dimanche 29 mars 2015

Sexualité

29 mars 2015


Un jour comme un autre, une fin de semaine comme une autre, seule change le rythme autour de moi, le mouvement, car en ce dimanche matin, à cette heure matinale et par ce temps maussade, venteux, peu de personne sont de sorties. Actuellement je suis à la terrasse de l'un des café de la gare, car les autres, ceux où je me rends d'habitude en semaine, sont fermés le dimanche.

Tout à l'heure, avant de sortir, je regardais en replay une émission dont l'intitulé était « A qui appartient notre corps ? ». Il y était évidement sujet de la prostitution, de son abolition ou non, mais aussi de la vaccination et du don d'organe. Oui, vivant ou mort, à qui appartient notre corps ? Vivant, il m’apparaît évident qu'il n'appartient qu'à nous-mêmes et que nous devrions être libre d'en faire ce que nous voulons, régime, opération chirurgicale, prostitution ou don d'organe. Oui, concernant la prostitution, débat que je ne cesse d'entendre depuis ma plus tendre enfance, j'ai changé souvent d'avis sur le sujet au gré des arguments des uns et des autres. Le corps de la femme ou de l'homme, une marchandise comme une autre ? Cela je ne peux le concevoir, mais pourtant les faits sont là. Le corps contre de l'argent existe bel et bien, et pas seulement dans le domaine de la prostitution. Il y a aussi les mères porteuses, les dons d'organes contre rémunération et peut-être d'autres domaines où l'on marchande son corps ou une partie de ce dernier. Certes, en France, toutes ces pratiques sont interdites, sauf la prostitution. Effectivement il existe un statut légal pour les travailleurs du sexe. Ils doivent déclarer aux impôts leur revenu et, comme tout travailleur, ils sont taxés en conséquence. C'est ça la France, avec ses contradictions, son double langage, celui des faits et celui de nos politiques, celui qui autorise un homme ou une femme à faire commerce de son corps et, parallèlement, qui hurle à qui veut l'entendre depuis des décennies qu'il faut abolir la prostitution. Alors je m'interroge sur moi-même et me demande si j'aurai fait commerce de mon corps si l'occasion s'était présenté. A priori, je crois que oui, mais à certaines conditions. Déjà, il aurait fallu que j'ai le choix de mes clientes, que je ne sois pas dans une spirale qui m'obligerai à coucher avec la première venue. Souvent je me dis, à la lumière de mon parcours lorsque j'étais adolescent et après, que si j'avais été une femme, j'aurai tôt ou tard essayé la prostitution. Mais là je parle en l'air, n'ayant même pas idée de la façon dont je me penserai si j'étais une femme dans une société tout de même dominé par l'homme dans de nombreux domaines, y compris celui de la violence physique. Néanmoins, tout comme il y a la liberté d'expression, valeur à laquelle je suis farouchement attaché, je considère que la liberté de faire ce que je veux de mon corps, de ma personne, dès lors que cela ne met pas en danger la vie d'autrui, doit être, elle aussi, totale. Plusieurs fois dans mon passé, je me suis demandé comment devenir un travailleur du sexe indépendant. Si j'avais eu le logement, la connaissance des réseaux, si à l'époque l'internet avait exister avec tous les sites de rencontres qu'elle abrite, oui, c'est sans état d'âme que j'aurai fait commerce de mon corps. Dans mon cas, moi qui suis hétéro sexuel et sachant que les filles ou femmes de mon âge n'ont nullement besoin de payer un homme pour que celui accède à leurs faveurs charnelles, je savais que ma clientèle serait composée de femmes âgées, voire très âgées. Arriverais-je alors à être en érection à la vue de leur corps ? Cela me semblait peu probable, voire complètement improbable, ce qui explique que je n'ai jamais été dans cette direction, que je n'ai fait aucune recherche pour devenir prostitué. Cependant, dans l'idée, cela m'aurait plu de connaître et vivre cette expérience.

Oui, il ne m'est pas souvent arrivé dans ma vie de coucher avec de parfaites inconnues. De mémoire, cela a du se produire une seule fois. Je travaillais alors comme barman à Paris, Place de Clichy, tous près du quartier Pigalle. Je devais avoir trente-six ans, travaillais de nuit, et le café était fermé entre 2h00 et 4h00 du matin, le temps pour le personnel de nettoyer et de manger. A 4h00 la brasserie ré-ouvrait et je terminais mon travail à 7h00 du matin. J'étais donc au bar et en salle, pour le service, il y avait un jeune petit nouveau, âgé de 25 ans. Dès l'ouverture une jeune femme d'une trentaine d'année pris sa place au comptoir. Elle me commanda une bière, puis une seconde, puis de fil en aiguille nous nous mîmes à discuter. Elle me fit alors part de ses états d'âme suite à une rupture récente et, je ne sais pourquoi, elle me dit alors que son fantasme serait de coucher avec deux garçons à la fois. Au début je ne savais pas si je devais la prendre au sérieux, si c'était un pied d'appel de sa part à mon égard, ou si elle délirait un peu sous l'effet de l'alcool. Pourtant, malgré les quelques bières qu'elle avait bu, elle ne semblait pas ivre, elle semblait maître d'elle-même. C'est alors, sous le ton de la plaisanterie, que je fis part au garçon de salle des desiderata de cette femme et ce, devant elle. Interloqué, surpris, il lui demanda si c'était réellement vrai, si vraiment elle voulait ça. C'est avec une naturalité complète qu'elle lui confirma son souhait, lui précisant que comme nous étions deux beaux gosses, elle se verrait bien faire cela avec nous. Alors nous conclûmes un marché. A 7h00, la fin de notre service, nous irions dans l'un des hôtels de la place de Clichy et passerions à l'acte. L'hôtel serait payé par nos soins, le serveur et moi-même, et ce serait nos seuls frais. Sans se démonter une seconde, elle accepta ma proposition et, de 5h00 à 7h00 elle s'installa à l'une des tables de la salle, attendant que nous finissions notre service. Pour ma part, jamais je n'avais fais des coucheries à plusieurs et ce serait donc une découverte, une nouvelle expérience. Ensuite, concernant la prostitution et sa rémunération, comment considérer la situation. Devenions-nous des clients parce que nous allions payer l'hôtel, ou était-ce juste une histoire de coucherie comme il en existe tant d'autre du même genre ? Puis vint 7h00. Nous nous rendîmes tous les trois à l'hôtel et, une fois dans notre chambre, sans véritables préliminaires, nous passâmes à l'action. Mais rapidement je me suis rendu compte que la situation ne m'excitait pas, que je m'ennuyais plutôt qu'autre chose. Donc très rapidement je m'écartais d'eux, me rhabillais, leur signalant que je les attendrais dans un café qui jouxtait l'hôtel. Je vis dans leur regard qu'ils ne comprenaient pas mon attitude, mais cela ne les empêchât pas de poursuivre leur ébat. Depuis, je sais que les coucheries à trois, quatre ou plus ne sont pas mon truc. J'ai du être trop bien conditionné à la monogamie et, physiquement parlant, mon corps, mon pénis va dans le même sens. Mon esprit n'étant pas conditionné à voir d'autres corps que celui de ma partenaire, l'érection ne se fait pas, ou alors avec difficulté et, à partir du moment où cela devient un effort que de se maintenir en érection, je ne trouve plus de plaisir à poursuivre un ébat sexuel.

De même, dans ma vie et toujours dans le but de connaître une expérience supplémentaire, je n'ai fait appel qu'une seule fois au service d'une prostituée. J'avais alors vingt-ans et avec un copain du même âge dont le surnom était Zinzin, après une soirée entière passé en boite de nuit, il me fit part de son envie d'aller voir des prostituées. Je lui dit OK et c'est ainsi que nous allâmes, là encore, à Pigalle. Nous étions tous les deux sur son scooter à tourner dans le quartier, recherchant deux prostituées, une pour chacun d'entre nous. C'était l'époque où on commençait à parler sérieusement du Sida et des moyens de protections pour l'éviter. Au bout de quelques tours de pâté de maison sur le scooter, nous trouvâmes enfin deux prostituées qui discutaient ensemble, deux métis. Nous arrêtâmes et après s'être mis d'accord sur les tarifs, à l'époque en francs, elles nous entraînèrent dans leur hôtel de passe. Pendant que Zinzin suivait sa prostituée dans l'une des chambre, je suivais l'autre dans les étages. Une fois seul dans la pièce avec elle, elle sortit un préservatif qu'elle déroula sur mon pénis. Cependant, du fait de la situation, du fait que je savais que je la payais et du fait que le port d'un préservatif annihile toujours en moi toute forme d'envie sexuelle, il ne se passa donc rien. J'enlevais donc le préservatif, me rhabillais et allait attendre mon pote à l'entrée de l'hôtel. Ce fut ma seule et dernière expérience avec une prostituée et là aussi il m'apparut clairement que cette forme de relation n'était pas pour moi.

Oui, pour que je prenne du plaisir à coucher avec une femme, je l'ai bien compris, il faut que je la connaisse un minimum, que j'ai déjà une bonne idée sur son tempérament, son caractère. Les inconnus ne sont pas faites pour moi, avec elle je ne peux passer à l'action dans la minute qui suit. Mais cela n'a pas toujours été ainsi. Pendant mon adolescence et ce, jusqu'à mes vingt ans, je pouvais coucher avec la première fille qui passait. Toutes m'excitait facilement et juste la vue de leur corps nu suffisait à ce que je passe à l'acte. Tout à changé suite à ma rupture avec Virginie. Je l'ai connu alors que j'avais dix-neuf ans et un an plus tard nous formions un couple. Notre histoire a duré presque quatre ans et, dans mon esprit, elle était la femme avec qui je ferai toute ma vie, c'était pour moi une évidence. Pourtant, à deux ou trois reprises je l'ai trompé. Cependant je ne lui ai pas menti et à chaque fois que j'ai entamé une relation avec une autre fille, je mettais un terme à notre couple. En faisant ainsi, il me semblait agir de manière juste. Pas d'hypocrisie, pas de mensonge, les choses étaient claires. Lorsque mon aventure avec la tierce personne était finie, je revenais vers Virginie qui accepta toujours que nous nous remettions en couple. Trois ans plus tard, c'est elle qui me fit le coup, m’annonçant qu'elle entamait une liaison avec un autre homme et, qu'en conséquence, elle mettait un terme à notre couple. Je me suis alors effondré comme jamais aucune femme ne m'a fait m'effondrer. J'étais chaos debout et comprenais subitement, soudainement et dans la douleur, tout ce qu'elle avait pu éprouver à chaque fois que je l'avais délaissé pour une autre. Oui, aimer, éprouver ce sentiment est une chose, ainsi que de se faire aimer, mais agir en conséquence pour continuer à aimer et, surtout, être aimé est une toute autre paire de manche. Éprouver le sentiment ne suffit pas. Il faut le montrer, le démontrer, donner des gages, des preuves de cet amour, et il est clair que délaisser celle que l'on aime pour une autre est aux antipodes de cela.

Quoi qu'il en soit, après ma rupture avec Virginie, mon rapport aux femmes changea beaucoup. Les aventures d'un soir ne m'intéressaient plus du tout et, avant de m'engager avec celle-ci ou celle-là, il me fallait auparavant la connaître un minimum. L'attirance physique, uniquement cette dernière, n'avait plus d'impact sur mon désir d'assouvir mon envie sexuelle. Non, cela je le maîtrisais parfaitement. Certes, l'attirance physique m'amenait à vouloir connaître la femme en question, mais il était clair dans ma tête que si son état d'esprit, son tempérament ou son caractère ne me convenait pas, alors il ne se passerait rien sexuellement parlant. Oui, dans ma petite tête, si je passe à l'acte sexuel, cela signifie que je m'engage, que je suis prêt à me donner à fond pour que le couple se forme, s'entende et fonctionne. Ainsi, même si les occasions ne m'ont jamais manqué pour passer à l'acte, je ne les ai que très peu saisi et, lorsque je les saisissais, c'est parce que je pensais sincèrement qu'une histoire était possible entre la femme et moi. En cela, je suis complètement différent de mon frère qui, lui, ne se pose pas de question. Si une femme l'attire physiquement et qu'elle est consentante, l'acte sexuel suivra dans la minute. Pour ma part, il faut aussi que la femme m'attire psychologiquement, psychiquement, que je me sente à mon aise en sa présence, bref tout un tas de facteurs qui ne peuvent être réuni en deux minutes. Donc, depuis Virginie, j'ai toujours pris mon temps avant de m'engager, avant de passer à l'acte sexuel, mon désir de m'entendre avec la personne étant bien plus fort que mon simple désir sexuel.

Le sexe, la sexualité, est vraiment au cœur des relations humaines, de cela je ne doute pas, et parce que trop souvent nous mélangeons, mettons sur le même pied d'égalité, le sentiment d'amour et l'assouvissement ou le désir d'assouvissement d'une simple pulsion sexuelle, cela trouble les esprits, ces derniers n'étant souvent plus capable de faire la part des choses. De même, notre conditionnement à être monogame ne facilite pas les choses. Beaucoup d'hommes et femmes qui sont en couple, aimant sincèrement leur conjoint, sont parfois perturbé lorsqu'ils éprouvent une attirance physique pour un autre ou une autre. Certains d'entre eux en culpabilisent. Pourtant, je ne vois pas comment l'on peut penser possible de contrôler nos goûts. Si nous aimons le chocolat, à chaque fois que nous en aurons sous les yeux, nous ne pourrons que le désirer. Mais où est le mal ? Il n'y a aucun mal à désirer, cela fait partie de notre nature, c'est chimique, génétique, humain. Non, si mal il y a, c'est dans notre gestion du désir. Se laisse-t-on aller ou non ? Ecoutons-nous, soumettons-nous notre personne à nos pulsions, à nos envies, ou essayons-nous de les contrôler, de les canaliser ? Le mal ou le bien est là, rien que là, dans les choix que nous faisons en conséquence.

De même, en couple, qu'est-ce qui est réellement important ? L'aspect physique ? D'expérience je sais que l'on s'habitue à tout, y compris au charme, à la beauté, à l'intelligence, à la joie ou la déception de vivre de l'autre. Oui, il arrive toujours un moment où notre conjoint, notre ami, notre famille ou notre collègue de travail ne nous surprend plus. C'est alors que nous rentrons dans l'habitude et plus rien d'extraordinaire, surtout lorsqu'il s'agit d'aspect physique, ne ressort plus. Ce qui était trépident lors des premières rencontres ne l'est plus, toute l'excitation que suscite la découverte de l'autre s’estompe peu à peu, au fur et à mesure que nous apprenons à le connaître et, enfin, concernant les ébats charnels, là-aussi nous nous habituons au corps de l'autre, à ses formes, son odeur, la texture de sa peau, sa couleur, et espaçons sans nous en rendre compte immédiatement nos rapports sexuels. Donc ce qui fait durer un couple, qu'il soit amoureux, amical ou autre, c'est avant tout la bonne entente et, même mieux, la complicité qui existe entre les deux protagonistes. Si cela n'est pas, alors c'est la porte grande ouverte à la désintégration du couple, tôt ou tard, y compris si dans les faits ils ne se séparent pas. Oui, la sexualité compte, c'est indéniable, mais surtout au début de la relation. Après, pour que cette dernière perdure, il faut la bonne entente, la complicité, seule sentiment capables d'engendrer l'attachement et une véritable affection pour l'autre. Cela nécessite souvent des efforts, des compromis, car celui que l'on découvre correspond rarement à celui que l'on imaginait. De même, son rythme est souvent différent du nôtre et, là-aussi, il faut faire des ajustements. Mais de tout cela, surtout lorsque l'on est jeune, nous n'en avons pas conscience. Nous sommes le plus souvent dans le souhait d'assouvir le plus vite possible nos désirs, nos pulsions, quitte à nous engager en couple alors que l'avenir dira que nous ne sommes pas fait pour vivre ensemble au quotidien. Oui, le quotidien peut être autant l'allié du couple que son pire ennemi. Une relation basé sur des rencontres épisodiques n'est en rien comparable avec une relation quotidienne. Dans l'épisodique, chacun peut faire l'effort ponctuel de se présenter sous son meilleur jour, ce qui est impossible dans le quotidien. Comme l'on dit : chassez le naturel et il revient au galop, surtout dans des relations quotidiennes.

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