samedi 7 février 2015

Retour

Depuis hier soir je suis à Paris, dans le quartier qui m’a vu grandir, là où je me suis construit et déconstruit et, déjà, je n’ai qu’une hâte, rentrer à Rennes. Oui, non seulement j’ai perdu l’habitude parisienne, mais de plus mon quartier me ramène à trop de mauvais souvenirs, à cette vie qui fut mienne trente-cinq ans durant, et je ne supporte pas d’y être replongé. Chaque mur, chaque rue, chaque boutique me renvoi à un souvenir et quel que soit ce dernier, de fil en aiguille, il me renvoi lui-même à mes mauvaises expériences. Oui, j’ai eu bien plus de mauvaises expériences que de bonnes, bien plus de déboires que de satisfaction. De même, parce que celui que j’ai été n’existe plus, mort quelque part dans le passé, il m’est d’autant plus pénible d’avoir l’impression de marcher à nouveau sur ses traces, sur ses pas, dans son histoire. Effectivement, j’aimerai que sa vie ne soit pas mon histoire et pourtant c’est ainsi, je ne peux y échapper, victime que je suis de moi-même, malgré qu’aujourd’hui, dans une certaine mesure, je m’apprécie. Pourtant, je ne le sais que trop bien, mon caractère, mon tempérament, n’ont pas fondamentalement changé. Certes, j’ai pris beaucoup de recul avec bien des choses, à commencer envers vous, vous mes semblables, dont je m’écarte à présent car plus le temps passe et plus j’apprécie de vivre en solitaire, plus j’aime ma solitude. A l’écart de vous c’est le calme, la paix à laquelle j’aspire pour les quelques années qu’il me reste à vivre. Mon ami Tony, qui lui aussi a ses propres problèmes de santé qui l’amène à être régulièrement hospitalisé, qui se demande également combien de temps a-t-il devant lui, ne se vit pas de la même manière que moi. Lui veut profiter au maximum de ce temps restant en faisant des choses, en découvrant, s’activant, s’étant même remis à travailler alors qu’il pourrait ne pas le faire. Pour ma part, je ne cherche plus tout cela, vraiment plus. Si j’étais seul, sans Cynthia, je ferai tout pour m’installer dans un monastère ou un lieu similaire, loin de tout, coupé de tout, contemplant uniquement chaque jour qui passe, l’écriture suffisant amplement à mon occupation.


(7 février 2015)

3 commentaires:

  1. quand on a un cancer il faut, pour lutter contre cette maladie, se fixer des objectifs quotidiens faire 500m à pied, se laver même si notre rêve serait de rester au fond du lit. Bon courage

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  2. Visiblement tu connais bien cette maladie et, question objectifs quotidiens, je fais à peu de chose près ce que tu préconises tout en m'efforçant d'écrire chaque jour. L'inconvénient, dans mon cas, n'est pas tant le quotidien que d'avoir peur de projeter ne serait-ce qu'une semaine de vacance au cas où cette maladie me jouerait encore un mauvais tour (ce qu'elle fait ces derniers temps). Du coup je n'ose rien entreprendre sur du court terme, encore moins sur du moyen terme ou du long terme. Cet état de fait épuise régulièrement mon moral...

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  3. Héhé, je connais anonyme qui t'a laissé ce com. Oui, elle connait bien cette maladie. A force de petits objectifs, elle a pu la gravir, cette foutue montagne Bisous
    Zazou

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