lundi 8 juin 2015

Une journée vient de passer...

8 juin 2015


Une journée vient de passer ou est en passe de se terminer. Bientôt, le début de la soirée sera là et alors seulement je rentrerai chez moi. Oui, je veux profiter du jour et de l'air au maximum, même si actuellement le vent souffle un peu trop fort à mon goût. J'ai passé toute l'après-midi avec Cynthia. Nous étions partis pour faire des courses, mais son marchand de fruits et légumes était fermé. Du coup nous sommes allés prendre un verre en terrasse de café dans le quartier « République » où, une fois de plus, j'écoutais avec empathie Cynthia me parler de la maison qu'elle voulait, de son jardin, de son champs et des animaux qu'elle aimerait posséder.

J'aime l'écouter me raconter ses rêves, ses espoirs, ses attentes. Ainsi, j'ai l'impression de mieux la connaître, de mieux la cerner, de commettre moins d'impair en conséquence, de ne pas prendre le risque de la brusquer ou de la blesser malgré moi. De la même façon, j'aime savoir ce qu'elle n'aime pas, ce qui lui fait du mal ou l’horripile. Là aussi cela me permet d'agir de manière conforme à ses souhaits. Effectivement, n'ayant plus de véritables souhaits, de véritables attentes, n'étant plus l'impatient que j'ai pu être hier, n'étant plus dans la haine ou dans la rage à la moindre contrariété, me contentant uniquement de vivre le jour présent et, si possible, le seul moment présent, sans me préoccuper de tout à l'heure, je peux aisément reprendre à mon compte les souhaits, les désirs de Cynthia, faire miennes ses projections et, en conséquence, agir dans la direction où elle veut aller. Oui, tout ce qui est dans la limite des forces que je peux lui consacrer, je les lui donne sans réserve, sans me poser de question, sans chercher à savoir si elle est dans le faux ou dans le vrai, car seul m'importe son contentement, son épanouissement, y compris si cela doit passer par des chutes à cheval.

Lorsque je la regarde, lorsqu'elle est face à moi, c'est comme si je contemplais le tangible et l'intangible, le réel et l'éphémère, la vérité d'un instant qui, je le sais, sera remplacé par une autre vérité dans quelques mois, quelques années. C'est une sensation bizarre, pas désagréable, mais que je méconnais encore beaucoup, même si je l'éprouve chaque jour. Oui, Cynthia me paraît encore plus irréelle que tous ces gens qui passent devant moi, personnes que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Quelque part, tous ces inconnus qui ne sont rien pour moi, ne signifient rien si ce n'est qu'ils sont de la vie, une émanation de cette dernière, me paraissent moins étranger que ma compagne. Pourtant, Dieu seul sait peut-être combien de choses je sais sur elle, mais au final je me rend compte que je la connais peu, pas si bien que ça, et sais désormais que jamais je ne saurai réellement qui elle est. De cela, je me suis rendu à l'évidence, et il en va de même envers tous mes proches, sans exception, à plus forte raison des personnes que je connais peu ou pas du tout. Alors je comprends qu'il en va de même pour moi, que personne, même pas ma propre mère ou Cynthia, ne peuvent prétendre me connaître. Parfois, voire souvent, je suis forcément une énigme à leur yeux. Il est fatalement des raisonnements et des actes que je commets et qu'elles n'arrivent pas à comprendre, quand bien même elles les accepteraient.

Oui, chacun d'entre nous est un mystère pour l'autre, un mystère plus ou moins grand, plus ou moins opaque, mais un mystère néanmoins. Souvent, il en va de même lorsque nous nous regardons nous-mêmes, lorsque nous lorgnons sur notre nombril afin de savoir, de saisir qui nous sommes, de quoi notre pensée, notre corps est constitué. Oui, hormis les sots, les gens emplis de certitudes, tout le monde s'est demandé au moins une fois qui il était réellement, au-delà des décors, de la façade, du jeu de rôle, de sa place dans le système. Pour certain, comme moi par exemple, ce questionnement a même pu tourner à l’obsession, ne laissant aucun répit à la pensée, à être sans cesse dans la contemplation de soi, de ses réactions, cherchant toujours une explication au moindre fait et geste commis, à la moindre pensée formulée, au plus petit des sentiments éprouvé. Cela use, je vous l'assure, mais en même temps c'est quelque part jouissif, c'est comme partir à l'aventure sans aucun bagage, sans savoir ce qui nous attends, car nous sommes constamment ou presque dans la découverte de soi. Que devient l'autre me demanderez-vous peut-être ? Et bien l'autre, bien souvent, est celui qui nous révèle à nous-mêmes, qui, volontairement ou non, pointe du doigt nos particularités, nos singularités, et même si toutes ces révélations sont subjectives, car chacun en face de nous a un point de vue différent de notre personne, il n'empêche que nous sommes aussi ce qu'ils perçoivent de nous. Après, libre à nous d'en tenir compte ou non, de prendre acte de leur avis ou de les envoyer balader, mais nous ne pouvons ignorer que nous avons suscité en eux un avis, une opinion, voire un jugement, que nous ne laissons pas indifférent notre entourage, que ce dernier le manifeste ou non. Certaines personnes se croient invisibles, indignes d'intérêt. Elles ont torts. Peut-être que leur comportement, leur attitude n'incite pas l'autre à aller vers elle, mais elles sont bel et bien remarquées, c'est une évidence, sinon pourquoi s'en écarterait-on volontairement ?

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