mardi 21 octobre 2014

IRM

IRM, examen de merde, machine de merde qui a tous les aspects d’un cercueil où l’on enterre vivant des gens. J’ai foiré cet examen la semaine dernière car dès que ma tête s’est trouvée encastrée dans la machine, de suite j’ai fait une crise de claustrophobie. Ce matin, afin d’éviter que ne se reproduise cet incident, je me shooté au Xanax 0,50. L’IRM était prévue à 8h40. Levé à 7h00, j’ai avalé quatre Xanax dans ce laps de temps, sachant qu’ordinairement je n’en prends qu’un matin, midi et soir.

A présent il est 9h30 et j’attends toujours. Du coup l’effet du Xanax, de l’état léthargique de l’esprit qui va de pair se dissipe lentement. Donc je suis bon pour prendre un autre de ces bonbons afin de me donner un maximum de chance pour résister à l’examen, affronter ma claustrophobie car, tel est mon souhait, mon esprit devrait être tellement anesthésié qu’il ne pourra entretenir aucun schéma de peur, aucun film où j’aurai le sentiment de suffoquer, de ne plus pouvoir respirer, où l’happy end ne serait pas ma mort probable, quasi certaine, à cause d’un manque d’air. Il faut que je respire, que je le sente, l’éprouve et, cela, sans doute aucun. Je reprends donc à l’instant un Xanax supplémentaire, il ne sera que le cinquième de cette courte matinée. Il est ainsi fort probable que je m’endorme lors de l’examen. Peut-être même ronflerais-je lorsque je serai allongé, tête coincé dans la machine, ce qui s’est déjà produit dans le passé. Cela perturbera donc le bon déroulement de l’examen, mes ronflements interférents avec le système de récupération de mes données cérébrales. Comme cela est déjà arrivé, le personnel n’aura d’autre choix que de me réveiller afin que cessent mes ronflements.

J’apprends à l’instant que la machine IRM ne sera pas fonctionnelle avant deux bonnes heures, ce qui reporte mon rendez-vous après 12h00. Je me suis donc shooté pour rien ce matin et tout sera à refaire tout à l’heure. Aujourd’hui je vais donc planer toute la journée et l’effet du Xanax étant tel, il est évident que de nombreuses phases d’assoupissement s’empareront de moi. Face à ces dernières je devrais lutter, lutter pour ne pas plonger dans un sommeil profond. A présent l’équipe médicale nous informe que leur machine ne sera pas réparée avant 12h00, voire 13h00, et qu’en conséquence tous les rendez-vous de la matinée doivent être reportés à une autre période. Mon examen est maintenant prévu le 30 octobre et, sincèrement, je commence à croire qu’il aura du mal à se faire.

Vie de merde lorsque rien ne se passe comme prévu, vie de merde lorsque l’imprévu vous oblige à revoir touts vos plans, qu’il s’agisse de ceux du jour présent, des semaines ou des mois à venir. Je réalise que si planifier sa vie n’est pas une tâche aisée, planifier sa mort ne l’est pas plus. Même dans ce dernier cas, alors que le trou est là, à quelques pas de couchers de soleil, même là la pérennité n’est pas de mise. Le monde du vivant fait, fabriqué et entretenu pour que le vivant persiste, perdure, sème embûches et contretemps dans l’ultime ligne droite de ceux et celles qui, en toute conscience,  se savent engagés dans le monde de la mort, un monde qui ne supporte plus les « peut-être », les « possibles », les actes ou incidences qui sont sans réelle importance aux yeux de ceux et celles qui se portent bien, sans sérieux impact pour ceux et celles qui participe de l’illusoire monde du vivant. Un condamné, qu’il soit dans le couloir de la mort, sujet à une maladie mortelle ou soldat sur un champ de bataille, a parfaitement conscience de la finalité qui l’attend, la mort, dont seule la date reste l’élément inconnu. A partir de là rien ne se construit de la même façon, ni l’individu ni ses actes, projets ou constructions. On ne se vit pas et l’on ne vit pas sa trajectoire personnelle selon que nous savons la fin de notre horizon imminent, à court terme, à moyen terme ou à long terme. Les jeux de cartes ne sont pas les mêmes et la donne, la partie elle-même, s’en ressent en conséquence.

Autre sujet, autre problématique du jour dont la forme d’approche signifie par elle-même qu’aucune réponse indiscutable, non sujet à polémique n’est possible, est celui de ma décision de rompre définitivement le peu de lien que j’entretenais avec ma fille âgée de douze ans, sa mère et la majorité des personnes qui, de près ou de loin, ont participé à ce que j’appelle un désastre. Comme il est bien évident que je ne saurai être partial vis-à-vis de cette histoire qui est plutôt une non-histoire, je peux néanmoins m’appuyer sur des faits indéniables, avérés, connus ou reconnus par les uns et les autres, des faits sur lesquels tout le monde sera d’accord. Le souci réside donc dans l’interprétation de ces derniers, dans l’interprétation des actes qui ont été commis et, à leur tour, sur l’interprétation que les uns et les autres avons fait, faisons et ferons encore sur leurs fameuses conséquences. Si d’emblée la première spirale du cercle d’interprétation diverge d’un individu à l’autre, alors il est clair, malgré des faits reconnus par tous, que c’est à une ribambelle d’histoires différentes que nous sommes exposés. Cependant, à cause de l’effet soporifique de tout ces Xanax que j’ai ingurgité ce matin, je ne me sens pas pour l’heure d’entrer dans le détail de ma séparation avec ma fille ou, plus exactement, de m’expliquer sur ma décision de rompre définitivement un lien quasi-inexistant, lien que j’ai essayé de construire et d’entretenir et ce, pendant douze ans, avec la fille de mon ex-compagne.


(21 octobre 2014)

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