samedi 25 octobre 2014

Sexualité

Ce matin je pense au sexe, à la sexualité, un univers qui ne fait plus partie de mon quotidien depuis un an. La maladie, les traitements, les médicaments et ma fatigue ont eu raison de ma libido. Cette dernière étant absente, je n’éprouve aucun manque de l’acte sexuel, mais me remémorant mes ébats avec ma compagne, une union plus forte que l’union, j’éprouve néanmoins quelques regrets.

Coucher ensemble, se donner du plaisir l’un l’autre, est une forme de relation. C’est comme converser, échanger, discuter pour le plaisir de tout et de rien avec un être qui vous est cher. Coucher ensemble, faire l’amour, jouir, c’est comme élaborer un projet commun, faire des projections qui, du simple fait de les évoquer, vous enivre de plaisir. Oui, coucher ensemble, faire l’amour, baiser, appelez cela comme vous le voulez, est une forme de relation qui peut se suffire à elle-même pour unir ou réunir des individus. Il n’est nul besoin ou obligatoire d’être en couple ou de s’acharner à en créer un pour que, de part et d’autre, chacun y trouve son compte. Voilà pourquoi je maudis et crache sur les diktats qui veulent absolument associer l’acte sexuel à des couples préalablement construits ou en cours de construction. Ces morales de merde qui exigent l’existence du couple comme condition sine qua non à l’acte sexuel sont d’un autre âge. Hors couple cette pratique, cette forme de relation est toujours pointé du doigt, marqué plus ou moins au fer rouge sur les épaules des protagonistes et là, selon que vous serez né mâle ou femelle, votre réputation se fera malgré vous. L’homme sera un tombeur, summum du compliment viril, et la femme sera traitée de salope, de chienne en chaleur, de pute ou de nymphomane. Puisque nous en sommes toujours là, au moyen-âge et bien au-delà, mieux vaut donc être un homme, la cause est entendue.

Aussi je rigole lorsque j’entends périodiquement parler de révolution sexuelle, de libération sexuelle puisqu’en la matière, nos comportements le prouvant, nous agissons et jugeons de la chose comme avant-guerre. Même si je concède que nous avons un peu évolué dans la pratique depuis les années 70, il n’en va pas de même de nos mentalités. Ici, en France, nous somme toujours sous le joug des interdits judéo-chrétiens, sous la coupe de cette morale puritaine qui ne peut concevoir que l’on ait des rapports sexuels pour le simple plaisir de les avoir, à mil lieux d’un but procréatif ou maritale. Le philosophe Michel Onfray ayant démontré cet état de fait bien mieux que je ne le ferai, je m’arrête là dans mes considérations sur la question. Par contre, construire un couple c’est autre chose et, à dire vrai, son existence, sa pérennité, ne dépend pas de l’acte sexuel. Nombreux sont les couples au sein desquels il n’existe aucune complicités sexuelles, au sein desquels l’un des deux partenaires, voire les deux, ne s’épanouisse nullement à travers l’acte sexuel. Enfin, il y a tout ces couples au sein desquels les rapports sexuels ont purement disparus, où il n’y a plus d’ébats, mais où aucun des deux partenaires n’envisage la séparation.

Pour un homme, éjaculer ne signifie pas forcément plaisir, jouissance extrême ou nirvana. Pénétrer, bander, tout faire pour maintenir en érection son pénis peut même s’avérer laborieux, ennuyeux, sans aucune saveur. Certes l’éjaculation est au bout du chemin, mais elle n’est alors qu’une conséquence mécanique sans aucune âme. N’étant pas une femme je me garderai bien d’essayer de définir les différents paliers de votre libido, mais étant un homme il m’apparait utile de vous signaler les nôtres. Rares sont les femmes qui comprennent la libido masculine et, évidement, inversement. Mais cela n’est-il pas normal tant le sujet est l’ultime tabou des tabous, qu’il ne vient que très rarement dans nos conversations, ou alors exceptionnellement, impliquant que nous nous méprenons très souvent sur le plaisir que nous procurons ou pas à notre partenaire. Aussi, le jour où parler de cul deviendra aussi banal que de parler gastronomie, musique ou cinéma, alors ce jour seulement l’humanité aura fait sa révolution sexuelle, franchissant ainsi un grand cap.


(25 octobre 2014)

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