mardi 9 juin 2015

Question, constat...

9 juin 2015


Ce matin et, ce, depuis mon premier réveil, vers 6h30, poursuivis d'un endormissement puis d'un second réveil, vers 8h00, je me sens d'humeur lasse. Ce n'est pas de l'ennui, quoi que cela y ressemble beaucoup, mais bel et bien une certaine forme de lassitude. Oui, déjà je le sais, comme je le savais également hier, ma journée ressemblera à toutes les autres, peu importe ce qui s'y passe ou non, ce que j'y fasse ou pas, je sais d'avance tout cela éphémère, ponctuel pour un instant, voué à disparaître aussi vite que c'est apparu, et du coup je me demande bien pourquoi je fais ce que je fais, écrire y compris. Oui, à quoi rime cette horloge du temps que je m’efforce à remplir, à quoi rime de subir le temps qui, chaque jours, nous dégrade un peu plus et, enfin, à quoi rime que j'attende le dénouement de ma maladie, de mon cancer, même si je me pose moins de question sur ce dernier, même si je lui en veut moins d'être présent, si je m'en veux moins d'être un malade, d'avoir en quelque sorte fait la paix avec moi-même, oui, à quoi rime d'attendre l'inéluctable, de ne constater que l'éphémère, le fugace, le fugitif, rien ne pouvant se garder ni s'emporter de l'autre côté de la vie ?

Cependant j'ai apprécié les quatre croissants au beurre que je viens de manger, apprécie le soleil qui me chauffe malgré le vent froid qui souffle exceptionnellement fort, et c'est sans doute parce qu'il est encore des choses que j'apprécie que je prends sur moi d'accepter de vivre ainsi, c'est à dire sans but précis, sans objectif réel, ne m'intéressant désormais qu'à très peu de chose, très peu de personne. Actuellement je suis donc en pleine lecture de Cioran, de relecture exactement, le lisant un petit peu chaque jour, me ré-imprégnant de son état d'esprit, de ses humeurs, mais j'avoue que ce n'est plus comme avant, à cette époque où j'étais sain et valide, au moins physiquement, où la mort n'était qu'un concept, où le fait de mourir ne pouvait être que l'affaire des autres, car moi je n'étais concerné que par la vie, notre société donc, et tous les tracas qu'elle génère. Depuis une bonne semaine, je ne regarde pour ainsi dire plus les actualités. Quel bien pour ma tête, quel repos pour l'esprit. Du coup, la vie paraît bien plus légère encore, plus belle également, car me fondant dans la foule toute la journée je m'aperçois clairement que nous cohabitons sans conflits, sans peur, loin de tout ce que les médias et personnels politiques veulent faire passer comme messages alarmistes. Oui, les médias, surtout lorsqu'il s'agit d'actualité, sont uniquement des bouteilles à désastres. Ils les lancent dans la mer et, après, à vous de vous démerder avec. Du coup, nous focalisons tellement sur ces quelques bouteilles que nous en oublions le reste de l'océan, sa grandeur, sa beauté, sa diversité, et nous acharnons à scruter le goulot, uniquement lui, de la bouteille. Les médias disent nous donner l'information. Quelle belle connerie,quel gros mensonge. Ce qu'ils veulent, comme toute émission télé ou radio, c'est de l'audimat et, parce que nous sommes ainsi, attirés irrésistiblement par l'horreur, l'atroce, l'insolite, nous devenons leurs adeptes.

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