mercredi 22 octobre 2014

Réveil

Premiers mots, premières lettres, premières pensées en construction. Levé depuis une dizaine de minute je sens déjà sous mon crâne s’agiter quelques filaments – embryons de pensées non structurées – qui, telles des méduses en eaux profondes flottent, se laissant porter par les courants marins. Tôt ou tard un filament en rencontrera un autre, ils s’assembleront et, bien malgré ma conscience, ils commenceront à structurer la première de mes pensées. Sera-ce une question ? Sera-ce un constat ? Je ne le saurai qu’une fois leur œuvre achevé car il n’est que là, à cet instant, leur osmose étant enfin construite, que cela se révèlera compréhensible à ma conscience.

Quelques mots traversent mon esprit en mode disparate, sans aucune cohérence apparente les uns avec les autres et, n’étant pas assez réveillé pour pouvoir faire preuve d’attention, de concentration ou de compréhension, je ne m’arrête sur aucun d’eux. Comme un cheval au galop traversant l’étendue de mon crâne, je vois filer ces mots : ma fille, médicaments, Cynthia, le jour se lève, rennes, docteurs, cancer, IRM, Chaff, et tant d’autres. Touts ces filaments sont reliés dans ma vie quotidienne et il est évident que ce n’est pas un hasard si ce sont eux plutôt que d’autres qui flottent dans ma tête ce matin.

Cynthia vient d’entrer dans la pièce où j’écris ces lignes. Ce simple fait casse l’alchimie qu’est mon étrange désir d’écrire, de poser sur le papier les composantes de ma personne. Alors je cesse d’écrire par crainte d’être dérangé car je ne peux écrire que dans l’élan, telle une course effrénée qui ne pourrait supporter la moindre halte.


(22 octobre 2014)

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