mercredi 18 février 2015

Rêve

Je nous vois tous les deux dans ta maison de campagne, avec ton champs et un cheval s'y promenant. Je vois également dans un coin de la cour une basse-cour avec des poules, un ou deux coqs, des canards et une étendue de gravier alentour. Dans ta maison, il y aurait une cheminée et je prendrai plaisir à y allumer des feux. Chaque soir, assis dans le canapé qui ferait face à cette cheminée, je passerai de long moment à contempler ses flammes et ses braises, tandis que toi tu t'occuperai à corriger tes copies, préparer tes cours ou, si le temps t'est laissé, préparé de bons petits plats. Avec ou sans moi, j'espère que tu auras cette maison et si le temps, la destiné, nous accorde une peu de chance, je la découvrirai avec toi. Elle sera à ton image, j'en suis sûr, et alors enfin je baignerai totalement en toi où que se porte mon regard. Faut-il donc que je tente ma chance au loto pour oser espérer pouvoir te l'offrir ? Dois-je dévaliser une banque, braquer des convoyeurs de fonds, kidnapper quelqu'un contre rançon, pour réaliser ce rêve ?

Oui, je ne me résigne pas à te voir enfermé dans un HLM ou n'importe quel immeuble, à te voir enfermé dans une ville, qu'il s'agisse d'une mégapole, d'une métropole ou d'une ville de taille moyenne. Ce n'est pas là qu'on respire, ce n'est pas là que l'on vit, elles sont justes des lieux de consommations et des dortoirs où la rencontre avec soi-même est souvent ardue, tendue, voire  impossible. Le temps de la nature n'est pas le temps des villes. Ces dernières nous détraquent par leur tempo anarchiste, par les mils et une tentations qu'elles mettent à notre disposition, nous plongeons ainsi dans le regret, le remord ou l'amertume parce que nous savons bien que nous ne pouvons tout avoir. Mais chaque boutique, chaque enseigne nous le rappelle insidieusement et, ce, tous les jours.

Dans ta maison de campagne, il n'y aurait rien de tout cela, la nature et ses animaux suffisant amplement à nous satisfaire de notre condition. Pour se faire, il te faudra une voiture car de nos jours il est impossible d'habiter la campagne et de travailler à la ville sans moyen de transport. Il me tarde donc que tu passes ton permis, condition à ton émancipation pour t'échapper un jour de la ville. D'ici-là, parce que je ne sais ce que décidera l'éducation nationale concernant notre sort, j'ai peur que tu sois muté en Ile de France, là où la vie est le plus insupportable, et que tu doivent y resté cinq ans, voire dix ans. A l'avance, je le sais, ce serait un véritable calvaire, un vrai supplice. Oui, je veux tout faire dès le mois prochain pour échapper à cette fatalité et je n'aurai de cesse de harceler ton administration afin d'obtenir gain de cause. Je veux croire que j'obtiendrai des rendez-vous avec des personnes humaines à qui notre histoire parlera, qui auront l'envie de nous aider.


(18 février 2015)

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