mercredi 4 mars 2015

De ma mère et de mon frère

Une demi-heure au téléphone avec ma mère m'a épuisé. Elle n'est qu'un long flot de paroles, sans interruption, tout étant sujet à converser, et mon esprit n'arrive plus à suivre. Bref, elle m'a mis chaos, une fois de plus, et j'ai dû interrompre la conversation, là aussi une fois de plus. Elle s'inquiète, comme d'habitude, de ma santé, et ce n'est pas trop de dire que j'en ai ras le bol d'entendre parler de santé, qui plus est de la mienne. J'y pense déjà assez largement tout seul pur, qu'en plus, on m'en rajoute des couches avec des conseils dont je n'ai que faire, des bonnes intentions qui me pourrissent mon espace. Oui, dans ces moments-là j'enverrai volontiers paître ma mère qui n'accepte pas l'idée, le fait, que ma santé ne me préoccupe pas autant que çà, que je ne cherche pas à vivre des décennies et des décennies, que je veux juste profiter du moment présent sans aucune projection sur demain et après. Ma mère, de tout tant et de quoi qu'il s'agisse, en a toujours fait trop. Ce n'est pas une modérée et si parfois son tempérament a donné de bons résultats, ce même tempérament a été presque systématiquement une source de conflits entre elle et moi, au moins jusqu'à mes 40ans. Elle est incapable d'écouter, d'accepter un point de vue différent du sien, à plus forte raison si le point de vue divergent est celui de l'un de ses enfants. A cause de cela, et c'est malheureux, mais ses trois enfants que nous sommes n'avons d'autre choix que d'instaurer de la distance entre elle et nous, afin de ne pas nous faire bouffer et d'éviter les conflits d'idées. Ma mère habite toujours Paris et lorsque je suis partie vivre à Lyon puis Saint-Étienne, je ne l'appelais qu'une fois par mois, histoire d'avoir la paix. Lorsque ma maladie a été découverte, pour la rassurer, je me suis mis à lui donner un peu plus souvent de mes nouvelles. Cependant ma mère reviens dans ses travers. Si elle estime qu'elle n'a pas assez de nouvelles, alors elle m'appelle, me relance, ce que je ne supporte pas, car je connais à l'avance la teneur de ce qui sera notre conversation, autrement dit la santé, toujours la santé, et tous ses conseils dont je me contrebalance. Mais assez parlé de ma mère, j'ai envie d'avoir l'esprit libéré, non encombré par la contrariété.

Alors je préfère penser à mon frère, qui est nettement plus reposant même si lui aussi, dans son style, est un moulin à parole. Cependant il vous épargne de tout conseil, accepte les point de vue différent des siens, et en cela est beaucoup plus ouvert que ma mère. Depuis une bonne année, peut-être plus, il traverse une période difficile car financièrement l'argent n'est pas au rendez-vous. Il a 45 ans et ne vient de trouver un semblant d'emploi que très récemment, au sein d'une association qui n'a pas d'argent. Alors, à mon niveau, je l'aide en lui faisant des virements quand je le peux. Ce ne sont jamais de grosses sommes, je n'en ai pas les moyens. C'est seulement 50€ ou 100€ par là, mais c'est toujours mieux que rien. Avant qu'il ne soit un adolescent, mon frère et moi n'avions pour ainsi dire aucun échange. Trois années nous séparent, je suis l’aîné, et à cet âge la différence d'âge a une grande importance. Je fumais mes premiers joints alors que lui rentrai au collège, chez les Jésuites. Je volais des mobylettes, n'obéissais plus à mes parents, tandis que lui faisait consciencieusement ses devoirs. Oui, nous étions dans deux monde radicalement différent. Ce n'est que lorsqu'il eut l'âge de quinze ou seize ans que nos rapports se modifièrent. Il devint alors, petit-à-petit, mon confident et à ce jour il l'est encore. Quoi qu'il m'arrive qui me semble important dans ma vie, il en est avertie. Pour autant ce n'est pas le type de confident dont on attend l'avis. Il est plutôt comme un agenda qui connaît toute la chronologie de ma vie, des faits qui s'y sont déroulés, qui connaît parfois le pourquoi de ces faits, et ce n'est qu'exceptionnellement que je lui ai parfois demandé son avis sur certaine chose que je voulais faire ou pas. De lui, contrairement à ma mère ou ma sœur, je suis sûr. Il est une tombe et je sais que rien de ce que je lui confie n’atterrira dans d'autres oreilles. Par contre l'inverse n'est pas vrai, jamais je n'ai été le confident de mon frère, ce qui ne me dérange pas, mais raison pour laquelle j'ai parfois du mal à suivre le fil de sa vie et les raisons de ses choix. Lui, comme ma mère et ma sœur, n'ont pas eu de chance de m'avoir dans leur famille. Effectivement c'est moi qui amenait la majorité des problèmes dans la famille et mes délits, y compris la mort de Michel, n'ont pu laisser indemne leur esprit. Oui, il ne devait pas être toujours simple pour eux de vivre à mes côtés, je m'en rend bien compte à présent.

(4 mars 2015)

2 commentaires:

  1. Lisez le printemps reviendra, poème qu' a écrit Zazou le 3/01/2012 pour avoir un aperçu de qui je suis
    Quant au cancer, quelques phrases que j'ai écrites en 2011
    "Il faut donner de la vie aux jours et non des jours à la vie (ça , cela n'est pas de moi)
    Mon père mort à 42 ans d'un cancer, ma mère a 61 ans, ma meilleure amie (qui habitait Rennes) à 31 ans
    J'avais beaucoup donné à cette maladie, mais elle ne m'a pas lâchée puisqu'en 2011, moi aussi je suis tombée malade
    J'avais écrit alors
    Il faut penser à sa famille proche; elle a le droit de n'être pas en forme
    Elle a le droit d'en avoir marre de la maladie, de la souffrance, de l'hôpital
    Quand je ne serai plus là, continuer à vous aimer et je continuerai à exister
    Merci ma fille de ton soutien en ces moments difficiles
    Merci mes fils pour votre présence
    Merci mes belles filles pour vos mails
    Merci mon mari de me supporter
    Merci à Lucy, Eloïse, Adèle et Dinah mes petites filles pour vos rires

    Depuis, il y a trois petits fils supplémentaires Alors, nous les malades, donnons de la vie aux jours)

    Je ne veux pas être une Mamy conseils, c'est trop chiant mais ne repoussez pas trop votre maman qui s'inquiète.
    Et essayez de contacter votre fille, elle serait peut-être heureuse de parler à son papa
    Mais je me m^me certainement de choses très privées

    Profitez de Rennes et de la Bretagne, c'est si beau
    Bisous et bon courage

    Mamy (seul pseudo que j'aime)


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  2. Merci Mamy pour ces quelques éclaircissements et oui, carpe diem. Cependant je ne sais ce qu'il en a été pour vous, mais dans mon cas il m'a fallu plus d'une année pour comprendre et essayer de vivre le moment présent, de donner de la vie à ce moment, ne cherchant plus du tout à vouloir me donner des jours supplémentaires à ma vie. La conséquence paradoxal, c'est qu'à présent mon entourage est plus inquiet que moi-même sur mon sort. Pour ma part, leur inquiétude m'est quelque peu lourd à porter car je me sens sans cesse obliger de les rassurer, ce qui me fatigue.

    Quant à ma mère, certes je râle, mais je ne la rejette plus et m'efforce de lui donner de mes nouvelles (et d'en prendre) au moins une fois par semaine car, des personnes inquiètes de mon entourage, elle est en tête de liste.

    Concernant ma fille, je l'ai contacté le lendemain même de l'écrit où je parlais de ma difficulté de l'approcher, de lui parler. J'ai même eu sa mère au téléphone et nous sommes entendu pour un compromis envers les contacts téléphoniques entre ma fille et moi. A présent, j'attends les vacances d'avril avec impatience, afin de la retrouver physiquement et passer du bon temps avec elle.

    Quoi qu'il en soit, dès lors que je publie sur mon blog, même s'il s'agit essentiellement de ma vie privée, je n'ai aucun sujet tabou et que ce soit vous, Zazou ou d'autres qui me laissiez des avis, sachez que je les prends en compte, qu'il m'amène parfois à réfléchir et à voir les choses dans une autre direction, ce qui n'est parfois pas plus mal.

    En attendant je profite à fond de Rennes, tous les jours je m'y promène et, lorsque ma compagne est disponible, nous allons souvent à Saint-Malo, une très belle ville fortifiée que vous connaissez peut-être.

    Sur ce, je vous dis également à vous bon courage et souhaite que vous gardiez le bon moral que vous semblez avoir.

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