samedi 6 juin 2015

Lila

6 juin 2015


Quelle heure est-il ? Un peu plus de 9h00, je suis levé depuis 7h30 et suis encore dans le gaz, mais cependant déjà attablé à une terrasse de café, toujours dans le quartier Saint-Anne. Oui, dans ma tête tout n'est pas encore allumé, certaines ampoules, je ne sais lesquelles, sont encore éteintes, ce qui fait que je me sens là et pas là, réveillé et endormi à la fois, pas complètement somnambule, mais pas alerte non plus. Depuis que je suis levé je pense à Lila. Je me suis couché avec elle hier soir, relisant certains de nos échanges, et ce matin, dès que j'ai ouvert les yeux, elle était là, ou plus exactement l'un de nos échanges qui portait sur la question de Dieu, de la foi, du doute, de la remise en question ou non de la foi. A ma grande surprise, elle qui est donc musulmane et pratique sa religion, me disait qu'elle se posait beaucoup de question, peut-être pas sur Dieu en tant que tel, mais sur les écrits, les textes, le Coran. De même, elle m'a confié que jamais elle n'a été sereine dans sa vie. Si tel est le cas, je trouve cela vraiment dommage, oui, car voir défiler les jours, les mois, et être constamment comme sur le qui-vive, presque malgré soi, oui, cela doit démoraliser parfois ou, tout au moins être éprouvant.

Le cancer de Lila est donc sa tumeur au cerveau, tumeur pour laquelle elle a été opéré, certes, mais le chirurgien n'a pas pu tout enlevé, il en reste encore un quart, 25% de cette saloperie, c'est bien pire que mes trois métastases de merde, cela ne fait aucun doute dans mon esprit. Avec ses deux enfants en bas-âge, je me dis qu'elle a bien du courage, de l'abnégation, et qu'elle doit vraiment les aimer, y être attaché comme l'on se sent lié à un plaisir intense que l'on éprouve pour néanmoins prendre sur elle afin de s'en occuper et, ce, chaque jour. Je sais que les effets secondaires de son cancer et les restes de tumeur qu'il y a  dans son cerveau l'a handicape bien plus que moi, c'est évident. Physiquement, je ne sais comment elle se sent. Se sent-elle aussi fatigué, aussi lourde que je me ressens ? Car dans mon cas, je le sais, si j'avais des enfants en bas-âge, des enfants qui ont moins de sept ans, je n'arriverai pas à les gérer, à leur laisser la liberté de s'amuser le plus souvent possible, de passer du bon temps, car ma santé mentale réclamerai du silence, peu de mouvement, pas de cris, pas de pleurs, bref toutes choses qui sont justement le propre de l'enfance en bas-âge. De même, parce que je n'arrive plus à me concentrer comme avant, mais alors plus du tout, dès lors que je suis en dialogue avec quelqu'un, y compris Cynthia, je ne pourrai répondre à toutes les questions ou sollicitations de ces enfants. Rapidement je saturerai, mon cerveau, malgré moi, ma volonté, se fermerai, ne capterai plus, ne comprendrai plus ce qu'on lui dit, ce qu'on lui demande, ce que l'on attend de moi. Alors comment fait-elle, là est ma question, c'est une énigme. Donc, comme je pense qu'elle ne se ménage pas pour s'occuper de ses enfants, je me demande quand elle pense à elle, quand elle prend du temps pour se ressourcer, se recentrer sur elle, prendre soin d'elle, car la maladie et tous les soins qu'elle a en conséquence ne peuvent que la fatiguer, voire parfois l'épuiser. Donc il faut qu'elle récupère, d'une façon ou d'une autre, sinon un jour, à bout de souffle, elle ne pourra plus avancer.

Je pense d'autant plus à Lila qu'elle est jeune. Je ne sais plus son âge exacte, mais je crois que c'est autour de trente-cinq ans. N'est-ce pas malheureux que sa situation ? Là encore, comparativement à elle, de quoi ais-je à me plaindre ? Ma vie je l'ai faite et même si ma fille n'est pas encore une adulte, elle n'est cependant plus une enfant, elle peut commencer à encaisser des coups, dont ma maladie, commencer à apprendre à les gérer. De même, je le constate lors de nos conversation téléphonique presque quotidienne désormais, elle commence à s'interroger, à se poser des questions, à remettre en question des croyances, des certitudes qu'elle avait. En cela elle grandit, la maturité commence à prendre place et, de mieux en mieux, elle apprend à se prendre en charge, à se prendre en main. Donc non, comparé à la situation de Lila, je n'ai pas le droit de me plaindre, ce serait indécent, complètement indécent. Comme elle me l'a dit avec ses mots, qu'a-t-elle fait à Dieu, au destin, au sort, pour mériter pareille vie ? Alors à ma façon, moi qui ne croit en rien, je prie néanmoins pour elle, je fais des invocations en moi-même pour que son cancer la ménage, lui foute la paix le plus longtemps possible, pour que la médecine fasse encore des progrès et, ce, rapidement, afin qu'elle profite, qu'elle soit bénéficiaire de ces derniers. Ainsi, parce que je pense que c'est son vœux le plus cher, elle pourra rester longtemps avec ses enfants et, qui sait, peut-être même connaître ses petits-enfants.

Non, la vie n'est pas juste, on ne peut que l'admettre, le constater. Tous et toutes ne sommes pas sur le même pied d'égalité face à elle. Les raisons de cet état de fait sont multiples. Ce peut être la génétique, notre ADN, notre environnement, nos conditions de vie, la manière dont on s'alimente, bref, tant de raisons possibles amenant notre corps à se détraquer, que la vie ressemble parfois à un loto. On tire le bon numéro ou pas et, quelque soit le tirage, nous n'avons d'autre choix que de faire avec, de nous en accommoder, d'essayer d'en tirer le meilleur parti. Certains se découragent, plus ou moins vite, plus ou moins jeunes, même s'ils ne sont pas malades, en danger de mort imminente. D'autres se battent, font tout pour modifier la donne et il en est qui y parvienne, qui ont trouvé à force de persévérance le joker, le sésame pour une vie plus confortable.Oui, j'ai envie d'imaginer Lila dans dix ans, me donnant encore de ses nouvelles, me signifiant que ses enfants grandissent bien, qu'ils sont épanouis et qu'elle en est heureuse. Faire pareille projection, c'est donc également me projeter dans dix ans, accepter de croire que moi aussi je vivrai encore dix ans. Mais j'avoue que j'ai du mal avec cette éventualité, même si je sais que je la désire au fond de moi. Oui, j'aime l'idée de Cynthia et moi dans dix ans. Que serons-nous devenu, quel forme aura notre couple, comment sera sa maison, son jardin, son poulailler ? De même, professionnellement, son métier lui plaira-t-il toujours autant ? L'exercera-t-elle encore ou, d'ici-là, aura-t-elle pris une autre voie ? Que d'inconnu, voilà ce qu'est l'avenir, toujours, y compris demain matin, tout à l'heure. L'avenir n'est qu'hypothèse et, selon chacun, on les imagine positive ou négative, vivant ainsi le présent en conséquence, en fonction de cet état d'esprit. Celui qui voit noir son lendemain ne peut être heureux dans son présent. Celui qui voit rose sa trajectoire a plus de chance de connaître des moments de bonheur, de véritables contentements. La mort, sa présence, sa réalité, ne doit pas être pris en compte dans nos projection. Cela ne sert à rien, car même si nous savons tous que nous mourons un jour, en attendant nous sommes là, bel et bien là, et autant en profiter, tant que faire se peut, plutôt que de se lamenter sur notre sort inéluctable. Cela ne changera strictement rien à l'affaire, car aucune larme, aucun cri, aucun hurlement ne pourra empêcher ce rendez-vous pris de longue date, depuis notre naissance exactement.

Avec Lila, nous avons donc également discuté de la question de Dieu. Naïvement, j'ai toujours pensé que les croyants, quelque soit leur religion, ne doutaient pas de leur croyance, de leur Dieu et des livres qui y sont associés, Thora, Bible ou Coran. Ainsi, jamais je n'ai demandé à l'un d'entre eux s'il lui arrivait de douter de sa croyance. Et bien Lila se pose des questions, je ne sais lesquelles exactement, sur le Coran, la signification de ses messages. Se pose-t-elle également la question de l'existence de Dieu, de la réalité ou non de ce dernier, de la possibilité qu'il ne soit qu'une fable ? Je découvre donc avec Lila que les croyants peuvent douter, constatant ainsi le jugement, l'idée erronée qu'était la mienne, autrement dit qu'ils étaient des êtres convaincus. En cela, avec le recul, je me rend compte à quel point j'ai été sot, n'ai pas réfléchi, raisonné, car moi-même doutant de la non existence de Dieu, pourquoi les croyants, qui ne sont que des hommes et des femmes comme moi, pas une autre espèce, dont la psyché fonctionne comme la mienne, à coup de certitudes, d'opinions, d'espoirs, de doutes, oui, pourquoi ne douteraient-ils pas également de l'existence de Dieu ?

6 commentaires:

  1. Un coup de gueule et après? Nous ne pouvons rien contre le monde dans sa globalité à moins de s'engager en politique ou dans l'humanitaire - et encore?-. Mais à titre personnel, on peut faire en sorte qu'il soit meilleur autour de nous. Un mot gentil, un sourire, une écoute attentive et tout va mieux
    Comme vous je pense à Lila; elle est bien jeune et a le droit d'être révoltée. Un truc me surprend: elle aussi est de Fès comme votre père, comme une de nos belles filles. Drôle de coïncidence Elle se pose la question d'Allah; c'est assez rare pour une musulmane; le religion fait partie de leur vie; Dès leur enfance elle sont formatées pour cela. Athée, je ne le comprends pas toujours mais le respecte; Mais peut-être, quand on côtoye la mort la question de Dieu est elle plus récurrente.
    Avec deux belles filles marocaines, je ne détiens pas la vérité. J'essaie de les comprendre, je les aime mais cette différence de culture est parfois difficile mais l'amour chasse la haine; elles nous font confiance, nous sommes leurs parents français et comme dirait Souchon, nous avons appris " qu'on ne lisait pas tous le même journal"
    Comme vous, la manif pour tous m'a laissée sur le c...Pourquoi tant de haine face à des gens souvent très tolérants?
    En ce qui concerne notre couple, nous avons eu de la chance. Certes les plus jeunes se séparent facilement. Mais on ne leur inculque qu'une société consumériste, on ne leur apprend pas les vraies valeurs, ça n'est pas franchement de leur faute et beaucoup ne sont pas très heureux; nous avons, nous les plus vieux une grande part de responsabilité dans l'éducation qu'on a donnée.
    Autre chose: oui l'hémochromatose est une maladie, invalidante et grave ( ma maman en est morte) Mais comme pour le cancer, il faut faire avec et se dire qu'une journée de gagnée, c'est déjà cela
    Il y a un truc qui me fait plaisir dans vos écrits: vous parlez un peu moins de mort ou de cancer. Le signe d'un espoir, d'une espérance de vie qui doit continuer?
    Quand partez vous dans le Doubs? Vous qui semblez avoir fait peu d'études d'où vous vient toute cette connaissance philosophique? comme quoi on a beaucoup à apprendre des autodidactes. Vous êtes bien plus sympa qu'un BH Lévy, si imbu de sa personne
    Je vous souhaite un bon WE plein de soleil
    Je vous embrasse très affectueusement ainsi que Cynthia
    Mamy

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  2. 1)

    Oui Mamy, à titre personnel on peut faire et donner beaucoup de bien à son entourage, mais sommes-nous si nombreux à être dans cet état d'esprit en continue, comme si c'était notre véritable nature? Malheureusement je ne le pense pas. Pour agir ainsi, je crois qu'il faut une solide éducation à la base, une éducation qui va dans le sens de l'aide à l'autre, de l'altruisme, du dévouement gratuit. Quelque part, c'est à chaque fois faire un don de soi, et je ne crois pas que notre époque, que l'éducation actuelle et passée des nos enfants aillent vraiment dans ce sens. On leur apprends plutôt à penser d'abord à eux-mêmes, à ne s'occuper que des problèmes qui sont les leurs, à délaisser ceux de leurs camarades. Ils ne sont donc pas dans le don de soi, car faire du bien ou donner du bien à quelqu'un,même virtuellement, est un don de soi, un effort gratuit. Mais cela, le don gratuit, très peu de parents l'enseignent à leurs enfants. Non, souvent nos enfants sont encouragé à être ambitieux, à considérer leurs camarades comme des rivaux sur le plan scolaire, puis professionnel. Aussi, même si j'aimerai être aussi optimiste que vous, mes constats ne me permettent pas de croire que les petites rivières feront un jour les grands fleuves salutaires pour le plus grand nombre.

    Quant à Lila, oui je crois que d'être confronté à la mort l'amène à s'interroger sur bien des choses, y compris sa religion, le sens de tout ça. En cela, je pense que nous sommes tous passé par là, vous y compris, s'interrogeant sur le présent et, surtout, sur l'avenir.En l'état, du peu que je connais de sa vie, je la trouve remarquable, exemplaire même. Elle, comme Catherine, veulent se battre, coute que coute, résister, refuser leur sort, ce qui n'est pas forcément mon cas.

    Concernant les personnes qui croient en Dieu, que ce soit dans les religions monothéistes ou polythéistes, toutes sont pour moi des mystères, des personnes que je ne peux comprendre pleinement, même avec la meilleur volonté du monde, tant je n'arrive pas à entrevoir ce qu'elle éprouve lorsqu'elle pense à leur Dieu. Personnellement, l'idée de Dieu me laisse complètement froid, ne me parle absolument pas. Pour autant, n'étant pas dans le secret des princes, je peux admettre la possibilité qu'il existe (ou qu'ils existent), personne n'étant revenu de la mort pour m'en apporter confirmation ou infirmation. Mais comme vous dites, chacun son journal, le principal étant qu'ils vivent en bonne entente et non dans le conflit.

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  3. 2)

    Vous dites que je parle un peu moins de la mort, de la maladie, c'est vrai. Vous expliquer exactement pourquoi, je ne sais si je pourrai le faire. Je sais simplement que mon état d'esprit, ma vue sur le sujet, s'est modifié depuis que j'ai eu ma myocardite, la peur qu'elle a généré en moi, comme si j'avais subitement compris, réalisé que je pouvais mourir d'autre chose que du cancer. Quelque part, cette peur m'a fait relativiser ma condition et, depuis, j'apprécie encore plus chaque jour que je vis, remercie de le vivre et, lentement mais surement, commence à envisager l'avenir, à accepter de le voir à nouveau, voire à m'y projeter dans certains moments.

    Enfin oui, il est vrai que je suis un autodidacte. Depuis l'adolescence j'avais plein de question en tête, des questions essentiellement existentielles, et il me fallait des réponses, c'était comme un besoin vital. C'est ainsi que j'ai commencé par lire des philosophes, en commençant par les plus simples, les plus accessibles, tel Rousseau ou Montaigne. Puis de fil en aiguille, j'ai entendu parler de Nietzsche, Schopenhauer, Marx, Engels, Kant et bien d'autres. De même, interloqué par le comportement humain, le mien y compris, je me suis beaucoup intéressé à la psychologie et j'ai énormément lu sur le sujet. De fil en aiguille, la psychologie m'a amené à m’intéresser à la sociologie, qui elle-même m'a mené à lire des ouvrages d’ethnologie. C'est alors que j'ai compris l'importance de l'histoire pour comprendre, ou tenter de comprendre l'évolution de l'humanité, une évolution qui a donc conduit à nos sociétés actuelles et leurs divers maux.Donc oui, j'ai beaucoup lu, y compris des ouvrages scientifiques relatifs au vivant, ce grand mystère du cosmos, toujours dans le but de trouver, donner un sens à l'existence, tout au moins à la mienne. Mais au final, malgré tout ce savoir, je m'aperçois que je n'ai pas trouvé de réponse à ma question initiale, à savoir quel sens donner à la vie en générale et à la nôtre au sein de cette dernière.

    Voilà voilà, et comme vous le constatez, je continue néanmoins à me poser des questions, à chercher des réponses, même si j'ai bien compris que je ne les aurai jamais. Cependant cela me plait, cet exercice me donne le sentiment de ne pas être là à subir ma propre vie ou celle des autres, de pouvoir éventuellement participer à l'amélioration de certaines, bref, de servir un peu à quelque chose, que mon bref passage sur terre n'aura pas été vain pour tout le monde, à commencer pour ma fille et Cynthia.

    Je vous embrasse également très affectueusement, souhaitant que l'hémochromatose dont vous êtes atteinte est moins destructrice que celle qu'a eu votre mère. deux maladie mortelle à porter, ce ne doit pas être simple tous les jours....

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  4. Bonsoir Hicham, j'ai 34 ans, oui j'ai des soucis de concentration, avant je pouvais faire pleins de choses en même temps maintenant je dois me concentrer sur une chose à la fois, les enfants oui c'est fatigant mais je les aime tellement je ferais tout pour eux, quand je sors seule avec eux j essaye de les emmener dans des lieux comme des parc pour mieux les surveiller, parce que j'ai peur d aller dans des lieux vaste où je ne pourrais pas les maîtriser, pour mes crises j'ai expliqué à ma fille quoi faire, qu elle reste surtout avec son frère, qu elle ne panique pas et qu elle attend que ma crise passe, le plus dure pour moi est que mes enfants ne me verront jamais en bonne santé, c'est comme ça et c'est la vie.
    Concernant dieu, je suis croyante musulmane, oui ça m arrive de douter comme tu le dis bien je ne suis qu'un être humain, je me pose trop de questions, je dois faire des recherches sur ma religion que finalement je connais pas beaucoup, j'ai dit à ma fille qu il ne faut pas mangé le porc à l école, elle m'a demandé pourquoi? J'ai pas su quoi répondre, un jour elle m'a dit si elle pourrait se marier avec quelqu'un qui mange le porc, je ne sais pas répondre à ce genre de questions, je lui dis quoi? Je dois trouver des réponses.

    Dans un de tes écrits tu as parlé du racisme, je l ai connu en Algérie, quand j avais 8 ans et qu un élève m a dit que je suis marocaine d une façon agressive, je ne savais même pas que mon père est d origine marocaine, quand je suis venu en France, j avais l impression que le mot arabe est presque un gros mot, ils ont surment peur de l inconnue, c'est peut être de l incompréhension, je ne sais pas quoi d autres, je pense que ces personnes sont une minorité, je trouve que la France est un beau pays, je me sens en sécurité, je sens moi même.

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  5. 1)

    Bonjour Lila en ce beau dimanche matin sur Rennes.
    Concernant la concentration, je suis exactement dans le même cas que toi, il m'est devenu impossible de faire deux choses à la fois, d'être dans deux conversations différentes à la fois, etc. De même, je me doute bien que tes enfants, malgré eux, te fatiguent. Je me souviens de ma propre fille lorsqu'elle avait l'âge de la tienne qui ne tenanit pas en place, avait toujours besoin de bouger, d'être active physiquement. Comme toi, je l'amenais sans cesse dans des parcs, à l'époque à Paris, où elle pouvait trouver des jeux et des camarades de jeux de son âge. C'est là que je me reposais, pendant qu'elle était au toboggan ou sur un autre jeu. De même, concernant les crises d'épilepsie, j'ai dû donner le "mode d'emploi" à ma fille au cas où cela m'arriverait. Même si elle a bien compris la procédure, j'ai bien lu dans ses yeux, sur l'expression de son visage, qu'elle espérait ne jamais avoir à vivre ce genre de situation. Enfin, est-ce que le plus important est que tes enfants te voient en bonne santé ou qu'ils constatent qu'ils ont une mère qui les aime et agit en conséquence? Sans hésiter, j'opte pour l'option 2.

    Tu dis que tu te pose trop de question également. Est-ce que tu t'en poses trop ou, comme c'est mon cas, ce sont toujours les mêmes qui reviennent? Cela me fait penser que tu participe à des ateliers à la ligue contre le cancer. Au début de mon cancer, je me suis aussi tourné vers eux, désirant alors participer à des groupes de paroles réservés aux cancéreux. Au final je me suis ravisé, me disant que je n'avais pas envie d'entendre toujours parler du cancer. Du coup, c'est un psychiatre que j'ai été voir et vois encore, moins souvent aujourd'hui, pour ne pas laisser je ne sais quelle morosité m'envahir malgré moi. Oui, je préfère être en contact avec des personnes qui ont la même maladie via des échanges comme les nôtres. Je ne sais pourquoi, mais que les mots soient inscrits, consultables à n'importe quel moment, m'apporte plus que des dialogues qui me demande beaucoup de concentration, concentration que je n'ai pas toujours et, comme ma mémoire est une vraie passoire, j'oublie en plus la moitié de ce qui se dit.

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    1. 2)

      Sur ta religion, religion que je ne connais pas du tout, je ne peux t'apporter de points de vues à tes questions. Par contre je pense qu'un Imam pourrait te renseigner, non? Mais est-ce que les femmes ont le droit de rencontrer ces derniers, d'avoir des entretiens avec eux? Enfin, concernant la question de ta fille sur les mariages mixtes, je peux tout simplement te dire que je connais beaucoup de couple qui sont de deux confessions différentes. Mon père par exemple, un musulman non pratiquant, s'est bien marié avec ma mère, une chrétienne bretonne qui, à sa façon, pratique sa foi. Je n'ai jamais vu que ce point-là leur avait apporté des problèmes. Mais quand dit le Coran exactement, je n'en sais rien. Peut-être vais-je m'en acheter un, le lire, histoire de savoir une bonne fois pour toute ce qui s'y dit, se raconte, et me faire ensuite ma propre idée sur les valeurs qu'il veut transmettre.

      Quant au racisme en France, bien sûr qu'il est présent de plus en plus serai-je tenté de dire, mais comme tu le signales justement, ces personnes sont minoritaires, du moins à l'heure d'aujourd'hui. Notre pays est un très beau pays, avec des valeurs que j'estime nobles, dignes d'être mise en application. Nous avons la liberté de mouvement, la liberté de culte et la liberté d'expression, des trésors qu'il faut absolument préserver. De même je te rejoint lorsque tu dis que tu te sens en sécurité ici. Oui, rares sont les endroits où nous pouvons être en danger. Il s'agit en général de certaines banlieues, mais pas de toutes, ou de certains coins dans les grandes ville (à Bordeaux, à l'époque où j'y travaillais, c'était autour de la gare). Après, comme tu l'as peut-être déjà constaté, d'une région à l'autre les mentalités ne sont pas du tout les mêmes, voire changent du tout au tout. Certaines régions sont exceptionnellement accueillante, les gens ouverts et tolérants, et d'autres sont plus refermées sur elles-mêmes et il est plus difficile d'entrer en contact avec leurs habitants. Enfin, d'une manière générale, les femmes venant de l'étranger, arabes ou non, sont beaucoup mieux accueillies, acceptées que les hommes. Oui, vous faites moins peur...

      Sur ce je te souhaite de passer un excellent dimanche et te dis à très bientôt !

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