jeudi 26 mars 2015

Symbole

26 mars 2015


Écriture automatique

Symbole, paradoxale, liberté, voici les mots qui s'affichent dans ma tête, tête non rempli, mais néanmoins pleine de mots, de déserts entre ces mots, d'espaces perdues où la jonction n'est pas encore, encore la nuit, encore l'envie, celle d'écrire, de dévoiler, d'éclaircir les pans entiers de mes cartes synaptiques, véritable cartographie de mon cerveau où, tel un navigateur, je cherche la boussole dans mes poches afin de pouvoir me diriger dans ce labyrinthe, labyrinthe de pensée qui ne me mènent nul part, ou plus exactement toujours au même endroit, celui de la vie et de la mort, car qu'y a-t-il d'autre dans l'existence ? Nous remplissons un vide, mais un vide qui n'est pas vide, un vide emplie de chose inatteignable à notre entente, nous sommes trop bête, pas assez intelligent, mais cela n'est-il pas normal puisque nous ne pouvons nous juger qu'avec la matière grise que nous a fourni l'existence, en quantité limitée, et nous ne pouvons faire plus que ce qu'elle nous permet de faire. Alors oser imaginer le vide que nous comblons, c'est être empli de prétention, c'est au-delà de l'ambition, c'est être orgueilleux au-delà de l'orgueil même. Ainsi, tout scientifique est prétentieux, fatalement, inexorablement, et moi-même qui recherche je ne sais quelle illumination, révélation, vérité, je suis aussi prétentieux qu'eux.

Faire de l'écriture automatique est un repos de l'esprit, esprit qui n'en réclame pas tant généralement, mais aujourd'hui le mien le réclame, l'acclame, défaisant ainsi ce que j'ai construit auparavant. La construction, l'édification, tout effort de réflexion pour maintenir droite la bâtisse, une tour Eiffel bancale néanmoins que le vent peut faire tanguer, surtout là-haut, au troisième étage. Paris, ville des lumières, ville de lumière, ville de miracle et ville de riche, symbole de la France, bien plus que l'atlantique ou la méditerranée, bien plus que « la duchère » que « vaux-en-velin ». Simulacre, succès damné, voici ce qu'est ma ville, Paris, ses pirouettes, ses diverses facettes, son étendue, sa pollution et son bruit, Paris, ville massacre, ville indélébile fait pour débile, débile de l'avant-garde, débile de nouveauté,débile de beauté aussi, oui, il y en a pour tous les goûts, de la femme frêle à la femme frigide, de la nymphomane à la lesbienne, car moi qui suis un homme je vous le dis, je me fous complètement des hommes parisiens. Ils ne sont qu'objet de décor dans cette ville lumière et seule la femme est convoitise, surprise agréable ou non, seule amène de décorer le bitume, les grandes barres, le tramway ou le métro.

Écriture automatique, comme pistolet automatique, à quadruple détente, ça part dans tous les sens sans rechercher le moindre sens, pas de panneau interdit, pas de panneau permis de passer, pas de feu vert, jaune ou rouge, pas de poisson à faire griller, les mots viennent comme ils vont et je fais mon seul partie de les poser tel qu'ils arrivent, par ordre d'arrivée puisqu'ils s'en vont sitôt déposé sur le simulacre de parquet qu'est l'écran vierge de mon ordinateur. Jouissance, faïence, sirupeux plaisir,je pense donc au charnel, à la cuisse, à la jambe, à son pied, un bas embrassant tout cela, ma main remontant l'entre-jambe pour de suite voler en l'air, à hauteur de visage, à hauteur de la joue à caresser, à fignoler, à aimer. Je vois alors les yeux de Cynthia, son regard merveilleux, son sourire si souvent absent, et n'ai que mes deux bras à lui ouvrir, à lui tendre pour la détendre, à lui tendre pour la défendre, mais la défendre de quoi, si ce n'est de ce bas-monde, monde impie fait de pies de toutes sortes, de pies sottes, de pies mercantiles et autres espèces de corbeaux qui ne valent guère mieux. Sur l'immense scène, dans les jardins de cet énorme théâtre qu'est l'existence, où se cacher, où se trouver, se retrouver, où être soi-même, y compris sur la glace du pôle nord ? Le spectacle est permanent, de partout jaillissent des créatures, des objets, un peu de nature dans nos villes bétonnées.

Oui, cela fait du bien d'écrire sans réfléchir. C'est un peu comme boire de l'eau alors qu'une grande soif nous tient en haleine. Plus rien n'existe, plus rien n'est important, seule l'eau qui coule dans notre gorge a raison d'être, seule elle est légitime, seule a importance, ça en est fini de la grammaire, de la syntaxe, il ne reste que le vocabulaire, des mots qui s'associent comme bon leur semble, sans confiture, sans conjoncture, sans fioriture, à l'aventure uniquement, en devanture, cachant derrière leurs lettres le nœud final de leur histoire.

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