samedi 29 novembre 2014

Nul n’est jamais revenu de là-bas

Matin

Nous sommes samedi, un de plus, le temps avance, mais moi, est-ce que j’avance ? Si tant est que j’avance, dans quelle direction me pousse le vent, vers quoi me dirige-t-il, je n’en ai aucune idée. L’avenir, les projections qui en découlent, dépendent pour bonne part de l’état de ses finances. J’aimerai me voir dans une maison à la campagne, si possible pas loin d’un bord de mer, son petit jardin et, pourquoi pas, un petit étang. J’aimerai entretenir cette illusion, mais trop de facteurs vont à l’encontre de ce doux rêve. Alors je prends du Xanax, le second de cette matinée, heure matinale ou la place Sainte-Anne est vide de monde, un Xanax pour me détendre, ne pas ressentir la déception de l’espoir vain afin d’apprécier, dans la mesure du possible, ce que m’offrira cette journée.


Soir

Nul n’est jamais revenu de là-bas, pas plus Jésus que tous les morts que j’ai connu de leur vivant. Nul n’est jamais revenu de là-bas et pourtant c’est par là que je me dirige, comme tous. Nul n’est jamais revenu de là-bas et pourtant nous faisons, agissons, comme si ce là-bas n’existait pas, ne nous concernais pas, à d’autres ces fadaises. Nul n’est jamais revenu de là-bas et pourtant nous faisons comme si, comme si ce là-bas n’était que la suite de maintenant, le même modèle, les mêmes valeurs, les mêmes mots, bref une même Terre située ailleurs tout simplement. C’est parce que notre pouvoir d’abnégation est si grand face à l’évidence, que notre bêtise est au moins aussi grande, que notre lâcheté face à l’injustice, les inégalités, les guerres et autres comportements absurdes de notre espèce conditionnent toutes ces aberrations. L’on critique les fous de Dieu, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou juifs, mais au final nous sommes comme eux. A l’instar des fous de Dieu, nous sommes tout simplement des fous de la Vie et tentons de rayer, lentement mais sûrement, toute trace de mort sur notre chemin. Fous de la Vie, la mort n’a plus sa place et, grâce à la médecine, aux nouvelles technologies, nous nous appliquons à nous faire durer, là est la première loi de notre table.


(Samedi 29 novembre 2014)

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