dimanche 18 janvier 2015

Nostalgie

J’écoute le bruit de la pluie qui tombe en abondance. Ce matin je suis triste, comme la pluie, une tristesse qui mouille mes yeux et assèche mon cœur. Non, il n’est pas simple de vivre l’instant présent sans pouvoir projeter un espoir, un lendemain, une perspective large et ouverte, une route, une grande ligne droite dont on ne peut percevoir ou voir la fin.

Est-ce que je déprime ? Si tel est le cas, c’est une forme de dépression que je découvre, qui m’était jusqu’alors inconnue, moi qui est eu tant de moments déprimants dans ma vie. Je n’ai plus envie de rire ni même de sourire, tant cela me parait plat à présent, cause de cette maladie qui me ronge l’esprit bien plus que le corps, un coup de massue dont je ne me suis pas encore relevé, bien qu’il m’ait été asséné il y a quatorze mois maintenant. Pourtant je vis, je suis là et demain, je le sais, je serai là encore. Mais après-demain, porte que je n’arrive plus à entrouvrir, qu’en sera-t-il ?

Je pourrai prendre plus de psychotropes que je n’en prends déjà, antidépresseur, neuroleptique ou calmant. Mais je m’y refuse, je diminue les doses et en arrête un, tel un masochiste qui voudrait vivre pleinement sa douleur, son malheur. Alors que j’avais cessé de fumer, j’ai recommencé il y a peu, comme si je voulais accélérer le processus afin de partir le plus rapidement possible. Notre monde ne me plait pas et ne m’a jamais plut et c’est seulement quelques êtres que je regrette déjà avant l’heure. Ils sont ma peine comme je suis la leur, mon tourment comme je suis le leur. C’est un cercle vicieux où personne ne s’y retrouve, un cercle dont chacun aimerait sortir et ma mort, uniquement elle, sera ce chemin, ouvrant ainsi la porte de leur avenir, un avenir qui, je l’espère, sera ou restera lumineux.

Il n’y a pas d’enfer après la mort, pas plus qu’il n’y a de paradis. Les deux sont ici-bas, tout de suite et maintenant, et il ne tient qu’à nous de le bâtir, de le construire, de le maintenir ou de le détruire. Je haïs les religions, de plus en plus, de plus en plus fort, même si je partage certains de leurs messages. Mais elles nous font oublier que c’est ici-bas que tout se passe, que c’est ici-bas qu’il nous faut vivre ensemble, non côte à côte mais bien ensemble, car l’avenir n’est pas la mort et ce qui, éventuellement, s’ensuivrait.

Oui, ces derniers jours je suis plongé dans la mélancolie la plus totale, non dans la morosité, mais dans la nostalgie de ces huit dernières années, du moment où j’ai ouvert mon premier blog en décembre 2007, jusqu’au moment où j’ai appris ma maladie en novembre 2013. Jamais je n’ai été aussi épanoui, retrouvant peu à peu la joie de vivre, l’envie d’exister et de l’éprouver, l’envie d’aimer et d’être aimé. Ces huit années sont à présent une parenthèse qui se ferme et mes états d’âme, ceux que j’ai toujours connu et vécu, resurgissent. S’il n’y avait pas Cynthia à mes côtés, c’est avec légèreté que je les vivrai, mais je sais qu’ils lui font du mal et, dès lors, je suis comme désemparé, me sentant coupable de faire souffrir la femme que j’aime. C’est en cela que je me dis vivement la fin, qu’elle retrouve sa liberté, liberté de pensée et de cœur.


(18 janvier 2015)

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