mardi 10 mars 2015

Faits de société

Ce matin, aux actualités, on faisait état des 10 morts suite à un crash d'hélicoptères, et parmi ces 10 morts figuraient trois grands athlètes français. J'ai écouté et, de suite, j'ai pensé à ma condition et la leur. Moi qui me sait condamné, même si je ne sais pour quand, je suis néanmoins toujours vivant ce matin. Eux, qui n'étaient pas condamnés, qui pouvaient entreprendre, faire des projets sur le long terme, sont morts. Étrange ironie dont je ne sais quoi penser exactement. Peut-être devrais-je oublier mon cancer, faire comme s'il n'était pas là, comme s'il n'était pas réellement important, et reprendre, me ré-approprier ma vision de la vie d'antan, époque où je me projetais encore sur le long terme, ne me bornant pas à attendre uniquement le lendemain comme unique point de mire.

L'une des athlètes qui est morte devait avoir sensiblement mon âge, autour de la cinquantaine. Les deux autres avaient l'âge de Cynthia, entre 25 et 28 ans. N'est-il pas terrible de mourir si jeune alors que rien ne les prédestinait à çà ? En ricochet, je pense aux morts du Yémen, du fait des groupes terroristes, des jeunes, des femmes, des enfants, morts également pour rien, leur corps n'étant infecté par aucune maladie mortelle. Oui, beaucoup de personne meurent avant l'heure, soit par accident, soit parce que victime d'un acte de violence. Je ne sais s'il existe de chiffres, de statistique sur le nombre de morts chaque année en France ou dans le monde, mais je serai curieux de savoir combien, parmi ceux-là, ne sont pas décédé d'une mort naturelle ou suite à une maladie mortelle. Je pense que les chiffres me surprendraient.

Ainsi donc, voici comment commence ma journée, par la mort, le décès, l'aléatoire qu'est de rester vivant, la chance ou non de l'être encore, le luxe qu'est ma pensée lorsque j'envisage de précipiter ma propre mort. Soudainement je découvre que je suis un nanti, un chanceux, parce que je n'ai pas décidé de mourir et que je suis encore là, contrairement à bien d'autres. Alors, à quoi me sert cette chance ? Qu'en fais-je ? Comment l'utiliser au mieux ? Je n'en sais rien, hormis de profiter du moment présent, ou tout au moins d'essayer d'en profiter.

Face à moi, je vois une femme enceinte marcher péniblement. Je pense à l'enfant qu'elle porte, lui aussi destiné à la vie, à ne pas mourir avant des décennies. Il en va de même pour la mère. Mais que pouvons-nous savoir de ce que sera leur destin, qu'en savent-ils eux-mêmes ? Y a-t-il plus de risque de mourir que de rester vivant ? Entre accident et maladie diverses, je serai tenté de dire que rester en vie n'est pas si aisé. Nous avons un tas de codes à apprendre, un tas de précaution à prendre, à commencer par faire attention à notre environnement, les voitures, les trains, les vélos, les trous, les marches d'escalier, le gaz, le feu, l'électricité, etc. Oui, si nous ne prenons garde à tout ceci, alors l'accident est possible à chaque coin de rue, et je ne parle même pas des personnes dont il faut se méfier, toutes ces personnes que nous ne connaissons pas et que nous croisons néanmoins chaque jour. Même parmi nos plus proches, l'actualité macabre l'a assez démontré, le danger peut être présent. Certains tuent par amour. Moi, je ne crois pas au crime passionnel. Celui qui tue dans ces circonstances le fait parce que son ego a été blessé, touché, mais certainement pas par amour de l'autre. Il tue par amour de lui-même, amour de son ego. Il y a également tous ces crimes à caractère mercantile qui se font au sein d'une même famille. C'est dire que les valeurs de notre société, la richesse par exemple, en détraque plus d'un. Je pense également aux pédophiles qui tuent leurs victimes. Ceux-là sont ceux que je comprends le moins. Même si je sais pertinemment ce qu'est une pulsion sexuelle, l'envie du corps de l'autre, l'envie d'en jouir, je n'arrive pas à comprendre que l'on puisse éprouver ce genre de pulsion à l'égard d'enfant ou de jeunes adolescentes. De même, je sais également que l'on peut parfaitement contrôler ses pulsions sexuelles, car si ce n'était pas le cas toute femme aurait été violé au moins une fois dans sa vie. Là aussi je ne comprends pas que ces prédateurs ne puissent les maîtriser. Enfin, lorsqu'un pédophile tue sa victime après l'avoir violé, a-t-il prémédité cet acte avant même de passer à l'action ? Si oui, je me demande là aussi ce qui se passe dans leur tête, quel effet cela engendre de savoir que l'on à faire à quelqu'un que l'on va tuer ?

Oui, face au meurtre, à l'assassinat, à l'homicide volontaire, je me pose beaucoup de question sur les personnes incriminées dans ces histoires. Si je peux comprendre ceux qui tuent froidement pour des raisons financières, je ne comprends pas tous les autres. Ainsi, les djihadistes qui tuent au nom de leur bible, je ne les comprends pas. Comment peuvent-ils croirent que leurs crimes changera quoi que ce soit à l'état du monde ? Comment peuvent-ils penser qu'éliminer son prochain, que rayer de la terre ceux qui ne partagent pas leurs convictions amènera le reste du monde à leur cause ? N'ont-ils aucune connaissance de l'histoire ? N'ont-ils pas appris, lu, vu, qu'aucun régime totalitaire ne tenait la route bien longtemps ? Et pourtant ils y vont, partent tuer et se battre au lieu de profiter de la vie. Mais peut-être est-ce là le nœud, peut-être n'avaient-ils pas le sentiment de profiter de la vie avant de s'engager dans leur combat. Car combattre, quelque soit le type de combat, de greenpeace au djihad, c'est se sentir utile et donc se sentir vivre pour quelque chose. La plupart de djihadistes sont des jeunes. Tous ou presque ont moins de 35 ans et la majorité a au alentour de 25 ans. Qu'en tirer comme conclusion ? Les chefs, ceux qui dirigent, sont nettement plus âgés et ont au minimum la quarantaine. A cet âge, ils devraient avoir acquis l’expérience, celle que la violence au nom d'une idéologie est toujours voué à l'échec. Certes, la Palestine n'est pas encore un état totalement indépendant, mais si elle existe officiellement aujourd'hui, c'est parce qu'un jour l'OLP a déposé les armes. Il en va de même en Irlande avec l'IRA et dans bien d'autres coins de la planète. Oui, à part les révolutions ou manifestations pacifiques pour faire passer des idées, tout le reste ne fonctionne pas dès que l'on fait usage de la violence. Cela me fait penser aux corses, au FLNC, à tous ces morts et attentats qu'il y a eu en conséquence, et tout cela pourquoi au final ? La Corse est toujours française, le FLNC s'est dissout et la vie continue.

Toujours aux actualités, programme qu'il ne faut pas regarder si l'on veut éviter d'être aigris, morose ou en colère, j'ai également entendu notre premier ministre dire qu'il avait peur de la montée du FN. Effectivement, et là je prends encore une fois l'histoire à témoin, comment ne pas avoir peur ? Vichy une fois ne nous a pas suffit ? Il faut que nous remettions une seconde couche où ce ne sont plus les juifs qui seront la cible, mais les musulmans et les émigrés ? Pourtant je n'irai pas voter. Dans ma vie je n'ai voter qu'une seule fois, mais n'ayant strictement aucun contrôle sur ceux que nous élisons, mon vote ne sert donc à rien. Lors de sa campagne, Hollande nous a fait de belle promesse. Il est clair cependant que depuis sa politique n'a rien à voir avec ses promesses et, alors, que pouvons-nous faire face à cet état de fait ? Rien, absolument rien, une fois le bulletin mis dans l'urne, nous n'avons plus de prise. Quant au FN, lorsqu'il arrivera au second tour de l'élection présidentielle prochaine, je me demande quel sera son pourcentage. Oui, aujourd'hui les gens qui votent pour ce parti sont devenus décomplexés. Il n'y a plus de honte ni de tabou à se réclamer du FN et comme nous aimons jouer avec le feu, comme des enfants, je pense qu'ils seront de plus en plus nombreux à voter pour ce partie, non par idéologie excessive, mais surtout parce que les parties traditionnels nous ont trop déçu. Même moi, juste par révolte et alors que je suis à des années-lumières de l'idéologie de ce parti, je serai capable de voter pour eux juste pour éliminer de la course tous les nantis de l'UMP ou du PS. Bien entendu, je jouerai également avec le feu en agissant de la sorte, mais comment réformer, entreprendre une véritable mutation idéologique de notre gouvernance en laissant en place toujours les mêmes ? Sarkosy qui revient dans la course me fait bien rire également, lui qui a été notre président cinq années durant, il y a à peine trois ans encore, que peut-il nous proposer de neuf ? A qui veut-il faire croire qu'il peut incarner un changement quelconque, lui qui est dans les arcanes du pouvoir depuis plus de trente ans ? Je pense également aux écologistes qui ne pèsent rien électoralement, mais qui font beaucoup de bruit. Eux-aussi, avec leur alliance au PS, sont à fond dans le système que je dénonce, celui qui ne nous représente plus une fois notre bulletin déposé dans l'urne. Enfin, je dénonce et critique, mais que fais-je pour modifier quoi que ce soit ? Absolument rien, si ce n'est l'écrire.


(10 mars 2015)

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