dimanche 15 mars 2015

Chacun est seul - Chapitre 21

XXI


La nuit pleut, le sang coule de mes yeux, si aveugle suis-je face à mon monde que je n’en distingue même plus les étages ? L’eau coule à flot et remplie la baignoire de mes fautes, je ne sais comment arrêter ce débit qui va me noyer. La rampe a disparue, je n’arrive plus à gravir les marches. Et pourtant je veux vivre ! Rien n’est linéaire dans le cœur, la pensée le perturbe. Les vagues de mon océan fuient les déchets, elles me délaissent en conséquence. Je crée mon hécatombe, là-haut sur la falaise. Les goélands sont tristes du résultat car plus jamais je ne volerai, ne connaitrai le bonheur de l’élancée. Les airs ne m’appartiennent plus, mes nuits n’ont plus de rêves. Il ne reste que des montagnes autour de moi et la vue de leur cime épuisent déjà les efforts que je n’ai pas encore entrepris. Comment voulez-vous que j’y arrive quand l’inaccessible est devenu la condition de chacun de mes gestes ? Oui, c’est désespérant de désespoir et d’illusions perdues… Je veux mourir, je crois que c’est ainsi, chaque temps passé m’en donne un peu plus la force et le courage. Simplement, je me demande quand à présent. Bientôt est l’écho qui m’appelle… Je n’ai plus de lien avec le monde, un à un  je me suis employé à les scier. J’ai orchestré un jeu de massacre aveugle sur mes sens les plus divers et à présent je constate l’étendue du désastre, découvrant l’ultime victime en ma personne. N’est-ce pas un juste retour des choses ? C’est le juste retour des choses, l’issue ne peut qu’en être fatale, aussi fatal que je le fus dans mes délires à faire vomir. Je ne veux plus m’accorder une seule chance, je le crois, aucun avenir, aucun présent. N’ayant plus de réel désir, à quoi bon alors ? Je vais partir d’une manière ou d’une autre, c’est à cela que je suis voué. C’est bien fait.

Débrouille-toi, me suis-je entendu dire toute ma vie ou presque. Donc seul, sans elle, Judith, et sans personne, voici ce que j’entends. Aussi à quoi me sert-il d’être avec elle, de me penser auprès d’elle, ensemble, si au final je dois être seul, sans elle, comme hier et comme avant ? A quoi me sert-il de désirer sa présence, de me vouloir auprès d’elle, l’espérant entre mes deux bras si au final je reste seul, sans elle, comme hier et encore avant ? Être patient, attendre et encore attendre. Pourquoi pas ? Mais combien d’années ais-je passé dans l’attente ? C’est en décennie que je peux les compter, privilège de l’âge... Là-aussi, je me débrouillais, seul, sans elle et sans personne au final. Peut-être est-ce pour cela que je ne l’attendais pas, n’y croyant plus. Je me souviens de ces cellules de prison. Débrouille-toi, me murmurait ma petite voix, tu es seul, sans elle, sans lui et sans personne. Tu vas attendre, encore attendre, mais rassure-toi, ta liberté sera au bout. La liberté ? Quelle liberté ? Chaque jour, chaque heure, je vivais son exact contraire. Débrouille-toi pour en sortir, il n’y a pas d’autres solutions à ta sordide situation. Aussi, comme beaucoup, je me suis mis à désapprendre cette liberté. Ne plus la désirer, mettre fin à ce besoin, fût mon travail de chaque instant. Je me suis forcé à oublier ma mère, mon frère, ma sœur, mes ami(e)s, le métro, la tour Eiffel, les pigeons, bref, tout ce qui n’existe pas dans une prison. Je me souviens de toutes ces fois où j’ai craqué tant le manque était si grand, la privation insupportable. Je prenais mon rasoir Bic, au manche orange, à la tête blanche. Frénétiquement je cassais cette dernière, la brisais puis l'émiettais afin d'en retirer délicatement la lame. Précieuse, elle devenait si précieuse… Puis, placée entre mon pouce et mon index, je l’appliquai consciencieusement sur la chair de mon bras gauche, sur l’avant-bras exactement, et commençais à découper ma peau, créant ainsi une première fente jusqu’à ce que le sang coule de part et d’autre. Puis, dans la foulée, j’attaquai immédiatement une seconde fente, préférant avoir mal dans mon corps, avec mon corps, plutôt que d'être torturé par mes pensées et ce débris qu'était mon cœur. Oui, je me suis débrouillé tout seul, sans vous, sans elle, sans eux et sans personne, comme avant et encore avant, chassant ainsi mes besoins en tuant chacun de mes désirs. Puis un beau jour je retrouvai la liberté, cette étrange liberté. Mais uniquement dans le fait, point dans mon esprit, et moins encore dans les entrailles de mon cœur. Mais je dû me prendre en main, car pouvais-je faire autrement ? J’étais donc à nouveau seul, sans vous, sans elle, sans lui et sans personne. Quoi de plus normal lorsque j’y pense, car cela semblait être la norme de ma vie. Trouver la paix devint alors mon unique quête, celle de l’âme, de l’esprit, de ma conscience, de ma pensée. Fini les rasoirs, les mutilations et tout acte lié à mon corps, avec lui, pour ou contre lui. Le chimique était là, disponible à chaque coin de rue, une heure d’attente chez le médecin me soulageant enfin de mes fardeaux. Vu de là-bas, à cette place qui fût la mienne, les gains semblaient probants. Un mois de sommeil m’était assuré à chaque fois, engendrant ainsi une apparence de paix dans mon esprit. Que demander de plus ? Cependant, c’était oublier un petit peu vite que l'on s’accoutume rapidement à toutes les drogues, anxiolytiques en tête évidement. Donc, ma paix chimique disparue un jour de mon univers mental, rapidement et brutalement, et l'attente se réinstallât insidieusement dans ma boite crânienne. Ma tête tournait en rond et mes pensées m’étouffèrent tant et si bien que je devins claustrophobe. Ce fût alors d’autres attentes pénibles à supporter et à gérer, afin d'éviter la moindre crise. Néanmoins je me suis débrouillé, une fois de plus, une fois encore, comme hier et comme avant, sans vous, sans elle, sans eux et sans personne. Mais aujourd’hui, à l’heure précise de ces mots, qu’en est-il de mes attentes ? Je ne suis plus un prisonnier, ni des murs ni des idées. De même, je n’ai plus besoin de drogue pour me sentir un peu en paix. Aussi, fini l’alcool, cachets ou toute autre substance enrayant la mécanique de nos cerveaux. Je ne suis pas plus un être malheureux, très loin de là d’ailleurs, mais pour autant je ne suis pas  un être heureux. De débrouille en débrouille, accompagné parfois, cela va faire vingt-cinq ans qu'au final je suis seul, sans vous, sans elle et sans personne. Mais je crois qu'elle est là, bel et bien là, mais où exactement ? Car moi je suis ici, devant mon écran d’ordinateur, sans elle et sans vous, parfaitement seul au demeurant. Alors à quoi me sert de désirer sa présence,  de me vouloir auprès d’elle, l’espérant entre mes deux bras si, au final, je suis sans elle, uniquement avec moi-même, comme hier et comme avant ? Parce que c’est elle, parce que c’est moi, parce que c’est nous m'affirmera-t-elle, je nous voudrais « nous débrouillant » et non plus « me débrouiller ». Mais la maladie, le cancer, est là et a tout gâché, qu’il s’agisse de mon cancer ou de celui de sa mère. Oui Judith, avec toi je viens de vivre sept années de réel bonheur. Tu m’as épanoui, redonner l’envie d’exister, de vivre, de me démener afin que nous puissions construire, bâtir, à commencer par l’édification de notre couple. Même si ce fût en dent de scie, je me suis remis à travailler afin que nous ayons notre toit, notre demeure, notre nid douillet. Même si je sais que pour toi il n’en a pas été de même, nos cinq années dans notre logement à Saint-Etienne, nos balades à la découverte de cette ville, les quelques rencontres que nous y avons fait, oui, tout cela est un immense rayon de soleil pour moi. J’ai de nouveau éprouvé la joie, le plaisir dans mon cœur et, surtout, l’amour, ce sentiment si violent par sa force, sentiment que je pensais ne plus jamais croiser.

En décembre 2007, alors que je ne te connaissais pas encore, ne t’envisageai pas du tout, j’avais décidé d’en finir avec la vie. Toujours cloitré dans ma chambre chez ma mère, j’avais entamé une grève de la faim. Chaque jours je mangeai un petit moins et, très rapidement, en l’espace de trois semaine seulement, je ne mangeai plus qu’un crouton de pain par jour. J’étais bien affaiblie, ne sortais plus, ne voyais Tom qu’occasionnellement et avait coupé tous mes liens avec mes autres amis, Damien y compris. C’est alors que j’ai ouvert mon premier blog, pénétrant et découvrant un univers qui m’était jusqu’alors étranger. Je voulais en faire un blog testament, à l’attention de ma fille, étalant dessus tous mes états d’âme, tous mes regrets et mes remords, blog auquel elle aurait eu accès un beau jour, lorsqu’elle serait plus grande, arrivée à une certaine maturité, même si je ne savais pas comment lui faire prendre connaissance de ce blog, de mes écrits, dans ce futur, après ma mort. En prenant la décision de mourir de faim, je savais que ma fille perdrait son père et ce, définitivement. Dans l’état de faiblesse où j’étais, mon esprit s’éteignant peu à peu, je n’en rougissais même pas. Dans mon esprit, cela était entendu, j’avais totalement perdu ma fille qui était condamné à ressembler, à imiter, celles qui l’éduquaient, autrement dit sa mère et les tantes de cette dernière. A son tour et malgré elle, elle deviendrait une peureuse, comme sa famille maternelle, et très certainement une hypocrite à son tour, le temps du conditionnement aidant. De là à ce qu’elle devienne une lâche à son tour, c’est une éventualité dont mon esprit avait la quasi-certitude. Cependant, si sur bien des points je me suis aperçu lors des rares fois où nous nous vîmes que mes craintes étaient bel et bien fondé, j’ai également décelé d’autres comportements de sa part, d’autres particularité de sa personne, comme sa volonté par exemple, son assiduité lorsqu’elle s’employait à obtenir quelque chose, que cela soit scolaire ou non. Ces autres aspects des personne sont ceux qui m’ont fait tenir, me donnant ainsi de l’espoir, celui qu’elle ne serait pas seulement le pâle reflet de cette plate personne qu’est sa mère. De même, je n’ai pu qu’apprécier sa vivacité d’esprit. Elle comprend vite les choses, y compris lorsqu’elles sont complexes, mais pour autant je ne sais quelles conclusions elle en tire, surtout dans les faits, dans ses actes.

Que je t‘aime ma fille ne fait aucun doute dans mon esprit, même s’il est vrai que nous nous connaissons très mal l’un l’autre, tributaire en cela de nos trop rares rencontres. Cependant j’ai confiance en toi, même si parfois tu m’as déçu, et je veux croire que plus tard, lorsque tu seras une adulte, tu ne t’en laissera pas compter, que tu ne te cantonneras pas dans le non-dits ou le mensonge, que tu sauras sortir et être plus forte que les peurs qui sont aujourd’hui les tiennes. Simplement c’est moi qui ne suis plus à la hauteur désormais, moins encore qu’hier. Oui, je veux mourir et mon cancer m’apparait comme une opportunité de rapidement en finir. Ce souhait est égoïste, égocentrique, j’en ai parfaitement conscience, car je ne te demande ni ne veut connaitre ton avis sur la question, pas plus que celui de Judith ou de quiconque. D’aucun, comme Tom, diront que j’agis lâchement. J’accepte leur jugement, sereinement, sans avoir honte de vouloir baisser les bras une bonne fois pour toute.

Me remettre à penser, à réfléchir, écrire, est ardu. Cela fait presqu’une année que je ne m’étais plus plié à cet exercice, à cet effort qui nécessite attention et concentration. Effectivement, mil et une pensées m’ont traversé l’esprit depuis novembre 2103, date de l’annonce de mon cancer, mais du fait du choc psychologique engendré par cette réalité et des lourds traitements qui se sont ensuivis jusqu’à récemment, soins qui m’ont fatigué et parfois épuisé physiquement, je n’ai pu trouver en moi les ressources nécessaires, l’énergie, la volonté minimale pour me mettre à distance de moi-même, de ma maladie, de toutes les peurs et craintes qu’elle a généré, ainsi que de la fatale remise en question quant au sens à donner à ma vie présente et à venir. Le chemin ne peut plus être le même, c’est l’évidence, ne serait-ce qu’à cause de l’ampleur de la diminution physique à laquelle je suis assujetti maintenant. Un morceau de poumon en moins et ce sont toutes vos capacités physiques qui se métamorphosent. La respiration est plus lente, l’essoufflement vous guette à chaque pas comme s’il se tenait en embuscade derrière un arbre, prêt à sauter sur vous afin de vous empêcher de poursuivre tranquillement votre marche. De même, d’être pour ainsi dire resté alité pendant onze mois, constamment allongé ou presque, sans faire le moindre effort musculaire si ce n’est ceux de mes mains prenant les cachets indispensables au bon déroulement de mon parcours de soin, cela a aussi participé de ma diminution physique. Aujourd’hui tirer un caddie, porter un sac de courses, une planche ou une chaise sur un temps trop long me surprend par sa pénibilité. D’un quelconque commerce à mon domicile, quel que soit la ou les choses que je transporte, je n’ai plus le choix, je dois faire des haltes plus ou moins fréquentes car ni mon souffle ni mes bras ni mes jambes ne parviennent à me maintenir debout sans dommage, sans accros, sans tremblements, dès lors que je pèse plus que mon propre poids. Enfin il y a mon cerveau, organe qui n’est pas le moindre de notre corps. Avec trois tumeurs cérébrales, les crises d’épilepsie qu’elles ont généré, ma mémoire qui se disloque, les souvenirs qui disparaissent et tous ces moments qui s’évaporent de ma tête aussi vite qu’ils sont apparus, oui, tout ceci n’aide pas vraiment à pousser la réflexion, la concentration ou l’attention. Depuis quelques mois seulement je réalise que je suis devenu un handicapé. C’en est fini de l’élan vital propre à la jeunesse, élément essentiel de tout corps sain de maladie, élan de vie que nulle barrière ne semble pouvoir stopper à-priori. Celui que j’étais hier n’existe plus car lorsque le corps se grippe, c’est également l’esprit qui se réajuste.

Jusqu’à présent le terme « handicapé » et son sens profond m’était complètement étranger. Il désignait l’autre, celui ou celle qui n’est pas viable physiquement ou psychologiquement, et en aucun cas je ne pouvais m’y reconnaitre. Aujourd’hui tout est inversé, j’ai changé de famille, de celle des individus sains, valides, je suis entré dans celle des invalides. Pourtant, à ma plus grande surprise, je n’en éprouve aucune amertume, aucun regret. Aussi étrange que cela puisse paraitre il me semble être satisfait de ma nouvelle condition. Du coup j’en cherche les raisons tant je croyais, auparavant, que l’invalidité, le handicap, ne permettait pas de rendre un être heureux, faisant forcément de ce dernier une victime destinée à souffrir plus ou moins, que cela soit dans sa chair ou sa pensée. Mais je ne me sens nullement une victime, force est de le constater. Néanmoins, même s’il ne serait être question de victimisation dans cette histoire, cela n’en reste pas moins une épreuve, une véritable épreuve, car elle exige de combattre tant par des actes que par la forme de ma pensée. Jamais bien loin, le désespoir, le découragement, voire la déprime, sont prêts à devenir mes partenaires tels un bateau errant au gré des vents et des marées, totalement tributaire du temps et du climat, et pour lequel la destination n’importe plus. Oui, le laisser-aller est une réelle tentation lorsque l’on se pense proche du terme, que ce sentiment soit fondé ou non, lorsque l’on ne discerne plus d’ouverture, d’entrebâillement ou de fissure dans le mur qui, subitement, se dresse face à soi. Au premier abord c’est bel et bien la sensation d’être complètement démuni qui vous submerge… Les passions ne sont plus, mais restent les sensations, chimiques, électriques, qui bousculent mes spasmes. Oxygène, où es-tu ? De globule en globule, dans mon corps se promènent le parfum de la mort, le parfum de la fin, la faim d’un néant.

L’instant est futile, mais pourtant si utile
Pour porter le fardeau, un radeau en dérive
Le poids de mon corps, un corps qui se meure
A quand l’occasion de l’adieu infini
A quand l’occasion de dire c’est fini
En une boucle la roue tourne
Et me dit c’est bientôt…

Et je fume et je fume
Cancérigène détente
Qui en rien ne détend
Ni l’instant ni ma peur


Je retombe en enfance, esclave de mes humeurs parce que je ne crois plus au plaisir et recherche l’horreur. Je suis las de me battre, de rabattre et combattre toutes les flèches du désespoir qui, chaque jour, m’assaillent de toute part. Oui c’est lâche, c’est ainsi, car même si les étoiles n’existent que par la nuit, la tombe qui m’attend n’aura plus de soleil. Las des efforts, las de l’ennui, un faux ennui il faut le dire car je m’occupe obstinément, j’ai simplement envie que tout s’arrête et ce,  définitivement. A plus personne je ne suis réellement utile, chacun est grand pour suivre sa route, mener sa barque tant bien que mal, qu’il s’agisse de Judith ou de ma fille. Malgré ces lignes au ton acerbe, au ton amère, en aucun cas je ne déprime et c’est en pleine conscience du mal qu’elles peuvent produire que, néanmoins, je les étale. Je ne suis ni un homme ni une femme et si je devais me définir, c’est un poète que je serai, maudit certes, mais poète. L’existence n’est pas faite pour les poètes, elle est bien trop cruelle et, ce, naturellement. L’Homme, par sa stupidité et sa cupidité ne fait, somme toute, qu’en rajouter une couche sur l’innommable et le non-sens de cette roue qui tourne dans le vide.

A présent et ce, depuis l’annonce de mon cancer, je me sens d’humeur monotone, à l’image de la saison, l’automne, où lumière, chaleur et joie semblent s’estomper lentement, sans mot dire, mais sûrement, nous préparant à l’hiver rigoureux à venir, ses nuits froides, ses journées courtes où, si vent il y a, nous serons frigorifiés. L’automne n’a jamais été ma saison préférée, c’est même le contraire. Elle symbolise la fin à venir, à l’image de la perception que j’ai de mon cancer et même si je passe l’hiver tranquillement, j’éprouve les quatre saisons comme un long automne, quoique je projette dans l’avenir. Je repense à ma jeunesse, l’enfance exactement, toute cette période allant de mes six ans à mes dix ans. A l’époque je ne savais pas que je vivais mes meilleurs moments, vivifiants, exaltants, épanouissants, heureux, où je n’envisageais pas qu’il puisse exister des moments durs, pénibles, atroces à supporter, où la joie, le plaisir, la douceur n’auraient plus leur place. Oui, à cette époque tout était merveilleux, quoi que je fasse ou quoi qu’il se passe. J’étais en constante découverte, apprenant chaque jour de nouvelles choses, sentant que je mûrissais d’année en année, preuve que je grandissais et qu’un jour je ne serai plus un enfant mais enfin un grand, un jeune, un adulte en devenir. Cruelle a été ma désillusion lorsque pour la première fois je vis mon père frapper ma mère. Tout ce en quoi j’avais cru s’est écroulé d’un coup, sans crier gare. Est-il  possible d’exprimer ce que j’ai ressenti alors, l’impact psychologique et l’effroi qui m’a traversé lorsque je vis ma mère se faire frapper ? C’est un exercice difficile que de me replonger dans l’être que j’étais alors tant les décennies suivantes m’ont endurci, faisant parfois de moi un être froid, insensible, méchant, sadique, un provocateur qui ne ratait pas une occasion de créer un conflit, de chercher un adversaire afin d’en découdre, physiquement ou verbalement, une manière comme une autre d’exorciser mon mal-être.

Oui, déjà à peine levé, réveillé, je me prends la tête en écrivant ces lignes. Mais c’est devenu une coutume puisque chaque matin c’est ainsi. Que je fume ou non, prenne ou pas mon café, s’imprime et défile comme un télex le mot « cancer ». A force c’est épuisant, lassant, éprouvant et, parfois, déprimant. Du coup, d’elle-même, l’inquiétude s’installe et ma raison, qui le sait bien, sait pertinemment que cette inquiétude ne sert à rien. Mais rien n’y fait, elle reste, elle subsiste et je dois en prendre mon parti. Je rêve de vacance, de nouveauté, de moments neufs, mais ce télex quotidien me signifie que plus jamais ce ne sera, m’accompagnant à chaque pas où que mènent mes promenades. Penser le cancer, surtout malgré soi, vous gâche le paysage, sali l’instant, le moment présent, ouvrant ainsi une large voie à la morosité pour la journée qui débute. Déjà il n’est pas toujours simple de vivre ordinairement, en bonne santé, mais il l’est encore moins lorsque vous êtes malade et, plus encore, lorsque la maladie est mortelle. Alors je pense aux morts, ceux qui étaient en bonne santé et qui, par malchance, sont tout de même morts. Ce sont des morts absurdes, inutiles et, bien souvent, sans sens. Mais la mort a-t-elle seulement un sens ? Mon cas est différent, non que ma mort sera utile, mais si votre propre corps en décide ainsi, que peut-on y faire ? Hormis se soigner afin de gagner quelques heures, quelques jours, quelques mois, l’inéluctable est tout de même là, à court ou moyen terme.

Le jour n’existe pas
Il n’y a que la lumière
La nuit n’existe pas
Elle n’est qu’absence de lumière
Voici où se faufile notre chemin
Entre présence et non-présence
Sur un fil forcément clair et lumineux
Car s’il s’efface sous nos pas
C’est alors que nous sommes morts


La joie de vivre et le plaisir sont deux choses bien distinctes. En soi, la joie de vivre est un plaisir, indépendamment de tout autre plaisir, contentement ou satisfaction. La joie de vivre est, amène et peut procurer du plaisir, non seulement à celui ou celle qui l’éprouve, mais également à son entourage. Mais si vous n’avez pas, plus ou perdu la joie de vivre, aucun autre plaisir ne pourra vous la rendre. Cela ne vous empêchera pas de vivre des moments heureux, agréables, de vous faire plaisir ou d’en donner, mais pour autant cela ne conditionne pas la joie de vivre. Déjà, pour éprouver cette dernière, il faut être content de vivre ce que l’on vit, quel que soit le cadre, les circonstances, et avoir foi en l’avenir, parvenir à croire que demain sera au moins aussi semblable à aujourd’hui, voire encore plus agréable. C’est un état d’esprit, un état d’âme fragile, car tout évènement pénible ou douloureux peut le remettre en cause. Un état d’esprit s’installe dans la durée, même s’il ne s’agit que de quelques heures ou de quelques jours. Le plaisir, lui, est ponctuel et s’efface rapidement. Il est comme une montée d’adrénaline qui redescend presque aussi vite qu’elle est montée. L’état d’esprit, joyeux ou non, ressemble plutôt à notre cœur et à ses pompes. Elles injectent et nous inondent dans un rythme régulier d’une certaine forme d’humeur et, à moins d’un coup de sang imprévu, elles nous y installent. Un coup de foudre, un coup de cœur pour quelqu’un est, je le crois, le seul évènement capable de redonner de la joie, de l’espoir, de l’envie à celui ou celle qui a perdu la joie de vivre. Pour ma part j’ai perdu la joie de vivre dans les années quatre-vingt-dix et ne l’ai retrouvé, à ma plus grande surprise, qu’en 2008, lorsque j’ai rencontré Judith. Malheureusement, depuis 2014, celle-ci a de nouveau disparu avec l’apparition de ma maladie, ce cancer immonde qui me bouffe de l’intérieur. J’aimerai trouver le moyen d’éprouver à nouveau cette joie de vivre, mais rien n’y fait, je suis dans l’impasse.

Jusqu’à il y a peu j’appréciai chaque nouveau jour comme un don, une grâce de la nature, un cadeau que mon corps malade, handicapé, m’octroyait en me permettant justement de vivre un jour encore, un jour de plus en attendant mon dernier jour. Mais en ce moment ce n’est plus du tout cela. Chaque journée est une attente supplémentaire où, constatant dès le réveil qu’hier ne fût pas mon dernier jour, je m’interroge dès le lever sur quand il adviendra. Après, jusqu’au coucher, ça tourne en boucle. Quand ? Quand ? Quand ? Pour une raison que j’ignore et peut-être à tort, je pressens que cela est proche, imminent, que je ne passerai pas à travers les mailles du filet. La maladie aura raison de moi et parce qu’elle aussi veut vivre elle n’aura de cesse de tout faire pour se développer, grandir, se nourrir, tout comme le ferait n’importe quel fœtus dans le ventre d’une femme, quitte à ce que cette logique implacable, détruisant le tout que je suis, l’emmène à son tour vers sa propre mort. Parfois je me dis que la logique du vivant est étrangement faite, mais quel que soit le niveau auquel on l’étudie, microscopique, macroscopique ou cosmologique, elle est partout la même. Le microscopique que représentent les cellules cancéreuses, juste par volonté de vivre, d’exister, de subsister en se reproduisant, tuent à petit feu le corps qui les abritent, créant par là-même les conditions de leur mort certaine. De la même façon, à l’échelle de la terre, de notre galaxie, les êtres macroscopiques que nous sommes agissons de manière similaire et ce, pour les mêmes raisons. Inévitablement, inexorablement, nous créons également les conditions qui, tôt ou tard, mèneront à l’extinction de notre espèce et de bien d’autres dans notre sillage.

J’aimerai écrire des choses plus gaies, mais encore faudrait-il que je sache ce que veut dire le mot « triste », s’il signifie encore quelque chose dans mon esprit. Certes je vois et constate des aberrations, voire des abjections. Pour autant rien ne m’indigne plus vraiment, pas plus le sort des victimes militaires ou civiles mortes en Irak ou ailleurs, que le sort des journalistes décapités au nom d’un idéal religieux. De même, bien qu’il n’y ait qu’à eux que je puisse encore m’identifier, je n’éprouve plus de profonde empathie envers tous les malades de ce monde, les malades porteurs d’une maladie mortelle. Est-ce à dire que tout m’indiffère pour autant ? Cela y ressemble, mais ce n’est pourtant pas ce que j’éprouve. Imaginez une autoroute, ses six ou huit voies, de longues lignes droites dont on ne voit ni le début ni la fin. Moi je suis une voiture à l’arrêt sur la seconde voie, une voiture en panne qui ne peut plus démarrer, avancer ou reculer et, autour de moi, ne cessent de circuler toutes sortes d’engins, voitures, tracteurs, camions, motos, vélos, trottinettes, etc. Je vois tout cela passer, parfois en un éclair, parfois en ayant le temps de m’attarder sur quelques détails, mais plus rien ne s’imprime réellement dans ma mémoire. Au final tous passent, sans exception, et je reste là, seul, à attendre, contemplant le temps qui passe, devenant imperceptiblement impassible à toute cette circulation alentours. Dans ce contexte la joie et la tristesse n’ont pas leur place tant, enfermé dans mon véhicule, je suis déconnecté de mes semblables, vous-mêmes enfermés dans votre propre véhicule, menant vos vie comme vous le pouvez, mais avançant néanmoins vers un horizon dont vous avez l’espoir qu’il correspondra plus ou moins à vos attentes. Mon véhicule étant en panne, aucun mécanicien de génie ne pouvant le réparer, je suis pour ma part condamné à rester sur place, à faire du sur place, ma seule distraction étant de faire le tour du véhicule, le regardant, l’examinant et, parfois, le scrutant. A certains moments de la journée quelques personnes viennent à ma rencontre et, pour un temps limité, s’assoient à mes côtés. Il est vrai que je me sens alors moins seul, moins isolé, mais cela n’efface pas le pénible constat de l’état de mon véhicule, donc de mon histoire et de mon présent qui ne participent plus à la circulation de ce monde. Puis, pour ces personnes qui m’accompagnent quelques heures par jour, qui sont à mes côtés, qui sont avec moi pour ce que je suis, vient le moment de reprendre leur route, leur propre véhicule, afin de mener la vie qui est la leur, afin d’essayer d’atteindre les horizons qui leurs sont chers et, de nouveau, je me retrouve seul dans ma voiture. C’est ainsi que, de fil en aiguille, je constate que je ne suis plus d’aucune réelle utilité dans leur histoire, hormis d’ordre affective, car ma voiture ne pourra plus jamais leur servir d’escorte, de guide ou de remorqueur le cas échéant. Si un jour elles se sentent perdues, larguées ou simplement égarées sur cette autoroute, c’est à d’autres individus qu’elles devront faire appel, des individus dont la voiture fonctionne. Un corps entrain de mourir est un frein à main levé à jamais.

Je comprends que tant de philosophe et écrivains se soient penchés sur la question de la vie, de la mort. Je comprends aussi que certains individus aient inventé des Dieux, cherchant par là un moyen de comprendre, d’obtenir un semblant de réponse quant à ce mystère qui nous dépasse si totalement, cette énigme qui fait que l’on nait pour mourir. Pour ma part, du fait de mon état d’esprit actuel, cette quête effrénée à la poursuite du sens de la mort ne m’intéresse plus. C’est terre à terre que je suis en ce moment et ma seule préoccupation quotidienne consiste en la gestion de ma personne, sur le contrôle que j’ai ou non sur les émotions qui me transpercent, sur l’interprétation que je dois faire de ces dernières et sur le choix des actes que je dois accomplir ou non en conséquence. Pour l’heure j’ai fait le choix des médicaments, prioritairement, des anxiolytiques, même si je n’exclue pas que le fait d’écrire, de coucher sur du papier mes états d’âme comme ils me viennent ou s’en vont, écriture que j’accompagne parallèlement de rencontres avec un psychiatre deux fois par semaine, oui, peut-être que l’écriture et le dialogue seront un jour suffisant à maintenir debout mon esprit, un esprit quelque peu bancal en ce moment. Cependant la peur de sa propre mort est quelque chose de si intense, si puissante que, malgré tous les ras-le-bol, elle génère le désir ardent de survivre, à défaut de pouvoir vivre normalement.

J’écris, j’écris beaucoup en ce moment, un roman, une histoire, peut-être mon histoire, peut-être celle d’un autre. Quoi qu’il en soit je replonge inexorablement dans mon passé, mes souvenirs, mes expériences et mes travers. C’est d’elles dont je me sers pour citer, témoigner, dénoncer et, très rarement, applaudir. Ma vie, même si elle n’est peut-être pas proche de sa fin, est tout au moins à un tournant, dans un réel virage, tant le cancer installé sur ses terres, mon corps, peut à tout moment ressurgir, s’étaler, m’envahir puis me tuer en quelques mois. Toute histoire, y compris biographique, autobiographique, est effectivement un roman. Tout est dans l’angle, dans la présentation des faits, de ceux que l’on y insère ou non. Ainsi, en écrivant ma propre histoire, je pourrai n’y narrer que le bon, le meilleur de ma vie, occultant tout le reste, ce qui m’a fait hurler, enrager, crier, voire tuer. Je pourrai également choisir cet autre angle, celui des travers et des malheurs. Enfin, je pourrai faire un mixte des deux, mais quoi qu’il en soit, parce que je ne pourrai raconter seconde par seconde tout ce que j’ai traversé, parcouru, éprouvé, d’une certaine manière ce ne sera pas ma vraie histoire, mais juste un angle de vue n’offrant pas le panorama total de ce que fut ma vie.

Il y a malaise dans la cité, l’édifice s’ébranle, vacille, je ne sais plus de quel côté tomber. Nous sommes peut-être lundi, début de semaine, mais cela m’est étranger car pour moi chaque jour est un lundi, un mardi ou un dimanche, faites votre choix. Je regarde mon alliance, celle qui m’allie à Judith. Cependant je ne me sens plus allié ou lié à qui que ce soit, mais relié uniquement à elle, ce qui ne signifie pas du tout la même chose. Jamais auparavant je ne m’étais symboliquement allié, lié ou relié à quelqu’un par un signe distinctif que nous porterions en commun. Judith est la première et, très certainement, la dernière personne pour laquelle j’accepte de dévoiler au premier lambda croisé dans la rue, ouvertement et publiquement, mes sentiments et mon attachement. Cela a commencé il y a six ans, époque où je la découvrais. Elle portait alors un collier en mailles métalliques où pendait une petite croix. Quelques jours plus tard c’est moi qui le portais. C’était un moyen comme un autre de la sentir proche de moi en tout moment. Nos alliances sont un acte récent, directement lié et influencé par ma maladie. La peur de ma mort, de part et d’autre, nous a convaincu de nous unir plus encore. Pour tout vous dire, alors que je suis fondamentalement contre le mariage du fait de ma connaissance des origines religieuses de ce pacte, de ce contrat de merde qui, insidieusement, insinue que l’autre est notre propriété, aujourd’hui je suis pourtant prêt à me marier avec elle afin de sceller de manière définitive mon attachement à sa personne. Ainsi, même si je meurs dans quelques mois, elle pourra conserver, porter, emmener avec elle mon nom de famille si elle le souhaite. Certes, ce ne sera pas un grand legs, mais il lui restera au moins çà.

A l’instant je viens de prendre mon troisième Xanax de la journée, j’augmente la dose. Et oui, elles sont bien loin les prescriptions du médecin, prescription que je ne respecte pas. Mais l’idée de toutes ces journées à venir que je ne sais comment combler pour me vivre sereinement m’angoisse. Le simple fait d’y penser me stress, alors je me shoote une fois de plus, sans remord, mais avec regret. Mentalement je ne suis plus aussi fort qu’auparavant, avant ma maladie, et je n’arrive plus à gérer les tensions, qu’elles soient internes ou externes. Le moindre désaccord avec quelqu’un m’apparait désormais comme une guerre de tranchées, un champ de bataille similaire à ceux de la guerre 14-18, avec son gaz moutarde, ses masques à gaz, sa boue et ses morts. Oui, ma maladie me met face à un mur, celui du temps, une perspective que je ne sais plus comment concevoir, aborder, approcher.

Aujourd’hui je comprends mieux l’avantage d’être jeune et en bonne santé. A cet âge le temps est une notion indéfini tant, accoudés sur le rebord de notre fenêtre, nous ne voyons pas les derniers jours de notre fin. Du coup, puisque le temps semble sans limite, on peut tout se permettre, absolument tout. Agir ou ne pas agir, prendre des risques ou non, reporter à demain ce qui nous emmerde le jour-même, embrasser l’autre ou lui faire un magistral doigt d’honneur, poursuivre ou abandonner ses études, consolider nos relations ou les détruire, etc. Enfin de compte tous nos choix n’ont pas de réelle importance puisque le temps nous semblant infini, tout ce qui n’a pas été possible aujourd’hui se réalisera peut-être, voire forcément, demain. Il n’y a donc aucune raison de s’alarmer ou de désespérer. Cette chimère n’étant plus mon apanage, je commence donc à m’enfoncer dans un marécage qui ne veut pas dire son nom. C’est celui de la déprime, voire d’une forme de dépression que je découvre, qui m’était jusqu’alors inconnue, car il m’est invivable d’être là, d’exister, de vivre et respirer sans pouvoir me projeter dans le temps, le futur, l’avenir, le lointain, bien au-delà de mon seul horizon que constitue la semaine en cours. En conséquence j’ai pris ma décision, non celle du suicide qui est pourtant un couloir bien tentant, mais celle de me shooter un peu plus encore aux médicaments. Il n’empêche, l’idée su suicide me parle bel et bien. En finir avec l’attente, l’incertitude, notre monde merde, le capitalisme qui bouffe jusqu’à la moelle les employés, ouvriers, cadres supérieurs et autres sbires exploités jusqu’à ce que mort s’ensuive, un capitalisme qui s’assoit et fait son lit sur des montagnes de morts, n’ayant cure ce qu’avait pu être la vie de ces défunts. Je pense également aux médias, à ces pseudo-journalistes, analystes ou experts de toutes sortes qui, à longueur de journée, nous chantonnent le même refrain, la même rengaine, remplissant notre temps de cerveau disponible de cette marche funèbre qui voudrait que sans le capitalisme et la démocratie qui est son bras armé,  tous bords politiques confondus, ce serait le chaos. Le capitalisme n’a même pas deux siècles d’existence alors que la civilisation humaine a plus de huit millénaires. Comment faisait-il auparavant ? Etait-ce plus le chaos ? Certainement pas. Les injustices d’hier sont simplement remplacées par de nouvelles injustices et, comme hier, l’homme exploite toujours l’homme. Comment ne pas avoir envie d’en finir une bonne fois pour toute avec ce monde hypocrite, craintif, frileux, où quatre-vingt-dix pour cent de l’humanité se comporte comme des moutons, moi y compris ? Même si je n’adhère pas du tout aux idéologies djihadistes, terroristes, que j’exècre leurs formes d’action, je comprends néanmoins parfaitement cette colère, cette rage de vouloir détruire ce qui mène le monde actuellement, autrement dit le fric, le capital, le rendement, les dividendes, produisant ainsi les inégalités que vous savez. Si j’avais vingt-cinq ans aujourd’hui, il est fort probable que j’aurai suivi ce chemin. Mais ayant quarante-sept ans et un bagage culturel assez large pour pouvoir méditer sur l’histoire humaine, même si j’imaginais que tel ou tel groupuscule extrémistes parvenait à prendre le pouvoir, que se passerait-il ensuite ? L’histoire nous l’a appris à maintes reprises : Les régimes changent, mais les injustices restent !

Plus de pluie
Plus de larmes
Morne espoir
En ce soir
C’est l’ennui
Une belle arme
Rien à voir
Tout est noir


Oui, j’écris pour me défouler, comme l’on cogne sur un punching-ball, pour que ma plume écrase de mes lettres la poussière qu’est cette feuille blanche. C’est plus jouissif que de frapper un homme à coup de poing, à coup de masse, jusqu’à ce qu’il tombe dans l’inconscience. Ma colère est sans borne mais, j’espère que vous l’aurez compris, c’est une colère contre moi-même dont, je le sais, je ne pourrai sortir indemne. Est-ce l’hôpital psychiatrique mon horizon ou un autre mouroir ?

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