mercredi 30 septembre 2015

Arrivée à Paris

30 septembre 2015


Voilà, j'y suis, arrivé à Paris vers 12H30, je suis arrivé dans mon quartier il y a une heure, le temps de traverser Paris en bus. Depuis je suis posé à une terrasse de café située sur une petite place du quartier, à l'abri du bruit et du mouvement sans fin des piétons qui se trouvent dans les grandes artères alentours. Ma mère est venue me chercher à la gare, sans ma nièce, mais sa voiture étant tombée en panne, c'est le radiateur qui chauffait trop, nous avons pris deux direction différentes pour rentrer. Elle, elle est reparti chercher  sa voiture là où elle l'avait laissé, près du châtelet, et moi j'ai pris les bus en direction de la porte de Saint-Cloud. Donc depuis une heure seulement je me pose et, malgré que j'ai faim, je préfère rester dehors, à la terrasse du café qui s'appelle « L'affiche ». D'ailleurs, depuis que cette brasserie a été repris par des nouveaux gérants, c'est la que je vais systématiquement, ou presque, lorsque je monte chez ma mère.

Suis-je content d'être là ou non ? Dans un sens cela  me change de Belfort, ce qui n'est vraiment pas un mal, mais dans un autre cela me sépare de Cynthia à qui, pourtant, même si je l'ai eu au téléphone, je n'ai pas eu grand chose à dire. Mais bon je crois qu'il en va de même envers tout le monde, je dis le strict minimum, voire parfois rien. Non, la seule joie que j'éprouve en me trouvant ici, c'est le grand espoir d'être pris en charge pour mes tumeurs à Paris, non plus en Franche-conté.

Sous les coups de 17H00 j'ai pris un café avec mon ami Tony. Il sortait de sa sieste suite à une montée de température qu'il avait eu cette nuit et qui l'avait vivement fatigué. Effectivement, suite à son cancer du foi et de la greffe qui a suivi, à cause des complications de cette dernière, toute manifestation de fièvre est suspecte. Chaque mois il en a, de plus ou moins grande intensité, et il passe au moins une nuit par mois hospitalisé en conséquence. L'heure que nous avons passé ensemble, il l'a passé à essayer de calmer la patronne de « L'affiche » qui, à juste titre, en voulait à un client qui lui devait une grosse somme d'argent et qui, manifestement, ne se pressait vraiment pas pour la rembourser. Puis Tony et moi nous quittâmes car il était invité avec sa femme chez des amis et qu'il voulait encore se reposer un peu avant. Quoi qu'il en soit, même si nous n'avons passé qu'une heure ensemble aujourd'hui, j'ai vraiment apprécié de le retrouver. Sans aucun doute nous reverrons-nous demain, pas forcément plus longtemps, car il ne sera pas rentré avant 18H30 de son travail.

Ensuite j'ai appelé Cynthia tellement cela me faisait un vide de nous savoir si loin l'un de l'autre, de me dire que, pendant au minimum un mois, voire deux ou trois, nous ne  nous verrons que très peu sauf si à Paris les médecins ne veulent ou ne peuvent rien faire pour moi. Auparavant elle avait eu son père au téléphone qui lui avait annoncé qu'il s'était acheté un costume pour l'enterrement de sa femme. Est-ce à dire qu'il pense que le pire arrivera dans un bref délai ? Est-ce une manière pour lui d'accompagner le mouvement, de ne pas se sentir dans une totale impuissance, avec la possibilité de faire encore quelques petites choses pour sa femme ? Oui, je crois que la manière dont il sera habillé ce jour-là, ce sera encore une manière d'accompagner sa femme, de lui rendre honneur.

A présent je suis chez moi, chez ma mère plus exactement, dans la plus petite chambre de l'appartement qui en possède trois, bien au calme, sans fond sonore hormis le bruit des voitures qui descendent ma rue pour se rendre sur la voie express, cette mini-autoroute qui traverse Paris en longeant la Seine d'un bout à l'autre. C'est sur une portion de cette même voie express que tous les ans la circulation est arrêté pour céder place à Paris-plage. Néanmoins, malgré le ronronnement de ces voitures qui roulent, ronronnement quasi permanant, je vais de ce pas me coucher afin de récupérer de cette journée passé dans les transports la majorité du temps.

mardi 29 septembre 2015

Morosité

29 septembre 2015


Veille de départ, malaise, j'ai l'impression d'abandonné Cynthia, de la délaisser à son sort tandis que je part pour ne me préoccuper uniquement du mien, bel et bien égoïstement, la laissant avec la solitude pour unique compagne. Oui, cela m’apparaît comme un acte presque lâche, non le désir de me soigner, mais de m'installer à Paris si possible.. Je fais passer ma commodité avant la sienne et cela me déplaît fortement. De même, puisque je suis dans les postulats au niveau des soins que l'on risque de me proposer, lorsque je pense à la chirurgie, aux risques de paralysie totale ou partielle que j’encoure, je me demande si je pourrai revivre un jour avec elle, si je ne serai pas un si lourd handicap que l'on sera obligé de m'interner je ne sais où.

Je pense à la gare d'Austerlitz, au jardin des plantes qui est situé juste en face, les musées et les serres qui sont situés en son sein, et à l'hôpital où j'ai rendez-vous le 2 octobre qui est à cent mètres de la gare. Par rapport à chez ma mère, c'est à l'exact opposé de Paris et il me faudra bien une heure pour faire ce trajet en transports en commun. D'un autre côté, je me dis que si je suis dans un chambre de l'hôpital, en attendant et suite à l'opération éventuelle, la pensée du jardin des plantes me sera agréable, je m'y verrai me promener dedans. Pour que le tableau soit parfait, il me faudrait Cynthia à mes côtés, nous deux, seuls, avec le soleil et le répit que, peut-être, amènerait cette opération. Cependant, tous les médecins ayant écarté l'opération depuis que je suis suivi pour mon cancer, je l’appréhende beaucoup si elle doit avoir lieu. Peut-être qu'à Paris ils auront d'autres solutions à me proposer, des produits qui sont en période de test, de l'immunothérapie ou je ne sois qu'autre. Peut-être me feront-il rentrés dans des protocoles expérimentaux également.

Donc ce matin j'ai été voir mon psychiatre. Là aussi c'était très protocolaire, car ne sachant pas si nous allions nous revoir ou non, l'entretien a plutôt une forme d'au revoir, voire d'adieu. Sitôt sur Paris, je vais essayé de retrouver le psychiatre qui m'a largement aidé à sortir de la nasse. S'il exerce encore et que je retrouve, quelque part je me sentirai réellement soulagé et, s'il est resté tel que je l'ai en mémoire, je me sentirai également en sécurité, rassuré, quelque soit l'évolution de ma situation. Lui, je l'ai rencontré pour la première fois en 1998, et il m'a suivi pendant trois ans, à raison de deux à trois séances par semaine parfois, à 7H00 du matin souvent. Il m'a fait bousculé mes habitudes, celle de dormir et encore dormir, refusant de s'occuper des prescriptions médicales dans un premier temps, puis en s'y pliant suite à mon insistance. Tout cela, c'était peu de temps avant  ma rencontre avec la mère de ma fille, à une époque où elle ne savait trop quoi faire de sa vie. Qu'est-ce qui lui a donné l'envie d'aller avec le légume que j'étais alors, absolument pas remis de la mort de Michel et ne se voyant plus d'existence possible, au sens d'existence joyeuse, heureuse.

Bref, il commence à être tard ce soir et je n'ai toujours pas préparé mes affaires pour demain. Je vais donc faire cela en rentrant. Tout à l'heure j'ai été voir Cynthia à son cours d’équitation. Elle est tombée, mais il y a eu plus peur que de mal et cela ne l'empêchera pas d'y retourner la semaine prochaine. De même, à ma plus grande surprise, mon frère m'a téléphoné. Il m'a annoncé qu'il essayerait de monter à Paris pour me voir au mois d'octobre, mois de son anniversaire. Est-ce que cela me fait plaisir ? Sincèrement il ne serait pas monter que cela m'aurai laissé indifférent. Mais peut-être que lorsque nous serons face à face, j'éprouverai autre chose, quelque chose qui se rapproche du plaisir ou de la joie, je n'en sais rien. Aujourd'hui je suis dans ma bulle morose et je vois les choses à travers ce prisme.

lundi 28 septembre 2015

Cancer et encore cancer

28 septembre 2015


J'ai encore passé une sale nuit, nausée, vomissement, nuit hachée, découpée, et de fil en aiguille j'en suis arrivé  à me réveiller vers midi. Cela m'apprendra à trop manger le soir, à avoir un cancer, et à avoir l'estomac à moitié  détraqué. Certes, je prends des anti-nauséeux, mais ils sont d'une très relative efficacité. Ceci dit, comme hier, le soleil règne sur Belfort, mais le vent gâche tout. Je suis obligé pour ne pas avoir froid de porter polo, pull, et doudoune fermée, comme si j'étais à Rennes ou à Paris en plein hivers. Donc, je ne suis pas pressé de ressentir l’hiver d'ici.

Sinon, je suis déjà à demain, dans les préparatifs de mon voyage d'après-demain. En dehors de l'intégralité de mon dossier médical, je ne prendrai que le strict minimum, car je me demande bien comment je vais pouvoir porter tout ça jusqu'à la gare. A l'arrivée, tout devrait alller bien car ma nièce et ma mère viennent me chercher. Ma nièce portera mon dossier médical, bien plus lourd que le peu d'affaire que je prendrai. De même, je pense toujours au 2 octobre, au soir exactement, me demandant si j'irai de suite dans un foyer pour SDF ou non. Je pense que oui, mais qui sait ce qui peut encore se passer d'ici-là.

Je viens de téléphoner à mon beau-père et son ton était d'une fatalité qui ne dit pas son nom, sans l'ombre d'une pointe d'humour, lui qui est toujours le premier à rigoler ou à lancer des calambours. Pour sa femme, c'est de pire en pire, tout est touché, il y a des métastases partout, et là où elles lui font le plus mal, ce sont dans les os et les articulations, celles des bras et des jambes. Tout ce qu'on lui donne pour calmer ses douleurs ne la soulage que peu, n'ôte pas toute la douleur pour autant. Lætitia, la sœur aînée de Cynthia était avec Bernard. J'ai discuté un peu avec elle. Comme Cynthia, elle n'avait vraiment pas un ton à la joie, on sentait dans ce dernier un parfum de mort, celle à venir de sa mère, et bien plus que de l’inquiétude, comme pour son père, était sous-jacente la question « quand » ? Cependant, même si sa mère est dans ce sale état, cette dernière veut continuer à se battre, à se soigner, et a demandé à l'oncologue de lui faire faire les séances de chimiothérapie initialement prévues, séances que l'oncologue ne voulait pas reprendre, estimant que ma belle-mère ne pourrait les supporter et que, de toutes les façons, elles ne serviraient plus à rien pour ralentir la progression de la maladie. Pour mon beau-père, Bernard, les choses sont entendues et, comme il me l'a dit tout à l'heure, lui qui l'a voit tous les jours, il ne peut que constater qu'elle dépéri toujours un peu plus chaque jour et ne se fait plus guère d'illusion. Si j'ai les moyens financiers, que ma fille soit là ou non au mois d'octobre, j'essayerai de passer deux ou trois jours à Lyon, car moi aussi j'ai peur que le pire arrive avant que je ne lui prenne la main, même si c'est la dernière fois. Quelque part je me dis que même face à cette maladie nous ne sommes pas tous égaux face à la mort. La mère de Cynthia souffre physiquement, rien ne la soulage réellement, tandis que moi, lorsque mon cancer sera en phase finale, je ne ressentirai rien, aucune douleur, aucune conscience, je serai parti de ce monde avant même d'être mort, dans je ne sais quelle espèce de coma, sans plus rien éprouver et sans plus penser.

Hier, Anne, pas celle de Rennes, mais celle de mon enfance, de mon adolescence, qui était régulièrement ma nounou, sa famille habitait dans l'appartement situé au-dessous du nôtre, donc Anne m'a envoyé un long SMS me disant qu'elle me lisait régulièrement. Comme d'autre, c'est une cachottière qui ne laisse pas de trace sur ce blog, pas plus qu'elle ne m'appelle. Je ne sais donc pas ce qu'elle pense de ce que j'écris, de mes idées, états d'âmes, etc. Mais ce n'est pas grave, car qu'es-ce que cela changera à ma condition et la manière dont je la vis ? Du coup, je repense à Anne, mais celle de Rennes. Je lui avais dit que j'essayerai de rédiger un tableau de Rennes, mais je ne l'ai pas encore fait. Pour se faire, j'aurai besoin d'être complètement concentré sur cette année merveilleuse passé là-bas, comme l'on est concentré lorsqu'il s'agit de rédiger un poème, chose difficilement accessible à présent pour moi. Pour rendre le vrai de Rennes, tel que je l'ai vécu, il faut pouvoir dire le beau, l'enthousiasme, l'élan, la plénitude, tout un tas de choses à développer, sinon c'est comme acheter une boite de conserve plutôt qu'un bon plat fait par un traiteur. Mais un jour me viendra l'envie et la force de consacrer un portrait à cette ville. Un jour j'ai fais un portrait de Paris, c'était juste avant de partir pour Lyon, à la conquête de Cynthia. Le portrait n'était pas glorieux, car Paris, sans ses monuments et ses vieux quartiers, serait indigeste.

J'aimerai quand même écrire des choses plus gais, comme ma journée d'aujourd'hui que j'ai passé agréablement, sans prise de tête avec personne, même avec ma mère qui m'a appelé pour un courrier quelconque adressé à mon nom, à son adresse, endroit que je n'habite plus depuis 2008. Je lui ai dit de le jeter et, encore une fois, il a fallut que j'insiste. Ma mère me fatigue, vraiment, rien ne peut être simple avec elle, elle a toujours quelque chose à redire quelque soit votre propos, votre souhait ou votre acte. C'est plus que lassant, ce l'était déjà avant et ça l'est plus encore maintenant, car devoir convaincre, non seulement ne m'intéresse plus du tout, mais en plus m'épuise. C'est de l'énergie perdue pour rien tandis que je ne demande que du repos. Mais bon, là encore, je n'écris rien de très gai. Est-ce à dire que je ne trouve que dans les choses qui paraissent trites, mornes, sombres, matière à penser ? Effectivement, je ne pense pas aux plages et au soleil tous les jours, effectivement je ne suis pas gai plus que çà en pensant au séjour de ma fille auprès de moi du 17 octobre au 28. Enfin de compte, plus rien ne me rend véritablement gai, aucun moment passé avec quiconque ou seul ne me transporte, cela m'a également l'air révolu dans mon évolution psychologique, plus rien ne m'impressionne, pas plus que rien ne me surprend vraiment, que ce soit dans le pire ou le meilleur. Oui, plus ça va, et plus j'ai l'impression de devenir un imperméable sur qui tout coule, que rien n'affecte réellement, que plus rien d'extérieur ne peut pénétrer, seule l’évolution de mon cancer me posant le seul réel problème, la seule chose qui me maintienne éveillé, la seule chose qui est encore un réel intérêt pour moi, bien avant qui que ce soit, quoi qu'il se passe, mais ce n'est pas volontaire, ça s'est imprimé ainsi dans mon cœur et dans ma tête, et je fais que suivre le mouvement, les vagues que cela provoque ou non. Non, honnêtement, je ne me sens pas triste, pas plus que les sujets que j'aborde, même si je comprend parfaitement qu'ils peuvent être rébarbatifs, tristes à vos yeux, voire déprimant, non, tout cela n'est pas ainsi pour moi. Bien que je le cherche pas, je constate que je prends tout avec beaucoup de recul, y compris l'état critique de ma belle-mère, et dans la mesure de ce que je peux, mon propre état. Certes, lors des mauvaises nouvelles, qu'elles me concernent ou non, je suis pris à vif, je suis en plein dedans, la tête dans le guidon, mais trois ou quatre lus tard c'est comme si tout s'estompait, prenait un autre angle, un autre visage, et plutôt que de me lamenter, d'avoir le cœur toujours serré par ce que j'ai appris, j'en acceptai la fatalité, revenait à l'essentiel, c'est à dire la santé, condition indispensable pour continuer à vivre. Toute ma vie, parce que mon corps n'a jamais été en danger, moi j'étais essentiellement mon intellect, comme la majorité d'entre nous, ne me préoccupant absolument pas de mon corps puisqu'il marchait. C'était s'ignorer, ne rien comprendre à ce que nous sommes, car lorsque le corps se détraque, ce n'est pas l’intellect qui peut le guérir. Au mieux notre intellect peut nous aider à supporter notre état, à garder tant que se peut le moral, mais face à des maladies mortelles, que peut-il faire ? Dans nos sociétés modernes, on a oublié, voire on ne sait tout simplement pas, comme moi, ce que signifie « une bonne alimentation », l'importance de l'entretien physique de son corps, car c'est bien beau de n'entretenir que l'intellect, que ce soit à l'école, en se cultivant ou en faisant des sorties culturelles, encore une fois, si un jour le corps lâche, c'est le plus souvent parce que vous l'aurez délaissé.

Voilà, ma journée dehors est sur le point de se finir. Je vais rentrer à la maison, rejoindre Cynthia et notre grosse chatte, dîner léger afin de ne pas connaître à nouveau les déboires de ma nuit passé. IL fait encore jour, mais la nuit ne va pas tarder à tomber. J'ai encore envie d'écrire comme d'autre désirerait une glace au chocolat, mais sur quoi, je n'en sais rien. Ou plus exactement, si, je sais parfaitement sur quoi disserter, toujours le cancer, le mien, celui de ma belle-mère, de l'échéance de la mort que cela signifie, de ce que signifie vivre dans ces conditions. Mais bon, j'y reviendrais une autre fois, forcément, inévitablement, caron ne peut se séparer de son corps, surtout quand celui-ci programme votre fin, que vous le savez, et qu'il n'y a aucune issue possible mis à part des pansement et de la pommade.

dimanche 27 septembre 2015

Pensées

27 septembre 2015


Donc, depuis deux trois jours j'arrête mon antidépresseur. Je ne sais si de ce fait, déjà, cela agit, mais je ne me réveille plus aussi guilleret, c'est certain. Non, de suite j'ai en tête des pensées qui me rendent plus ou moins moroses, même si ce sont les mêmes que d'habitude, à savoir ma maladie et son avenir, des interrogations sur mon séjour à Paris, si je trouverai vite un logement, même si c'est à l'hôtel, car il y a des hôtels au mois pris en charge, ou en partie, par les services sociaux. Leurs chambres sont souvent réservée aux femmes avec bébé ou enfant sans domicile fixe. Mais je me fou d'être un peu morose, je ne suis pas sombre, noir, pour autant, et, franchement, je préfère que rien ne joue sur mon humeur. Sur l'anxiété, oui, sur l'humeur,ce qui est mon véritable souffle, non, et tant pis si je dois en pâtir parfois. Comme je serai sans Cynthia, dans ce domaine, je n'aurai strictement aucun effort envers personne à effectuer. De toute façon je serai le plus souvent seul et qu'est-ce qu'en ont à faire les gens, surtout à Paris, de ma condition et de mes humeurs. Que je rie ou je pleure, personne ne s'arrêtera, c'est presque certain, et quiconque stopperai sa marche pour venir à moi, que pourrait-il faire ? Enrayer ma maladie ?

Je viens d'avoir Cynthia au téléphone. Elle venait d'avoir sa mère au téléphone, sa mère allongée dans son lit d'hôpital ne cessant de se plaindre de ses douleurs, malgré la morphine et tous les antalgiques qu'elle prend, sa mère qu'elle avait du mal à comprendre car, du fait de sa fatigue, de son épuisement, elle avait du mal à parler, articulant très mal, ayant du mal à bouger les lèvres, sa mère qui réclamait ses petits-enfants, les voir encore et encore, au maximum, car elle se sentait mourir, partir, et lorsqu'elle raccrocha avec Cynthia, c'était en pleurant. Après que l'on vienne me dire que la vie est un miracle, forcément un bienfait, tout cela n'est que foutaise et, une fois de plus, je me range du côté d'Emil Cioran et non du côté des religions ou tout autre forme de spiritualité. La vie est faite pour nous achever, peu importe de quelle manière, esquintant ainsi ceux et celles qui restent autour de leur défunt. Je pense donc à Cynthia, qui vit ce drame à distance, et me demande ce qu'elle préférerait. Être près de sa mère ou non, sachant qu'elle ne pourrait pas faire grand chose pour changer la donne, tout comme son père ne peut pas le faire. Reste la présence, mais dans l'état de sa mère, elle qui a mal tout le tout, que les médicaments assomment au point de dormir presque toute la journée, sent-elle au moins cette présence, peut-elle véritablement se concentrer sur cette dernière, en prendre acte, en tirer un plaisir quelconque. Oui, malgré la souffrance, je pense que la présence, même par téléphone, est un réconfort, mais dans quelle mesure selon l'état de chacun ?

Écrire épuise, ou tout au moins fatigue mon intention, mais cela fait du bien, même si je le fais en plusieurs étapes. Oui, j'ai tout l'impression de jeter dans une grande poubelle, une poubelle sans fond, impossible à remplir, sans plus rien à cacher de ce que je pense, de ce que je ressens, sans plus aucune pudeur tellement elles sont comme des menottes à mes yeux maintenant. Oui, la pudeur, même si cela ne signifie pas qu'elle ne sert à rien dans mon esprit, car elle sert pour une cohérence sociale où nous ne cessons de nous côtoyer, il faut donc des règles communes et la pudeur fait bien souvent partie de ces dernières, mais moi, moi qui sait que je vis mes derniers mois, peut-être mes dernières années avec un peu de chance, qu'en ais-je à faire de ma cohérence avec des gens qui appliquent des règles pour vivre, non pour mourir ? Je n'ai strictement plus rien à faire de ce monde qui ne pense qu'avenir et avenir, sans cesse, d'où leur déprime ou leur joie, ne pensant qu'exceptionnellement que leur avenir aura une fin. Un jour, s'il fait trop chaud, peut-être me mettrai-je nu en plein centre ville, pourquoi à Paris. Bien sûr la police viendra m'arrêter pour outrage à la pudeur, peut-être même serai-je condamné, mais qu'en ais-je à faire franchement, car qu'est que le jugement, quelle valeur à cette sanction comparée à celle que m'inflige mon propre corps ? Tout cela, tout notre système en devient risible. Oui, il n'est pas du tout identique d’envisager demain comme la vie éternelle ou presque ou demain comme sa mort potentielle et ce, chaque jour. Je ne sais quelle est la meilleure de voir les choses, mais je suis certain d'une chose, c'est bel et bien la première façon de voir qui a conduit notre monde, nos diverses sociétés, à êtres ce qu'elles sont, avec leurs inégalités et toutes les injustices qu'elles génèrent. Je me demande donc ce que serait un monde construit avec le second regard, car il est clair que ses valeurs seraient fortes différentes.

Toujours tourné sur mon nombril, je me demande à quelle sauce me manger. Je ne sais plus dire pour ansi dire quoi penser de moi, tellement il me semble me méconnaître. Parfois j'ai l'impression que je veux être un ermitte, ce qui n'est pas vraiment faux dans les faits, mais je sens que parfois j'éprouve également en contact avec l'autre, même si je ne parle pas, ne serait-ce qu'à l'écouter ou être en présence. Je parle, communique, à travers mon clavier, c'est beucoup moins fatiguant pour moi, moi lassant. Là, je pense à Leila qui m'a écrit par mail, s'ouvrant ainsi peu plus de cette manière, et sa vie m'intéresse, de A à Z, de son Algérie natale à sa venue en France, de sa bonne santé à son cancer primaire du cerveau. Encore une fois je suis triste, ne me donne vraiment pas envie d'aimer la vie, lorsque je constate son bas-âge et cette maladie qui la ronge avant même qu'elle est découvert bien des choses, bien des aspects positifs, légers, de la vie. Comme pour Cynthia, comme pour vous touts, je vous souhaite de durer le plus longtemps et, puisque nous sommes là indépendamment de notre sort personnel, de vous épanouir au maximum, de trouver ou de construire ceci pour cela, quitte à vous croire égoïste dans le mauvais sens du terme, car qui pourra répondre à vos besoins mieux que vous-même ? Cela n'implique de marcher sur l'autre ou de le nier, mais comme à table il faut qu'il y ait à mangé pour tout le monde, il ne faut pas hésiter à réclamer son dû, cela n'empêchera pas les autres de manger à leur faim, même s'ils doivent changer quelques habitudes, comme cesser de mettre la télé lorsqu'on est à table, cela ne les privera pas de la regarder en dehors de ces créneaux horaires. Donc, à part que je veux être tranquille, que le meilleur moyen pour y parvenir est de fréquenter le moins de monde possible, voire presque plus ou plus personne, je ne sais pas pour autant qu'elles sont devenues mes nouvelles valeurs, je n'arrive pas bien à les définir. A part la santé dont j'ai bien compris la valeur de l'importance, hormis ce qui concerne directement mon cancer, le reste de mon corps je m'en fou. Ceci est une ineptie, car tout le corps est lié, en communion plus ou moins totale, et ne focaliser que sur une partie et délaisser tout le reste est, à mon sens, un bêtise. Pourtant c'est que je fais, sans état d'âme, car je pense que quelle que soit la partie de mon corps que j'entretiens, le cancer en aura raison et, comme je ne cherche vraiment pas à vivre longtemps, même si depuis deux ans c'est à peu près agréable, malgré quelques coups d'adrénaline, de panique, car je peux faire ce que je veux ou non, dans la limite de ce que je peux faire évidement, le tout dans mon rythme parce qu'il n'y a pas d'autre choix, courir, me presser, me précipiter étant dans un autre temps, révolu, condamner à jamais, ayant déjà un rythme et la force musculaire d'un vieux de plus de 80 ans. Heureusement que les valises à roulettes existent désormais, car sinon je me demande comment je ferai pour effectuer des voyages.

Alors, mes valeurs, que sont-elles devenues depuis deux ans ? Je sais que celles antérieures se sont effondrées, effritées. Pour autant je ne sais toujours pas par lesquelles elles ont été remplacées. Pour vous dire la vérité, je crois que je n'en ai plus vraiment, même pas à inculquer à ma fille. C'est plutôt une manière de vivre, une façon d’appréhender les choses, qui se dessine dans mon esprit et dans mes actes en conséquence. Éviter systématiquement les gens qui m'ennui ou me dérange, éviter ceux que je ne sens pas, peut-être à juste tort, éviter de faire de nouvelle rencontre à priopri, non pas pour les personnes elle-mêmes, mais simplement parce que je n'ai envie de parler, cela me fatigue vite trop vite, être le plus souvent seul en conséquence, en silence radio s'il le faut, quitte à inquiéter certaines personnes, à commencer par ma mère. Oui, la seule personne que j’appellerai tous les jours lorsque je serai à Paris, et peu importe le temps que cela durera, sera Cynthia, bien avant ma fille, même si elle qui me préoccupe le plus, son entrée dans l'adolescence et son aversion qu'elle a de plus en plus envers sa mère et le compagnon de cette dernière. Il y a encore trois ans je me serai satisfait de cette situation, j'aurai estimé que c'était un juste retour des choses, que ma fille commençait à rendre coup pour coup tous les coups que sa mère nous avait porté, même si à l'époque Jade n'en avait nullement conscience et ne voulait pas en entendre parler. Mais aujourd'hui, ce n'est vraiment plus dans ce registre que je pense et, tant que faire se peut, j'ai ranger au placard la vengeance, même s'il reste toujours une pointe d'amertume, surtout celle de ne pas pouvoir participer à élever ma fille, à l'éduquer, simplement parce que le désir de sa mère était ainsi et qu'elle a tout mis en œuvre pour qu'il se réalise. A ma modeste mesure j'ai tout fait pour l'en empêcher, que ce soit devant la justice ou les kilomètres. De même, je le sais, je n'ai pas fait tout ce qui était en mon pouvoir pour me rapprocher de ma fille, empêcher sa mère devant la justice de déménager sans m'en avertir, en conséquence j'aurai peut-être eu une chance de la récupérer si sa mère avait persisté dans sa démarche. Mais rien, je n'ai rien fait de tout cela, et sitôt après le verdict du juge, pourtant très clément en ma faveur, j'ai laissé tombé les bras. C'est à cette époque que j'ai connu tenu, ma fille avait trois ou quatre ans, c'est à cette époque que ma famille, excepté mon frère une ou deux fois, ne m'a aidé concrètement pour que sois sous un même toit que me fille, pouvant l'héberger les week-end et la grande majorité des vacances, car j'étais constamment sous le biais du chantage de ma mère pour se faire ou non, quant à ma sœur, il y avait toujours un problème. Ce sont souvent des amis qui me récupéraient chez eux lorsque ma mère faisait défection parce qu’elle était mécontente de moi, parce que je voulais pas éduquer ma fille comme elle l'entendait, estimant qu'étant un homme, comme ma sœur d'ailleurs, elles estimaient que la mère ou n'importe quelle femme était mieux qualifiée qu'un homme pour élever un enfant. A quel point ne faut-il pas sacrément être une grosse conne ou un gros cons, car là aussi ils sont nombreux, pour avoir une vue de l'esprit aussi coincée, aussi étriquée ? Mais pour en revenir à ma fille et sa situation actuellement, je ne vois plus sa mère là-dedans car elle, je le sais est conne, c'est sa nature, et ne cherche pas à ce que notre fille vive dans le monde d'aujourd'hui, même s'il y a bien des choses à dire sur lui, non, elle cherche et l'a fait vivre déconnecté du monde, sans télé, sans ordinateur, et si je n'avais pas pris un téléphone portable à ma fille pour que nous puissions nous joindre quand bon nous semble, je suis presque certain qu'elle n'en aurait toujours pas aujourd'hui. Non, dans cette histoire de rébellion, c'est à ma fille que je pense, car j'aimerai qu'elle vive dans la sérénité, que ce ne soit pas dans la rancœur qu'elle évolue, cela n'aura rien de très bon sur son présent.

samedi 26 septembre 2015

De tout et de rien

26 septembre 2015


Je pense à Cynthia et, vu de l'extérieur, on pourrait se demander ce que l'on fait ensemble. Effectivement, même si elle est à la maison, moi j'en suis absent. Je me lève et, sitôt une demi-heure passée, voire une heure, quelque soit l'heure, je sort, je la quitte, et ce jusqu'au soir où je ne rentre que vers 20H00 ou 21H00. On pourrait quoi que je la fuis, alors que ce n'est pas ça du tout. Que ce soit à notre domicile, à celui de ma mère, de ma sœur ou de mes amis, je ne supporte vraiment plus de rester de rester en enfermer en quatre murs. A l'hôpital, lorsque je suis hospitalisé, c'est pareil, De même, à part regarder les gens passer, je n'éprouve pas l'envie de les côtoyer, car je n'ai plus la force de me concentrer sur leur pensée, de leurs avis, de leurs opinions ou de leurs convictions. Non que je ne veuille pas, c'est simplement que je ne peux plus. De même, lorsque je suis à Paris avec ma famille ou mes amis, là aussi je ne converse pas beaucoup, cela m'épuise rapidement, et souvent, lorsqu'ils discutent avec de tierces personnes, là aussi je ne prête pas mon oreille, cela me demande trop d'attention et de réflexions de suivre des conversations dont je ne connais ni les tenants ni les aboutissements. Mais revenons à Cynthia. Mardi prochain, le veille de mon départ de pour Paris, je  l'accompagnerai à son cours d'équitation, ce sera au moins une chose que nous ferons ensemble, car plus ça va et plus nous sommes chacun dans nos propres occupations, chacun dans notre coin. même les courses nous ne les faisons plus ensemble, car rester debout une demi-heure, voire plus, je n'y arrive plus non plus, mes jambes flageolent, et il faut alors que je m’assois. De même, je ne peux plus porter de sac un peu lourd, trois ou quatre kilos étant ma limite. Enfin, depuis l’apparition de mon cancer, donc depuis presque dex ans, nous n'avons plus de rapports charnels. Oui, c'est vraiment à se demander quel couple nous formons. Je sais simplement que lorsque nous sommes en présence, même si nous n'échangeons plus beaucoup, elle est la seule personne avec qui je me sens bien, avec qui je peux rester dehors ou dedans sans qu'elle me fatigue, ce qui n'est ni le cas avec mes amis ou ma famille. De même, si parfois je l'agace car je lui fait répéter plein de fois des choses que j'oublie, que parfois je lui dit des choses qui ne peuvent lui faire plaisir, je sais qu'elle me comprends, que pour l'instant elle accepte ceci, que c'est néanmoins une véritable complice, bien plus que mes amis ou mon frère. Quelque part, si nous n'étions pas en couple, elle deviendrait ma meilleure amie, avant Tony, ma confidente et, le cas échéant, ma conseillère, ce qu'elle est déjà bien évidemment.

Aujourd'hui, comme souvent, je n'ai rien qui m'intéresse dans la ville, pas plus les murs que les gens, c'est vraiment comme un petit village, ou plusieurs succession de village, où à l'intérieur de chacun tout le monde semble se connaître, et parce que par les oui-dires que j'entends malgré moi, ils ne m'intéresse vraiment pas, la plupart d'entre eux semble aller dans la débrouillardise, beaucoup semblent sans emploi et, lorsqu'ils en ont un, d'après ce que j'entends, ils sont au SMIG, guère plus. De même il est évident que la majorité d'entre eux n'ont pas poussé les études bien loin, à peine le BEPC, qu'ils n'ont guère de culture générale avancée, et que les thèmes qui m'intéresse, c'est à dire la psychologie, la philosophie ou la métaphysique, même si je me suis essayé avec un ou deux, n'ont pas suivi la distance, c'était plus que du superficielle, du survole, et dès que je rentrai un peu en profondeur, juste sous la première couche du sujet, déjà ils n'avaient plus de répondant, et, ne sachant quoi me répondre, ils acquiesçaient à mes propos. Pourtant, même s'ils sont plus ou moins bourrus, plus ou moi inculte, même s'ils vous répondent avec un ton vraiment sec, froid, ils sont serviables, polies. Oui, concernant le quartier où j'habite, bien que ce soit dans Belfort, c'est vraiment comme une banlieue de Seine Saint-Denis. Les peaux blanches, mis à part quelques vieux et vieilles, il n'y en a pour ainsi dire pas. Par contre, dans la veille ville, c'est complètement le contraire. Il n'y a que dans l'unique piétonne, du fait de tous les commerces présents, que se mélange un peu. De même je n'ai jamais vu autant de femmes voilées au kilomètre carré, jeunes et moins jeunes, et parfois je me demande où je suis car je sais pertinemment que ce n'est pas culture et que je ne partage pas non plus leur religion. Cela me fait souvent bizarre, je me demande où est ma place, mais pour autant je n'ai vraiment l'impression que cela pose problème aux belfortains, qu'ils soient noirs, blancs ou d'origine maghrébine ou arabe. Tout ce petit monde m'a l'air de bien cohabiter, même si chacun a l'air d'avoir ses quartiers distincts.

Quoi qu'il en soit et je pense à mon séjour à Paris, voire mon déménagement, ej me dis que jesrai vraiment seul, faisant ma petite vie comme je la mène et l'ai mené à Rennes, dans mon coin, sans contacts, car si je trouve un logement, je ne sera pas dans mes anciens quartiers, et les transports parisien, la circulation parisienne, que ce soit dans les rue ou les trottoirs, me fatigue trop vite, je pense que je ne verrai que peu souvent mon entourage de là-bas, que la majorité des fois je ne me déplacerai pas vers eux, car encore une fois, à part parler de ma maladie, je n'ai rien à dire, ni aux uns ni aux autres dès lors qu'ils savent ce qui en est. Oui, les soucis administratifs et financiers de ma mère, je ne peux rien faire pour l'aider. A partir de là, je ne veux pas qu'elle m'encombre l'esprit, donc a concentration, concentration qui me fatigue, alors que je suis complètement impuissant face à ses problèmes, y compris problèmes de santé qui, avec, l'âge commence à la diminuer sérieusement. Pour ma sœur il en va de même. Son ras-le-bol de son travail, du trop de surcharge que l'on lui impose, sa frustration de ne pouvoir exercer le métier qu'elle aimerait faire, ses dépressions plus ou moins chroniques, l'argent qu'elle dépense au-dessus de ses moyens, ou tout du moins en étant sur le fil rouge, ce qui la stress également, là aussi je ne peux rien faire pour elle et, même si elle gentil dans le fond, j'en ai assez de la voir toujours se plaindre. Pour mon frère c'est réglé, il est à Toulouse et je n'aurai donc aucune raison de le voir car, en cela je suis bien déterminer à présent, je ne ferai aucun pas vers lui et s'il veut me voir, ce sera à lui de venir à moi par ses propres moyens. Restent Tony et Césard. Césard, même si j'apprécie sa présence et suis prêt à faire l'effort d'aller le voir, comme pour Tony, il me prends quand même sacrément la tête à me mettre Dieu à toutes les sauces, comme ma mère d'ailleurs et, dans une moindre mesure, ma sœur. Cela me freine donc souvent à aller le voir ou à l'appeler. Oui, tout cela sont des discours, des rhétoriques, qu'elles soient musulmanes ou chrétiennes, dont je sature complètement. J'ai pris qu'ils croient en Dieu, cela ne me pose pas de problème et n'aborde jamais le sujet, les respectant dans leur croyance, mais eux, ils semblent incapables de le faire en moi, il n'accepte que pour moi la mort est la fin de toute existence humaine et, ce, définitivement. Ainsi, c'est avec Tony que je passe mes meilleurs moments, et pourtant nous ne parlons pour ainsi dire plus ensemble, un peu comme avec Cynthia. Tony a eu un cancer du foi il y a trois ans maintenant. Cela l'a changé petit-à-petit psychologiquement, lui à fait voir beaucoup de choses autrement, lui indiquant bien, comme pour moi maintenant, où était le superficielle et le principale, les véritables priorités. Un an après que l'on est découvert son cancer et ce, vraiment inopinément, suite à une prise de sang pour mesurer son taux d’alcoolémie alors qu'il avait été arrêté pour un excès de vitesse, donc un an après, la greffe étant le seul moyen de le sauver, mais ne trouvant pas de donneur, c'est sa femme, qui heureusement possédait le même groupe sanguin que lui, un groupe rare, O je crois, qui lui a donné une partie de son foi afin que l'on puisse retirer celui de Tony infesté de tumeurs. Ses tumeurs étaient si grosses et se développant vite, il a eu le droit à de la chimiothérapie locale, où on lui injectait directement les produits chimiothérapiques en plein de son foi, ce qui le brûlait et le faisait monter au plafond. Tout cela a duré un an, puis vint la greffe et, depuis, plus de nouvelle de cancer ou de métastase, et c'est tant mieux. Depuis, comme moi, il parle de moins en moins, bien qu'il soit quand même plus sociable que moi et entretient encore beaucoup de contacts. Je me souviens qu'avant son cancer et, plus encore le mien, nous refaisions le monde depuis que nous nous sommes connus, ou presque. Aucun sujet de société, qu'il s'agisse de politique ou d'autres choses, n'échappait à notre regard, bien souvent à notre critique acerbe. Quand je l'ai connu, il y a près de dix ans, il était délégué syndicale au théâtre de Chaillot, et pour ma part j'avais une vue sur la répartition des richesses qui ne pouvaient que rejoindre les siennes. Aussi, l'un et l'autre habitant dans le seizième arrondissement, là où vous ne trouvez que des cadres supérieurs ou des personnes riches, fréquentant les mêmes brasseries que ces derniers, de fil en aiguille nous finissions par les fréquenter, qu'il s'agisse d'entrepreneurs, de personnes des médias, du staff du PSG, etc, et dès qu'un sujet sur le monde arrivait, guerre, économie, pauvres, émigrants, vous pouviez être sûr que nous rentions dans le lard de ces cols croisés le plus souvent, mais cela de manière courtoise, respectueuse, même si c'était sur un ton franchement sec. Chacun utilisait ses arguments, eux comme nous, mais au final, toujours, ils rendaient les armes. Mais tout cela, toutes ces conversation que Tony et moi avons eu ensemble, avons eu avec qui le voulait, tout cela est révolue. Comme moi il se tient au courant de l'actualité, mais cela ne l'intéresse plus vraiment. Lui aussi, à sa façon, il ne se sent plus vraiment concerné et ce qui l'intéresse dorénavant, c'est de construire sa retraite, de profiter du moment présent, et de ne plus se prendre la tête à essayer de changer les tournures d'esprits des uns et des autres. Comme moi, il est comme dans sa petite bulle, celle qui lui convient, n'a plus besoin que l'on l'y rejoigne, que l'on en soit convaincu. Lui il l'est, comme je suis convaincu de la mienne, là réside l'essentiel, la seule chose importante. De même, tout comme moi là encore, j'ai remarqué qu'il ne prend plus à la peine de s'embarrasser de personne qui ne l'intéresse pas plus que ça, contrairement à hier où il était prêt à qui consacrer un temps à quiconque le sollicitait. Aussi, lorsque nous nous voyons à Paris, nous sommes côte à côte, chacun avec notre café, lui lisant son journal ou échangeant avec une tierce personne, moi regardant le paysage, les gens passés ou l'écoutant lorsqu'il a quelque chose à dire.

vendredi 25 septembre 2015

Une jounée comme presqu'un autre

25 septembre 2015

Hier soir je me suis couché tôt, m'endormant devant la télé, vers 21H00, pour me réveiller ce matin à 7H30. Immédiatement mes pensées étaient dirigées vers les médecins qui me suivant au Mittan et, de fil en aiguille, j'en arrivais à Paris, l'hôpital La pitié-salpêtrière, et mon entrevu avec le professeur qui dirige le service de radiothérapie. Je nous inventais je ne sais quelle conversion, puis brusquement, presque brutalement, je réalisais que j'étais sur mon balcon, buvant mon café et fumant mon premier cigarillo de la journée. Ce fût comme une chute vertigineuse. J'ai également croiser Cynthia qui se préparait pour se rendre au collège et, un quart d'heure plus tard elle partait. Je fus déçu de la voir si peu longtemps et, à présent, il me faudra attendre ce soir pour la retrouver.

Comme chaque jour, lorsque mon état le permet, je vais écrire ponctuellement toute la journée. Mais sur quoi, je n'en sais rien. Qu'est-ce qui va me traverser l'esprit aujourd'hui, sur quoi aurais-je envie de m'arrêter, quelle pensée, quel sentiment ? Je sais simplement que mon rendez-vous avec mon psychiatre n'a pas eu lieu hier, celui-ci s'étant emmêlé les pinceaux dans ses rendez-vous. Du coup, la séance est reportée à cet après-midi. Enfin, ce week-end il va falloir que je m’attelle à trouver parmi tous mes papiers, il y en a des cartons entiers, les documents dont j'aurai besoin pour créer mon dossier de demande de logement social. Il ne s'agit pas de grand chose, juste le documents concernant mon invalidité et ma reconnaissance d'adulte handicapé, mais impossible de savoir où je les ai mis. De même, il faudra que je fasse des copies des rapports des médecins qui concernent mon état médical et imprimer la fiche de mes ressources financières. Après, une fois le dossier créé et déposé, comme le disent beaucoup, ce sera à la grâce de dieu, ou de mes relations.

Bref, j'écris, certes, mais ce que je raconte n'est guère passionnant. C'est comme s'il manquait du tragique, mais le tragique qui est derrière ces mots, vous le connaissez par cœur, et moi-aussi.

Comme hier, je n'ai envie de m'attarder sur rien en particulier, pour ainsi ne penser à rien. Pour ce faire, à chaque nouvelle heure je prends un calmant, le fameux Xanax, ce qui fera qu'aujourd'hui, au lieu des six qui me sont prescrits journellement, j'en prendrai aux alentours de dix, un peu plus ou un peu moins, cela dépendra de mon état psychologique. Effectivement, j'ai envie de me ressentir comme un flâneur, comme quelqu'un qui ferait les boutiques sans avoir l'intention d'achetter quoi que ce soit, regardant à droite, à gauche, sans s'arrêter véritablement sur quoi que ce soit, être un touriste qui, parce qu'il y a trop de choses à découvrir, comme par exemple à Paris, n'a enfin de compte pas le temps de s'attarder réellement sur ce qu'il voit. Bref, c'est être dans le superficielle, l'état que je recherche pour moi en ce jour, sans doute pour ne pas focaliser sur ma maladie, sur ce qui s'annonce, me détacher, m'éloigner de moi-même, c'est donc une espèce de fuite. Pour autant, est-ce une fuite en avant ? Mais vers quoi alors ? Vers ma volonté, mon désir, que tout cela ne soit pas, ni cancer, ni complication de ce dernier ? Fuite envers mes craintes, ma peur de ce qu'il peut advenir et ce qui se passe actuellement ? Oui, je crois que c'est surtout de cela qu'il s'agit, de ma peur que je veux fuir. Mais bon, je suis parti dans ce délire aujourd'hui, c'est bien une forme de lâcheté, je le conçois très parfaitement, mais je m'octroie ce repos cette journée sans aucune anxiété, c'est ainsi que je la veux, c'est ainsi qu'elle se fera.

De même, toujours aujourd'hui, j'ai envie de me faire plaisir et tandis que d'habitude à midi je suis dehors avec la faim qui me gagne, l'appétit qui s'ouvre, se manifeste à mon esprit, je ne déjeune pourtant pas, non seulement pare que je n'ai pas envie de me retrouver enfermé chez moi, même si Cynthia est là, mais aussi parce que je n'en ai pas les moyens financiers. Cependant, bien que je sois déjà à découvert sur mon compte bancaire, je mangerai dehors ce midi, encore une fois comme un touriste, même si je sais pertinemment que je devrai y aller mollo sur les dépenses en prévision du mois d'octobre et de la venue de ma fille. Mais bon, j'ai toujours été un mauvais gestionnaire de ma bourse, quelque soit le montant de mes revenus, toujours sur le fil, parfois même celui du rasoir, mais cela ne me gêne guerre plus, moins encore aujourd'hui, car le jour où je serai dans ma tombe s’envoleront également mes dettes, si tant est que j'en ai à ce moment-là.

Sinon, de la terrasse de café où je suis installé, j'observe les belfortains. Il n'y a pas à dire, contrairement aux rennais, le sourire n'a pas l'air d'être inscrit dans leur patrimoine, dans leurs us et coutumes. Tous ont l'air grave, des plus jeunes aux plus vieux, et n'incite vraiment pas à aller vers eux. De même, si je parviens à trouver un logement à Paris, je suis d'avis que je serai plus souvent là-bas qu'à Belfort.

Je suis d'avis que j'ai un peu trop forcé sur les calmants, car je n'arrive plus à me concentrer sur quoi que ce soit, excepté ma maladie qui ne veut décidément pas quitté mon esprit. D'aucun et d'aucune qui ont un cancer se refusent à se considérer uniquement à travers ce prisme. Pour ma part, il m'est impossible de ne pas me voir que comme un malade, qui plus est en sursis.

Je ne sais pourquoi, mais j'ai envie de parler de ma sœur, de ma mère, bref de ma famille, mais le sujet est tellement vaste, il y aurait tant de choses à en dire, qu j'abdique. Comment expliquer, faire comprendre, ce qu'est cette famille chaotique, où pas l'un d'entre nous n'a réussi sa vie, sauf moi sur le tard, lorsque j'ai rencontré Cynthia ? Oui, je ne sais comment je pourrai résumer cela. Cependant, à présent je ne me sens plus de cette famille. C'est un autre qui en fît en partie, un autre disparu au fur et à mesure que sa maladie progressait, que psychologiquement il s'est vu en quête de nouveaux besoins, que de manière relationnelle il ne pouvait plus rester dans le conformisme de naguère, qu'il lui fallait autour de lui des personnes qui l'apaise, mêmes malgré elles, toutes choses qu'aucun membre de ma famille n'a jamais pu m'apporter. Tous, chacun à leur niveau, ont déjà un fardeau trop lourd à porter et, parce que je les connais, je ne peux être imperméable à ces derniers, mais leur fardeau me semble tellement subalterne au mien, que de les voir ainsi les prendre si au sérieux, car là-aussi il s'agit pour une bonne part de souci financier, de se miner le moral pour cela et d'autres raisons, d'ordre affective, d'image de soi, que je ne me sens plus du tout de leur monde et, c'est triste à dire, mais leur problème ne m'affecte plus, voire me lasse tant ils sont présents depuis des années et des années. Néanmoins, même si je n'écrirai guère plus sur le sujet, cela me fait du bien, c'est ma de verser ces quelques lignes.  Dorénavant, ma seule famille c'est ma fille, ma nièce, Cynthia et son père. Il n'y a qu'avec eux que veux entretenir des liens, pour lesquels je serai près à faire des efforts, dans la limite de ce que je peux encore entreprendre. Oui, les fardeaux qui leur sont propre, je suis prêt à les porter avec eux, à les accompagner, et, dans le mesure du possible, à les aider à trouver des solutions.

Dans la même veine, je ne cesse de penser à notre couple, Cynthia et moi, à ce qu'il a été avant ma maladie, à ce qu'il est devenu depuis, et à ce qu'il deviendra si je trouve un logement sur Paris, faisant que nous nous verrons de moins en moins et, peut-être, plus du tout. Quelque part je trouve cela injuste. Nous sommes partis de rien, d'absolument rien, et maintenant que tout est en place pour entreprendre des projets à moyen ou long-terme, ma maladie met tout cela à mal, détricote notre relation antérieure, et c'est une autre qui se construit depuis deux ans, une relation dont je ne saurai vous dire sa véritable nature.

Sinon, je viens de sortir de me séance avec mon psys, lors desquelles je l'ai mis au courant des dernières nouvelles, car il était absent pendant plus de quinze jour et n'était pas au fait des dernière nouvelles. Juste à la fin de la consultation, à peu près à la heure qu'hier, je fus pris d'une crise d'épilepsie partielle. Elle dura moins longtemps qu'hier et c'est dans salle d'attente que j'attendis qu'elle passe complètement. Du coup je pense à Leila, lorsqu'elle me racontait que c'est ce qui lui arrivait régulièrement alors, mais qu'aucun autour d'elle ne le soupçonnais lorsque cela j'arrivais. Dans mon cas, dès lors que je tiens ma main droite, c'est pareil. Cependant j'hésite à augmenter la cortisone, car si j'en prend plus je serai irascible, je le sais bien. C'est pour lui, finir crise pour courte, elle m'a vidée de me énergie et, là, je suis encore à assis à table terrasse de café pour récupérer. J'ai entendu la signaler à Cynthia qui est, elle, est favorable que j'ai j'augmente la cortisone. Effectivement, si cela m'arrive maintenant tous les jours, sans doute n'aurai-je pas d'autre choix. Néanmoins et je vais attendre encore attendre demain, voire comment cela ce passe, et agirai en fonction. Enfin, en accord avec mon psy, il est convenue que j'arrête mon antidépresseur, un tous le deux jours pendant quinze jours, puis l'arrêt total de ce dernier. Si ce dernier fait l'effet que cela me produise trop de déprime, ou trop de tristesse que je ne saurai gérer, alors je reprendrai l'antidépresseur.

Quoi qu'il en soit, en commençant à penser à tout ce qui va se passer en octobre, je suis déjà épuisé à l'avance, rien que le fait de cogiter à tous les examens que l'on va certainement me faire passer, plus toute la partie administrative concernant mon changement de sécu, de caf, afin que tout soit transmis de Belfort à Paris. De même, je pense que dès le 2 octobre, après mon entretien avec le professeur, j'irai immédiatement m'inscrire en foyer d'accueil pour y dormir le soir même et entreprendre avec une assistante sociale de ce foyer de quoi monter un dossier de demande de logement. Bien évidement, en tous cas au début, je serai dans un dortoir, au milieu des clochard qui, pour la plupart, ne se lavent jamais, pues, mais importe, s'il faut en passer par là pour que mon dossier passe en priorité, je le ferai sans hésiter. Certes, je serai obligé d'être à une certaine heure dans le foyer, en général entre 19H00 et 20H00, puis enfermé jusqu'au lendemain matin, mais cela ne me dérange guère car je pense que dès que l'assistante sociale connaîtra ma situation exacte, c'est à dire ma maladie et ma prise en charge par l'hôpital, elle fera tout pour que j'ai au moins une chambre d'hôtel le plus rapidement possible, le temps de trouver urgemment un logement. La journée, les foyers étant fermé, soit je passerai mon temps au café, comme je le fais déjà actuellement, soit je passerai voir ma famille ou mes amis. Ainsi, si le timing est bon, je serai dans un logement durable, hôtel ou autre, n'ayant plus l'obligation de rentrer à quel qu’heure que ce soit, lorsque ma fille arrivera à Paris. Du coup je pourrai rester avec elle une partie de la soirée, voire dormir chez ma mère le cas échéant, mais la plupart du temps je rentrerai dans le logement provisoire qui me sera attribué et rejoindrai ma fille, chez ma mère ou ma sœur, le lendemain matin. Oui, plus ça va et plus je pense que je vais officiellement me faire domicilier à Paris, en faisant ma demeure principale. Tant pis pour Belfort, cela ne m'empêchera pas de participer au frais financier que nécessite notre logement avec Cynthia, le temps qu'elle déménage à nouveau lorsque bon lui semblera. Oui, quoi que me réserve la médecine, surtout s'il s'agit de chirurgie, je trouve bien plus préférable de rester à proximité de l'hôpital. 

jeudi 24 septembre 2015

Mon jeudi

24 septembre 2015


Aujourd'hui je n'ai envie de penser à rien de précis, de ne pas focaliser sur un événement, un être ou une action. En ce moment, tous les jours j'ai mal au crâne. Cela me prend toujours deux à trois heures après mon réveil. Alors je prends des antalgiques, puissants, et une bonne heure après leur effet agit. Je repense à Virginie, à la conversation téléphonique que j'ai eu avec elle il y a quelques jours concernant sa relation avec François, lui aussi atteint d'un cancer au cerveau. Elle l'a connu six mois avant la découverte de ce cancer et ils commencèrent véritablement à former un couple, c’était les prémisses. Mais depuis l'apparition de ce cancer et de tout ce qui s'en est ensuivit, opération, soins, traitement, François a plus que changé, ne s'est plus investi dans la formation de leur couple comme jadis, Virginie est donc pénalisée, forcément frustrée de temps à autre, mais comme elle veut François, et pas qu'un peu, elle s'accroche, mais tout cela n'est vraiment pas simple, comme si François hésitait à se lancer dans l'aventure ou non, car il pense, comme moi, qu'il n'a plus beaucoup de temps devant lui, à tort ou à raison, et un jour il fait de vrais pas vers elle et, d'autres jours, il lui dit ou fait comprendre qu'il faut qu'elle fasse sa vie, indépendamment de lui, comme je le dis parfois à Cynthia. Oui, toutes les deux ne sont pas à des places simples et, de manière très égocentrique, je préfère ma place à la leur. Il est vrai que de part et d'autre nous sommes dans l'attente, mais ce n'est pas du tout le même type d'attente. Nous, c'est l'attente de la mort, de notre fin, et nous n'avons strictement aucun effort à faire pour que cela soit ainsi un beau jour. De même, parce que la maladie et ses traitements nous diminuent physiquement, voire moralement, nous ne pouvons plus aller au delà de nous-même, nous surpasser comme dans les temps anciens, ce qui génère que nous ne pouvons plus le faire pour les autres également et entraîne, de mon point de vue, l'élimination dans notre entourage, à court terme ou à moyen terme, des personnes et activités que nous ne sommes plus en mesure de supporter, ne pouvant plus faire les efforts nécessaires à l'entretien de tout cela, surtout aux humeurs et comportements qui nous contrarient. C'est comme si notre seuil de tolérance n'était plus le même qu'auparavant.

Je pense également à ma fille qui viendra peut-être plus longtemps que prévu à Paris. Je me demande comment cela se passera entre nous, qu'est-ce que nous ferons ensemble, car du fait de ma diminution physique, même des promenades seront difficile à faire pour moi. Enfin, du fait de mes faibles ressources financières, je ne pourrai pas lui offrir beaucoup de sorties, que ce soit cinéma ou autres. Oui, j'ai peur qu'elle s'ennuie, car il est clair que ce qui me convient, que ce que je peux faire ou non, comme être assis toute une après-midi à une terrasse de café, n'est pas sa tasse de thé. Oui, les envies des enfants, des adolescents, ne peuvent être les mêmes que ceux de leurs parents, en tout cas de manière générale. Elle, elle délire avec son iphone et est capable de rester toute la journée à ce dernier. De même, lorsque je lui prête mon ordinateur, c'est pour voir des clips musicaux sur youtube ou faire des jeux en lignes. Là aussi, elle pourrait faire ça toute la journée. C'est la génération « écrans », que ce soit par le biais du téléphone, de l'ordinateur, des tablettes ou de la télévision. Néanmoins j'essayerai de l'emmener dans un musée ou deux, tel le Louvre où, je crois, elle n'a jamais été. De même, je l'emmènerai à Montmartre, bien qu'elle connaisse déjà, car de mémoire il me semble qu'elle avait apprécié ce quartier de Paris, ce village dans la ville. Je pense également l'amener sur les quais du treizième arrondissement où ont été aménagés tout un tas d'espace pour faire des activités, que ce soit du skate, de la danse, du roller, de la gymnastique ou encore de la musique. Cet endroit-là, je sais qu'elle ne le connais pas et je verrai bien s'il lui plaît. Le treizième arrondissement étant le quartier « chinois » de Paris, je pense que nous mangerons asiatique ce jour-là, dans l'un des nombreux restaurant qui propose des buffets à volonté. De même, avec mon ami Césard que je vois peu, voire pas du tout lorsque je suis à Paris et ce, du fait qu'il habite en grande banlieue, à la limite de l'île de France, et qu'il termine tard son travail, nous avons convenu de tout faire pour que ma fille et moi passions un week-end chez lui, dans sa famille. Jade l'a rencontré une fois, chez lui, avant que ne se déclare mon cancer, et elle l'avait fortement apprécié. Je pense donc que ce sera un bon week-end, si cela se fait, surtout que cette fois ses enfants seront là, tous adolescents, et qu'elle pourra s'occuper et s'amuser avec eux. De même, si toute la famille de Césard est là, elle va découvrir une autre forme de vie, car la famille étant musulmane pratiquante, elle va assister à des rites qu'elle ne connaît pas, comme la prière cinq fois par jour, et voir des tenues vestimentaires nouvelles.

Sinon j'ai appelé mon beau-père, Bernard, pour avoir des nouvelles de ma belle-mère. Comme chaque jours, elles ne sont guère fameuses, la situation ne s'améliore pas du tout, elle ne cesse de se plaindre de douleurs dans ses bras et ses jambes, n'a plus de sensation dans sa main droite, comme si elle avait perdu le sens du toucher. Par exemple, dès qu'on lui met quelque chose dans sa main, comme un verre d'eau, immédiatement elle le laisse tomber, ne peut le tenir car elle ne le ressent pas entre ses doigts. Du coup, qu'il s'agisse de boire ou de manger, il faut quelqu'un pour prendre en charge cette tâche. J'ai dit à Bernard que, dès que possible, je descendrai à Lyon, avant qu'il ne soit trop tard, pendant qu'il est encore temps, certainement début novembre si mon propre cas ne me retient pas à Paris. J'essayerai de me bloquer un week-end pour cela.

Je n'ai pas envie de penser à ma maladie, à mon cas propre, mais elle est tellement omniprésente dans mon quotidien, à travers ma belle-mère par exemple, que j'ai bien du mal à le faire. Je crois que c'est mission impossible. Tout à l'heure je dois voir mon psychiatre et, si je ne l'oublie pas, je vais aborder le sujet de l'arrêt de mon antidépresseur. Effectivement, je veux être dans le vrai avec moi-même par rapport à l'évolution de mon cancer, et non pas dans la position où je m'observe à travers un filtre chimique, faussant la donne, faussant mes réflexions en conséquence. Tant pis si cela doit me mener à l'inquiétude, j'essayerai de la gérer, tant pis si cela doit me mener également à quelques moments de déprime, là aussi j'essayerai de gérer, et c'est uniquement en désespoir de cause, si vraiment je n'arrive pas à me maintenir debout psychologiquement, que je reviendrai vers les antidépresseurs. A côté de cela, j'ai les calmants et un neuroleptique, et je pense que c'est amplement suffisant.

Tout à l'heure, pendant que j'écrivais, j'ai fait une crise d'épilepsie partielle, identique à celle que j'avais faite dans le TGV lorsque je suis à Paris pour passer mon Spectro IRM. Elle à duré un peu plus de cinq minutes où j'étais pris entre les convulsions de mon cou, comme s'il voulait cogner ma tête contre un mur, et celle de ma droite, de ses doigts qui voulaient comme pénétrer et se confondre dans ma paume. Ils étaient si crispés, si recroquevillé sur eux-même, que je ne parvenais pas à les redresser avec ma main gauche. Puis, tout commença à se stabiliser l'espace d'une minute, les doigts de ma main droite se relâchant, se détendant, jusqu'à ce que cela me reprenne. Cette fois mon coup était calme, mais ma main droite refis le même cirque et, bien malgré moi, mon avant bras la faisait monter inexorablement vers mon visage. Je dû donc user de la force de mon bras gauche pour contenir mon avant bras droit, le maintenant coincé entre mes deux jambes, le temps que la crise passe. Une fois celle-ci passé, impossible néanmoins de me servir de ma main droite et, ce, pendant presque deux heures. C'est seulement maintenant que je retrouve un peu de dextérité avec mes doigts, mais ce n'est pas encore ça, preuve en est que je tape sur mon clavier uniquement avec mes doigts gauche. De même, bien qu'il n'y paraisse pas, cela m'a littéralement vidé, comme si j'avais fait un déménagement, transportant par les escaliers tous les cartons à monter. Là aussi, ce n'est que depuis peu que je sens un peu de ma force revenir. Donc voilà, même lorsque je ne veux pas penser à mon cancer, l'une de ses manifestations se rappelle à mon souvenir.

Néanmoins ma journée fût agréable, pas un seul moment je ne me suis ennuyé et, contrairement aux jours précédents, le beau temps était là. J'espère que pour vous il en a été de même, qu'aucune mauvaise nouvelle n'est venue assombrir le paysage.

mercredi 23 septembre 2015

Ma belle-mère

23 septembre 2015


Suite à ma conversation avec Cynthia hier soir et à mon échange ce matin avec Frank, je me suis résolu à appeler ma mère. Lorsqu'elle décrocha, elle me parla comme si rien ne s'était passé, au pire une broutille, bref, les propos qu'elle m'a tenu seraient sans importance, comme s'ils n'avaient jamais existé. Nous nous sommes donc mis d'accord pour qu'elle m'héberge ma fille et moi, y compris ma personne après, si je devais rester plus longtemps sur Paris. A présent il me faut donc prévenir ma sœur de ce nouveau changement de programme et j'espère qu'il n'y en aura plus d'autres. Quant à ce que je ferai vis-à-vis de ma mère par la suite, après le départ de Jade de Paris, je ne sais pas quel posture je prendrai. Quoi qu'il en soit, il reste sûr que je ne quitterai pas Paris sans avoir mon propre logement là-bas.

Aujourd'hui, à Belfort, le temps est vraiment maussade, tantôt à la pluie fine,tantôt à la pluie forte, et lorsqu'il ne pleut pas, c'est un ciel entièrement couvert de nuages plus ou moins noirs,qui surplombe la ville. De plus il y a un peu de vent, un vent frais, qui amène à bien se couvrir. Pour ma part je porte une doudoune qui me tient bien chaud. En début d’après-midi j'ai été réglé  des détails administratifs auprès de le sécu et de la CAF, afin de ne pas avoir de mauvaises surprise lorsque je serai à Paris. Mes dossiers devraient être bouclés d'ici la fin de semaine.

J'ai également appelé mon beau-père, comme hier et avant-hier, pour prendre des nouvelles de ma belle-mère. On lui a enlevé hier soir le drain que l'on le lui avait posé il y a quelques jours, mais son état général ne va guère mieux. En plus des douleurs qu'elle a dans les os, j'ai appris qu'elle en avait également dans les jambes et dans les bras, dû également à son cancer généralisé. Ma belle-mère devait reprendre ses séances de chimiothérapie à partir de la semaine prochaine, mais l'oncologue pense que son corps ne pourra pas le supporter, qu'au contraire cela affaiblirai plus encore ma belle-mère, et ait donc défavorable à la poursuite des soins, préconisant uniquement la prise en charge de la douleur à coup de morphine et autres médicaments. Il s'ensuit qu'une réunion familiale avec l'oncologue est à programmer pour décider de la marche à suivre, soit l'acharnement thérapeutique, soit l'arrêt des soins et l'attente plus ou moins imminente de la mort de ma belle-mère. Pour mon beau-père, l'affaire est entendue dans ce sens où, comme il me l'a dit, chaque soir il angoisse que l'hôpital l'appelle pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. De même, lorsqu'il s'agira de décider avec ses trois filles de la poursuite ou non des soins, il est plus que dans l'embarras quant au choix à faire. Sincèrement je ne voudrai pas être à sa place, à celle de Cynthia et de ses sœurs. Oui, c'est décider non de la mort d'un être, elle est condamnée, mais de la durée de vie que l'on veut lui octroyer. Soit le maximum, ce qui implique la chimiothérapie sans ôter pour autant les douleurs, soit pour laisser venir naturellement sa mort afin qu'elle souffre le moins longtemps possible. De même, il serait bien qu'elle puisse donner son avis, mais en l'état elle n'est plus capable de raisonner, de comprendre ce qu'on lui dit, et passe l'intégralité de ses nuits et de ses jours à dormir, à trois ou quatre heure près, heures d'éveil où elle est complètement somnolente, à moitié endormie, et  incompréhensible lorsqu'elle s'exprime.

Oui, plus ça va et plus je pense à ma belle-mère, plus je m'en inquiète et, comment dire, plus je tremble à l'idée de sa mort, de sa fin sûrement prochaine. Oui, me dire que peut-être je ne la reverrai plus est une idée douloureuse, que j'ai bien du mal à visualiser, même si ma raison me dit que c'est inévitable.

mardi 22 septembre 2015

De la mémoire

22 septembre 2015


Me laisser aller, dans la nonchalance, l'indifférence, à l'image de ce temps maussade et pluvieux, là où les anges n'existent pas, pas plus que les petits diablotins. Folle est notre imagination. Nous avons crée, grâce à notre faculté de parler, d'inventer des mots, de créer de toutes pièces des langues, des langages, d'inventer un sens à tous ces mots employés, oui, notre imagination ainsi épaulé par le langage a créée des dieux, des vierges, à imaginer des saints, des saintes, des messies et des prophètes, le bien et le mal, le destin et le hasard, des valeurs, à définir ce qu'est l'amour de ce qui n'en ait pas,etc. Oui, notre race, notre espèce est faite pour cogiter. Ne me demandez pas pourquoi, mais l'évidence s'impose ainsi. Même composer un morceau de musique, pour le musicien en tout cas, c'est une manière de s'interroger ou de mettre une réponse à une réflexion interne qu'il ne peut, le plus souvent, verbaliser.

Oui, drôle d'espèce nous sommes, même si le plus souvent nous ne sommes guère amusant. Plus je meurt, plus j'en ai conscience, vivant la mort et la vie simultanément, car l'une est irrémédiablement liée à l'autre, elles se succèdent sans relâchement, sans temps de répits, sans pause, se confondant l'une l'autre, indissociables, inséparables, et lorsque je vois l'une, c'est immédiatement l'autre que je vois également, en même temps. Oui, fini le temps où des pans de passé semblaient encore présent, comme s'ils n'étaient pas complètement mort, comme s'ils étaient encore là, présents, existant et vivant encore quelque part, indépendamment du lieux qu'est notre mémoire. Je réalise bien que chaque moment qui passe, que chaque instant que je vis, est immédiatement déjà mort, avant même que je n'ai eu le temps d'en prendre conscience. Alors où s'arrêter, sur quoi s'arrêter ? Enfin de compte nous pensons voir la vie, voire la contempler, mais au final nous ne voyons que sa mort, d'instant en instant, dérouler sous nos yeux. Certes nous découvrons une chose, un être, un son, à un moment donné et, prêtant notre attention à ces derniers, nous pensons nous concentrer sur du vivant, d'être dans l'instant présent. Oui nous sommes peut-être dans l'instant présent,mais ce présent qu'il nous semble vivre, qu'est-il, sinon une succession de temps mort, passés, enfuis, à jamais révolus. Seule notre mémoire rend nos découvertes encore vivantes, existantes. C'est pourtant sur des choses mortes, à partir de choses mortes, que nous bâtissons, construisons, tant soi-même que notre environnement. Rappelez-vous lorsque vous avez appris à compter ou à lire. Tous ces moment d’assiduité sont bel et bien mort et, ce, depuis des lustres. Mais c'est là qu'intervient la magie de la mémoire, car même si le contexte à définitivement disparu, nous avons gardé en nous présent son contenu, faisant de ce contenu quelque chose qui serait comme immortel. Aussi, lorsque pour une raison ou une autre, notre mémoire commence à faillir, c'est la mort définitive, à son tour, du contenu qui semblait immortelle.

Oui, la mémoire n'est la moindre des capacités de notre corps, et parce qu'elle est située dans notre cerveau, lui aussi n'est pas le moindre de nos organes essentiels. Aussi, quand celui-ci commence à  se détraquer, c'est, de mon point de vue, très mauvais signe, révélation de complications inévitables, tôt ou tard. Bien avant que je n'ai des tumeurs au cerveau, j'avais déjà des pertes de mémoire. Cela était dû à tous les psychotropes que j'ai pris durant plus d'une décennie, Xanax en tête, qui agit de manière radicale sur la mémoire. Aussi, même si j'en prend, s'il est bien un médicament à éviter, c'est bien celui-là. Comme me l'a dit mon psychiatre et comme je le savais, il existe plusieurs   famille de calmant, faites avec des molécules différentes, et le Xanax est fait à partir de benzodiazépine. Comme me l'a clairement fait comprendre mon psy, une fois que l'on a touché à un calmant fait à partir de benzodiazépine, les autres calmants fait à partir d'autres molécule ne nous font plus aucun effet. Je précise que ces autres familles sont moins nocives pour la santé et le cerveau. Dans la famille des benzodiazépines, le Xanax est l'un des plus puissants, voire le plus puissant, et sa nocivité est reconnue par tous les psychiatres. Cependant, son effet sur les crises d'angoisses ou d'anxiétés est tel, qu'il encore prescrit grâce à son effet quasi-immédiat. Effectivement, vous en prenez un et, une demi-heure plus tard, vous en ressentez déjà l'effet. Il vous apaise, certes, mais vous endort en parallèle, plus ou moins selon les personnes, vous déconnecte de la réalité en ce sens où il agit en faisant en sorte que vous n'ayez pas bien conscience du moment présent, agissant ainsi sur la mémoire puisque vous vous souviendrez de moins de chose que si vous étiez dans votre état normal, et, vous endormant plus ou moins, réduit votre faculté de concentration, de réflexion et de raisonnement, permettant ainsi d'éloigner de votre esprit l’inquiétude, l'angoisse ou le stress qui vous habite. Cependant son effet à une durée limitée, comme tout médicament, et son effet sitôt disparu, ce sont vos angoisses qui vous reviennent en pleine gueule. Du coup on en reprend un autre et, à force, comme la cigarette qui réclame sa dose de nicotine, notre cerveau s'y accoutume, réclame sa dose de benzodiazépine, puis, à force d'en prendre, ses effets se font moindre, il nous faut augmenter les doses, cela jouant donc plus encore sur nos facultés intellectuelles et détraquant un peu plus encore notre mémoire.

Tout ceci pour dire que sans mémoire, l'être humain n'est plus rien, ne peut plus faire grand chose, ne peut plus bâtir, construire, créer, et qu'il est donc important de prendre soin d'elle, de la ménager et de l'entretenir, dans la mesure du possible, en évitant de prendre des psychotropes qui, insidieusement, lentement mais sûrement, foutent vos cerveau en l'air. Aller voir un psychiatre ou une psychologue pour une thérapeutique verbale et non chimique, relève à mon avis d'un meilleurs usage. Pour ma part, si j'ai faix le choix de ne pas le faire, c'est parce que je ne vois plus l'intérêt de le faire, de faire cet effort, car c'est un réel effort lorsque l'on est pas bien moralement d'attendre que le dialogue commence à produire ses premiers effets positifs, cela peut prendre un mois comme une année, voire plus, donc j'ai fait le choix de la facilité car j'envisage ma mort dans un délai relativement court.

Donc ma mémoire est de moins en moins performante, mais cela ne me dérange plus du tout, car je n'ai plus rien à bâtir, à construire, je vis au jour le jour, au gré de mes humeurs, sans emmerder personne pour autant, mais n'acceptant pas d'être agressé ou trop déçu par les personnes, famille ou non, ne m’embarrassant plus d'écarter de ma route qui me pose problème, car ce que je veux c'est la paix, mais une paix royale avec moi-même qu'il est hors de question que quiconque vienne bousculer ou remettre en cause. De toute façon j'ai bien compris que les gens  en bonne santé, dont la vie n'est pas clairement et limpidement en da, nger, que leur mort n'est pas imminente, ne peuvent comprendre ce qui me fait du bien, y compris dormir à la rue s'il le faut, dès lors que j trouve cela plus salutaire pour moi, bien égoïstement, que d'autres solutions où je serai obligé d'être dans le compromis, voire l'acceptation, la soumission à des choses ou des êtres qui n'en méritent pas la peine. La diminution de ma mémoire m'aide dans tout cela, elle me permet de faire des deuils très rapidement, d'oublier également rapidement ce qui a pu me contrarier, m'énerver, permettant ainsi que ma mauvaise humeur du moment disparaisse également à son tour, laissant éventuellement d'autres portes s'ouvrir, y compris certaines que j'avais fermé auparavant.

De ma soeur...

22 septembre 2015


Suis-je triste ? Non. Suis-je déçu ? Pas vraiment, tant ce que je redoutais est survenu, mais vraiment pas à ma plus grande surprise. J'ai donc eu ma sœur hier soir au téléphone dont c'est d’ailleurs l'anniversaire aujourd'hui. Elle m'informa qu'elle ne pouvait me prendre que la première quinzaine d'octobre. Concrètement cela signifie que je ne sais où je dormirai après et où et comment je pourrai recevoir ma fille. Aujourd'hui je vais voir avec mes amis si une solution est possible, ce dont je doute. A ma sœur, j'ai donc signifié que je ne resterai pas quinze jours, tout au plus une semaine, et qu'après j'irai dans à la rue, dans les foyers de SDF. Elle, elle m'incitait à aller chez m mère qui,  lui racontant notre accrochage à sa sauce, lui aurait dit que sa porte était grande ouverte. J'étais sidéré que ma sœur l'ai cru  plutôt que moi. Effectivement, lorsque ma sœur se sépara du père de sa fille, le temps qu'elle trouve un  travail puis un logement, ma mère l'hébergea avec sa fille alors âgée de 4 ou 5 ans. Combien de fois ma sœur ne s'est pas plaint auprès de nous, moi et mon frère, de l'ingérence de ma mère dans l'éducation de Lùa ? De même, lorsque ma sœur avait le malheur de répondre à ma mère pour défendre son rôle de parent, combien de fois ma mère lui répondait que si c'était ainsi, autrement dit si on lui interdisait de s’immiscer dans l'éducation de Lùa, à plus forte raison lorsqu'elle permettait à ma nièce des choses que sa mère lui interdisait, lorsqu'elle se permettait de remettre en cause les propos, les valeurs que ma sœur voulait inculquer à sa fille et, ces scènes, car c'était de véritables scènes, ma mère les faisait en présence de la petite, je ne pu m'empêcher de dire hier soir à ma sœur qu'elle avait courte mémoire. Combien de fois n'ai-je pas vu, entendu, ma sœur pleurer à l'époque suite à ces scènes ? C'est d'ailleurs l'époque où elle est entrée en dépression, se sentant impuissante et complètement démunie, à la merci totale des volontés de ma mère. Oui, même si elle a des convictions, ma sœur n'est pas pour autant ce que l'on appelle nature forte. Il est très facile de la déstabiliser et elle a beaucoup de mal et met beaucoup de temps à se remettre d'un conflit, d'une dispute ou d'un profond désaccord. Ainsi, son système de défense est la fuite. Éviter les sujets qui peuvent fâcher, éviter de côtoyer les personnes qui peuvent la fatiguer ou lui apporter des problèmes supplémentaire, comme moi et ma maladie par exemple, car c'est vrai, elle est fragile psychologiquement, très fragile, toujours à la limite d'une nouvelle dépression, des dépressions régulières qui ont jalonné tout son parcourt depuis près de trente ans. A la fin de notre conversion téléphonique, elle se mit à pleurer. Je lui dis que cela ne servait à rien, que je ne lui en voulait aucunement de ce changement de programme, que je savais qu'elle faisait ce qu'elle pouvait et qu'elle n'avait pas à culpabiliser de quoi que ce soit envers moi. Je lui demandais simplement de ne plus jamais me parler de notre mère, que je ne voulais plus entendre parler d'elle.

Ah, quelle drôle de famille que la mienne, entre ma mère, mon père défunt, ma sœur, mon frère et moi, que des cas, c'est l'impression que cela me donne tant nos caractère et tempéraments sont différents. D'ailleurs, souvent je me demande à quel titre nous pouvons nous considérer comme étant une famille, à part génétiquement, tant chacun est dans son coin, moi y compris, n'éprouvant pas spécialement le désir de se voir, d'être ensemble. Depuis l'apparition de ma maladie, je constate la réaction des uns et des autres, et j'avoue que je m'attendais à autre chose, à plus d'attention de la part de mon frère et ma sœur, surtout dans les actes. Mais non, rien n'a bougé, rien n'a changé, comme si je n'étais pas si malade que ça, que ma fin n'était pour demain, qu'il aurait bien le temps de s'inquiéter et de « profiter » de moi lorsque les jours critiques arriveront. Je crois qu'ils ne réalisent pas vraiment quel est mon état, pas plus qu'ils n'ont conscience de l'avancée de ma maladie et des conséquences présentes et à venir. Malgré toutes les informations, explications, réponses à leurs questions, je crois que tout cela reste bien abstrait pour eux.

Donc depuis ce matin, depuis mon éveil, je suis réellement dubitatif, me demandant à qui me fier, sachant que je ne dois pas compter plus que ça, voire pas du tout, sur ma famille. Reste les amis. Mais eux ne pourront pas m'aider comme j'en ai besoin sur la durée, c'est-à dire le temps que je trouve un logement sur Paris. De même, ils n'habitent pas des palaces, des châteaux, et je ne suis pas sûr qu'ils aient assez de place, assez de lit, assez de matelas, pour m'accueillir avec ma fille le cas échéant. Ensuite se pose la question de l'argent, car si l'on peut vivre à Rennes ou Belfort avec 900€/mois, à Paris c'est mission quasi impossible. De plus, ayant fait mon changement de CAF mi-septembre, organisme qui me verse mon allocation adulte handicapé, je ne suis même pas sûr de la recevoir en temps et en heure début octobre. Ainsi, c'est les poches vides que j’atterrirai à Paris le 30 septembre, et elles risquent de le demeurer encore longtemps après, selon la durée de traitement de mon dossier par la CAF de Belfort. Bref, à chaque mois ses problèmes. Ce mois-ci fut celui de mon Spectro IRM à passe en urgence, le mois prochain sera celui des ressources financières.

Je pense à mes deux radionécroses ou tumeurs cancéreuses, selon l'avis de l'un ou de l'autre, et je me dis que tous ces problèmes, mon hébergement, celui de ma fille, l'argent, sont bien dérisoires comparés à leur évolution, tumeurs qui grossissent toujours, créant ainsi un peu plus d’œdème en conséquence et les effets secondaire qui vont de pair, crise d'épilepsie, trouble du langage, de la mémoire, des mots, de la réflexion, perte de dextérité de ma main droite, perte du sens du toucher de mes doigts droits. Oui, comparée à l'évolution de ma maladie, du risque de mort que j'encourre de son fait, que peut m'importer de retourner à la rue, dans des foyers sociaux ou autres, si cela peut me permettre d'obtenir un logement ? Oui, si je ne trouve pas de solution pour voir, être avec ma fille pendant ses vacances, alors dès la seconde semaine d'octobre je quitterai le domicile de ma sœur, irai à la rue, appellerai le SAMU social afin d'avoir un endroit où dormir le soir-même, appel à réitérer chaque jours pour être sûr d'avoir un lit dans l'un de leur foyer, et, parallèlement aux démarches que j'entreprendrai avec Frank et son ami pour monter un dossier de demande de logement, je ferai de même avec l'assistante sociale du SAMU et l'assistante sociale de l'hôpital La pitié-salpêtrière. Oui, il faut savoir ce que l'on veut, quitte à vivre dans de misérables conditions un temps plus ou moins long, et ce que je veux, c'est être suivi médicalement à Paris et avoir un pied à terre solide là-bas.

Si avec mes amis, je ne trouve pas de solution pour pouvoir être avec ma fille, tellement je ne sais combien de temps il nous reste pour se voir, toujours apprendre un peu plus à nous connaître, je crois que je serai même capable de ré-appeler ma mère pour qu'elle nous loge. Bien évidement je sais qu'elle dira de suite oui, car elle sait qu'elle a déconné en me faisant son chantage de merde, et pensera qu'ainsi je le lui pardonnerai. Mais ça, cette solution, je ne la garde qu'en ultime recours, car j'hésite encore entre satisfaire mon ego qui, attaqué, blessé, m'incite à ne plus la voir du tout, et ce que je pense être l'intérêt de ma fille, c'est-à dire me voir. Quoi qu'il en soit, même si je prenais ma fille chez ma mère, sitôt Jade rentrée chez la sienne, je quitterai la mienne, irai à la rue et appellerai le SAMU social, tel que prévu dans mes plans avec uniquement trois semaines de décalage. Je ferai donc une paix provisoire avec ma mère, mais après cela je l'éjecterai de ma vie. De même, si je lui demande de nous héberger, je lui ferai bien comprendre qu'après elle n'aura plus de nouvelles de moi, que cela ne changerai en rien ma décision de la sortir de ma vie afin de n'être plus tributaire de ses humeurs.

lundi 21 septembre 2015

Diagnostique

21 septembre 2015


Il y a bien longtemps que ne me suis pas levé aussi tôt, 7H00, et il est à présent 9HOO, je suis à la terrasse de café de l'hôtel Saint-Christophe, hôtel de ville face à moi et Cathédrale sur ma gauche, au bout de la grande place. Depuis mon réveil j'ai mal à la tête et je viens donc de prendre un cachet en conséquence. Je pense à mon rendez-vous tout à l'heure, vers 14H00, avec mon radiothérapeute, mais cela avec contrariété. Oui, ce matin ma maladie et ses contraintes m'agace. J'en ai marre des examens, des rendez-vous,  des médicaments à prendre matin et soir, de voir un psychiatre, de prendre à nouveau des psychotropes, de ne plus avoir de bonnes nouvelles concernant mon cerveau et mes tumeurs. Pour tout dire, je me sens en colère, une colère intérieure, mais présente néanmoins.

De même je pense à Paris et me dis de plus en plus que, dans la limite du possible, je ne dois compter sur personne là-bas, pas plus sur ma famille que sur mes amis, si je dois parfois y résider une semaine, un mois, voire plus. Donc je vais tout  faire en octobre, le maximum de démarches, aller voir tous les services sociaux que je peux, faire jouer toutes mes relations pour trouver très rapidement un logement, quitte à refaire ce que j'ai fait en débarquant à Lyon pour rencontrer Cynthia. En effet, au début j'ai dormi dans des foyers d'hébergement, ceux des SDF, puis ai été pris en charge par une assistante sociale pour qu'elle m'aide à trouver un logement. Seulement j'ai été plus rapide qu'elle, et j'avais trouvé l'emploi et le logement bien avant qu'elle n'intervienne. Seulement à Paris ce sera différent car je ne peux plus travailler et qu'avec mes faibles ressources, l'allocation pour adulte handicapé, je serai complètement dépendant des commissions qui étudient les dossiers de demande de logement. Mais si je dois en passer par là encore une fois, je le ferai sans l'ombre d'une hésitation. Certes, à priori ma sœur est d'accord pour m’accueillir avec ma fille en octobre, mais au-delà je ne suis sûr de rien et j'avoue ne pas lui faire confiance plus que cela. Oui, j'ai plus confiance en mes amis qu'en ma famille. Eux, je le sais, me logerai le temps qu'il faudrait, à chaque fois qu'il le faudrait, mais je sais que je serai une véritable charge pour eux, ce que je ne veux pas être.

A cause de tout cela, à cause de la distance entre Paris et Belfort et de mes finances, j'ai l'impression de préparer, de mettre en place ma séparation d'avec Cynthia, bien malgré moi, mais si je veux être correctement soigné, il me semble que je n'ai pas d'autres choix tangibles.

A côté de moi, quatre hommes de mon âge sont installés à une table. Ils parlent essentiellement politique, économie et finance, de l'état de notre pays, de notre gouvernement et de notre président. Même si sur certains points j'étais en parfait accord avec leur pensée, néanmoins je ne me sentais pas du tout concerné à titre personnel. Oui, ils s'entretenaient sur un monde par lequel je ne me sens plus concerné. A un moment ils parlèrent de taxe foncière, d'impôt sur le revenu. Là aussi je ne me sentais nullement concerné, même si j'en avais encore à payer dans l'avenir. Effectivement, je crois que si j'étais seul, sans Cynthia, je ne paierai plus rien, car que peut me faire l'état, le fisc, le propriétaire de mon logement, qui soit pire que ma maladie qui me tue lentement ? Oui, ce n'est pas très citoyen ce que j'exprime, mais comme j’exècre notre système, la loi de l'argent et uniquement elle, je pourrai enfin agir selon mes conviction. Mais l'on pourrait m'objecter que si je suis pris en charge à 100% pour ma maladie, c'est quand même grâce à toutes ces taxes que vous payez les uns et les autres, et que je ne devrai pas me permettre de cracher autant sur notre système. Dans un sens,parce que le système est ce qu'il est, vous n'auriez pas tort. Mais de mon point de vue, si l'on abrogeait le droit à la propriété, si l'on répartissait de manière juste et beaucoup plus équitable les richesses, je ne vois pas pourquoi dans un tel système ma maladie ne pourrait pas être pris en charge, ou à mes propres frais puisque les salaires seraient normalement équitables et les prix de quoi que ce soit seraient donc établis en fonction de ces derniers, de salaires peu ou prou identiques pour tout le monde, ou parce que nous aurions trouvé, mis en place, un autre système d'échange que l'argent, les banques n'ayant plus de raison d'être dans ce monde-là.

Il est à présent 16H30, cela fait une heure que j'ai quitté mon radiothérapeute et l'oncologue qui me suivent au Mittan, annexe du CHU de Besançon, et depuis, toujours assis à la terrasse de café du Saint-Christophe, je contemple le ciel, les quelques nuages blancs qui le traversent, je suis dubitatif. L'oncologue m'a confirmé ce qu'elle m'avait dit la semaine dernière, qu'aucune chimiothérapie n'était possible et que la seule, générale, ne servirait strictement à rien, ne pourrait agir sur ma tumeur. En ce qui concerne ma plus grosse tumeur, elle ne croit toujours pas que c'est une radionécrose, mais bel et bien une tumeur cancéreuse qui continue de grandir, de grossir. Mon radiothérapeute, quant à lui, croit que c'est une radionécrose avec dans son noyau, toujours active, se trouve une tumeur cancéreuse. Lui aussi m'a dit qu'elle pouvait continuer à grossir. Pensant que j'ai donc des radionécroses, il m'a également dit qu'heureusement nous n'avions pas fait les séances de radiothérapies initialement prévues, car cela n'aurait qu'empirer la situation. Tout comme mon oncologue, Héloïse, il va me faire un courrier à l'attention professeur que je rencontrerai à Paris, lui signifiant que dans mon cas, il ne voyait que la chirurgie possible, même si mes tumeurs sont localisées dans un endroit très sensible de mon cerveau, tout acte chirurgicale pouvant entraîner une paralysie totale de ma personne, la perte du langage et tout ce qui va avec. C'est pour moi une raison supplémentaire de n'être qu'avec des personnes qui me foutent la paix, voire mieux, d'être seul. Oui, seul, je serai sans pression supplémentaire, celles de faire des efforts de comportement par exemple, de pouvoir faire la gueule si je suis irrité pour une raison ou une autre, à commencer par ma maladie, surtout si je devais me faire opérer, idée qui ne m'enchante guère, je l'admet bien volontiers. Même si l'hôpital La pitié-Salpêtrière a les meilleurs neurochirurgiens de France et les technologies qui vont avec leur discipline, ce serait quand même une opération à haut risque, à cause de la localisation de mes tumeurs, de leur emplacement dans mon cerveau.

Prenant de mes nouvelles il y a quelques instant, Cynthia me demandait si j'accepterai d'être opéré, malgré tout les risques. Je lui ai répondu que cela faisait une heure que je me posais la question et que je n'avais aucune réponse claire sur la question. Aussi, comme elle me l'a dit, attendons de voir ce que donnera mon entretien à Paris, quelles conclusions tireront de mon cas le professeur et les différents intervenant que je ne manquerai pas de voir, oncologue pour commencer, mais également peut-être neurologue, neurochirurgiens, etc. Oui, octobre se révèle un bel inconnu et, ce, à tous les niveaux, que ce sot au sujet de ma maladie ou à mes rapports avec ma famille, ma fille en tête. Je fonde de grands espoirs sur le professeur et l'équipe qui me prendra en charge, mais je e suis pas dans le rêve pour autant. J'ai bien conscience que, quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils décident, ce sera pour limiter les dégâts, mais que d'autres problèmes, aggravant la situation, confirmant l'évolution de ma maladie, subviendront plus tôt que tard.

dimanche 20 septembre 2015

De ma mère...

20 septembre 2015


Aujourd'hui je suis dans le gaz depuis mon lever, vers 10H00. Cette nuit, comme la nuit précédente et encore la précédente, des nausées m'ont réveillé, toujours à la même heure, vers 2H00 du matin, entraînant des vomissement dans la foulée. Oui, ce n'est pas un sujet réjouissant, mais il en est ainsi en ce moment. A présent il est 14H00, je suis place Saint-Christophe, et tente de m'éveiller. Cela va être difficile, car Belfort étant une ville presque morte en semaine, le samedi étant l'exception, je vous laisse imaginer ce qu'est le dimanche dans ses rues. Aucun stimuli, ou presque, pour accaparer votre pensée, forcer votre attention, bref, inciter votre esprit à se réveiller.

Ce matin j'ai reçu un SMS de ma mère dans lequel elle s'excusait de sa réaction au téléphone, hier soir, à mon égard. C'est bien la première fois qu'elle s'excuse de quelque chose auprès de moi, et je ne sais quelles conclusions en tirer exactement. Effectivement je l'ai appelé hier au sujet de l'organisation de mon séjour à Paris, chez elle, avec et sans ma fille, et la conversation a dérivé sur ce que je disais à ma fille à propos de ma maladie. Là, tout a dérapé lorsque j'ai constaté que ma mère se permettait, une fois de plus, de mettre en cause mes propos à l'égard de Jade. Avec ma sœur et sa fille, Lùa, pendant au moins une décennie, elle a empêché ma sœur d'être mère, remettant systématiquement en cause la manière dont ma sœur voulait éduquer sa fille et ce, devant Lùa. Le résultat immédiat fut que dès l'âge de cinq ans ma nièce répondait à sa mère, ne lui obéissait pas, car elle se savait soutenu par sa grand-mère. Lors de ma séparation avec la mère de ma fille, je dû rendre mon appartement et habita un temps chez ma mère. Lorsque je prenais ma fille les week-end, elle n'a pu s'empêcher d'agir envers nous comme elle avait agit ma sœur et sa fille. Mais je ne suis pas ma sœur, très loin de là, et cela me valu de nombreuses disputes avec ma mère, car il était hors de question qu'elle usurpe ma place de parent. Là-aussi, nos disputes se faisaient souvent en présence de ma fille qui n'avait alors que 3 ou 4 ans, ma mère étant trop stupide pour m'exprimer ses désaccords en dehors de sa présence. Ainsi, comme je le lui disait déjà à l'époque à propos de ma sœur et sa fille, elle n'était pas la mère de nos enfants et n'avais pas à s’immiscer dans leur éducation à notre place, n'hésitant pas à nous remettre en cause envers elles. Mais ma mère est obtuse, têtue, à en devenir royalement conne parfois. C'est donc ce que lui ai répété pour la énième fois hier et là, car c'est son seul moyen de pression, elle fît ce qu'elle sait le mieux faire, c'est à dire du chantage. Puisque je ne lui donne pas le droit de me contredire auprès de ma fille, et bien que je me démerde pour la loger pour les vacances d'octobre, elle ne la prendrai pas chez elle, pas plus que moi, c'était en substance la teneur de ses propos. Calmement je lui ai répondu que ce n'était pas un problème, mais que dorénavant je coupais les ponts avec elle, comme je l'avais fait naguère avec mon père, qu'elle n'aurait plus de mes nouvelles pas plus que de ma fille, que cela en était fini de ses chantages, puis lui ai raccroché au nez. Dans la foulée j'ai donc appelé ma sœur afin de savoir si je pouvais organiser mon mois d'octobre chez elle, ce qu'elle a accepté. A présent je me retrouve avec le mea-culpa de ma mère sous les yeux et hésite à l'appeler ou non, sachant qu'il serait plus simple et moins fatiguant pour moi de passer le mois d’octobre chez elle.

Hier toujours, j'ai également appelé un bon copain, Frank, afin qu'il m'aide à avoir un logement social sur Paris, via ses relations, au cas où l'hôpital La pitié-Salpêtrière accepterait de me prendre totalement en charge. Ainsi tout deviendrait plus simple pour moi, plus calme, plus tranquille, lorsqu'il s'agirait de me faire soigner ou de recevoir ma fille. Je n'aurai rien à demander à quiconque et ne devrait rien à personne, situation qui est de loin ma préférée.

Je repense à ma mère, elle me désole, ce n'est pas d'aujourd'hui, et pourra très facilement « oublier » la scène qu'elle m'a faite hier, car ce n'en est qu'une de plus, cela fait 40 ans que cela dure, aucun de ses enfants n'a jamais pu et ne pourra l'amener à se remettre en question par rapports à nos besoins, à ce que nous savons être bon pour nous, à l'accepter. Je ne suis même pas décu ou en colère contre elle, tant elle ne me surprend plus. Simplement j'en ai assez des conflits et, ce, avec qui que ce soit, cela me lasse, une lassitude sans fin, totale, et vite je m'écarte, m'éloigne, prêt à le faire définitivement, sans aucun remord, sans état d'âme, et peu importe de qui il s'agit. Effectivement, ne sachant combien de temps il me reste à vivre, pensant, peut-être à tort, qu'il ne me reste que peu de temps, une année ou deux, je ne veux plus de conflit, peu importe que je sois dans le juste ou non, et j'écarte donc de ma vie tous ceux et celles susceptibles de m'en créer. Ma mère fait partie de ces personnes sujette à me créer des problèmes, c'était déjà à l'époque l'une des raisons pour laquelle j'ai quitté Paris, m'éloignant ainsi physiquement loin de moi, n'étant plus à portée de sa main ou de sonce regard inquisiteur, ce que mon frère a également fait en s'exilant à Toulouse, en ne l’appelant jamais ou presque, ne lui donnant aucune nouvelle, ce que je fis également jusqu'à l'apparition de ma maladie. Concernant ma maladie et, ce, depuis le début, ma mère ne m'a été d'aucun réconfort, son inquiétude m'a toujours laissé de marbre, et cela a été un effort pour moi de la tenir régulièrement de l'évolution de ma santé. Je l'ai fait parce que je me suis mis à sa place, en tant que parent risquant de perdre son enfant, et en souvenir des rares fois où elle m'a soutenu dans des épreuves passées sans me faire le moindre chantage.

Là, je pense à demain, à mon rendez-vous avec le radiothérapeute auquel l'oncologue veut assister. A tous les deux je leur demanderai de me faire un courrier pour le professeur que je dois rencontrer à Paris, insistant sur le fait qu'il vaut mieux que je sois suivi par son service qu'en Franche-Conté où ils n'ont ni le matériel ni la logistique nécessaire à une bonne prise en charge de mon cancer. J'espère qu'ils se montreront compréhensifs.

Ceci dit, comme hier, je ne sais pas vraiment comment je m'éprouve. Je ne me sens ni malheureux ni spécialement heureux, bien que je me sente bien, détendu, presque serein. Je me contemple et m'aperçois que je ne focalise sur aucun temps en particulier, ni hier, ni aujourd'hui, ni demain. Du coup je me demande dans quoi je suis exactement, q, uel espace-temps, quelle temporalité, tant j'ai le sentiment que rien ne s'accroche à moi, pas plus que je ne m'accroche à quoi que ce soit, hormis le désir toujours présent d'écrire, de vider par ces mots toute cette zone inconnue qui est en moi, car plus ça va et plus je me sens indifférent à tout, plus ou moins vite, mais rapidement indifférent. Pour autant je n'éprouve pas du tout l'envie de m'accrocher à quelque chose ou à quelqu'un, hormis ma fille, mais je ne sais même pas pourquoi elle et personne d'autre. Oui,  j'ai l'impression d'être en haut de l'une des quatre tours d'un château, les escaliers en pierre menant vers le bas, une tour où il n'y aurait strictement aucune pièce entre son entrée et le haut de cette dernière, même pas Cynthia, mais simplement ma fille recroquevillé dans un coin de son unique pièce, celle qui est en hauteur. Qu'est-ce que tout  cela signifie, veut bien dire ? Que je me détache malgré moi des gens, qu'il s'agisse de mes proches ou des autres ? Je le crois. Est-ce à dire que j'aurai de moins en moins de sentiments à leur égard ? Cela je ne le crois pas un seconde. Cependant, et cela je ne peux qu'en prendre acte, ils se sont tous modifiés, c'est très clair, mais je ne sais en quoi pour autant. C'est comme une autre forme d'amour et d'approche de leur personne. Ils ne sont plus les mêmes dans mon regard, c'est comme si je les voyais pour la première fois sous leur vrai jour et, en conséquence, je ne les interprète plus du tout de la même façon et les éprouve autrement. Le lien est toujours là, telle une ficelle qui nous relie, sauf qu'auparavant je la vivais comme entourant et attachée à double nœud autour de nos troncs respectifs, tandis qu'à présent je tiens la ficelle dans la main, prêt à la lâcher aisément si j'estimai cette acte nécessaire à ma tranquillité, à mon bien-être, tandis que l'autre y serait toujours lié par le tronc, comme prisonnier ou prisonnière de cette dernière. Cela me procure un sentiment de liberté et d’autonomie que je n'ai jamais éprouvé auparavant. Là aussi je suis dans une forme de détachement, même si je fait rien pour. Ça s'installe, fait son petit bonhomme de chemin, m'apaise au bout du compte, même si je comprend pas pourquoi les choses évoluent ainsi. Auparavant je pensais que lorsque l'on était gravement malade, à plus forte raison condamné, on ne pouvait que désirer se sentir encore plus proche de notre entourage, qu'il s'agisse de la n ou des amis. Dans mon cas, de mois en mois depuis deux ans, c'est l'exact conrtaire qui se produit. Moins j'ai de monde autour de moi et mieux je me porte. De même, moins les personnes s'intéressent à moi, en demandant des nouvelles de ma santé par exemple, là aussi, mieux je me porte. Tout ceci est bien étrange et, régulièrement, me laisse perplexe.

Il y a quelques instants, je me suis décidé à appeler ma mère. Très calmement je lui demandé ce que signifiais les excuses qut par 'elle m'avait envoyé par SMS ce matin. Elle me répondit que c'était par rapport au ton qu'elle avait employé à mon égard. Désireux ne pas m'attarder plus que nécessaire dans une conversation avec elle, de la forme je passai directement au fond su sujet, autrement dit le chantage qu'elle m'avait fait une fois de plus, lui expliquais très posément que je ne pouvais faire confiance à une personne qui me faisait du chantage, remettant de fait tous mes plans en question, voire me menant à l’impossibilité de les réaliser, et, toujours très calmement, lui demandait de reconnaître qu'hier elle m'ait fait du chantage. Bien sûr, à ce qui ne fut pas ma surprise, elle refusa de le reconnaître. Alors, le plus simplement du monde, je réitérai ce que je lui avais dit la veille, autrement dit que nos chemins ne se recroiseront plus. Pour moi, c'est une bonne chose de faite. Tout comme mon frère auquel je pense de moins en moins et, donc, à l'inquiétude qu'il me procurait vu son mode de vie, je n'aurai plus à penser à ma mère, à prendre sur moi ses diverses réactions, à appréhender chaque moment de relation avec elle, que ce soit par téléphone ou en présence physique, oui, c'est vraiment d'un lourd fardeau dont je me débarrasse.