jeudi 19 mars 2015

De l'enfant

Les rapports Hommes-Femmes, l'inné ou l'acquis, instinct maternelle ou pas ? Instinct paternelle ou pas ? Et le désir d'avoir un enfant, est-ce hormonal, psychologique, physiologique, une volonté enfoui au fond de notre cerveau reptilien pour faire perdurer l'espèce ? Et pour qui fait-on un enfant ? Pour lui, elle, cet enfant dont nous ne connaîtrons le sexe que cinq mois plus tard et son premier visage neuf mois après sa conception ? Je crois que l'on fait un enfant pour soi, égoïstement, pour son propre plaisir, pour se faire plaisir, soit parce que nous aimons les enfants, tout simplement, soit pour pouvoir endosser un nouveau rôle, un rôle qui nous tient à cœur, celui de père ou de mère.

Dans mon cas, même si j'aime les enfants, jamais je n'ai cherché ou voulu en avoir. Lorsque la mère de ma fille a décidé de devenir mère, pas une seule fois elle ne m'en a parlé. Ainsi, elle arrêta de prendre la pilule et un beau soir, alors que je rentrais du travail, elle me mit entre les mains un test de grossesse positif. Voici comment j'ai appris la chose, voici comment j'ai compris que j'allais être responsable d'un être, une responsabilité que je n'avais pas réclamé, que je ne voulais pas. Cependant il ne me vint pas une seconde à l'esprit de quitter la mère de ma fille, car son acte n'était ni plus ni moins qu'une trahison à mon égard, on ne prend pas ce genre de décision sans en faire part à son conjoint, c'est alors considérer que l'opinion du conjoint est nulle et non avenue, c'est donc le nier, purement et simplement, donc il ne me vint pas à l'esprit de la quitter et de la laisser se démerder avec son embryon. Non, déjà je pensais à l'enfant qui arriverai un jour et, d’expérience, j'ai bien compris qu'un enfant qui ne connaissait pas l'un de ses parents, voire les deux, s'épanouissait en général moins bien que les autres mieux lotis au niveau familial. C'est donc pour cette seule raison que je n'ai pas envoyé balader la mère et son embryon.

Mais bon, je n'ai pas trop envie aujourd'hui de m'attarder sur les années qui suivirent, car sur elles-seules je pourrai écrire un roman. Cet après-midi il y a du soleil et je préfère en profiter plutôt que de me replonger complètement dans cette époque sombre. Cependant, quoi qu'il ce soit passé dans mes difficultés d'accéder à ma fille par la suite, il n'y a pas de grand méchant loup ou de gentille petite brebis dans cette histoire. Sa mère, par sa bêtise, sa sottise, a participé à 50% de ce qui c'est passé, et moi, du fait de mon caractère peut-être trop intransigeant, j'ai également participé à 50% de cette histoire. Simplement, dans les faits, le délictueux ce n'est pas moi qui l'ai commis, c'est elle. Simplement, dans les faits, c'est elle qui était avec notre enfant, qui vivait avec lui, qui l'élevait, pas moi. Bref, le dindon de cette sinistre farce c'était moi et personne d'autre. Oui, en me mettant en couple avec quelqu'un que je savais lâche, peureuse et menteuse, j'ai bel et bien participé à ce qui m'est arrivé.

Je viens de relire mon autobiographie, incomplète bien sûr car il est impossible de narrer chaque moment d'une vie entière, y ait apporté quelques petites retouches, et je la publierai sur mon blog en un bloc, en une seule fois. Elle contient 21 chapitres et il me semble avoir fait le tour de tout ce qui m'a affecté, positivement ou non, dans mon existence. Là-aussi, comme bien des choses depuis que je sais que j'ai un cancer, tout cela est derrière moi, comme si mon histoire ne m'appartenait plus. Mais peut-être ne m'a-t-elle jamais appartenu, peut-être qu'aucune histoire n'appartient véritablement à quelqu'un, tant toutes sont imbriquées avec d'autres personnages, d'autres personnes, notre histoire participant alors de la leur et inversement ?


(19 mars 2015)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire