mercredi 11 février 2015

Ma religion

15H00


Ici, en plein centre de Paris, dans le quartier des Halles qui est vingt-quatre sur vingt-quatre en activité, je pense à toi mon oiseau noir et, étrangement, je n'éprouve aucun manque. Tu es là quelque part, et de le savoir suffit à m'apaiser. Cependant, toujours me taraude cette question maudite : à quoi te suis-je utile à présent, en quoi ma seule présence t'apportera quoi que ce soit demain et après ?

Je préfère t'écrire ces choses plutôt que de te les dire de vive voix, car lorsque c'est le cas je n'ai qu'un long silence en guise de retour. T'écrire enlève les murs et les barrières de ta réserve naturelle,  allègrement je m'affranchis de cette dernière et c'est alors en toute liberté que je peux m'ouvrir à toi, toi ma compagne depuis tant de temps. Je ne sais si tu m'as sauvé la vie, mais tu as fait d'un rescapé un être vivant et heureux de l'être. Tous ceux et celles qui m'ont connu bien avant toi te le diront, t'affirmerons que ce n'est pas un mince exploit.

Aujourd'hui la maladie nous dérange, qu'il s'agisse de moi ou de ta mère. Elle entame notre joie de vivre, mais n'est pas parvenu à m'ôter le plaisir que me procure ta présence et tes propres plaisirs. Mais qu'en es-il de toi ? En quoi d'être spectatrice de cette maladie t'a modifié ? Et ces modifications, te dérangent-elles, handicapent-elles ? En l'état, je ne sais à quel point elles t'ont transformé en profondeur, sur quel point précis, quel détail, sur quel cheminement de l'esprit elles te mènent.

Je trouve dommage, si ce n'est triste, que tu vives cela si jeune, alors que ta vie, celle qui t'es enfin propre, démarre enfin. Devant toi l'avenir est grand ouvert, tous les possibles sont disponibles, mais ma maladie, celle de ta mère, rétrécissent le paysage. Je n'ai qu'un souhait, qu'un vœux, que tu puisse voir et te projeter au-delà de ces deux murs qui, tôt ou tard, s'affaisseront, s’abattront, tomberont, ne devenant alors que poussières. Ta vue, enfin, sera libéré car plus aucun obstacle ne gâcheront ton paysage. Puisse ce dernier te plaire alors et te convenir, puisses-tu y trouver ton compte, de la chaleur et de l'amour, voici ce que je désire égoïstement pour toi.


(11 février 2015)

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