vendredi 17 avril 2015

Désastre que ma nuit

17 avril 2015


Désastre que ma nuit. Combien de temps ais-je mis à m'endormir ? Deux heures, trois heures ? A une heure du matin, tandis que d'habitude je dors à poings fermés, cette nuit je tournais dans tous les sens dans mon lit, comme si j'étais dans une corrida, comme si j'étais le taureau agité chargeant sans cesse le toréador. Mes jambes, mon bassin, ne cessaient d'avoir la bougeotte. Puis vint ce moment où je m'endormis, mais à peine deux heure plus tard je me réveillais pour la première fois. Je toussais, comme si j'avais attrapé froid dans la journée, tremblais, avais froid, mais sitôt recouvert entièrement par ma couette il me semblait crever de chaud, me remettant alors à bouger dans tous les sens, la corrida reprenant ses droits. Ce manège, endormissement puis réveil dans les mêmes conditions, avec le même cirque, se reproduisit toutes les deux heures jusqu'à 7h30 ce matin, heure de mon lever. D'entré de jeux c'est mon cerveau qui pris le relais, comme il le fait déjà depuis trois ou quatre jours, mais cette fois avec plus d'insistance. Mais comment décrire ce qui s'y passe, ce que je ressens, ce que j'éprouve ? C'est comme si un doigt invisible s'amusait avec l'interrupteur, le disjoncteur, de mon cerveau. On allume, on éteint, on allume, on éteint, et c'est sans fin. Ce sont de minis courts-jus qui ne dure que le temps du battement d'un cil. A chaque battement de ces derniers, le disjoncteur saute, je sens comme la décharge électrique comme si elle était l'annonce d'une crise d'épilepsie, d'un court-circuit définitif à venir. Il est à présent 11h00, mais depuis mon lever, rien n'y fait, mon cerveau part en couille malgré les médicaments que je prends. J'ai pris mes calmants, un Doliprane, mon Solupred, Solupred médicament miracle, anti-inflammatoire par excellence qui lutte contre les inflammations provoquées dans mes neurones par mes métastases et les rayon X de mes séances de radiothérapie. J'ai également pris mon Kepra, médicament anti-épileptique. Malgré tout ce cocktail, rien n'y fait, les courts-jus continuent dans mon cerveau et menace de gâcher complètement mon séjour à Paris, ces rares moments en compagnie de ma fille. Cela je ne le veux pas. J'ai donc pris sur moi d'augmenter les doses de Solupred, alors que je suis sensé les baisser aujourd'hui même selon l'ordonnance de mon radiothérapeute. Peut-être l'appellerais-je avant mon départ pour Paris prévu à 15h00. Oui, le Solupred, médicament miracle à base de cortisone, je vais me renseigner un peu plus sur toi, ayant lu  et entendu à plusieurs reprises que prendre trop de cortisone n'était pas bon pour la santé. Cela fait presque un an que je prend de la cortisone tous les jours à des doses non négligeable, loin de là. Certes, mais que faire face à ces court-circuits qui se compte par vingtaine à la minute, me faisant mal à la tête, me rendant complète ment titubant, car lorsqu'il y a court-circuit, c'est la lumière que l'on éteint, celle de mes pensées, de ma concentration, de mon attention, je suis alors comme sans repère dans le noir totale d'une pièce dont je ne peux mesurer la dimension. Vous dire que tout cela m'inquiète serait un piètre euphémisme. Cela m'apeure, oui.

Du coup, impossible de faire marcher ma volonté, cela me demande bien trop d'effort, je m'en rend compte depuis hier déjà. Depuis deux jours j'avais cessé de fumer et d'acheter mes cigarillos pour ne me contenter que de la cigarette électronique. Ce matin, je n'ai pas eu la force de résister, j'ai racheter une boite de cigarillos et j'en fume un tout en écrivant ces quelques lignes. Bien évidement je suis déçu, déçu de n'être qu'une loque incapable de la moindre volonté dans la durée, d'avoir le sentiment que mon cerveau, ma personnalité, volent en miettes lentement mais sûrement. Oui, il ne faut pas que cet état dure trop longtemps, sinon je vais péter un câble et pour de bon.

Je pense également à Cynthia qui constate tout ceci depuis hier et, je le remarque sur son visage, je la sens livide de ne pouvoir agir, d'être impuissante face à cet état de fait. Il faudra donc que je la rassure, d'une manière ou d'une autre, quitte à augmenter mes doses quotidienne de Solupred.

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