samedi 20 juin 2015

Soirée

20 juin 2015


Il est 22h30, la journée touche à son terme, je suis en pleine soirée, la nuit tombe de plus en plus et je me sens un peu perdu, pas désabusé, mais un peu égaré, ne sachant exactement ce que je fais là, à cette heure, dehors, alors que je n'en éprouve pas spécialement l'envie. Cependant, presque par réflexe, comme une habitude, j'ai fais le choix de sortir ce soir, même si je n'avais rien envie de faire en particulier, que ce soit d'écrire, de lire ou de me promener. Ce matin je me suis endormis vers 5h00. En conséquence j'ai dormi presque en continu jusqu'à 17h00. Normalement, ce jour aurait dû être celui des chevaux, de ma contemplation de ces derniers. Mais Cynthia n'a pas voulu aller à son cours d'équitation. Les chevaux, ce sera donc pour une autre fois. Alors vers 18h00 j'ai proposé à Cynthia que nous allions faire un tour en ville, laissant mon ordinateur à la maison afin de me consacrer qu'à nous. Elle a accepté, mais ayant présumé de mes forces physiques, sitôt arrivés en métro à la place Sainte-Anne, nous nous sommes installé à un café et avons pris un verre. Effectivement, le moindre effort de mon corps, y compris parler, m’essouffle. Alors imaginez lorsque je marche. Je sens tout le poids de mon corps, sa lourdeur et mes deux jambes qui vacillent tant elles ont perdu l'habitude de me porter. Oui, je perds en muscle et pas un peu. Il en va de même de ceux de mes bras qui ne peuvent plus porter un sac de courses. Alors que nous étions assis, face à face, j'ai demandé à Cynthia si cela ne la dérangeait pas d'être avec quelqu'un qui ne parlait pour ainsi dire plus, qui se taisait sans arrêt ou presque. Elle m'a répondu que cela dépendait des moments, mais que pour l'instant elle s'en accommodait. Je lui fis part de mon sentiment de n'avoir plus, ou presque plus, d'empathie envers les autres, que cela me faisait bizarre. Oui, j'ai bien du mal à me reconnaître dans ce nouveau personnage, mais pour autant c'est ainsi, les histoires des autres, en général, ne m'intéressent plus parce que, je le sens, l'éprouve, je n'arrive plus à me mettre à leur place. Immédiatement je pense à mon cerveau, aux dégâts qui s'y joue là-dedans, et me demande si cela à un rapport avec cette nouvelle façon pour moi d'éprouver les choses, le temps et les êtres. Peut-être que cet état n'est que passager, que je redeviendrai un peu plus humain dans quelque temps, mais ma conviction est qu'il va perdurer, voire prendre de l'ampleur. Pourtant je ne veux pas me retrouver seul, isolé de mes semblables, mais comment cela se pourra-t-il si je ne suis même plus capable de les calculer, de les prendre réellement en compte ?

De même, après des recherches, Cynthia a décidé que nous n'habiterions pas à Montbéliard, mais dans la ville de Belfort. Quelque part je préfère ce choix, car la ville est plus grande et offrira certainement plus d'attractivité que  Montbéliard. Donc c'est sur Belfort que nous allons rechercher notre futur logement. Autre avantage de cette ville concernant mes soins, c'est qu'elle possède un nouvel hôpital, moderne, et avec une bonne réputation. Même si ce dernier ne sera pas équipé comme j'en ai besoin pour mes futures séances de radiothérapie, Lyon, son centre hospitalier où j'ai été suivi la première année de mon cancer, est a seulement trois heures de Belfort, en trajet direct via le TGV. Bref, tout cela me rassure, ce qui ne peut me faire de mal.

2 commentaires:

  1. Je n'ai pas eu le temps de lire tout ce que vous avez écrit mais je ne vous oublie pas pour autant. Donc petite déception pour Cynthia mais c'est une jeune enseignante, elle pourra avoir une mutation plus favorable. Je connais peu la région où vous allez aller -trop loin de la mer- mais il y a de jolis coins. Je comprends que transférer vos dossiers vous emm; Et puis, quand on est malade, on n'aime pas changer de médecin, d'infirmiers ou d'hôpital, la stabilité nous rassure. Vous pensez intégrer un groupe de paroles avec d'autres cancéreux; c'est bien, il ne faut pas rester seul mais si vous en avez la force, pourquoi ne pas faire quelque chose au milieu des bien portants? Je vous verrai bien tenir une bibliothèque. Dans nos régions rurales, on manque de bénévoles et vous avez une culture de la lecture
    Ne vous torturez pas toujours dans votre rapport aux autres; nous ne pouvons pas leur donner énormément mais parfois on communique un peu comme avec les témoins de Jéhovah
    Début juillet, vous aurez peu de mes nouvelles mais je ne vous oublierai pas tous les deux; nous allons voir Zazou et ensuite, elle remontra avec ses enfants en Normandie; malgré la fatigue que cela va engendrer, ça sera du bonheur en perspective. Pendant ce temps, je suppose que Cynthia sera occupée par la recherche d'une maison où elle mettra chien, chat, poules et autres
    Je vous embrasse tous les deux et vous souhaite un bon dimanche
    Mamy

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  2. Bonsoir Mamy, oui, grande déception pour Cynthia au début, mais depuis qu'elle découvre la ville de Belfort, ville où nous allons certainement habité du coup, son moral est remonté. Enfin, comme vous le dites, si vraiment la ville ou la région ne lui convient vraiment pas, elle aura tout loisir par la suite de demander une affectation ailleurs.

    Médicalement, je pense sérieusement à me faire suivre à Lyon. En TGV, le temps de trajet entre les deux villes est de deux heures. C'est donc gérable et, à Lyon, je suis certain que je serai suivi par une équipe compétente qui possède du matériel à la pointe de la technologie.

    Vous me suggéré de faire des choses avec ou pour des gens bien portants. Effectivement, être bénévole dans une bibliothèque serait une chose bien tentante, mais j'ai mes lacunes dans le domaine littéraire, surtout celui des romans, car je n'en ai que très peu lu et ne connait, en conséquence, que peu d'auteur. Oui, ma culture livresque se rapporte essentiellement aux sciences humaines, de la philo à l’ethnologie en passant par la psychologie, la sociologie, etc. Donc je serai de bien mauvais conseil pour le reste. Cependant je n’exclue pas de proposer mes services à une association, en tant que bénévole, dès lors que cette dernière défend un intérêt qui me parle.

    Je constate donc qu'au mois de juillet vous serez en famille, tout ce que vous aimez, et j'en suis ravi à l'avance pour vous, car je sais que vous allez y prendre du plaisir, je l'ai bien compris à travers vos différents messages. Nous, comme vous le dites, nous serons effectivement en pleine recherche d'appartement, voire de maison, puis en plein déménagement et emménagement. Bref, l'été ne sera pas de tout repos, surtout pour Cynthia, car c'est elle qui fera pratiquement tout, déplacements, visites, etc. Quoi qu'il en soit, lorsque nous serons là-bas, je vous donnerai mon impression sur la ville, son ambiance.

    Je vous souhaite donc de bonnes vacance, de bien profiter de votre grande famille et vous dis à très bientôt. Je vous embrasse, ainsi que Cynthia !

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