samedi 18 avril 2015

Paris, arrivée...

18 avril 2015


Il est 5H00 du matin et même si je me suis réveillé une fois dans ma nuit, j'ai néanmoins très bien dormi. Couché hier soir vers 22h00 après avoir fait un petit dîner, je me suis endormi rapidement et aucune nausée, aucune agitation de mon corps, aucun frisson n'est venue perturber mon sommeil.

Je suis donc à Paris depuis hier. Ne sachant si je pourrai regagner seul le domicile de ma mère, je lui avais donc demandé de venir me chercher à la gare. Pendant tout le trajet en train, de Rennes à Paris, je n'ai cessé de me demander si j'allais faire ou non une crise d'épilepsie vu toutes les mauvaises surprises que me faisait mon cerveau. Cependant, au fur et à mesure que passait l'après-midi, mes micros courts-circuits se faisaient de plus en plus rares, sans doute l'effet de ma décision d'augmenter mes doses de  Solupred, l'anti-inflammatoire. Preuve en est que je pense avoir bien fait d'augmenter la dose, depuis mon réveil tout a l'air calme dans ma tête, ce qui me soulage. Hier soir, lors du dîner avec ma mère, je n'ai pu m’empêcher de laisser couler quelques larmes. Je pensais alors à mon état et ce furent des larmes de lassitudes. Oui, maintenant je comprend parfaitement que beaucoup de cancéreux, cancéreuses,  aient recours aux anti-dépresseurs. Même si je n'en suis pas encore là, m'efforçant de tout faire pour que cela n'advienne pas, je prends néanmoins un anxiolytique, mon fameux Xanax, et pas en petite dose. A côté de cela, je prend également un neuroleptique, le Tercian, mais ce dernier je le diminue et pense ne plus en prendre d'ici mi-mai.

Mais revenons  mon arrivée à Paris. Ma mère est don venu me chercher. A ma plus grande surprise elle était en basket. De ma vie, jamais je n'ai vue ma mère en basket. Non, c'est une mondaine du seizième arrondissement, même si cela fait bien longtemps qu'elle n'a plus les moyens financiers de jouer ce rôle à fond. Quoi qu'il en soit, point de vue vestimentaire, jamais je ne l'ai vu se laisser aller. Toujours propre sur elle, habillée comme les femmes de son époque se devait de s'habiller, chaussure à talon, tailleur, veste ou manteaux selon la saison, elle est la digne héritière de ce temps révolue.  Mais avec l'âge, elle a plus de soixante-dix ans à présent, les problèmes physiques sérieux ont commencé à se manifester depuis une bonne dizaine d'année et, depuis deux semaines, elle est donc obligé de marcher en basket. Les siennes sont bleue marine, au ton bien foncé. C'est donc portant ces chaussures de sport que j'ai découvert ma mère sur le quai, gare Montparnasse. Pour rentrer chez nous, Porte de Saint-Cloud, nous avons pris les bus. Initialement, alors que j'étais encore à Rennes, j'avais prévu que nous rentrerions en taxi. Mais mon état s'étant amélioré pendant mon voyage où je n'ai fait que m'assoupir régulièrement, j'ai alors opté pour le bus, économisant ainsi de l'argent que je pourrai dépenser pour ma fille. Oui, depuis que je ne travaille plus, mes propres finances sont raides et je ne veux pas compter sur celles de Cynthia, autant faire ce que se pourra. Ma mère et moi avons pris deux bus pour faire notre trajet et, une fois arrivé Porte de Saint-Cloud, nous nous sommes posés dans un café avant de rentrer au domicile familiale. Mon train est arrivé à 17h20 et, de ce moment jusqu'à mon coucher, ma mère, Colette, n'a pas arrêté de me parler. Oui, c'est une vrai pipelette et en plus elle parle vite. Plus d'une fois je lui ai demandé de ralentir le rythme de son débit tant je n'arrivais plus à suivre, tant mon cerveau était inondé par ses flots de paroles. Comme somnifère, ma mère pourrait être très efficace. Cependant cela m'a fait plaisir de la retrouver et, je le sais, elle sera au petit soin avec moi durant tout mon séjour, comme elle l'a toujours été, même trop parfois.

Cela me fait penser à mon père qui était exactement le contraire en la matière, effet de sa culture marocaine sans doute, culture où c'est la mère qui s'occupe des mômes, pas le père. En  cela, en rien je ne peux m'identifier à lui. Mon père et ma mère, étrange couple lorsque l'on connaît leur histoire propre, individuelle, avant qu'ils ne se rencontrent. A priori, jamais ils n'auraient dû se croiser, et quand bien même, jamais ils n'auraient dû former un couple du fait de leur condition sociale radicalement opposée. Mon père et sa famille était la troisième ou quatrième fortune du Maroc, après celle du roi. Ma mère, quant à elle, était issu d'une condition modeste, voire très modeste. Et pourtant, non seulement ils se sont rencontrés, mais de plus ils se sont mariés. Qu'est-ce qui les a motivé l'un et l'autre à faire cela ? Pour ma mère, je n'ai pas de doute, elle a aimé mon père. Mais lui, ce coureur de jupon, qu'avait-il en tête ? Ma mère est sa seconde femme. Avec la première, il avait eu deux filles. Dès sa séparation avec la mère de ces dernières, jamais plus il ne s'est occupé ou a revu ses deux filles. De même, lorsque mes parents divorcèrent alors que j'avais seize ou dix-sept ans, il se maria une nouvelle fois quelques années plus tard avec une femme qu'il ne connaissait pas. Il était alors en poste dans le consulat du Maroc de Poissy, en banlieue parisienne, et cette troisième femme était la sœur de l'un de ses collègue, sœur résidant au Maroc. C'était un mariage arrangé où on ne demande pas l'avis de la femme. Elle avait trente ans de moins que mon père et il l'a fit rapatrier en France, puis il eurent une fille, fille dont mon père n'est s'est pas plus occupé que de ses autres enfants. Comme il me l'a dit un jour, me laissant sans voix, il faisait des enfants pour que ses femmes aient ne occupation, quelque chose à faire. Là aussi c'est peut-être un effet de sa culture marocaine où, là encore, je ne peux me reconnaître. Non, en soi, je n'ai rien contre cette culture ou une autre, mais il m'est impensable d'agir, d'être, selon ses rites, ces normes qui n'ont strictement rien à voir avec celles qui m'ont façonné, construit. Même si en France la place de l'homme et, en conséquence, du père ont été sérieusement mis à mal depuis l'apparition des diverses mouvements féministes, nos normes ne sont pas du tout les mêmes pour autant, surtout face à l'enfant. Peut-être que là-bas, dans le pays de mon père, les choses ont évolué ces cinquante  dernières années, mais à quel point et, surtout, dans quel sens ? Quelle est la place de la femme, de l'homme, des devoirs du père et de la mère face à l'enfant ? Quoi qu'il en soit, de ce que j'en ai connu et vécu, je suis devenu très méfiant, voire septique, envers la possibilité d'une évolution qui se rapprocherait des nos normes occidentales.

Là, je pense  Cynthia. Même pas une journée que nous sommes séparés et pourtant elle me manque déjà. Ma place est à ses côtés, je le sais, pas ailleurs. Mon rêve, qui ne se réalisera jamais, serait d'avoir sous le même toit ma fille e ma compagne, vivant tous les trois ensemble le quotidien, faisant ensemble des projets d'avenir et œuvrant à les concrétiser, cela serait mon souhait, un souhait égoïste certes, mais c'est ainsi, il est en moi et je ne peux le détruire. Si Cynthia était porté sur les enfants, si elle les appréciait pour ce qu'ils sont, ce qui n'est pas le cas du tout, peut-être entretiendrais-je ce fol espoir en moi. Mais en l'état, même si dans les faits nous étions tous les trois ensemble, je sais qu'il n'y aurait aucune osmose, non de mon fait ou de celui de ma fille, mais tout simplement parce que Cynthia n'agirait pas dans ce sens, d'autant plus que ma fille n'est pas la sienne. Lorsque je ne serai plus de ce monde, peut-être rencontrera-t-elle un autre homme et aura le désir de devenir mère, sait-on jamais. Alors elle s'investira, s'obligera à prendre son enfant comme il est, ne pourra pas ignorer les aspects positifs, agréables, parfois merveilleux, de ce petit être, et changera de regard sur la chose. Sur ce point, comparée à ses deux sœurs, elle est un ovni. D'où lui vient son rejet de l'enfant en général, c'est un mystère...

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