dimanche 5 octobre 2014

De l'identité

Assis à une terrasse de café en ce dimanche matin, il est 10h00, la ville de Rennes est calme. Les gens commencent seulement à sortir de chez eux, certains pour acheter leur pain, d’autres pour entamer leur promenade du jour. Je les regarde passer, se comporter, j’observe les alentours, l’église Sainte-Anne, les brasseries et les restaurants qui la jouxtent et, comme ce qui n’est plus une surprise pour moi, je me sens étranger à cet univers, un étranger dans le sens ou aucune racine identitaire ne me lie à cette ville, à la Bretagne ou à tout autre endroit sur notre terre.

Chacun pourra dire ce qu’il veut et croire ce qui l’arrange, mais il me semble manifeste, évident, que la construction de notre identité est directement liée à notre environnement. N’en déplaise aux adeptes des thèses raciales, voire eugénistes, il est clair que l’ADN d’un individu ne le prédispose à rien de particulier, que ses gènes ne peuvent nous éclairer sur qui il sera, sur qui il deviendra et, surtout, pourquoi il en sera ainsi. C’est bien notre environnement qui nous façonne, à commencer par notre cellule familiale, son atmosphère, les personnalités qui la composent, les actes et idées qui y sont véhiculés, ainsi que les lieux où nous résidons, qu’il s’agisse du foyer, du quartier, de la ville ou du pays. C’est au contact des individus qui participent de cet environnement que nous nous construisons et ce sera en fonction de leurs attitudes à notre égard que nous nous estimerons ou non, nous appréciant ou pas, prêt à croire telle chose plutôt qu’une autre, entretenant en conséquence certaines valeurs plutôt que d’autres, etc.

Pour ma part, enfant d’une femme française et d’un homme marocain, je n’ai pas d’identité au sens « identitaire », je n’ai pas de racines vis-à-vis de quelque lieu que ce soit et donc avec l’histoire de ces lieux, même si je me revendique être parisien et uniquement un parisien. Cependant cela ne constitue pas une identité à proprement parlé, c’est plutôt une forme de personnalité. Être parisien, c’est surtout une façon de vivre, une manière de se comporter, d’appréhender et d’envisager les choses, mais toute cette alchimie se fait sous un angle qui n’a strictement rien à voir avec l’histoire de Paris ou de sa région. Paris est une ville sans traditions, sans us et coutumes aux contours bien définis, raison pour laquelle toute personne qui y réside, qu’elle y soit née ou non, qu’elle y ait grandie ou non, peut aisément se fondre dans le paysage et, très rapidement, s’y sentir chez elle. D’une certaine manière Paris appartient à tout le monde et à personne du fait de la densité et de la diversité de sa population, population originaire d’un peu partout, faisant de cette ville un bouillon multiculturel où aucune coutume, aucune religion, aucune croyance ou idée ne peut à elle seule résumer l’ensemble.

Effectivement ce qui distingue une identité « identitaire », se sentir breton par exemple, d’une simple forme de personnalité est le recours à la tradition, à l’us et à la coutume, pour justifier de son appartenance à un groupe de personnes, pour justifier qu’il y aurait des lieux ou des coins de terre qui seraient plus à soi qu’à ceux qui n’y sont pas nés, voire qui n’y ont pas grandi, mettant ainsi une frontière, une barrière, ou parfois excluant de son microcosme tous ceux et celles qui ne s’y apparentent pas.


(5 octobre 2014)

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