mercredi 25 février 2015

J'ai envie d'écrire

J'ai envie d'écrire, j'en ai besoin comme quelqu'un qui suffoque a besoin de respirer. Mais depuis que je suis sortie de ma séance de radiothérapie, il y a deux bonnes heures maintenant, c'est comme si mon cerveau ne réagissait plus, comme s'il ne fonctionnait plus normalement. Je le sens assommé, non dans le sens de la fatigue ou d'un quelconque maux de tête, mais comme s'il était trop plein, si plein qu’aucune idée, aucune pensée ne puisse s'étendre au-delà du périmètre où elle stagne. Effectuer une déduction logique me semble impossible en l'état, je ne sais même pas d'où partir, de quelle idée, de quel constat. Je n'ai pas souvenir que mes séances de radiothérapie antérieurs m'aient mis dans cet état. De même, tout à l'heure quelque sifflement strident se sont fait entendre dans ma tête, en interne, mais ça n'a pas été long. Néanmoins, même si rien ne semble fonctionner comme d'habitude dans mon cerveau, je veux écrire car c'est ainsi que je me sens pleinement respirer.

Aujourd'hui Cynthia a reçu le nom de l'académie dont elle dépendra l'an prochain. Il s'agit de Besançon. Mon cerveau est tellement assommé ou trop plein que je ne sais quoi penser de cette affectation. Dans un sens, elle n'est pas faites pour me déplaire car quelque soit la ville où nous habiterons, Besançon ou alentour, ce sera calme et tranquille, contrairement aux villes de la banlieue parisienne, lyonnaise ou autres. Par contre, au niveau médical, comment vais-je pouvoir être suivi correctement là-bas ? Serais-je obliger de me rendre sur Lyon ? Car le Cyberknife, l'appareil dont on se sert et dont j'ai besoin pour mes radiations, pour soigner et tenter d'endiguer mes métastases cérébrales, il clair que Besançon n'en possède pas. D'un autre côté je me dis que là-bas Cynthia sera plus proche de Lyon et donc de sa mère. Elle pourrait faire l'aller et retour dans la même journée pour aller l'avoir, ou y passer un week-end. Elle ne serait plus aussi dépendante des vacances scolaires pour être proche de sa mère, mais qu'en pense-t-elle ? Le seul véritable point contraignant est le déménagement, un de plus, le troisième en l'espace de deux ans, et pour ma part je sais que je ne pourrai être d'aucune aide pour le déménagement lui-même, qu'il  s'agisse de faire les cartons ou de les déballer. Cela nous obligerait également à prendre un crédit pour payer le déménagement, alors que rester à Rennes nous ôterais toutes ces contraintes ? Je vais donc plaider notre cause auprès de l'éducation nationale, afin que Cynthia reste affecté à Rennes, et je vais essayer de le faire du mieux possible, quitte à me rendre à Paris pour avoir un entretien avec une personne responsable des affectations. Dans la même veine, je me rendrait au rectorat de Rennes pour voir si je peux avoir des soutiens à leur niveau. La semaine prochaine je commencerai à réunir tous les documents médicaux me concernant, tous les documents attestant que Cynthia et moi vivons maritalement  depuis 2009, ainsi qu'un courrier de chacun des médecins qui me suivent, quatre au total, témoignant que pour mon bien-être, pour ma santé tant morale que physique, je dois rester à Rennes. Oui, je vais me battre pour obtenir gain de cause et, comme je l'ai déjà écrit par ailleurs, j'espère que nous aurons des personnes compréhensives comme interlocuteurs.

De même, si nous devions habiter Besançon, cela me rapprocherait également de ma fille et, comme lorsque j'étais à Lyon, nous pourrions nous voir plus souvent. Cependant, et même si c'est malheureux, ma fille n'est plus ma priorité. Elle commence à entrer dans l'adolescence, les frictions avec sa mère démarre pour de bon et, pas plus que je n'ai été mêlé à leur vie auparavant, je tiens à l'être présentement. Effectivement, cela impliquerait que je m'ingère dans l'éducation que lui donne sa mère, rôle qui aurait dû être le mien dès la naissance de ma fille, rôle dont sa mère m'a radicalement éloigné, et comme je me porte mieux moins j'ai de contact avec sa mère, m'ingérer dans leur histoire ne fera que me fatiguer et, je le pense, ne sera pas d'une grande utilité dans l'émancipation que ma fille commence à réclamer. Pour que j'ai un rôle efficace il faudrait que ma fille décide de venir vivre avec moi, mais comme elle me l'a dit, elle ne le souhaite pas. J'en déduis qu'elle n'est si mal que ça chez sa mère et qu'elle monte en épingle des peccadilles, comme tout enfant gâté, parce que sa mère lui interdit certains loisirs, prétextant le manque de respect de notre fille à son encontre, ce qui est fort possible vu le tempérament de notre enfant.

Mais assez parlez de ma fille et de sa mère, sujet qui n'a jamais été une source de satisfaction pour moi. Je préfère, et de loin, parler de Rennes, de la vie que j'y mène avec Cynthia ou sans elle. J'aime m'y retrouver toute la journée dehors à écrire. Je me sens ici comme dans un petit village et les endroits où je circule, où je marche, où je m'installe, sont tous des zones piétonnières. Je suis loin des voitures, de leur bruit, dans les cafés, autour de moi il y a plein de jeunes, à croire que les gens de mon âge ne sortent pas au bistrot ou vont dans des endroits, d'autres brasseries, où les différentes générations ne se côtoient pas. C'est ainsi que j'ai repéré deux ou trois bars où la clientèle était à la retraite, tous et toutes dans un âge avancé. De même, près de la gare, il y a quelques cafés où se réunissent des personnes de ma génération. Cependant, comme je ne cherche pas à faire de rencontre, j'ai pris mes habitudes dans les cafés situés dans les zones piétonnières, habitudes qu'a également la jeunesse rennaise.

Cela fait un peu plus d'une heure que j'écris et je constate que même si je ne parviens pas à coordonner quelque sujet que ce soit dans mon esprit, j'arrive néanmoins à développer quelques thématiques. Cependant c'est sur d'autre chose que j'aimerai écrire, mais quoi ? Je ne sais pourquoi mais je pense au salon de l'agriculture qui se déroule actuellement à Paris. Sarkozy s'y est rendu aujourd'hui, en tant que président de l'UMP, et tout cela me fait sourire, mais d'un sourire désolant. Je vois une fois de plus la politique en marche, mais pas la politique noble, celle politicienne où il s'agit de rassembler le plus de monde dans son camps, sans programme claire, sans ambitions véritables si ce n'est gouverner, être appeler aux commandes, pour le seul plaisir d'exercer le pouvoir, d'avoir du pouvoir. Comment voulez-vous que je considère ce type d'homme, qu'il s'agisse de lui ou d'un autre, d'une autre, comment voulez-vous que leur démarche me parle, m'attire ou me plaise ? Pourtant nous n'avons d'autre choix que d'avoir des ambitieux pour nous diriger, notre système est ainsi fait, mais je n'ai jamais vu que l'ambition faisait la qualité d'une personne, ce qui la rendait d'emblée respectable, honorable. J'ai plus souvent vu des gens modestes, humbles, faire le plus grand bien au plus grand nombre que l'inverse. J'avoue être abasourdis par l’ego démesuré de beaucoup de nos dirigeants politiques. Pourtant je ne suis pas sans ignorer que l'ambitieux se doit avoir un ego important, car il ne doit pas douter de lui-même s'il veut réussir, s'il veut atteindre ses objectifs. Oui, la confiance en soi est un facteur important pour se faire une bonne place dans notre société, qui que l'on soit, et ceux et celles qui doutent trop d'eux-mêmes, de leurs qualités, de leur compétence, sont voués à vivre de long calvaire, soit périodiquement, soit de manière continue. On dit souvent que la confiance en soi dépend de l'amour que l'on a reçu enfant. A quel point cette assertion est-elle fondée ? J'aimerai pouvoir développer sur ce thème, mais mon cerveau ne me le permet pas en l'état.

Hier, Cynthia et moi avons beaucoup discuté, ce qui nous arrive rarement, tant d'habitude elle est affairée aux problèmes qui lui sont propres et moi aux miens. Mais là nous avons parlé de nous, de notre couple, de son issu à court ou moyen terme. Il est manifeste que nous ne le regardons pas de la même manière et même s'il me semble qu'elle comprend ma vision de la chose, vision qu'elle ne partage pas, moi je ne parviens pas à saisir son point de vue. Il est une énigme, mais néanmoins lorsqu'elle me l'explique, elle parvient à me convaincre du bien-fondé de ce dernier. N'est-ce pas étonnant que d'être convaincu par quelque chose que l'on ne comprend pourtant pas ?


(25 févriers 2015)

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