mercredi 7 janvier 2015

Quelle bonne place ?

Que dire de plus ou de moins, la vie avance, maladie ou non, espoir ou non. Alors autant opter pour l’espoir serais-je tenté de dire, même si la déconvenue est à sa porte, prête à me gifler une nouvelle fois. Aujourd’hui est un jour où je me sens libre, comme débarrassé de mes fardeaux, cancer y compris, mais je sais que ce n’est qu’un répit, un moment de douceur dans l’anarchie des jours passés et à venir. La mort, acceptons-le, est un rendez-vous inévitable. Alors pourquoi lorgner sur elle, focaliser, s’acharner à l’envisager dans tous les sens ?

Cependant, en attendant cette fin, il reste la souffrance qui, elle, est bien visible, tangible. En plus de cette dernière, surtout lorsque l’on est soi-même sujet à une maladie mortelle, il y a des désespoirs qui se lisent sur les visages, le sien pour commencer, puis ceux des autres, de l’entourage, de la famille et des amis. Ces scènes, ces constats sont cruelles pour le malade car, même si lui sait sa fin venir, il sait et veut que la vie continue pour les autres, avec des joies, du plaisir et non des pleurs ou toutes autres formes d’atermoiements. Alors on se sent coupable d’être malade, d’être celui par qui le déplaisir arrive, celui qui empêche le monde de tourner rond dans ses habitudes usuelles ou intellectuelles. Oui, c’est atroce que d’éprouver cela, mais que pouvons-nous y faire ? Doit-on faire semblant de ne pas être malade, faire semblant d’être fort et vigoureux, contenir les larmes qui parfois nous submergent ? Que doit-on faire pour épargner les nôtres, les soulager, leur ôter le poids de cette maladie qui, pourtant, ne s’en prend qu’à nous ?

Je ne sais où est la solution car peut-être n’en existe-t-il pas, tout simplement. Chacun souffre, à sa sauce, en son âme et conscience, car qui peut rester impassible dès lors qu’il s’agit d’une personne aimée ? De même, du malade ou de l’entourage, je ne sais pas vraiment qui est le plus malheureux.
Hormis la peur de la mort qui nous tenaille, se cramponnant à notre estomac en nous laissant que peu de temps de répit, nous les malades sommes-nous si malheureux ? Je suis tenté de dire et de croire que notre entourage l’est bien plus que nous, car nous qu’avons-nous à perdre en mourant ?
Ce jour-là plus rien ni personne ne sera, rien ne nous manquera plus, notre traversée de la vie s’achèvera là, ainsi et, ce, définitivement. Mais eux seront toujours là, à devoir vivre avec un manque supplémentaire, un manque de plus, comme si nos vies conventionnelles ne nous fournissaient pas déjà assez de manque comme çà,  de frustrations en tout genre ou d’autres plaies à cicatriser. Alors oui, je pense ma place plus enviable que la leur, même si je dois disparaitre avant eux.


(7 janvier 2015)

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