment ce que je voulais dire, mais rien ne sortait, pas un son, pas un mot, et il fallait que je me concentre fortement pour qu’enfin, en bégayant, je puisse prononcer quelque chose d’à peu près cohérent, mais non fidèle à ce que je voulais exactement exprimer. Au début, ces problèmes d’élocution me prenaient en fin de journée et ne me quittaient plus jusqu’au coucher. A présent, ils me prennent dès le matin, au réveil. Bref, je bégaye à présent, ne cessent de chercher mes mots quoi qu’il y ait à dire, à répondre ou à demander. Depuis il va exactement en ce qui concerne l’écriture. Je cherche non seulement mes mots pour formuler mes pensées, oui, c’est comme si j’avais oublié la majorité de ces derniers, constatant par-là même la défectuosité de ma mémoire, et de plus je constate que je connais plus l’orthographe des mots, tel que c’était le cas auparavant, par automatisme, et que sur chacun des mots que je pose, sans exception, je dois me concentrer sur son orthographe. Le problème est que le temps que je perds à surveiller mon orthographe me fait perdre le fil de ma pensée et, là encore, je perds un temps fou à le retrouver, parfois en vain. Aujourd’hui je suis à un stade où je n’arrive plus à poursuivre un raisonnement dans ma tête. Il y a quelque chose qui bloque, qui empêche les mots d’arriver, qui empêche le mécanisme de passer d’une idée à l’autre, les associations d’idées de se faire, et lorsque subitement je réalise consciemment que je suis arrêté sur un constat ou une idée, la plupart du temps je ne sais même pas comment j’ai pu en arriver là, d’où je suis parti et dans quel but.

Je savais, me doutais, que tôt ou tard mon cerveau me jouerait ce type de tour que je ne voulais avoir pour rien au monde, c’est-à-dire la perte significative de mes facultés intellectuelles. Où cela va me conduire ? En l’état, à écrire nettement moins souvent et à parler le moins possible. De même, ayant eu un rendez-vous de contrôle avec un cardiologue il y a deux jours, il m’a suggéré d’augmenter ma dose journalière de cortisone, la doublant, le temps que je vois mon oncologue à Lyon le 26 août. C’est ce que je fais depuis, mais rien de neuf à l’horizon.

Enfin, le plus important pour la fin tant je ne sais qui dire, quoi penser sur le sujet. La nouvelle est tombée mercredi soir, il s’agit de ma belle-mère, Michelle, son cancer s’est généralisé. Cynthia n’avait pas besoin de cela en plus de mes nouveaux handicaps auxquels elle doit faire face et de la rentrée scolaire qu’elle doit déjà commencer à préparer. Oui, étrangement, plutôt que de penser au sort de Michelle, c’est au sort de Cynthia et se son père que je pense. Je me dis qu’il en est ainsi parce qu’il n’y a plus rien à penser du sort de Michelle ou du mien. Nous sommes sur le déclin, il n’y aucune issue, c’est juste une question de temps, et pour Michelle, malheureusement, le terme de sa vie semble plus proche que le mien. Quoi qu’il en soit je n’en demeure pas moins persuadé qu’elle a été suivie par une équipe médicale de merde en matière de cancérologie. Je ne dis pas qu’une autre équipe aurait fait des miracles, mais je suis persuadé que si elle avait été suivie par les médecins qui m’ont suivi lorsque j’habitais Lyon, son pronostic vital ne serait pas encore engagé.

dimanche 9 août 2015

Lyon - Retour aux souces

9 août 2015


Ça est, Cynthia et moi sommes à Lyon. Arrivées vers midi chez mes beaux-parents, un heure après, juste après le déjeuner, j'étais déjà au lit pour faire un sieste. Rennes, c'est fini. Peut-être que Cynthia retrouvera un jour cette ville, ou tout au moins la Bretagne, au grès de ses affectations et de ses mutation. En ce qui me concerner, cela me semble peu probable. Peut-être ais-je un mauvais pressentiment, mais je crois que l'année à venir ne me sera pas aussi clémente que celle qui vient de passer. J'avais déjà parler de ma perte de dextérité de ma main droite, narrant que je ne pouvais plus écrire de cette main. Cette semaine les choses se sont détérioré plus encore. Toujours avec cette main, j'ai bien du mal à m'emparer de quoi que ce soit, et la majorité du temps je fais tomber par terre ce que je tiens. Du coup, par la force des choses, je me sert de plus en plus de main gauche. D'ailleurs, en ce moment même je me sert uniquement de main gauche pour taper sur mon clavier, ma main droite me handicapant plus que qu'autre chose. De même, depuis trois jours, je me découvre complètement flageolant sur mes deux jambes, maquant de tituber dès que je me tiens debout, et plus encore lorsque je porte quelque chose. Bien plus que la radiothérapie, je pense que cela est dû à la baisse de la cortisone, cortisone qui prit sur du long terme a comme effet secondaire d'attaquer la masse musculaire, le tissu musculaire. Ainsi, si vous en prenez à haute comme ce fût mon cas, d'un côté cela vous donne la pêche, parfois même trop, mais en parallèle c'est également votre musculature qui en pâtit, à moins que vous n'ayez pris soin d'elle, ne serait-ce que marchant un bonne demi-heure par jour, chose que je ne faisais. J'ai diminué la cortisone il y a un semaine et j'en mesure ces derniers jours les conséquences. Dans un semaine je dois baisser la dose à nouveau et me demande déjà quelles seront les incidences. A côté de ça, ce qui vient encore compliquer le paysage, c'est le souffle. Effectivement, et là il n'y a pas de mystère, c'est par ce que je me suis mis à remis à fumer mes cigarillos. Ainsi, pour chaque cigarillo fumé, c'est au moins trente minute pour récupérer un semblant de souffle, sans faire pourtant aucun effort physique, juste en restant assis à une terrasse de café. Alors je vous laisse imaginer la pénibilité avec laquelle je respire lorsque je suis en plein effort, comme faire rouler un valise, simplement marchez ou porter mon ordinateur. Mais là je ne peut m'en prendre qu'à moi, ne comprends toujours vraiment pourquoi je m'entête à fumer, certainement parce que c'est plus simple de le faire que de s'abstenir.

Donc je suis de retour a Lyon, ville où j'ai habité deux ans, puis m'expatriant avec Cynthia pendant trois ou quatre ans à Saint-Étienne, ville située à égale distance de Lyon que Rennes de Saint-Malo. Le café où je suis actuellement est le premier où j'ai pris mes habitude quand j'ai découvert Cynthia Il est située sur une grande place dans la neuvième arrondissement de le Lyon, dans la quartier de Vaise. J'avais don quitté Paris à l'époque, ma ville natale, et voilà que j’atterrissais dans ce café nommé « Au vieux Paris », situé place de Paris justement. Donc, même quand nous habitions Saint-Étienne, je venais très souvent sur Lyon, ne serait-ce que pour voir mes beaux-parents, et c'est dans ce café que je m’arrêtais régulièrement. D’ailleurs, aujourd'hui la serveur ne ce s'y est pas trompé et m'a de suite reconnu, malgré mon année d’absence à Rennes. N'ayant pas la force d’entamer une conversion avec lui, afin de couper court, je lui dit que je ne n'étais là que pour deux jours et qu'après Rennes, c'est à Belfort que je me m’intaillera.

Enfin j'ai vu ma belle-mère, les effets de son cancer, ainsi que mon beau-père qui a fondu de moitié en l'espace d'un an. Bien évidement j'avais des nouvelles d'eux tous les jour par Cynthia,  ou lorsque je l'appelais de ma propre initiative. Mais  ce n'est du tout pareil d'avoir des nouvelles  de s'imaginer des choses et de voir la réalité des choses. Même si me belle-mère à réintégré sa maison, même si elle n'est plus en maison de repos médicalisé, même si sa santé s'est améliorée, il n'en demeure pas moins qu'elle est bel et bien toujours affaiblie, surtout en ce moment où elle est prise  de douleurs chroniques dans le dos, nécessitant de nouveaux examens dès demain afin de savoir de quoi il en retourne exactement. Donc de voir ce triste spectacle m'a immédiatement ramené a ma condition, me demandant instantanément si j'offrais ce même ce même spectacle à Cynthia et à mes beaux-parents, idée qui ne me réjouis absolument et me donne, plus encore, l'envie d'être seul. Oui, pour moi en tout cas, même si l’opinion des gens que je ne connais sur ma personne ne m'affecte guère, il en va pas de même des rares autres personnes. De même, mon caractère étant ce qu'il est, il est des situations dans lesquelles je n'aime pas me sentir en position de faiblesse. Aussi, face à ceux qui font parti de mon cercle intime, j'ai toujours eu une sainte horreur de me sentir en état de faiblesse psychologique ou physique. Je me sent comme dépendant, ce dont j'ai horreur. Effectivement ce n'est pas pareil d'être dépendant d'un médecin ou d'une infirmière, cela est leur métier, fait partie de leur métier, je n'ai donc aucune honte à réclamer leurs soins, aucune d'être un assisté, de quémander si le faut, voire d'implorer. Par contre il n'en va pas de même pour mes proches et, tant qu'ils sont en bonne santé, ils ont une vie à mener, une vie à poursuivre, et non pas devenir esclave, il n'y a pas d'autres termes pour les gens dans leur situation. Oui, comme pour mon beau-père ou Cynthia, à quand les moments légers, les vrais moments de plaisir ? Alors certes ils vont vous parler de devoir, que cela ne se fait pas de laisser dans le besoin celui ou celle avec qui nous avons partager tant de moment, ou qu'en famille, sous prétexte que c'est une famille, même si parfois les rapports sont inexistants ou presque, cela ne sa fait pas, que c'est soit-disant immoral. Bref, la majorité des gens vous dirait, moi le premier, que l'on n'entretient pas, que l'on ne construit pas relations familiales ou amicales pour ne vivre que le bon moments. Oui, moi le premier, je vous dirai qu'en cas de coup dur, qu'en cas de moments difficiles, on doit aussi être présent. Donc, certes, il y a toute la belle théorie dont j'étais pétris, comme vous, mais maintenant que je me trouve de l'autre côté de la barrière, celle qui mène irrémédiablement vers le déclin, où il n'existe aucune solution, strictement aucune, je trouve depuis bien égoïste, un bien drôle de façon de se dire aimer des personnes que l'on aliène à sa condition, notre confort au détriment du leur, notre réconfort au détriment des soucis qu'ils se font pour nous, s’empêchant par là même de vivre. Alors tant que je peux, j'agis dans ce sens, pensant que c'est un manière sincère d'aimer proche. Dans mon cas c'est assez facile, car tout mon cercle intime habitant sur Paris et ma fille résidant chez sa mère, les nouvelles ne se font que par téléphone et, bien évidement, je leur ment, leur disant que tout va bien, histoire que personne n'est la tête encombré par ma maladie. Avant ma maladie, je ne mentais jamais, quitte à froisser les susceptibilités, au mieux je me taisais. Depuis cette année passée à Rennes, j'ai franchis le cap, je me suis mis au mensonge. Malheureusement il reste encore Cynthia et à elle, tôt ou tard tout se révèle, mon corps ou mes états d'esprit lui dévoile tout, je ne peux donc l'épargner. Alors trotte toujours dans mon arrière tête le jour où je serai dans un état similaire à celui de sa mère, complètement dépendant, tant physiquement que, peut-être, psychologiquement, et il sera alors hors de question que lui fasse vivre ce qu son père vie depuis près de deux ans. Je quitterai le domicile conjugal et irait finir dans un mouroir.