jeudi 12 février 2015

Evolution

Devant cette page encore blanche, sur laquelle je ne sais quel sera mon thème de dissertation, c'est le mot « mort » qui s'imprime dans ma tête. Vais-je encore écrire à son sujet, m'adressant à vous, à moi-même ou à l'inconnue ? Depuis que je suis à Paris, hormis Tony que je ne connais que depuis une dizaine d'année, je m'aperçois que je ne rencontre que des amis d'adolescence, voire d'enfance. Qu'il s'agisse de Luc, Frank ou Martial, je constate nos trajectoires réciproques et, moi mis à part, tous ont fait leur petit bonhomme de chemin professionnellement. Cependant nous avons tous bien vieilli, plus de trente années ont passé depuis nos premières rencontres, et cela se lit sur nos visages. Les traits sont tirés, des rides apparaissent, la couleur de nos cheveux se modifie et nous n'avons plus du tout les mêmes regards. Oui, c'est un peu comme si nous étions tous plus ou moins désillusionnés, ayant depuis nos quinze ans ouvert les yeux sur la fade réalité de notre monde, ne croyant plus qu'il y ait quelque beauté que ce soit dans nos sociétés où, sans exception, tout est argent en bout de chaîne. Je me souviens comment nous désirions ardemment vivre, entrer dans le système, en profiter à gorge pleine, mais lorsque je les regardes aujourd'hui il me semble qu'ils attendent que la page se tourne, que la retraite arrive, comme s'ils n'avaient finalement pas vécu ces vingt-cinq dernières années. Pourtant, matériellement parlant, aucun d'eux n'est à plaindre, loin de là, mais c'est à mes yeux la preuve que l'argent n'est qu'une condition du bonheur, pas plus, et que la joie de vivre participe d'autres facteurs.

Samedi je rentre donc chez moi, à Rennes, et il me tarde d'y retrouver son calme, ses rues presque désertes comparativement à Paris, son unique ligne de métro que je n'ai jamais vu bondé comme peuvent l'être les lignes parisiennes. Oui, c'est un tout autre monde, comme l'est sans doute toute ville de France dès lors qu'elles sont comparés à Paris, cette énorme bulle qui nous fait oublier que le reste du monde n'est pas à son image.


(12 février 2015)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire