samedi 10 janvier 2015

Cancer au réveil

Déjà, à peine levé, réveillé, je me prends la tête. Mais c’est devenu une coutume puisque chaque matin c’est ainsi. Que je fume ou non, prenne ou pas mon café, s’imprime et défile comme un télex le mot « cancer ». A force c’est épuisant, lassant, éprouvant et, parfois, déprimant. Du coup, d’elle-même, l’inquiétude s’installe et ma raison, qui le sait bien, sait que cette inquiétude ne sert à rien. Mais rien n’y fait, elle reste, elle subsiste et je dois en prendre mon parti.

Je rêve de vacance, de nouveauté, de moments neufs, mais ce télex quotidien me signifie que plus jamais ce ne sera, m’accompagnant à chaque pas où que mènent mes promenades. Penser le cancer, surtout malgré soi, vous gâche le paysage, sali l’instant, le moment présent, ouvrant ainsi une large voie à la morosité pour la journée qui débute. Déjà il n’est pas toujours simple de vivre ordinairement, en bonne santé, mais il l’est encore moins lorsque vous êtes malade et, plus encore, lorsque la maladie est mortelle. Alors je pense aux morts, ceux qui étaient en bonne santé et qui, par malchance, sont tout de même morts. Ce sont des morts absurdes, inutiles et, bien souvent, sans sens. Mais la mort a-t-elle seulement un sens ?

Mon cas est différent, non que ma mort sera utile, mais si notre propre corps en décide ainsi, que peut-on y faire ? Hormis se soigner afin de gagner quelques heures, quelques jours, quelques mois, l’inéluctable est tout de même là, à court ou moyen terme.

Le soleil n’existe pas
Il n’y a que la lumière
La nuit n’existe pas
Elle n’est qu’absence de lumière
Voici où se faufile notre chemin
Entre présence et non-présence
Sur un fil forcément clair et lumineux
Car s’il s’efface sous nos pas
C’est alors que nous sommes morts



(10 janvier 2015)

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