mardi 16 juin 2015

Réveil...

16 juin 2015


Aujourd'hui je me sens dans l'attente. Cela ressemble à l'ennui, fortement, mais ce n'est pas cela pour autant. Alors je m'interroge, sans plus chercher de réponse que ça, mais me demande ce que j'attends. Immédiatement, le premier mot qui me traverse l'esprit est le mot « mort ». Plus exactement c'est la fin de cette vie que j'attends, du moins il me semble, car elle par contre m’ennuie, inlassablement. A force de voir toujours les mêmes choses, de faire, peu ou prou, les mêmes constats sur le cours des choses, qu'elles soient politiques, sociales, économiques, guerrières, oui, tout cela ne m'intéresse plus, mais alors plus du tout. C'est du déjà-vue, du constamment-vue, rien de neuf dans le décors, rien de vivifiant dans ces paysages et si je prenais encore tout cela au sérieux, soit je serai en colère soit je serai déprimé.

Par ailleurs, je constate une fois de plus que je n'arrive plus à me réveiller le matin, que je passe des nuits moins bonnes que naguère, avant la diminution de ma cortisone ou lorsque mon cœur me créait des problèmes. Oui, à l'époque où il m'a joué son sale tour, cela m'a mis tellement à plat que, sans doute, je dormais bien en conséquence. Je récupérai et récupérai. A présent que les choses ont repris leur cours normal à son niveau, que mon corps n'est plus aussi fatigué, et bien cela s'en ressent sur mon sommeil. A nouveau je me réveille plusieurs fois par nuit, ai du mal à me rendormir, et parce que ma nuit a été haché, lorsque je me lève mon esprit n'est pas du tout alerte. Encore aujourd'hui j'ai dormi toute la matinée et une partie de l'après-midi, par intermittence là encore, m'endormant une heure ou deux, me réveillant dix minutes, puis me ré-endormant une heure ou deux. A présent il est 15h30, je suis dehors depuis une demi-heure, me suis forcé à sortir, à ne pas me rendormir, mais mon esprit n'en est pas moins un peu éteint, au ralenti, comme si j'avais du mal à comprendre ce qui se passe sous mes yeux, à réaliser ce que font les gens qui passent sous mes yeux, personnes qui ne font que marcher pourtant, voire s'arrêter à une terrasse de café, comme moi, pour prendre une verre.

Je pense également à Virginie, une femme avec qui je communique par mail. Si mon souvenir est bon, c'est sur le forum de la ligue contre le cancer que nous nous sommes croisés la première fois. Oui, ma mémoire me fait plus que défaut et j'ai parfois bien du mal à remettre les choses dans l'ordre dans ma tête, leur déroulement, les étapes. Je pense donc à elle, à son histoire, ou plus exactement à ses histoires. Comme la majorité d'entre nous, elle a une histoire professionnelle, une histoire amoureuse et, enfin, sa propre histoire personnelle, son passé et tout ce qu'il comporte. Oui, je suis étonné qu'elle se confie aussi facilement à quelqu'un qu'elle ne connaît absolument pas et, sans aucun doute, qu'elle ne rencontrera jamais. Cela fait partie du monde virtuel,  des possibilités qu'il offre, mais lorsqu'on communique par écrit, que ce soit par mail, via un blog ou autrement, je me dis que c'est parce que nous n'avons plus personne à qui véritablement parler, à qui véritablement se confier, soit parce que l'on se sent seul, à tort ou à raison, soit parce que nous avons déjà tout dit à nos proches et, malgré cela, nous avons néanmoins le sentiment de n'avoir pas complètement vidé notre sac. Mais ce sac, que contient-il ? Bien souvent nous l'ignorons, mais nous l'éprouvons.

Depuis quelque jours j'ai mis en vente mon piano électronique. Oui, lentement mais sûrement, je me détache du passé et de tout ce qui me ramène à lui. De même, je ne sais pourquoi, mais lorsque je regarde les livres que contient ma bibliothèque, essentiellement des livres philosophiques, psychologiques, scientifiques, des livres affirmant tout et parfois leur contraire, des lectures, des théories en lesquelles j'ai crû, ne serait-ce qu'un temps, oui, quand je contemple tout ça je ne peux m'empêcher de me demander dans quel rêve j'étais, quel rêveur j'étais alors d'aller croire qu'un livre, quel qu'il soit, me fournirait une réponse à mes questions existentielles. Du coup, tous ces bouquins ne me servent plus à rien, strictement plus à rien et, sans doute, m'en débarrasserais-je également un jour. En y réfléchissant bien, je ne garderai qu'une dizaine d'ouvrages, pas beaucoup plus, ceux qui résument ma pensée, ma conception des choses sur notre espèce, notre fonctionnement, confirmant mon idée que nous ne faisons que fabuler au bout du compte, passons notre temps à inventer ou à apprendre des histoires et après, tout au long de notre vie, nous acharnons à nous convaincre qu'elles sont vraies et, pour ceux qui ont la faculté de douter, de remettre en cause ce que l'on leur a présenté comme acquis, de tenter de voir ce qui se cache réellement derrière ce que l'on nous tends comme vérité.

Bref, aujourd'hui je ne suis pas satisfait, peut-être même suis-je un peu colère ou, tout du moins, un peu énervé par mon état. Non, je n'aime pas sentir que j'ai l'esprit éteint, pas plus que je n'aime éprouver l'attente d'une chose que je ne parviens pas à définir. Est-ce à dire que j'ai un besoin de contrôler, moi qui ne cesse de clamer à qui veut l'entendre que cela ne sert à rien, que l'on ne contrôle jamais vraiment quelqu'un, qu'il s'agisse de soi-même ou de l'autre ? Tout au plus on peut être influencé ou influencer, mais cela ne va pas beaucoup plus loin. Oui, l'esclavage est révolue parait-il, la soumission totale à l'autre devrait pouvoir être évitée et, si l'on suit les préceptes des rêves des lumières, chacun devrait pouvoir être libre, avoir le propre contrôle de sa vie. Bien entendue tout cela n'est qu'un leurre, personne ne contrôle sa vie, excepté l'ermite qui, lui, n'est plus assujettit au desiderata d'autrui. Cependant il reste néanmoins dépendant de son environnement, aussi naturel soit-il, aussi éloigné soit-il des cités humaines. Cela me fait penser à Paris, ville où j'ai grandi et vécu tant d'années. Quel gâchis me dis-je aujourd'hui, oui, quel gâchis. Je ne sais si le « naturel » est le vrai, mais je pense la nature, animaux y compris, bien plus proche d'une certaine vérité que serait la vie que la ville, nos constructions et nos valeurs. C'est comme si j'avais grandi dans le mensonge pendant tout ce temps, ou tout au moins dans l'illusion la plus totale. Oui, c'est ainsi que je vois tous les citadins maintenant, complètement déconnectés de la réalité, celle qui est naturellement là, autrement dit la nature et les lois qui lui sont propres. Pourtant nous, humains, participons de cet écosystème. Cela sous-entends que nous obéissons également aux lois de la nature et, de déduction en déduction, on ne peut arriver qu'à la conclusion inévitable que détruire notre environnement fait partie de ces lois. Non, nous n'inventons rien, nous ne pouvons faire que ce que la nature nous permet de faire. C'est pourquoi nous ne pouvons voler comme les oiseaux, mais avons la faculté d'inventer des armes pour le seul plaisir de les tuer, tel les chasseurs le font. Alors, une fois de plus, j'en reviens à Cioran qui, avec ses propres mots, dirait que la nature à créée sa propre perte en créant l'homme. Bref, c'est un suicide qu'elle s'inflige, même si je pense que lorsque nous ne serons plus là, car je ne doute pas un seul instant que notre espèce disparaîtra, tôt ou tard, que néanmoins la nature nous survivra et repartira pour un autre cycle, avec d'autres formes de vies, mais toujours avec sa règle immuable, faire que la vie perdure à tout prix.

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