vendredi 21 novembre 2014

Que faire ?

Plus le temps passe, cancer oblige, plus il me tarde de franchir la barrière. Pas plus que je ne supporte le spectacle lamentable de notre époque, pas plus je ne supporte mes souvenirs. J’ai vu trop de choses laides, de gens se perdre, indigne d’une société qui se réclame de l’égalité et de la fraternité. De même, dans la foultitude de gens que j’ai croisé, rares étaient les personnes intègres qui tenaient leurs paroles, sur lesquelles on pouvait compter que l’on soit ou non leur ami. Seule Cynthia, sa présence, sa prestance et son immense gentillesse à mon égard me permettent d’endurer ce monde abject. Si elle n’était pas là, je crois que je me laisserai vaincre par la maladie. Je cesserai de passer mes examens de contrôles trimestrielle, je cesserai de consulter pneumologue ou oncologue et attendrais patiemment que mon cancer se déclare à nouveau et, cette fois, je le laisserai se propager. Maintenant je dis çà parce que, à priori, je suis en voie de rémission, mais serai-je capable de réellement le faire dans l’hypothèse où Cynthia ne serait plus à mes côtés ? La peur de sa propre mort est quelque chose de si intense, si puissante, que malgré touts les ras-le-bol elle génère le désir ardent de survivre, à défaut de pouvoir vivre normalement.


(21 novembre 2014)

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