jeudi 30 octobre 2014

Cynthia

Des lettres d’amour je lui en ai écris souvent, mais c’était il y a longtemps. Je prenais même plaisir à rédiger des poèmes et tout ce que j’écrivais alors, les premières années de notre union, lui était directement adressé. Mais ça aussi c’était il y a longtemps. Puis un jour, sans que je ne sache quand exactement et pourquoi, j’ai cessé de lui écrire, j’ai cessé de lui donner les preuves de l’amour que je lui voue par des mots, des phrases chargées des sentiments de mon cœur. C’est sans doute à cette même époque que j’ai cessé définitivement d’écrire, certainement parce que j’allais si bien dans cette nouvelle vie que rien, absolument rien, ne pouvait l’entacher.

Lorsque j’ai appris que j’avais un cancer, il y a maintenant un an, là encore je n’ai pas pensé à elle. Pendant cinq mois, peut-être plus, je n’ai passé mon temps qu’à m’observer, à avoir peur, à essayer de gérer cette peur, mais Cynthia, lui-ais-je laissé une véritable place dans mon esprit, ais-je laisser l’amour que je lui voue s’exprimer dans mon cœur ? Je l’ai délaissé intérieurement, tel est mon sentiment, car trop accaparé par la panique qui était alors mienne. Aujourd’hui tout cela s’est apaisé et, enfin, je regarde à nouveau Cynthia, la contemple, éprouve de nouveau fierté et admiration face à son courage, sa ténacité, sa bienveillance et sa fidélité à ma personne.

Elle est la première femme dont je peux dire qu’elle est une partie de moi, indéniablement et sûrement. Non pas que je n’ai pas éprouvé de véritables attachements envers deux ou trois femmes dans mon passé, mais pour moi il est clair que nous étions des personnalités bien distinctes, même pas complémentaires, qui avions simplement du plaisir à être ensemble. Avec Cynthia tout est différent. Bien sûr cela ne s’est pas fait en un jour et, à deux ou trois reprises, nous aurions même pu nous séparer définitivement. Je ne sais qui a mis le plus d’eau dans son vin à cette époque, je ne sais par quelle magie nos désaccords profonds d’alors se sont apaisés, mais la suite de l’histoire, en ce qui me concerne, a été un véritable conte de fée. Effectivement une fois que cette période de troubles, de mise au point, d’explications de part et d’autre, fût passé, je n’ai pas souvenir de disputes verbales violentes, de mise en danger de notre couple et, aujourd’hui, j’apprécie cela d’autant plus que je ne vois plus ce qui pourrait nous séparer, hormis le décès de l’un ou de l’autre.

Quelque part, vous dire que je l’aime ne veut rien dire car ce lieu-dit n’est pas à la hauteur de ce que j’éprouve pour elle. M’approchant de la cinquantaine, ayant rencontré des personnes de toutes sortes, de milieux sociaux allant du bas de l’échelle aux sphères du pouvoir, je peux simplement dire que celle que j’aime mérite d’être heureuse, avec ou sans moi, tant le fond de sa personne est fondamentalement bon, généreux et, même si elle s’en défend, prêt à l’empathie. Jamais je n’aurai imaginé rencontrer quelqu’un avec qui je me sente aussi bien. Oui, ni mon frère ni mes amis ne m’apporte autant de sérénité, y compris face à l’adversité. Aussi, entre mes états d’âme et tergiversations intellectuelles, je pense que c’est la moindre des choses que de vous exposez l’importance, la place et le rôle crucial qu’elle tient dans ma vie. Plus qu’une flamme, elle est le feu qui m’illumine, qui m’offre chaleur et réconfort et, parce que je me veux digne d’elle, elle est également ma force, celle qui me donne l’énergie de me battre quelque soit le problème à affronter. De moi, elle fait un battant, y compris dans mes moments de faiblesse, car il ne serait être question que je la déçoive, elle qui ne m’a jamais déçu.

Avant de la connaître, je n’en avais strictement rien foutre de la condition et du sort réservé aux animaux. Lentement mais sûrement, peut-être malgré elle, elle m’a appris à les regarder, à les écouter, à les considérer et, parfois, à les comprendre. Est-ce à dire que je suis devenu un amoureux des bêtes? Pas du tout. Par contre je les considère à présent comme mon semblable, avec un cœur, des émotions, une forme de pensée et, pas plus que je ne supporte les violences que nous pouvons exercer entre nous, je ne supporte celles que nous leur infligeons. Aujourd’hui je mange cent fois moins de viande que jadis et, si j’arrive à tenir sur la distance, j’envisage de devenir végétarien afin de ne plus participer au sort qui est réservé aux animaux, à leurs conditions d’élevage. Le problème est que je n’apprécie pas particulièrement les légumes, les soupes et les fromages. Il me sera donc difficile de changer de régime alimentaire, mais une chose est sûre, j’essayerai.


(30 octobre 2014)

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