dimanche 15 mars 2015

Chacun est seul - Chapitre 11

XI


Quelle heure est-il lorsque je me réveille ? Aux alentours de huit heures. Il fait jour, j’ai dormi, suis dessoûlé et immédiatement tout me revient en mémoire, Michel, les quais et le silence. J’en tremble et mon regard, comme s’il cherchait à fuir ces images, ne cesse d’aller d’un objet à l’autre de ma chambre, d’un coin à l’autre, cherchant à conjurer le sort, le temps que ma raison trouve une solution au cas de conscience qui m’envahissait progressivement. De suite je compris que rien ne serait plus jamais comme avant, que je n’étais déjà plus le même, bien que je n’avais strictement aucune idée sur ce que je vivrai les jours et semaines suivantes, ces sables mouvants dans lesquels, inexorablement, je m’enfoncerai pour n’en sortir que sept années plus tard. Vous dire que j’étais dans un état de peur dès mon réveil serait presque un euphémisme tant ma raison me disait que Michel, forcément, était mort. Parallèlement l’espoir qu’il soit vivant me tiraillait en deux, me plongeant dans une incertitude quasi-insoutenable qui me tétanisait, m’empêchant de me mouvoir dans la pièce. J’étais assis sur le rebord de mon lit et n’osais me lever, comme si le simple fait de me déplacer engendrerait une catastrophe supplémentaire. Plus les minutes passaient et plus il m’apparaissait impossible de continuer à vivre sans en avoir le cœur net  quant au sort de Michel. Bien entendu je désirai ardemment qu’il s’en soit sorti, qu’il soit vivant quelque part, se mouvant chez lui une tasse de café à la main ou, déjà, un verre de bière à la bouche dans je ne sais quel bistrot. Mais cela me semblait tellement improbable que l’idée d’aller voir la police commença à germer dans mon esprit. Le besoin de savoir était plus fort que les risques que j’encourrai en me rendant dans au commissariat, risquant ainsi d’apprendre sa mort. Si tel était le cas je savais pertinemment ce qui m’attendrai et ce, pour l’avoir déjà vécu une fois dans d’autres circonstances, alors que j’avais dix-huit ans.

Là encore j’avais commis un délit en état d’ivresse, raison pour laquelle je fis tout de travers, tel un travail que l’on sur-bâcle, la police n’ayant eu aucun mal à m’attraper en flagrant délit. Lors des faits j’avais passé toute la nuit à boire bière sur bière dans l’un des cafés de porte de Saint-Cloud. Comme dans mon adolescence mon problème était l’argent, celui que je n’avais pas et qu’il fallait que je me procure. Aussi, au petit matin je quittais le café en état d’ivresse avancé, un cutter dans la poche arrière de mon jean et, je ne sais pourquoi, je pris la décision de braquer une boutique afin de repartir avec l’argent de la caisse. Il devait être neuf heures du matin et je me rendis dans le quartier de la porte d’Auteuil pour commettre mon délit. Arrivé vers l’église d’Auteuil, je vis une femme ouvrir sa boutique et cinq minutes plus tard je la mis par terre à genoux, l’attachais avec des écharpes en laines qu’elle vendait, mains dans le dos, puis remplissais mes poches des billets de sa caisse. Mon délit terminé je pris la fuite, mais du fait de mon ivresse, je n’arrivai plus à me repérer dans ce quartier que je connaissais pourtant par cœur, ne sachant plus quelle rue, quel chemin prendre pour rentrer chez moi. Du coup, au lieu de partir en courant, je restai sur place et c’est alors que j’entendis la femme que j’avais attaché crier au secours. Elle s’était détachée et se trouvait à présent sur le trottoir à une vingtaine de mètres de moi. Le sort voulu qu’une voiture de policiers en civils passe par là et, suite à une course-poursuite d’une dizaine de minutes, je fus plaqué au sol, menotté et conduit au commissariat. Le lendemain, après être passé au tribunal correctionnel et condamné à six mois de prison ferme, j’atterrissais à la prison de Fleury-Mérogis. Pendant mon incarcération j’eus le temps de contempler mes pairs, de méditer sur mon sort, sur la prison et sur tout ce dont elle nous coupait. A ma sortie je me promettais de ne plus jamais retourner en prison, d’arrêter mes conneries et de me réinsérer dans notre société. C’était en 1985 et l’année suivante je décidais de reprendre mes études au lycée autogéré de Paris, lieu où je rencontrai pour la première fois Virginie.

Ainsi, en décidant de me rendre à la police pour savoir si Michel était vivant ou non, je savais parfaitement quel serait mon parcours s’il s’avérait qu’il était mort. Ayant pris ma décision, je me levais enfin de mon lit, m’habillais, mais avant d’aller à la police je fis un détour par l’hôpital Sainte-Anne, relatant les faits qui venaient de se produire au psychiatre qui me suivait alors et, dans la foulée, lui demandai de me prescrive une ordonnance de calmant, des Xanax exactement, car je savais qu’ils ne me seraient pas de trop pour encaisser tout ce qui allait suivre. Une fois cette formalité effectuée je me rendis aux 36 quais des orfèvres, siège de la police judiciaire à Paris, et demandais à rencontrer un inspecteur. Une fois face à lui, je lui narrai ma soirée avec Michel et mon incertitude quant à son sort. Une ou deux heures plus tard deux autres inspecteurs me prirent en charge et m’emmenèrent dans une autre antenne de la PJ. Là, ils commencèrent à prendre ma déposition par écrit et, parallèlement, une équipe de plongeur fût envoyé sur le quai où avait eu lieu la bagarre. Puis, tandis que je poursuivais ma déposition, le téléphone de l’inspecteur sonna. La conversation fût brève, peut-être deux minutes, et il m’annonça qu’ils avaient retrouvé le corps sous le ponton du quai, un corps mort évidement. Le temps s’est instantanément arrêté, je n’arrivais plus à prononcer un mot, mon regard se figea, fixant le vide, je ne savais plus si je respirais encore. Constatant mon état, l’inspecteur me proposa de rencontrer un médecin, mais je refusais car je voulais en finir avec cette histoire, terminer ma déposition. Je lui demandais seulement de me donner quelques uns des Xanax que j’avais emmené avec moi, demande qui fut exaucée. Plus tard, en milieu d’après-midi, je fus transféré au parquet pour rencontrer le procureur qui allait décider de mon sort, soit celui de me laisser en liberté sous contrôle judiciaire le temps de l’instruction, soit celui de me faire incarcérer en détention provisoire. C’est la seconde solution qu’il retint et le soir même je passai ma première nuit à la prison de la Santé.

Lorsque j’étais à la PJ j’avais pu contenir mes émotions, mais il en fut tout autrement lorsque je fus en présence du procureur. Je ne sais pourquoi, mais c’est à instant que j’ai craqué, fondant en larme, des larmes qui n’en finissaient pas de couler, que rien ne semblait pouvoir stopper, comme si à ce moment précis je prenais enfin la pleine mesure de ce que j’avais fait. Que cela me plaise ou non, j’avais commis l’irrémédiable, l’irréparable, et peu importe que je ne l’ai pas voulu. Rien, absolument rien ne peut rattraper la mort d’un homme et même si l’on peut comprendre les circonstances, cela n’en reste pas moins inexcusable, impardonnable. Après ma première nuit à la Santé, je fus immédiatement convoqué par une psychiatre de l’établissement. Il se trouve que le psychiatre qui me suivait à Sainte-Anne la connaissait et lui avait demandé de me prendre en charge. Après notre entretien je fus donc changé de bâtiment et affecté à l’une des cellules de l’antenne psychiatrique de la prison, le CMPR. J’y suis resté six mois, le temps de l’enquête, de l’instruction, puis mon juge d’instruction me mit en liberté sous contrôle judiciaire en janvier ou février 1994. Ensuite, jusqu’en mai 1996, j’ai passé presque l’intégralité de mon temps à l’hôpital Sainte-Anne tant je n’arrivais pas à me remettre de la mort de Michel. Voler une voiture, braquer une boutique, est une chose, mais tuer un homme en est une toute autre et peu importe notre degré de responsabilité lorsqu’on y a participé activement.

Mon séjour au CMPR, l’antenne psychiatrique de la Santé, me laisse encore aujourd’hui perplexe, tant par son fonctionnement que par les détenus que je côtoyais. Il était manifeste qu’une bonne partie d’entre eux n’avait pas leur place en ce lieu et que c’est en UMD qu’ils auraient du être enfermés. Je me souviens d’un grand costaud d’une cinquantaine d’année, constamment habillé en survêtement, portant une longue barbe grise et noire de clochard. Un jour, alors que nous étions en promenade, il décida subitement de m’expliquer pourquoi il se trouvait ici. Dans le passé il avait déjà effectué de nombreux séjours en prison et un jour, enfin, il rencontra quelqu’un qui accepta de l’aider en l’embauchant et ce, malgré son passé. Quelques mois plus tard son employeur vint le voir et lui demanda un petit service, celui de tuer sa femme. Mon codétenu ne put m’expliquer pourquoi son employeur préférait que l’on tue sa femme au lieu de divorcer, tout simplement, mais il me fit part de sa peur de perdre son emploi s’il ne répondait pas favorablement à cette requête. Il tua donc cette femme, mais son employeur voulut plus encore, exigeant maintenant qu’il fasse disparaître le corps. Mon codétenu m’expliqua alors comment il avait procédé. Avec une scie à main, il découpa en plusieurs parties le corps de cette femme, parties qu’il emballa ensuite dans des sacs poubelles qu’il entassa un par un dans le coffre de sa voiture. Dans sa voix pas une émotion, pas un regret, même pas l’amorce d’un remord. Il aurait découpé un poulet qu’il n’en aurait pas été plus indifférent. Pourtant il ne semblait pas méchant, tout juste un peu perdu, mais de là à imaginer qu’il puisse commettre une tel acte, c’était franchir une barrière que, pour ma part, je n’aurai pas envisagé. Certes, il avait parfaitement conscience de ce qu’il avait fait, mais peut-on dire d’un être qui ne fait visiblement pas la différence entre le bien et le mal qu’il est un être responsable ? A mes yeux il était dans la droite ligne des tarés que j’ai croisé en UMD, deux ans plus tard, totalement incapables de prendre conscience de l’horreur de leurs gestes. Je me souviens également d’un autre codétenu. Lui était toujours seul, personne n’allait vers lui alors qu’il n’avait vraiment pas l’air d’être dangereux. Il avait un visage sympathique et, physiquement, c’était un poids plume. Je demandais donc au scieur de corps pourquoi l’autre était ainsi mis à l’écart. La rumeur disait qu’il était pédophile, mais comme il n’y avait personne pour l’affirmer explicitement, j’ai été vers cet autre codétenu. Pas plus que je ne demandais aux autres la raison de leur détention, pas plus je ne le fis envers ce soi-disant pédophile. Nous nous rencontrions lors des promenades, une heure le matin et une heure l’après-midi. Le reste du temps nous étions enfermés dans nos cellules. Puis, à force de converser ensemble, de fil en aiguille il m’apprit qu’il avait été enseignant et qu’il se trouvait là suite à de fausses accusations. Il n’a pas été plus expansif sur le sujet et, pour ma part, je n’ai pas cherché à ce qu’il le soit. Effectivement, j’avais assez à faire avec mon cauchemar, les remords qui me grignotaient l’estomac à petit feu, pour m’encombrer en plus des histoires des autres.

Puis un jour, deux psychiatres désignés par mon juge d’instruction vinrent me trouver dans ma cellule. Cela faisait partie de la procédure afin de définir si j’étais fou et c’est alors l’UMD qui m’accueillerait, ou si je ne l’étais pas et c’est une cour d’assise qui déciderait de mon sort. J’étais si mal dans ma peau que je leur expliquai que dans mon cas la seule justice possible était celle du talion. Si un homme était mort par ma faute, alors il fallait que je meure à mon tour. Aujourd’hui, le temps ayant passé, pensant quelques plaies, j’ai parfaitement conscience que ma mort ne ramènera jamais Michel ni personne, mais à l’époque, culpabilisant comme une enfant pris en flagrant délit de vol ou de mensonge, je ne voyais pas d’autre alternative pour expier ce qui n’aurait jamais du être. Quoi qu’il en soit, à juste titre, les psychiatres conclurent que j’étais responsable de mes actes et que l’on pouvait me juger.

Pendant toute ma détention et les années qui suivirent, je n’eus de cesse d’écrire, remplissant des pages et des pages avec le secret espoir d’exorciser le mal qui me rongeait. Régulièrement  c’était des dialogues avec moi-même où je n’y allais pas par quatre chemins pour me gifler. Regardes-toi lorsque les vents de panique prennent part à ta logique implacable me disais-je en m’observant dans un miroir.  Regardes-toi dans ton système impeccable où pourtant tu n’es à l’abri de rien.  Regardes-toi lorsque tu te compares à certains tordus de l’esprit, que tu prends possession de leurs délires jusqu’à croire qu’ils pourraient être les tiens. Regarde-toi lorsque l’anormal, le glauque, le nauséabond t’attirent irrésistiblement, à la limite de l’absorption totale.  Regarde le mal qu’il t’en coûte pour tenter de t’échapper de tes pensées sombres, celles qui te baladent dans le lugubre qui saigne ton âme. Regardes-toi et dis-moi, demandes-toi où tout cela te mène ?  C’en est fini de ta naïveté facile, de tes mains bandant tes yeux, de tes regards qui ne mènent nul part. A présent il faut tourner la page, définitivement. Ne te demande plus comment, ne te demande plus où, il faut le faire, un point c’est tout. Tu as été tellement désespérant que je n’ai plus de compassion. Tu es toujours si orgueilleux, si imbu de ta personne que je ne veux plus écouter tes pulsions qui ne t’ont jamais mené bien haut dans mon estime. Elles t’ont fait mourir à petit feu sous mes yeux livides de tristesse. Je ne sais si tu parviendras un jour à percevoir le côté gai de la vie, à le ressentir jusqu’à le vivre tout simplement, mais il faut tenter la chose. Tu n’as plus beaucoup de  temps à présent pour te « réformer », te reconstruire et profiter d’éventuels aboutissements qui te seraient fort salutaires. Tu dois vivre maintenant et non plus refaire dans tous les sens ce qu’aurait pu être ta vie si tous tes « si » avaient été. Il y a eu ce qu’il a eu, c'est le départ, de là tu dois partir, démarrer, évoluer. Ne cherche plus systématiquement de sens total, définitifs, tu ne les as jamais trouvés car il n’en existe pas. Des indications sont peut-être là mais il n’y a point d’absolu. Aussi ne te perds plus dans tes spéculations et vas seulement à l’essentiel. A présent c’est là tout ton travail, trouver ton essentiel et uniquement t’y consacrer. C’en est fini de l’innocence réelle ou mensongère, sois adulte, sois conscient qu’il n’y a pas qu’un seul chemin, qu’une seule réalité, que tout ou presque est ouvert et à multiples facettes. Jamais tu ne les cerneras toutes, aussi renonces à le faire si cela ne t’aide pas à avancer. Jusqu’à présent tu n’as avancé qu’en âge. C’est en sagesse que tu dois poursuivre désormais, car tu ne seras jamais parfait dans tous les domaines qui feront ta vie. Cela tu dois l’accepter dorénavant, simplement, humblement.

Je ne saurai vous dire à quel point ces auto mise en accusation m’ont aidé ou non, mais elles me permettaient de respirer ponctuellement, sortant partiellement ma tête hors de l’eau le temps de trouver une voie qui me sortirait de cet enfer. Lorsqu’avec Virginie notre histoire s’est rompue, je n’imaginais pas qu’il puisse exister pires sentiments que ceux que j’ai alors éprouvés. Ils étaient si douloureux que j’en ai même pleuré une fois dans les bras de ma mère. Oui, moi le fier, l’invincible, le roc, je m’étais effondré, ne sachant plus à quelles cannes me raccrocher. Lorsque l’on dit que les peines d’amour sont les plus terribles, ce n’est pas erroné. Cependant, la culpabilité que peut éprouver celui qui tue malgré lui est bien plus terrible encore. Il n’y a plus de cannes, plus rien ni personne à qui se raccrocher tant le vide qui a pris possession de vous devient rapidement un trou noir sans fin, un puits dont on ne distingue même plus la profondeur, vivant alors votre corps comme une véritable prison, prison dont on ne peut s’échapper car chaque barreau vous renvoi à l’être mort dont vous êtes la cause.

J’étais tellement abasourdi, ahuri, stupéfait de découvrir ce que je devenais, de découvrir tous ces nouveaux sentiments assassins, que je me suis délaissé, me laissant complètement aller pendant les six mois de mon incarcération. Du premier au dernier jour j’ai porté les mêmes affaires, ne me changeant jamais. De même, je n’ai pas pris une seule douche et, hormis les promenades où je marchai un peu, j’ai passé ces six mois allongé dans mon lit à regarder la télévision. La psychiatre qui me suivait cru bon de modifier mon traitement médical. Le Xanax c’était fini et c’est un autre calmant qui prit sa place. Malheureusement il ne me faisait aucun effet, ne m’aidait en rien dans la gestion de mes angoisses et pendant plus d’un mois, chaque soir, je me tailladai le bras gauche à l’aide d’une lame de rasoir jusqu’à ce que le sang coule de toute part, puis appelais un gardien. Devant l’ampleur des dégâts, ce dernier me conduisait à l’infirmerie où je réclamais du Xanax que l’on me donnait sans se faire prier. La psychiatre, indifférentes à mes demandes, continua à refuser de me prescrire du Xanax. Un mois plus tard, las de tout le ram dam que je faisais chaque soir et certainement sous la pression de l’administration pénitentiaire, on me changea de psychiatre et, enfin, j’eu le droit à du Témestat, un équivalent du Xanax. Mon corps ne m’intéressait plus et seul le souci de ne plus penser m’importait. Là était le rôle de ces médicaments, là était leur utilité.

Putain de vie de camionneur
Sur ces routes qui ne mènent nulle part
Putain de vie de souteneur
Que je maintiens à bout de dards
Révolte amère des souterrains de mon âme
Le vestige de mes pêchers n’est qu’écorce de blâme

Plus d’un tunnel m’a conduit vers son désert
Allant pêcher sans connivence de la misère
Misère humaine dans des ghettos où tout est briques
Villes momies où ne subsistent que des crics
Pour mieux porter la peine et la douleur
Histoire de croire en nos ardeurs
Aux yeux du monde qui observe
De ses juges et de leur verve

Je ne suis qu’un démon égaré qui ne sait plus son enfer
Ses craintes et sa lugubre diablerie
Exigeant le noir, effrayé par le vert
Fuyant comme un simple sans abris
La conscience éclatée par les bombes passées
J'obstrue ainsi l'avenir si peu éclairé
Dans la nuit de mes heures

Ne sachant plus le vrai de mes leurres
Tant tout s’imbriquent un jour ou l’autre
Accidents de parcours où je me vautre
Refusant crânement de m’y écraser
Je rejette vos baisers
Ces poissons sombres qui se faufilent
Telle la charité usée d'une pauvre pile
Qui propage son propre mal
Vicissitudes et autres malheurs de champs si sales
Que même l'automne n’a plus de fin quant il s’efforce de dégivrer
Dans le chant absurde de nos saisons à digérer

Les chemins de vos vies ne sont pas mon chemin
Ils  me décomposent lorsque je compose
A la recherche du moi ultime que je dépose
Je n'ai d'excuse à la peine qui me tient
Me déclarant un égaré, un perdu sur votre route

Tel l’empreinte des murs je vocifère et gronde
Au moindre relief de mon âme et de mes doutes
Face à vos danses - train-train casanier de nos rondes -

La mort peut-être sera le pas si salutaire
Évitant ainsi la fuite de mes frères…

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