lundi 9 février 2015

Retrouvaille

Dans quelques heures ma fille sera là, après six mois d'absence physique. Qui vais-je retrouver exactement ? A treize ans, début de l'adolescence, on change vite. Que vais-je reconnaître en elle, que vais-je découvrir ? Et physiquement, sera-t-elle pareil que dans mon souvenir ? Et entre nous, comment cela va-t-il se passer, moi qui ne parle pour ainsi dire plus à personne depuis des mois, hormis à ma compagne ? De même, elle va sûrement me questionner sur ma maladie, mon cancer, et une fois de plus je vais m'astreindre à la rassurer tant bien que mal. Il m'est difficile de ne pas pouvoir parler ouvertement de ma maladie, de ne pas pouvoir lui dire que la mort ne me dérange pas, qu'elle arrive demain ou après-demain. Elle, je le sais, veut que je vive, ne veut pas connaître le manque et la souffrance, la douleur, la tristesse qui sont souvent ses compagnes. Nous ne resterons pas longtemps ensemble, quatre jours entiers seulement, mais bon, c'est toujours mieux que de ne pas se voir du tout. Oui, sa mère a eu ce qu'elle voulait, pas de père pour sa fille, pas d'éducateur autre qu'elle pour notre enfant. Elle est son jouet, sa poupée, sa seule raison d'être tant, par sa bêtise, elle est incapable d'avoir des ami(e)s, ami(e)s au sens profond du terme, et que tous les membres de sa famille qui sont de sa génération l'écartent également. Et oui, qui veut avoir à faire à une menteuse, une hypocrite, une lâche ? Je pense donc à ma fille qui a un tout autre regard sur sa mère, ce qui n'est pas étonnant, qui pense que sa mère est quelqu'un de bien, que l'on peut apprécier, que l'on aimerait avoir pour amie. Oui, ma fille est à mil lieux de la réalité et, treize années durant, je l'ai vu prendre, endosser les mauvais aspects du costume de sa mère. Comme elle, elle est devenue une peureuse, et comme je sais que la peur peut mener à bien des tares, dont le mensonge, l'hypocrisie et la lâcheté, comment ne pas m'inquiéter de ce qu'elle va devenir, de son évolution dans les années à venir ? Sur ces points précis, j'ai pris le partie qu'elle sera comme sa mère, aussi indigne d'être aimé, respecté ou apprécié. Parce que je n'ai pas eu le droit à la parole dans chaque chapitre de l'histoire de ma fille, parce que concrètement je n'ai pu faire contre-balance face à l'éducation que lui a donné sa mère, à présent je me fous de savoir ce que deviendra ma fille. Mais, si je vis assez longtemps, peut-être serais-je surpris. Peut-être que ma fille ne sera pas aussi poltronne que sa mère, peut-être n'aura-t-elle pas besoin d'utiliser le mensonge ou l'hypocrisie pour se faire sa place dans ce monde. Oui, ce serait une agréable surprise et alors seulement je serai fier d'elle. Cependant, en l'état, c'est mal engagé tant elle gobe pour argent comptant tout ce que dit sa mère, une mère pourtant cultivé, mais qui ne sait pas penser, ni réfléchir, ni avoir de raisonnement cohérent. Ces êtres-là, on les appelle des cons, des connes, et même moi j'ai été con de ne pas voir plus tôt qu'elle était la véritable nature de sa mère. Vous pouvez penser que je crache sur elle par amertume, pour tout le mal qu'elle nous a fait à ma fille et moi, mais sincèrement j'ai passé ce stade. Sur ma fille, j'ai mis une croix car il est trop tard, jamais je ne serai son père, son parent, celui qui est là, à ses côtés, tant pour l'accompagner dans les bons comme dans les mauvais moments. Non, je n'en veux plus à sa mère, elle est bien trop con pour mériter quelque sentiment de colère qui soit de ma part. Je pense uniquement au jour où elle-aussi crèvera et je me dis qu'il y aura une conne de moins sur terre, ce qui ne sera pas plus mal. C'est alors seulement que ma fille réalisera, parce que livrée  elle-même, que toutes les leçons de vie que lui aura inculqué sa mère ne lui seront pas d'une grande utilité, voire qu'elle ne lui serviront strictement à rien lorsqu'il s'agira pour elle de construire sa vie, d'entrer dans le monde actif, professionnel, celui où l'on te tend la main uniquement si tu le mérites.Cependant, comme chacun le sait, on ne tend pas la main aux lâches, aux couards ou aux menteurs. Ceux-là on les évite, on les met loin de nous, hors de porté, afin qu'ils ne polluent pas notre atmosphère ou ceux de nos proches, enfants y compris.


(9 février 2015)

2 commentaires:

  1. Je te souhaite juste de profiter à fond de ces 4 jours.
    zazou

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  2. C'est bien ce que je vais tenter de faire, sois-en assurée !

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