dimanche 7 juin 2015

Du religieux

7 juin 2015


Ainsi nous sommes dimanche, il fait beau, très chaud au soleil, et c'est donc à l'ombre que je me suis installé. Cynthia est resté à la maison, car hier, pour la troisième fois cette année, elle est encore tombé de cheval lors de son cours d'équitation. Pourtant le moniteur avait emmené tout le groupe en promenade, tout aurait dû se dérouler sans problèmes, les chevaux allant au pas. Mais le moniteur les a faits monter à cru, c'est à dire sans selle, comme les indiens montent leurs chevaux dans les westerns, et à un moment donné il leur a demandé d'aller au galop. Cynthia est-elle tombé de suite ? Trente secondes ou une minute s'est-elle passée entre le moment où son cheval s'est mis à galoper et la chute ? Quoi qu'il en soit, aujourd'hui elle se déplace encore moins vite que moi, moi la tortue de Rennes, c'est vous dire qu'elle ne s'est pas loupé. Cependant, cela n'entame en rien sa détermination à poursuivre l'équitation, mais dorénavant elle s'est promise de ne faire que ce qu'elle se sentait capable de faire. Donc, en l'état, le galop ce n'est plus pour elle, et peu importe ce qu'en dira son moniteur.

Hier soir j'ai terminé la lecture du livre d'Emil Cioran « Ébauches de vertige », ai terminé mes annotations et, ce matin, ai commencé à recopier les passages sur lesquels je désire m'attarder. Nombreux sont ceux en rapport avec la maladie, la fin de vie, ou en tous cas qui m'y font penser. Ayant terminé la relecture de ce livre, je vais à présent reprendre son ouvrage le plus célèbre « De l'inconvénient d'être né », livre qui m'a fait connaître cet auteur atypique et, là encore, y mettrai des annotations afin de poursuivre mon travail thérapeutique existentiel, car c'est bien de cela qu'il s'agit dans ma relecture de son œuvre. Je ne sais pourquoi, mais cela me fait penser à Descartes, à ses méditations métaphysiques. Lorsque j'ai commencé à les lire, j'ai été emballé, vraiment. Le « je pense donc je suis » est l'un des constats de ces méditations et il est d'autres de ses raisonnements qui méritent le détour. Par contre j'ai été déçu par la fin, oui, très déçu lorsque j'ai constaté qu'il mettait au crédit de Dieu, le Dieu chrétien bien sûr, l'existence de notre présence et de tout ce qui est. Oui, j'ai pris cela comme un travail bâclé, survolé, non fini. Lui,le roi du doute, s'en remettre à quelque chose d'aussi intangible que l'idée de Dieu, cela m'a dépassé. Du coup, je n'ai plus lu ce philosophe, pas plus que tous ceux qui justifiaient, argumentaient, assénaient leur vérité quand à l'existence de Dieu. Effectivement, ne pouvant adhérer à l'idée d'un Dieu ayant créé le monde en sept jours, dont nous serions soit-disant à l'image, un Dieu tout puissant qui se serait abaissé à parler avec quelques uns d'entre nous, prophètes et autres messies, tous des schizophrènes selon moi, il était clair qu'aucune logique favorable à ces inepties ne pouvait trouver grâce à mes yeux, à ma raison, à ma réflexion. Parce que tout ce qui relève du religieux, y compris la mythologie romaine, grecque, égyptienne, m’apparaît comme des contes de fées pour adultes, je comprends d'autant moins les croyants et, plus encore, mes propres amis qui le sont. Je me demande souvent ce qui bloque dans leur cerveau, comment font-ils pour ne pas réaliser, admettre, surtout avec tout ce que la science nous a appris depuis Galilée, Copernic, Newton, Darwin et bien d'autres, oui, comment font-ils pour se persuader, car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'auto-persuasion, donc pour se persuader que l'arche de Noé ait pu être, que Moïse a fait s'ouvrir la mer, que la mère de Jésus, la Vierge, aurait engendré son fils toute seule, sans homme, sans sperme, sans Joseph ou un autre. Même si je n'ai pas lu le Coran, j'ai par contre lu plus d'une fois la bible, l'ancien et le nouveau testament et, franchement, je ne comprends pas que ces livres ne soient pas pris pour ce qu'ils sont, autrement dit des incantations, des tentatives d'explications à la rigueur, mais certainement pas des vérités. Au mieux, les textes religieux sont les livres de droits de leur époque, car comme dans toute société il faut des règles, des codes, des valeurs morales qui permettent la cohabitation entre ses différents membres. D'ailleurs, certaines de ces valeurs, toujours actuelles, ne me dérangent pas. Il en est même que je suis prêt à reprendre à mon compte. Mais faire de ces dernières des vérités absolues au prétexte d'un Dieu qui en aurait décidé ainsi, c'est là un pas que je suis incapable de franchir. Si Dieu est aussi puissant que veulent le faire admettre les croyants, croyez-vous sincèrement qu'il s'adresserait à une fourmi, à un insecte, à des résidus de poussière en puissance ?

Cependant, même si l'idée de Dieu m'est complètement étrangère, je crois pourtant que tout a un sens,  mais que ce sens est inaccessible à notre entendement car nous sommes des êtres limités, tant physiquement qu'intellectuellement. Oui, je suis persuadé que si le cosmos existe, si la lumière est, si le vivant se meut, si la vie et la mort sont si inextricablement imbriquées, je suis convaincu qu'il y a un sens derrière tout cela. Le problème est de savoir lequel. Tout cela ne peut pas être sans raison, là aussi cela dépasserai mon entendement. En cela, je suis très cartésien. S'il y a un effet, la vie par exemple, c'est qu'il y a une cause, toujours. Malheureusement, je le crains, le mystère de l'existence nous sera à jamais inatteignable, hors de porté de nos capacités limitées. Alors, avec le peu d'imagination que nous avons, nous avons inventez des Dieux, des divinités, histoire de mettre un semblant de réponse à cette question fatale, essentielle, primordiale : quel est le sens de l'existence ? Mais parce que notre imagination est très limitée, encore une fois, même les religions que nous avons créé de toute pièce ne répondent pas à cette question. Qu'il y ait un enfer et un paradis ne répond en rien à cette question, ne donne aucun sens supplémentaire à la présence de l'existence. Dit autrement, c'est comme se poser la question : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Non, aucune religion, aucune croyance ne peut répondre à ces questions. Même la réincarnation n'est pas une réponse. Elle aussi est un autre style de fable qui cherche à expliquer le pourquoi de notre présence ici-bas, mais en aucun cas elle nous explique le sens final de tout ça.

Ainsi, comme les croyants, je suis en quête de réponse à ces questions existentielles. La seule chose qui me distingue d'eux, c'est qu'ils pensent, à tort selon moi, avoir trouvé une réponse, tandis que pour ma part je crois que l'on ne peut répondre à ce mystère. A partir de là, ais-je d'autre choix que d'accepter ce que je constate, c'est à dire que l'on vit pour mourir, que tout ce qui est, même le soleil, est destiné à périr un jour ? Ces constats font-ils pour autant de moi un être malheureux ? Nullement, en tout cas plus aujourd'hui. Simplement je suis déçu, déçu de ne pas pouvoir comprendre pourquoi c'est ainsi, déçu de ne pas connaître, ni même soupçonner, l'immense machinerie qui se cache derrière tout ça. De même, lorsque je rentre dans le monde existentielle, dans l'état d'esprit dans lequel il me plonge, et que je constate parallèlement ce que nous faisons de nos vies, ce que sont nos sociétés, leurs valeurs, notre bêtise, je me dis que j'ai hâte de quitter les mondes que nous créons. Aucun ne trouve grâce à mes yeux, strictement aucun, sauf peut-être quelques petites tribus vouées à disparaître tôt ou tard, du fait de la civilisation moderne.

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