Ma guitare

Cet après-midi j'ai offert ma guitare folk a un inconnu. Ce dernier, dont je ne connais même pas le prénom, m'avait alpagué devant la mairie de Rennes, une grande place pavé et piétonne, pour me vendre le journal de l'association à laquelle il appartenait. Je n'ai pas tout compris du fonctionnement de cette association, mais j'ai retenu que leur but était de permettre la réinsertion social de je ne sais qui exactement. En discutant deux minutes avec ce jeune homme, il m'expliqua que lui-même écrivait dans ce journal qu'il vendait et qu'en page 5 je trouverai l'un des slams qu'il a écrit. Je lui pris un exemplaire de son journal et lui demandait dans la foulée s'il faisait aussi de la musique. Il me répondit qu'il commençait à faire de la guitare et, afin de progresser, qu'il comptait investir dans l'achat d'une guitare à 20€. A ce prix-là, l'instrument n'aurait pas été de bonne qualité, j'en suis certain, car une bonne guitare coûte au minimum 100€. Je lui proposais alors de lui offrir l'une de mes guitares, ma guitare folk qui m'a accompagné tout au long de ces années où je n'ai plus écris, c'est-à dire de 2007 à 2013. Oui, pendant toutes ces années je ne faisais que composer et encore composer des morceaux, investissant même dans un clavier numérique. Mais depuis l'annonce de mon cancer, la musique a cessé de devenir un refuge pour moi. Jouer, composer, ne me parle plus et depuis plus d'un an maintenant mes instruments sont dans leur housse et ne servent plus à rien. Alors autant donner ma guitare à quelqu'un qui s'en servira, plutôt que la laisser à l'abandon. J'ai quitter le jeune homme de l'association vers 13h00 et lui dit que je repasserai vers les 15h00. A l'heure dite j'allais de nouveau à sa rencontre place de la mairie, guitare à la main. A son expression je vis qu'il était surpris. Certainement ne m'avait-il pas cru à 13h00. Pourtant j'étais bel et bien là et la guitare à porté de ses mains. De suite il s'empressa de me remercier et sorti hâtivement la guitare de sa housse, histoire de la contempler. Il s'est vite rendu compte que ce n'était pas une guitare à 20€ et ne m'en remercia que plus. Sur ce, je le laissais en lui souhaitant bonne chance pour l'avenir.

Néanmoins en le quittant je ne pu m'empêcher de ressentir un petit pincement dans mon cœur. Oui, cet instrument a été une partie de moi, un prolongement de ma personne pendant de nombreuses années, et voilà que je le cédais comme l'on passe le flambeau à quelqu'un d'autre. C'était comme un petit enterrement avec un brin de regret. Je repense à Cynthia qui m'a vu partir avec l'instrument, elle qui m' a si souvent vu jouer avec depuis que nous nous sommes connus. Pour elle-aussi c'était en quelque sorte une déchirure, une partie de moi qui partait mourir ailleurs. Que vais-je faire de la guitare électrique qu'il me reste ? Et du clavier ? Pour l'instant je les conserve car, qui sait, me reprendra le goût de recomposer demain ou après ?

Aujourd'hui j'ai également un peu avancé dans mon roman, mon meilleurs des mondes. La première trame, l'histoire d'amour, se met peu à peu en place, mais je n'ai pas encore d'idée parfaitement claire sur son processus, sur sa progression, sur la tournure qu'elle prendra. Peut-être un amour platonique, qui sait ? De même, il me faut une seconde trame dans ce roman, une trame propre au monde que j'ai créé, avec ses qualités et ses défauts, une monde totalitaire où chacun est assigné à une place bien précise et pas à une autre.

Même si j'ai beaucoup écrit aujourd'hui, je n'ai pas pour autant le sentiment de m'être vidé la tête. Alors de quoi est-elle pleine, qu'est-ce qui l'encombre encore ? A chaque fois je pense que c'est à cause d'un sujet de société, comme la prime à l’activité que veut instaurer le gouvernement Valls. Si j'ai bien compris, cette prime serait versée à toute personne travaillant mais touchant moins de 1400€/mois. En soi, l'idée est bonne, mais cela veut dire que c'est nous, nos impôts, qui serviront pour une part à rémunérer des salariés du secteur privé ou associatifs. Je me dis que c'est surtout une bonne aubaine pour les patrons. Nous allons les aider à payer leur employés. Quelque part je trouve cela fort de café, même si je trouve cette somme d'appoint bienvenue pour les petits salaires.

(4 mars 2015)