mardi 24 mars 2015

Belle-famille

24 mars 2015

Il est 9h30, je ressens moins les effets secondaires de ma radiothérapie et ce matin je me sens à peu près réveillé. Histoire d'essayer de passer une journée entière sans dormir, sans faire de sieste jusqu'à midi ou 13h00, j'ai donc pris le parti de sortir, toujours avec mon ordinateur, toujours dans le but d'écrire, même si dans l'instant je ne suis inspiré par rien de particulier. Ce matin il pleut sur Rennes. Ce ne sont pas de grosses averses, juste une pluie fine qui s'apparente plus à du crachin qu'à de la pluie à proprement parlé. Cependant mon humeur suit ce temps, je le sens, et en conséquence mon esprit, je le sais, serait enclin à replonger dans je ne sais quel souvenir lugubre ou triste de mon passé.

Le week-end prochain, nous serons trois à la maison. Effectivement la meilleure amie de Cynthia arrivera de Lyon pour lui rendre visite. A leur programme, en plus des crêpes, il y aura bien sûr Saint-Malo. J'espère que le temps sera clément et que ce n'est pas sous la pluie qu'elles visiteront Rennes et Saint-Malo.

Pendant que je suis dehors, Cynthia est à la maison entrain de fignoler les cours qu'elle donnera cet après-midi à ses élèves. Hier soir, j'ai passé la soirée à la regarder comme l'on contemple un tableau que nous aimons. Oui, hier soir j'étais de nouveau amoureux, un peu comme à nos débuts, comme si je la découvrais ou la redécouvrais, sensation que j'adore éprouver avec elle. Je me disais donc que j'avais bien de la chance d'être aimé par une femme comme elle, que j'avais bien de la chance que ma maladie ne trouble pas notre relation, que j'avais bien de la chance qu'elle soit forte et solide car, en plus de ma maladie, elle doit aussi se gérer par rapport à sa mère, atteinte elle-aussi d'un cancer. Le sien a été découvert il y a plus d'un an. C'était un cancer de l'utérus et en février 2014 elle fut opérée. Le chirurgien d'alors a mal fait son boulot, l'a opéré n'importe comment sans prendre en comte ses antécédents et ses problèmes médicaux. Pour l'opérer, il l'a ouvert de travers et la cicatrisation ne se faisait pas. Elle aurait pu mourir de cela. Suite aux dégâts produit par le chirurgien, ce sont deux autres chirurgiens qui se sont mis en quatre, avec greffe de la peau sur la partie du corps de ma belle-mère qui ne pouvait cicatriser, pour la sauver. Cependant, depuis cette date, elle est resté enfermé dans sa chambre d'hôpital pendant près de six mois, allongé dans son lit, incapable de se mouvoir, de s'asseoir seul ou de marcher. Ensuite, une fois que la cicatrisation se soit enfin faite, elle a été envoyé en maison de rééducation afin de retrouver la faculté de se servir de ses membres. A l'époque elle était tellement affaibli qu'elle ne pouvait manger seule. Ses mains tremblaient trop. En parallèle, on découvrait que son cancer avait produit des métastases un peu partout sur le péritoine, cette espèce de poche qui englobe nos organes intérieurs. Il a donc fallu recourir à la chimiothérapie, traitement qui n'a fait que l'affaiblir un peu plus encore. Cela fait donc plus d'un an que ma belle-mère est alitée, toujours incapable de se mouvoir seule, et je comprends que, comme hier, elle ait des baisses de moral. Qui n'en aurait pas dans pareille situation ? Cependant, dans la mesure de ce qu'elle peut faire, elle se bat, même s'il lui arrive parfois de vouloir baisser les bras, de tout laisser tomber. Son mari, le père de Cynthia, allait la voir tous les jours jusqu'à il y a peu. Mais à force de ne vivre qu'en fonction de sa femme, lui aussi commençait à mettre en péril sa force mentale. Effectivement, dès le matin il s'activait à préparer des plats pour sa femme et restait l'après-midi entière aux côtés de sa femme. En conséquence, il ne se reposait jamais et ce n'est que depuis peu qu'il s'est octroyé deux jours de « congé ». Il en profite alors pour voir ses enfants et petits enfants, pour se reposer et récupérer un petit peu.

Quarante ans de vie de couple, trois enfants, trois filles, quatre petits enfants dont l'un est mort prématurément à l'âge de deux ans. Il s'appelait Antony, je l'ai connu, tenu dans mes bras, lui ai donné à manger, me suis amusé avec lui. Toute la vie, il avait toute la vie devant lui et pourtant, plutôt que de m'emporter moi, c'est lui que la mort a choisi en 2009 ou 2010, je ne sais plus. Je me souviens de la morgue où j'ai vu son corps blanc, pâle, étendue sur une planche. Je n'ai pu m'empêcher de pleurer. Antony est le premier enfant mort que j'ai vu dans ma vie et j'espère que je n'en verrai plus d'autre. Effectivement, juste à la vue de son petit corps innocent, comment ne pas trouver injuste son sort ? Il était l'unique enfant de la sœur aînée de Cynthia et, comme nous le pouvions, tous nous avons évidement soutenu Laeticia et José, ses parents. Un peu plus d'un an après, Laeticia est retombé enceinte. A nouveau elle donna naissance à un petit garçon, Dylan, qui a quatre ans aujourd'hui. Entre-temps elle s'est séparé de José et, depuis peu, les services sociaux ont décidé de placer Dylan en famille d'accueil, Laeticia n'arrivant visiblement pas à élever seule et correctement son enfant. Si j'ai bien compris, parce que Dylan n'était pas obéissant, sa mère levait souvent la main sur lui. De même, lorsque Dylan était avec son père pour un week-end, cela se passait également ainsi. Autant dire que c'est un bien mauvais départ dans la vie, ce qui est dommage, et face aux comportements de certains parents envers leur enfant, tel que c'est le cas dans cette histoire, je comprends que l'on puisse leur retirer la garde de leur enfant.

La seconde sœur de Cynthia, Vanessa, a deux enfants, un garçon de trois ans et une petite fille de quelque mois seulement. Pour ses enfants, je ne m'en fait pas, je suis certain qu'ils seront bien élevés, qu'ils ne seront pas maltraités et qu'ils seront aimés. Cynthia est la petite dernière de la famille et, encore aujourd'hui, l'idée seule d'avoir des enfants lui est tout simplement impensable. Oui, non seulement elle ne veut pas se trouver assujettit à toutes les responsabilités et devoirs qu'impliquent d'élever un enfant, mais de plus, parce qu'elle a vision négative de notre société, elle pense que ce ne serait pas un cadeau à faire que d'y faire naître quelqu'un. Sur ce dernier point, je ne peux lui donner tort. Ce qui nous distingue elle et moi, ce sont les responsabilités qu'implique la présence d'un enfant, responsabilités qui ne me rebutent pas, contrairement à elle. En de rare occasion, je compare parfois sa famille à la mienne, les rapports qu'elle entretient avec ses sœurs et les rapports que j'entretiens avec mon frère et ma sœur. Nos familles ne se ressemble pas du tout au premier abord. Pourtant, si l'on y regarde de plus près, je trouve beaucoup de similitude.


13h30

Je repense à Laeticia et à son fils, Dylan, me demandant pourquoi les services sociaux ont décidé de lui retirer son enfant. S'agit-il de maltraitance ? Je connais peu Laeticia. Je sais qu'elle est serviable, prêt à vous aider si elle le peut, mais à côté de ça elle ne sait s'exprimer sans parler fort, à la limite du cri. De même, elle n'est pas très patiente et je veux bien croire que si son fils a un comportement qui lui déplaît, elle serait capable de le gifler. Cependant, le fait-elle pour autant ? Je n'en sais strictement rien. Les enfants maltraités sont un sujet qui me touche. Oui, je ne comprends pas que l'on veuille un enfant pour lui en faire baver ensuite. Il y a là quelque chose qui échappe à mon entendement. Mais ce sujet n'est pas simple. C'est comme l'histoire des fessés ou non. Y a-t-il des circonstances qui les légitimes ? Personnellement je le pense, oui, je crois que parfois une bonne correction peut être très salutaire lorsque tous les autres moyens ont échoué. Évidemment il ne s'agit pas d'en faire une règle d'éducation car je crois plus en la pédagogie, mais tout le monde n'est pas forcément pédagogue, très loin de là. Beaucoup de parents veulent se faire respecter au doigt et à l’œil, sans discussion, sans explication, un peu comme dans un camps militaire. Mon père faisait partie de ce type de parents.

Après la pluie de ce matin, le soleil montre le bout de son nez en ce début d'après-midi. Cela me rend d'humeur agréable. De même, chose exceptionnelle en semaine, j'ai déjeuner avec Cynthia ce midi. Là encore ce fut un moment agréable, un peu comme un moment de complicité où nous sommes seuls, tous les deux, hors de portée du monde extérieur. Après nous sommes parties chacun de notre côté, elle à son lycée et moi vers le quartier Saint-Anne, à une terrasse de café. Les cafés et moi, c'est une longue histoire d'amour. Cela a commencé quand j'avais seize ans, lorsque j'allais rejoindre des copains du quartier autour du flipper d'une brasserie qui s'appelait « Le Vélodrome ». Tous les soirs en semaine, sous les coups de 17h00, j'y étais. A cette époque je n'allais déjà plus à l'école. Effectivement j'ai quitté le circuit scolaire officiellement à seize ans, mais dans les faits, je ne faisait plus rien en cours depuis l'âge de treize ans. Entre mes treize ans et mes seize ans, le processus était très simple. D'entrée de jeu je foutais le bordel en classe, empêchais les professeurs de donner leur cours, ce qui entraînait dans les deux ou trois mois qui suivaient mon renvoi définitif du collège où j'étais alors. L'école étant obligatoire jusqu'à seize ans, tout au moins à l'époque, le rectorat de Paris me plaçait alors ailleurs, m'imposait à un autre collège ou je recommençais mon même manège. Puis lorsque j'eus quinze ans je cessais d'aller au collège, ne m'y rendais plus, séchant tous les cours afin de traîner avec ma bande de copain de l'époque. Bref, en l'espace de trois ans, je dû faire une dizaine de collège. Mais revenons à mon histoire d'amour avec les cafés. Lorsque j'eus 18 ans, je fréquentais une autre bande de pote. Tous et toutes étaient plus âgés que moi, travaillaient, étaient soit marié soit en couple. J'étais le petit jeune de la bande. Le café où nous nous réunissions s’appelait « Les Sports » et c'était l'un des plus mal fréquenté de la porte de Saint-Cloud. C'est là que j'ai croisé pour la première fois des prostitués, discutant avec elles, prenant des verres ensembles. Du souvenir que j'en ai, elles ne semblaient pas mécontentes de leur condition et je crois qu'elles travaillaient pour leur propre compte. A cette époque, surtout dans ce bar, je ne parlais pas beaucoup et ne posais pas de question. J'écoutais, j'observais ce qui se passait dans le but d'apprendre les codes de tous ces adultes que je côtoyais. Toutes les brasseries du quartier possédaient de long comptoir, lieu de prédilection pour faire connaissance à Paris. D'ailleurs, presque toutes les personnes que je côtoie encore lorsque je monte à Paris, Tony y compris, je les ai connu à un comptoir de café. Certains n'ont dans leur relation que des personnes de leur famille, comme la mère de ma fille par exemple, d'autres nouent des rapports amicaux avec des collègues de travail, mais moi c'est au comptoir de café que j'allais chercher de la compagnie. De même, comme certain vont au cinéma ou en boite de nuit pour se changer les idées, pour ma part c'est dans les cafés que j'allais. Souvent je me rendais dans le centre de Paris, dans le quartier des Halles ou de Saint-germain des Prés, m'installais à une terrasse et regardais les gens passer. Cela me reposait l'esprit. Enfin, quand je n'allais pas bien, c'est également au café que je me rendais. En général j'allais dans ceux où je connaissais du monde, histoire d'échanger avec eux, oubliant ainsi provisoirement mes problèmes. Oui, si demain je gagnais au loto, je crois que je m'achèterai un petit bistrot et prendrai plaisir à le gérer. Enfin, toujours concernant mon rapport particulier aux brasseries, je me suis également reconverti dans la restauration à l'époque où la mère de ma fille kidnappa notre enfant. Oui, pour ne pas péter un plomb ou faire je ne sais quelle connerie à l'encontre de la mère de ma fille, il me fallait un travail qui m'épuise tant physiquement que, psychologiquement, je ne sois plus en état d’échafauder des plans de vengeance. Grâce à mes relations, j'appris le métier de barman et de serveur en salle et, pendant trois ou quatre ans je vécu de ce travail. Donc voilà, je connais les cafés de l'intérieur et de l'extérieur, comme employé ou comme consommateur et de tous les métiers que j'ai pu exercer, vente, restauration, commercial, c'est celui de barman qui m'a le plus plut. Voilà pourquoi j'aurai aimé finir ma vie professionnelle en gérant un petit bistrot, avec quelques tables seulement et surtout un comptoir. Je n'aurai nul besoin de personnel, ferai le service moi-même, discutant avec les uns et les autres sur tout et sur rien tout en buvant mon café. Même aujourd'hui, malgré ma maladie qui me handicape, j'ai toujours ce rêve en moi et, si j'en avais les moyens, au lieu d'écrire je serai entrain de servir mes clients, même si c'est au ralenti que cela se ferait, même si c'était entre deux séances de radiothérapie ou autres. Effectivement mon but ne serait pas d'essence lucrative, mais bel et bien de convivialité.

Tout ceci mis à part, je fume, oui, encore je fume tout en pensant à mon cancer, cigarettes, cigarillos et autres cigares étant à l'origines, le facteur déclenchant de mon cancer du poumon, et pourtant je fume, encore je fume. Même si c'est difficile à avaler pour ceux et celles qui m'aiment, notamment Cynthia, tout d'abord Cynthia, il est vraiment clair dans mon esprit que j'aimerai être proche de la mort tant je ne peux vivre dans notre société tel que je le souhaiterai. L'argent, toujours l'argent, est un frein, une ancre qui cloue au sol celui qui n'en possède pas ou si peu. J'en ai marre de jongler avec mes comptes, j'en ai marre de devoir faire systématiquement attention à mes dépenses, j'en ai marre de ne pas pouvoir faire des choses avec Cynthia, ma fille ou d'autre, faute de moyens financiers adéquats. Oui, notre système est une véritable plaie pour moi, cela ne date pas d'aujourd'hui, et il est clair qu'une fois mort ça en sera fini de tous ces soucis. Oui je pense à la mort sereinement, tandis que je pense à la vie de manière peu sereine. Alors je fume, tant pis, précipitant peut-être ainsi l'heure fatidique, le moment crucial où se développera ailleurs dans mon corps des métastases en conséquences. Alors il me faudra refaire des séances de chimiothérapie, tôt ou tard, car de cela aussi je suis persuadé qu'elles se reproduiront, que je fume ou non. Écrire en pensant à ma mort, écrire en pensant ma fin de vie me fait du bien, m'apaise, bien plus que de faire des projets ou de penser à l'avenir, celui de la vie, à Besançon ou ailleurs. Oui, l'argent frein ou une locomotive selon que vous en possédez ou non. Jamais je n'ai connu la misère, mais j'ai connu à plusieurs reprises la pauvreté. D'ailleurs je suis en ce moment dans la pauvreté, n'ayant comme seule revenu que l'allocation pour adulte handicapé, autrement dit 900€/mois, ce qui est tout de même supérieur au RSA. En cela je ne suis pas le plus à plaindre, sachant que certains travailleurs avec famille à charge gagne uniquement le SMIC, c'est à dire 100 ou 200€ de plus seulement. Cependant, une fois prélevés sur mon compte toutes les charges fixes, EDF, GDF, téléphone, etc, une fois les courses effectuées pour quinze jours, il me reste à peine de quoi payer les billet de train de ma fille pour qu'elle puisse venir me voir, pour que nous puissions être ensemble. Une fois toutes ces dépenses effectuées, alors je dois jouer avec mon découvert et, parfois, je dois même emprunter de l'argent à mes amis. Ces derniers connaissant mes faibles ressources prennent systématiquement toutes mes sorties à Paris à leur charge, que ce soit pour moi ou ma fille. C'est eux qui nous sortent au restaurant, au café, au théâtre ou au cinéma. Oui, lorsque ma fille et moi sommes à Paris, nous avons bien de la chance que j'ai ces amis, à commencer par Tony et Luc. De la même façon, Paris n'étant qu'à deux heure et demi de Rennes en TGV, si j'avais les moyens j'irai au moins un week-end par mois voir ma famille et mes amis. Mais le budget est trop serré, trop restreint pour qu'il en soit ainsi. Mais me direz-vous certainement, Cynthia a aussi un salaire, un revenu. Certes, mais il y a le déménagement à venir à Besançon et elle met ce qu'elle peut de côté pour payer ce déménagement qui, de toute les façons, nous forcera à prendre un crédit pour qu'il se fasse. N'ayant ni l'un ni l'autre un permis de conduire, ne connaissant pas assez de personnes susceptibles de nous aider à déménager puis emménager, de conduire un véhicule utilitaire que nous louerions, nous serons obligé de passer par des professionnels du déménagement. Bref, tout ceci va nécessiter beaucoup d'argent, argent que nous n'avons pas, et j'en ai marre des problèmes liés à l'argent, qu'ils me concernent ou non. Ma mère, avec sa petite retraite, est également dans la panade. Son loyer lui coûte déjà les deux tiers de sa retraite, alors qu'elle est en HLM, dans le cinq pièces où j'ai grandi. Plusieurs fois nous, ses enfants, lui avons dit de déménager, de prendre un logement plus petit et donc moins cher, mais ma mère n'arrive pas à se faire à l'idée d'abandonner quarante année de vie dans ce logement. De même, l'appartement est plein, archi-plein de tout ce qu'elle a accumulé d'objets en quarante ans. De cela aussi, comment s'en défaire, là est son dilemme, car lorsqu'elle déménagera pour un appartement plus petit, plus de la moitié de ces objets devront disparaître ?

Quoi qu'il en soit, quelque soit les personnes proches auxquelles je pense, Tony y compris, le manque d'argent est là, il est un facteur de problème et j'en ai marre d'être confronté de près ou de loin aux problèmes qu'il génère par son absence. Alors mourir m'apparaît comme une bonne solution et, même si je ne veux pas me suicider, accélérer le processus ne me dérange guère. Maintenant je dis ça parce qu'actuellement je ne sens pas ma fin proche, imminente, et peut-être tiendrais-je un tout autre discours lorsque ces jours arriveront. Non, mon seul dilemme dans cette histoire, c'est Cynthia. Elle ne mérite pas que je ne fasse pas tout ce qui est mon pouvoir pour limiter la casse, non, elle ne le mérite pas. Je ne sais ce qui me donnera à nouveau le déclic pour cesser de fumer, mais j'espère que ce dernier se manifestera le plus tôt possible.

Là, de suite, j'aimerai que Cynthia soit fasse à moi, assis à la terrasse où je suis. J'ai quitté le quartier Saint-Anne pour venir dans la rue piétonne du quartier République. Il y a une demi-heure, alors que le soleil était rayonnant, il s'est mit à tomber de la grêle pendant une bonne dizaine de minute. C'est aussi ça la Bretagne, les quatre saisons dans la même journée. Qu'en est-il en Normandie ? Y a-t-il également des périodes où les quatre saisons sont de mises dans une même journée ? De la Normandie j'ai surtout le souvenir des pluies diluviennes en plein début d'hivers, du jardin trempé, complètement imbibé d'eau, de la maison de Laurent, de son surnom Dédel, mon meilleur ami d'alors. Aujourd'hui il est mort, il s'est suicidé il y a cinq ans, laissant derrière lui sa femme et ses deux filles. Nous nous étions perdu de vue depuis 1998 ou 1999, et Dieu sait ce qui a pu lui passer par la tête pour qu'il prenne la décision de tout laisser tomber. Cela est une énigme, un mystère à mon entendement, tant je sais qu'il adorait ses filles. Alors pourquoi leur infliger ça, qu'est-ce qui a été plus fort que son amour pour ses proches ?

2 commentaires:

  1. Vous faîtes mentir le vieil adage:" plaie d'argent n'est pas mortelle"
    Certes, votre situation est difficile mais ça n'est pas le moment de penser à mourir quand on va avoir sa petite fille pour Pâques et qu'on a une compagne qui semble sympa
    Finalement, pour votre fille, Paris est certainement mieux que Rennes; elle va peut-être aimé discuter avec son papa en se baladant tout simplement. Paris est musée à ciel ouvert. Rouen aussi
    Un truc m'a fait plaisir en vous lisant: vous discutez avec la maman de votre fille de ce qui est bon pour elle. Cela va faire du bien à Jade; même si vous êtes séparés, elle préférera que ses parents s'entendent en ce qui la concerne.et ça ne peut que vous faire du bien aussi. Un tout petit conseil: ne l'embêtez pas trop avec l'école. On s'est tous fait du souci avec les résultats scolaires mais les gamins s'en sortent s'ils le veulent
    Comme vous je n'aime pas voir un enfant en détresse. Un enfant c'est l'avenir du monde
    Cynthia est encore jeune je pense et n'a pas encore le désir d'enfant. Certes l'avenir qu'on leur offre n'est pas idyllique mais l'a t'il vraiment été un jour? Simone de Beauvoir disait:" on ne naît pas femme, on le devient". Je la plagierai pour dire: " on ne naît pas mère, on le devient" Même si je crois à l'instinct maternel contrairement à Elisabeth Badinter
    Vos rapports avec votre maman semble s'apaiser; Cela ne peut que vous faire du bien aussi et vous m'en voyez ravie
    je finirai par cette phrase de ML King:" l'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité, seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine, seul l'amour le peut."
    Avait il raison lui qui a été assassiné?
    Si je vous fais du bien en vous écrivant, j'en suis très heureuse. Au moins, la vieille dame que je deviens est encore utile. Et nos enfants et petits enfants comptent sur nous aussi
    Je vous embrasse très fort sans oublier Cynthia et Jade

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  2. Bonjour Mamy. Personne n'est inutile, à plus forte raison lorsqu'elle on l’expérience de l'âge, de la vie. Du coup vos avis ont un tout autre sens dans nos esprits car nous savons que derrière se cache une expérience que nous n'avons pas eu, ou pas encore eu. Quant à la formule ML King, je la trouve assez exacte, bien que l'histoire (la seconde guerre mondiale par exemple) a nécessité la force armée, qui fait partie selon moi de l'obscurité, pour mettre à genoux le régime nazi, cette autre forme d'obscurité.

    Quant à l'instinct maternelle, paternelle, j'en ai rencontré certains et certaines qui en étaient complètement dépourvus, alors qu'ils avaient des enfants. Pour ma part, je pense que ce que l'on appelle instinct est plutôt une forme d'état d'esprit apte, propice, désireuse de s'attacher au petit être que nous faisons. Après, dans la forme, cet attachement que nous désirons, nous allons le mettre en œuvre, en application, en essayant de créer des liens, des ponts, des passerelles entre nos enfants et nous. Certains parents s'en sortent très bien et d'autres ont plus de difficulté. Mais je crois que de manière instinctive, animal, l'être humain est fait pour aimer, qu'il s'agisse d'un conjoint, d'un enfant ou d'un ami.

    Concernant ma fille et ses résultats scolaires, peut-être avez-vous raison et ne devrais-je pas lui mettre la pression. Mais comme vous le savez, le collège est une étape cruciale, celle qui lui permettra ou non d'aller ensuite au lycée dans une filière qui lui convienne, une filière où elle pourra réussir. Oui, quelqu'un qui est sans diplôme aujourd'hui, à commencer par le BAC, porte déjà avec lui un poids sur les épaules face au monde de l'emploi. Donc oui je m'inquiète, peut-être trop, et sans doute ma fille fera-t-elle ce qu'il faut le moment venu.

    Quant à la mort, pensez à mourir, penser à la fin de vie, ce sont des thématiques que j'ai en tête depuis l'adolescence et qui n'ont jamais disparu de mon esprit. Oui, sans cesse je m'interroge sur tout cela, sur le sens de tout cela car, quand même, il est des constats qui laissent perplexes, non? Naitre, vivre, puis mourir. Où est le sens? Pourquoi y a-t-il quelque chose, la vie, plutôt que rien? Là aussi, qu'elle est la réponse? De même, je me pose des question sur le temps. Qu'est-ce que le temps, à quoi sert-il, pourquoi est-il là plutôt que pas là, etc? Oui, des questions métaphysiques, philosophiques, j'en ai plein l'esprit, trop peut-être, mais j'aime m'y aventurer, explorer, trouver de nouvelle thèses, de nouvelles hypothèses, tout en sachant que je n'aurai jamais la réponse finale.

    A moi de vous embrasser très fort et, si d'aventure je passais dans le coin, je ne manquerai pas de visiter Rouen. A très bientôt et merci encore pour vos mots.

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