mercredi 24 juin 2015

Bientôt Belfort

24 juin 2015


Aujourd'hui à Rennes, c'est la grande braderie, la plus grande de France après celle de Lille d'après ce qui se dit, je vous laisse donc imaginer le nombre de personnes qui circulent dans les rues. Pour ma grande chance, les stands de la braderie sont absent de la place Sainte-Anne, ce qui n'empêche pas qu'il y ait également du monde, mais c'est déjà plus gérable pour mon esprit. Comme hier j'ai dormi presque toute la journée, me réveillant vers 15h30. A présent il est 17h00 et, comme à mon habitude, je suis donc attablé à une terrasse de café. Depuis hier l'été a vraiment pris pied sur la ville. Il y fait très chaud, y compris à l'ombre, et le vent presque absent. Lui ne se lève que le soir, vers 20h00 ou peu après.

Comme hier, Cynthia est à cette heure à son lycée, surveillant les épreuves du BAC français. Rien de passionnant en soi, mais il faut le faire. Ce soir, parce qu'elle rentrera plus tard qu'hier, elle ne viendra pas me rejoindre au café. Pour ma part, je me demande combien de temps je vais y rester, car l'ambiance de la braderie, les hauts-parleurs tout les cinquante mètres pour promouvoir tel ou tel stand, tel ou tel article, fatiguent mes oreilles et, en conséquence, j'ai du mal à me concentrer sur ce que j'écris.

Avec une certaine impatience, j'attends ma convocation pour ma séance de radiothérapie. J'ai été au courrier tout à l'heure, mais rien, aucune lettre de l'hôpital. Je pensais qu'il ferait ça en urgence, pendant que la métastase était petite, donc plus facile à éradiquer, à tuer, tout au moins dans la théorie. Mais non, rien, c'est le calme plat côté médecine. Ce matin ma sœur m'a appelé pour prendre et donner des nouvelles. La conversation a été courte, peut-être cinq minutes, mais amplement suffisante pour moi afin qu'elle me soit agréable, non contraignante. De même, cela me rappelle que j'ai dis à mon frère que je l’appellerai cette semaine. Peut-être vais-je le faire maintenant, pendant que j'y pense. Le problème est que je ne sais quoi lui dire.

Depuis quelques jours, depuis que j'ai intégré que j'allais habiter Belfort, je regarde les rennais autrement, ainsi que la ville. Depuis le début, c'est à dire en septembre dernier, date de mon emménagement dans la ville, je ne me suis jamais senti m'y installer. Oui, je savais que j'étais uniquement de passage, pour un temps donné, mais j'ai quand même pris le temps d'essayer de m'imprégner de l'atmosphère de la ville, de me mêler à ma manière à la vie locale en allant chaque jour dans des cafés différents, rencontrant ainsi différents gérants de bar, différents serveurs et serveuses, prenant mes habitudes dans trois ou quatre café. De même, j'ai vite voulu m'habituer au climat breton, le comprendre rapidement, afin de me sentir à l'aise avec lui. Cette acclimatation se fit vite. Mais maintenant que je sais que je vais devoir quitter tout cela, je crois que je ne regarde plus vraiment personne. Ou, plus exactement, je me sens à nouveau comme un touriste, comme en septembre dernier, ne cherchant plus à en savoir plus, à comprendre qui se trouve face à moi, à interpréter leur manière de vivre. C'est comme si, dans ma tête, j'étais déjà parti, ou tout au moins sur la route, celle qui mène à Belfort. Du coup, je me sens de moins en moins dans mon élément à Rennes, ce qui est bien dommage, surtout qu'à Belfort, je le crains, le cadre de vie sera beaucoup moins agréable et, surtout, moins pratique. Mais peut-être suis-je dans l'erreur et que là-bas je trouverais chaussure à mon pied.

Bref, en ce moment il n'y a pas mal de chamboulement dans ma tête, à commencer par mes humeurs variables, le sentiment de devenir, lentement mais sûrement, de plus en plus étranger à Rennes, le déménagement à venir, les cartons que je vois déjà s'entasser, l'appartement se vider, puis le départ pour emménager à Belfort, la découverte de ce que sera mon nouvel appartement lors de l'état des lieux et, entre le déménagement et l'emménagement, peut-être y aura-t-il également un arrêt d'un jour ou deux chez mes beaux-parents, à Lyon. Après, une fois installé à Belfort, il faudra que je reprenne contact avec le centre Léon Bérard pour être à nouveau suivi par eux pour mon cancer. Donc dès septembre ou, au plus tard, octobre, je devrai prendre le TGV pour rencontrer mon oncologue et faire le nécessaire pour que mon dossier médical soit transféré de Rennes à Lyon. Les examens, IRM, Scanner, etc, je les ferai sur Belfort, mais les soins se feront tous sur Lyon. Donc en ce moment je me sens en transition, ayant l'impression de n'avoir aucun endroit où me poser réellement, complètement, et j'avoue que cela m'indispose un petit peu.

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