vendredi 12 juin 2015

Ambiance

12 juin 2015


Ce matin, c'est le bruit des perceuses qui m'ont réveillé. Effectivement, depuis deux semaines maintenant, des travaux n'arrêtent pas dans la cour intérieur de mon immeuble, là où sont situés les parking privés, le local à vélo et les poubelles. Immédiatement je me suis donc habillé, ai pris à peine le temps de boire un café, ai pris mes sacro-saints médicaments et, sans attendre mon reste, me suis enfui de la maison. A présent je ne suis pas loin du quartier Saint-Anne, à 500 mètres peut-être, mais j'avais envie de changer d'endroit pour me poser, de découvrir un autre café, une autre terrasse, une autre ambiance. Là où je suis, j'ai l'impression de retrouver l'atmosphère du quartier où j'habitais à Paris, dans le seizième arrondissement, arrondissement de nanti, de personnes riches, de m'as-tu vu, bref des personnes dont l'attitude, le simple comportement ne me plaît généralement guère. Oui, bien trop souvent ils ont un air hautain, une espèce de dédain prononcé envers ceux et celles qu'ils ne considèrent pas de leur condition, condition du porte-monnaie évidement, et tous et toutes, sans exception, je les attends au détour de leur rue, de l'une de leur phrase afin de leur montrer, leur démontrer la pauvreté de leur pensée. Oui, auparavant c'était mon jeux favori, rabaisser ce type de personnage, comme si je voulais m'en venger par ce que mon porte-monnaie était vide, et parce que j'avais la répartie et une pensée, une logique bien poussée, c'était sans peine que je les déstabilisais, peu importe le sujet abordé. Ce matin, c'est pourtant à peine si je les regarde, si je les calcule, avec leur sourire de façade flagrant, leurs conversations où ils ne traitent que de l’actualité présentes, signifiant ainsi qu'ils sont bien de leur temps, des gens modernes, pas des paysans, des ouvriers ou des lambda. Non, ils ne m'intéressent plus, ou plus exactement il ne m'intéresse plus de m'attarder plus que de raison sur ce type de caste, ceux que l'on surnomme les bobos dans les médias, cette fameuse classe moyenne qui souffrirait tant des divers taxations que l'état leur inflige. Alors je pense au Sahel, à la Somalie, tous ces pays où 80% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, et d'un coup cela balaie toute cette indécence propre aux sociétés occidentales. D'aucun se demanderont peut-être pourquoi je ne m'en prend qu'à l'occident et non à l'orient, l’Asie ou autre civilisation. La raison est extrêmement simple, je ne connais que l'occident, le reste étant territoire inconnue, ou presque.

Je ne sais ce que je vais faire ce matin, ni même toute la journée d'ailleurs. Il y a encore quelque temps, je ne me posais pas la question. Oui, j'étais réellement dans le moment, le temps présent, n'envisageant pas une seconde la minute suivante, mais force est de constater que ce n'est plus le cas depuis quelques jours. A présent je me demande ce que je vais faire, la pire des questions que l'on puisse se poser, car cela signifie ne pas être là, dans l'instant, et d'être déjà projeté dans un temps qui n'existe pas encore. Enfin, en attendant l'arrivée de ce dernier, le début de la soirée par exemple, on reste dans une attente qui s'apparente grandement à l'ennui, sauf si on a trouvé de quoi s'occuper. J'ai bien avec moi un livre de Cioran, mais là, en l'état, parce que je suis mal réveillé, je ne me sens pas de le lire. Cependant, plutôt que de ressentir l'ennui, je n'hésiterai pas à le sortir et, sans véritable effort, à me plonger dedans.

Même si les perceurs m'ont réveillé tôt ce matin, je n'ai cependant pas croisé Cynthia. Elle était déjà partie à son lycée. Aujourd'hui elle donne ses derniers cours et, dès cet après-midi, cela en sera fini de ses classes de seconde, des 70 élèves qu'elle a eu cette année, des séquences et autres cours à préparer pour ces derniers, des corrections, etc. Bientôt, la semaine prochaine ou après, elle surveillera les élèves qui passent leur BAC français. Cependant, elle ne participera pas aux corrections de leurs copies. Comme nous sommes vendredi et qu'il pleut, je pense à demain, jour d'équitation pour elle. Pleuvra-t-il encore ? Quoi qu'il en soit, comme je me le suis promis, j'irai avec elle, espérant que ses douleurs dans le bas du dos dû à sa chute la semaine dernière seront passées. Oui, voir les chevaux me détends bien plus que les gens que je côtoie dans le café où je suis. J'entends leur conversations, cela parle de commerce, d'argent, de commandes, de fric, bref, toute une galaxie dans laquelle j'ai baigné un temps, trop longtemps, que cela soit directement ou indirectement, une galaxie que j'ai voulu définitivement quitté en partant de Paris tant je ne supportais plus ce microcosme imbu de lui-même, dans lequel, le plus souvent, les rapports humains étaient faux.J'appelle ces milieux les royaumes de l'hypocrisie...

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