dimanche 22 mars 2015

Effets secondaires

21 mars 2015

Aujourd'hui je suis complètement out, lessivé, mais ce n'est pas une fatigue normale, habituelle, c'est comme si j'étais complètement vidé. Il va bientôt être 16h00, j'ai dormi jusqu'à 12h00, somnoler entre-temps et, histoire d'essayer de me réveiller, je suis donc sorti dehors, prendre l'air, espérant que cela me donnerait un petit coup de fouet. Pour l'instant, le résultat est plutôt mitigé. Certes, je sens l'air frais effleurer mes joues, car aujourd'hui le vent souffle sur Rennes, mais mon esprit est toujours aussi chaos. De même, je sens mon ventre, ou mon estomac, complètement ballonné, ce qui ne m'aide guère à me sentir en forme. Comme d'habitude je vais écrire sur ce qui me passe par la tête, mais mon esprit est si anesthésié que je ne sais ce qui sortira de ces lignes.

Je viens d'avoir la mère de ma fille au téléphone pour la préparation des vacances d'avril. Tout s'est bien passé, pas d'anicroche, pas de désaccord, et ma fille et moi seront ensemble au moins dix jours. Je pense que nous les passerons à Paris, ville où il y a plus de distraction pour elle et où elle pourra également voir sa famille paternelle, à commencer par sa cousine, la fille de ma sœur, qui a dix-neuf ans.

En ce moment Cynthia est parti au centre équestre afin d'y prendre son cours. Cela fait longtemps qu'elle n'a pas monté, au moins trois semaines, et j'espère qu'aujourd'hui tout se passera bien, qu'il n'y aura pas de chute. Depuis septembre dernier, moment où elle a pris ses premières leçons d'équitation, elle est tombée deux fois de cheval. Néanmoins cela n'a pas entamé sa détermination à poursuivre, ce que je trouve parfait.

Mon esprit est toujours au ralenti, malgré tous les café que je prends et, déjà, j'appréhende ma nuit à venir. Chaque soir je me couche entre 20h00 et 21h30 et, inévitablement, me réveille toujours entre minuit et 2h00 du matin. Déjà, cela casse mon sommeil et, parfois je n'arrive à m'endormir qu'une heure après. Ensuite, le reste de ma nuit et, ce, jusqu'à mon lever n'est qu'une succession de réveil dû à des rêves. Donc je dort mal et, je l'avoue, j'en ai marre.


22 mars 2015

Je suis complètement essoufflé. Dès que je bouge, le moindre mouvement, ne serait-ce que le fait d'écrire, tourner la tête, la faire pivoter, chaque geste m'essouffle. De même, depuis hier déjà, j'ai l'impression que ma tête pèse une tonne et que même le simple fait de me concentrer pour aligner deux phrases m'essouffle. Oui, à coup sûr, cela fait partie des effets secondaires de mes séances de radiothérapie.

Aujourd'hui j'ai pris sur moi pour sortir car je ne suis vraiment pas en état  de marcher. Il m'a fallu trente minutes pour faire un kilomètre, distance entre mon domicile et la brasserie où je suis. De même, ayant déjà du mal à porter mon propre poids, j'écris à la main, n'ai pas pris mon ordinateur. Mais mon écriture est maladroite et je ne sais pas si j'arriverai à me relire, à déchiffrer correctement les mots que j'écris. Ma main tremble, les lettres sautent et les mots, les phrases, se dandinent comme des accordéons sur ma page.

Depuis les quelques mots que j'ai écrits ci-dessus, il s'est écoulé deux heures. A présent il est 16h00 et depuis 14h30 seulement j'ai l'impression d'être enfin réveillé, pleinement éveillé. Comme me le faisait remarquer Cynthia, j'ai toujours ces énormes coup de barre entre 12h00 et 14h00 et, le soir, entre 20h00 et 22h00, tout au moins en ce moment, que je déjeune ou non, que je dîne ou non. De même, toujours en ce moment, j'ai remarqué que dès que je me couchais, en général vers 21h00, et ce, jusqu'à mon véritable lever, vers 12h00, je me réveillais toutes les deux heures, systématiquement, invariablement. Je ne sais sur quoi est réglée mon horloge biologique, mon horloge interne, mais toutes les deux heures elle me lance un signe, que je dorme ou non. En d'autre terme, je change donc radicalement d'humeur, d'état d'esprit, au moins quatre fois par jour. Tantôt, comme ce midi, je suis radicalement épuisé, incapable de fournir quelque effort que ce soit, qu'il soit physique ou psychologique puis, brusquement, sans comprendre pourquoi, je me sens revitalisé,  à nouveau vivifiant, mon corps pouvant enfin marcher normalement et mon esprit réfléchir un petit peu. Cela est assez stupéfiant tant je n'y comprend rien. Que se passe-t-il dans mes neurones, dans mon cerveau, là est la question ? La zone où j'ai été irradié, à quoi correspond-t-elle, que contrôle-t-elle, quelles parties de mon corps et de ma psyché sont à ses ordres, c'est là aussi une autre question.

Là je pense à mon autobiographie que j'ai publié sur mon blog il y a quelques jours. Je l'ai appelé « Chacun est seul », parce que c'est notre sort, ce que je crois profondément, même si nous ne l'éprouvons pas pour autant en permanence, fort heureusement. A sa relecture, je me dis que c'est une bien triste trajectoire et lorsque je pense à toutes les bifurcations possibles qu'elle aurait pu occasionner, si je n'avais pas fait tel ou tel choix par exemple, je me demande quelle aurait été alors ma vie ? Aurais-je créé un blog un jour, rencontrant ainsi Cynthia quelques mois plus tard ? Certainement n'aurais-je jamais rencontré la mère de ma fille et, en conséquence, cette dernière n'existerait pas. De même, si je n'avais pas rompu avec Virginie alors que j'avais une vingtaine d'année, Michel ne serait pas mort, cela est certain. Oui, une trajectoire ne dépend pas de grand chose pour aller dans un sens plutôt que vers un autre. Cependant, la mienne ayant été ce qu'elle a été, je ne peux que faire avec, en prendre mon partie et faire en sorte qu'elle ne me bouffe plus la vie. Quoi qu'il en soit, hier ne me bouffe plus la vie, c'est la maladie qui a pris le relais et ce sont ses conséquences que j'affronte aujourd'hui, que j'affronterai également demain. Contrairement à hier où, que je le veuille ou non, j'étais dans une espèce de compétition avec ou envers tout le monde,à présent je ne suis plus en compétition avec personne. Non que je ne puisse affronter ou me mesurer à qui que ce soit, mais simplement je n'en vois plus l'intérêt.

Oui, déjà enfant, je voulais être aimé de mes parents pour commencer. Ayant un frère et une sœur, tous les trois désirant cette même chose, nous étions déjà dans une compétition entre nous. Il fallait être, il fallait faire ce que nos parents attendaient de nous, c'est seulement ainsi que nous pouvions les satisfaire et ainsi leur plaire. Dans un autre domaine, celui amical ou amoureux, la logique était la même. Il fallait plaire, séduire, satisfaire, et là encore la compétition peut être rude pour atteindre l'objectif, autrement dit le cœur de l'autre. Chacun à sa technique, sa méthode, qu'il en ait conscience ou non, et pour ma part, de l'adolescence jusqu'à la mort de Michel, ma méthode était la provocation, le plus souvent bienveillante, riant généreusement d'untel ou d'untel, de moi-même s'il  le fallait, et parfois de façon malveillante, prêt à me battre verbalement ou physiquement pour épater tel gars ou telle fille, les amener à me désirer dans leur entourage. Dans le monde professionnel, surtout dans les domaines où j'ai exercé, les métiers de la vente, la compétition était à tous les étages et de tous les côtés. Il fallait plaire au patron, aux collègues et aux clients afin de garder sa place, ne pas se faire virer, afin de travailler dans la convivialité même si la concurrence était bel et bien là entre collègues, et, surtout, inciter les clients à acheter, à dépenser, à consommer. Enfin de compte, comme peu ou prou tout le monde, j'ai passé ma vie a essayé de plaire et, dans mon cas, de plaire au plus grand nombre. D'autres, je le sais, n'ont pas ce besoin de plaire à tout prix, en tout cas celui d'essayer de plaire au plus grand nombre. Cette approche de l'autre, et donc de moi-même, je ne l'ai eu que très tardivement. C'est à plus de trente ans seulement que j'ai compris que l'important n'était pas le nombre, mais la qualité de notre entourage. Sur qui pouvais-je réellement compter, à qui faire véritablement confiance, pour qui s'engager pleinement ?

Je viens d'avoir ma mère au téléphone concernant les vacances de pâques et, à mon plus grand contentement, ma fille et moi pourront être ensemble à Paris pendant dix jours. De mémoire, je crois que cela fait plus de sept ans que ma fille et moi-même n'avons pas passé ensemble plus de sept jours d'affilé. Cela peu sembler ridicule, mais trois jours de plus en sa compagnie sont pour moi comme un cadeau inespéré. Vous dire que je suis ravi serait presque mentir tant cela va bien au-delà. Pour une fois, même s'il y aura beaucoup de monde à voir, à commencer par la famille, Jade et moi pourront avoir plus de temps pour nous-mêmes, à deux, en tête-à-tête, à discuter, papoter, parler de tout et de rien, de l'important et de l'insignifiant, yeux dans les yeux et, je l'espère, sourire avec sourire. Que j'aime ma fille, cela ne fait aucun doute dans mon esprit. Ce qui me trouble, c'est d'aimer à ce point-là quelqu'un que je méconnais tant. Cela reste une énigme à mon entendement. Oui, ma fille est la seule personne dans ma vie que j'aime sans savoir qui est véritablement cette personne. Pour moi, cela n'est pas logique car jamais je n'ai pu apprécier qui que ce soit sans avoir au préalable une idée plus ou moins précise de la personne concernée, y compris dans le monde de la blogosphère. Oui, même si la blogosphère semble à priori un monde uniquement virtuel, les écrits ou les commentaires des blogeurs, blogeuses ou lecteurs, lectrices anonymes en disent souvent long sur leur personnalité, leurs valeurs, leurs centres d'intérêts, ce qu'ils aiment ou n'aiment pas. Derrière leurs mots se dessine leur personne et c'est d'ailleurs ainsi que dans le passé, en 2008, non seulement j'ai eu l'occasion de rencontrer en chair en os des personnes de la blogosphère, dont Cynthia, et que je n'ai été déçu par aucune de ces rencontres. J'avais bien face à moi l'incarnation des mots que j'avais lus, des messages qu'il me semblait comprendre et pour rien au monde je ne regrette ces expériences. Oui, là encore, j'ai connu simplement à travers leur mots des personnes mieux que je ne connais ma fille, une fille qui m’apparaît comme un immense désert de sable tant je ne sais ce qui pousse ou peut pousser sur ses terres. A chaque fois que je la revois, c'est toujours de nouvelles découvertes. Des arbres qui étaient là hier ne sont plus, ont disparu, et d'autres ont pris place. Combien de temps resteront-ils là ? Les balayera-t-elle un beau jour d'un revers de main ou les entretiendra-t-elle, tout cela est un mystère ? Oui, dans un mois je vais redécouvrir ma fille ou, plus exactement, elle me dévoilera des parcelles d'elle, celle qu'elle acceptera de partager avec moi et me cachera ce qu'elle veut que j'ignore. En ce qui me concerne, chacune de nos retrouvaille ressemble à une marche à tâtons, un peu dans le noir, où je ne suis jamais sûr d'avoir pris le bon appui, la bonne mesure de ce que je capte.

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