dimanche 8 mars 2015

Réveil

Il est 8h30, il fait frisquet, presque froid, mais je suis néanmoins déjà dehors, assis à une terrasse de café pour écrire je ne sais quoi. Mes mains sont presque glaciales et heureusement que je n'ai besoin que de l'extrémité de deux doigts pour taper à la machine. Ainsi nous sommes dimanche, Rennes sera une ville morte, mais le beau temps qui est annoncé pour tout à l'heure m'incitera sûrement à ressortir cet après-midi, avec ou sans ordinateur, en compagnie ou non de Cynthia qui doit préparer son mémoire. La chaleur est également inscrite au rendez-vous, 17° sont annoncés, c'est dire s'il fera bon.

Comme dans le centre ville, à cette heure, tout est fermé, je suis à nouveau près de la gare. Le soleil est là, à quelque pas de la table où je suis installé et d'ici une demi-heure je changerai de lieu, de café, afin d'être en plein soleil, mes doigts n'en auront que moins froid. Comme d'habitude je pense à mon cancer sans y penser. Le mot, le terme, ma condition, s'inscrit dans mon esprit, comme si je ne devais pas l'oublier, mais je ne m'y attarde pas pour autant. C'est comme se réveiller et se souvenir que l'on est une femme ou un homme. La structure psychique se met en place, notre identité s'installe et nous ferons avec pour la journée. De même je me dis que j'ai 48 ans, que je ne suis plus un jeune, mais que je ne suis pas encore un vieux. Ce déclic viendra certainement lorsque j'aurai 50 ans, tout en souhaitant parvenir à cet âge, ce seront toujours deux années de gagnées sur la maladie.

Lentement mais sûrement, je le ressens, la température se réchauffe. Mes mains ont moins froid, mais ce n'est pas encore la panacée. Face à moi, dans l'avenue où je me trouve, toutes les boutiques sont fermés uniquement parce que nous sommes dimanche. C'est un legs chrétien qui voulait, à l'origine, que ce jour soit consacré à Dieu, à la prière, à la communion. Certes, en 1901 nous avons créé notre état laïque, la séparation des pouvoir entre l'église et notre république, mais pourtant nous avons gardé bon nombre d'us et coutumes chrétiennes, et le repos dominical le dimanche n'est que l'un de ses avatars. De même, la majorité des vacances scolaires correspondent à des fêtes religieuses chrétiennes, qu'il s'agisse de pâque ou d'une autre. Enfin noël, le sacro-saint noël n'est-il pas la célébration du Christ, de sa naissance, lui le grand messie à l'origine de la civilisation occidentale ? Donc depuis 1901, ce devrait être la séparation de l'état et de l’église, de ses fêtes, de ses traditions, de sa forme de pensée, mais un siècle après je constate que nous n'avons pas beaucoup évolué, y compris sur la condition féminine. Aujourd'hui encore des femmes et des hommes sont obligé de se battre pour l'égalité des droits. C'est dire que nous revenons de loin et que je n'aurai pas aimé être une femme au début du siècle dernier. Oui, la condition des femmes m'a toujours interpellé. Cela a commencé avec ma sœur, quand déjà tout jeune je me suis aperçu qu'elle n'était pas élevé de la même façon que nous, ses frères. De même, lors de son adolescence, je n'ai pu que constater qu'elle disposait de moins de liberté que nous, qu'elle était quasiment sous surveillance et je ne comprenais pas pourquoi. L'unique différence que j'ai toujours vue entre l'homme et la femme est la force physique qui n'est pas la même. Mais dans une société, la France, où l''on nous enseignait qu'il ne fallait pas en user entre nous, où était le problème alors ? Pourquoi ma sœur n'avait-elle pas le droit à la même liberté que nous ?

(8 mars 2015)

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