mardi 11 novembre 2014

Comme un cri de colère

En voyage, je somnole debout et laisse les mots aller. Lexomil, ton poison que je ne sais pas encore doser fait effet. D’une lune il m’envoie vers une autre lune et c’est ainsi que j’ai du mal à sortir de la nuit. En ce jour, fête de l’armistice, première guerre moderne, premiers saccages en série, premiers crimes de masse, il n’y a pas grand monde dehors. Il faut dire que le temps ne s’y prête pas, entre pluie fine et humidité, température basse et absence de soleil. La place Sainte-Anne est vide, comme un dimanche matin, et moi je pense à mon autobiographie en cours dont je ne sais quoi penser. Mélange des genres, mélange des styles, est-ce que cela fera un bon cocktail ? D’autre part je ne prends plus plaisir à écrire sur des sujets où ma plume a déjà trainé. De même je n’ai plus de plaisir à me relire, que le texte soit d’hier ou d’aujourd’hui, tant cette entreprise, l’autobiographie, me semble vaine car inutile. Qui cela peut-il intéresser, franchement ? Même les membres de ma famille et mes amis se foutent éperdument de ce que je peux y dire. Ils n’ont pas envie de me connaitre plus que çà, et comment les en blâmer ? Néanmoins chaque jour est une plaie car, hormis l’écriture, je n’ai rien pour occuper mes journées, rien ne m’intéresse ou ne m’épanouis. Tout cela a un goût de dépression et malgré l’antidépresseur que je prends déjà, je n’ai pas l’impression que ça s’arrange.

Ma fille me dit qu’elle veut passer le nouvel an à mes côtés. Pour ma part je n’en ai pas vraiment envie. Couper définitivement le contact, voici ce qui m’arrangerai. Mais du fait de son âge, bien qu’elle ne soit plus totalement une enfant, je me force à lui donner une seconde chance. Mais je ne crois plus en elle dans ce sens où, malgré mes souhaits, mes attentes, mes espoirs, elle ne sera guère différente de sa mère, une femme que je méprise et en qui je n’ai aucune confiance. La savoir six pieds sous terre serait un véritable plaisir tant j’ai la conviction que ce sont des êtres similaires à elle qui amènent le bordel, les problèmes, du fait de leur hypocrisie, de leurs mensonges et de leur lâcheté. Ils sont la lie de l’humanité, de cela je ne démords pas. Ma fille fera-t-elle partie de cette caste?

Mais parlons de tout et de rien, sans préconçu, sans tri, sans focaliser sur un sujet et observons le résultat. Laissons la pensée se révélée, elle qui va et vient, d’une idée à l’autre, sans coordination si nous ne l’y soumettons pas. La pensée libre n’a nul besoin de notre concentration, par elle-même elle est et elle se vit, n’ayant cure de nos objectifs, de nos ambitions ou de nos désespoirs. Je pourrai parler de pissenlit, de pomme de terre, des fruits et légumes d’un potager car, c’est vrai, je m’emploie à devenir végétarien. Il est aussi vrai, nous ne pouvons qu’en faire l’aveu, que nous traitons les animaux  comme les nazis traitaient les juifs. Tous à l’abattoir, élevés dans des conditions digne des convois qui transportaient les juifs, tziganes, homosexuel ou dégénérés mentaux vers des Auschwitz et Treblinka en tout genre. Aucune humanité dans notre manière de traiter les bestioles, aucun remord lorsque nous les mangeons. La race humaine est supérieure dans l’atrocité, dans le macabre, dans la torture. Oui, là, nous sommes les Dieux de ce monde. Qui ne dit mot consent, proverbe auquel j’adhère entièrement. Ainsi, laisser faire les éleveurs sans mot dire, puis acheter leurs marchandises afin de se concocter de bons repas, c’est consentir à cette abomination que constitue l’élevage moderne. Mais il est des étoiles, des cieux dégagés qui nous indiquent que nous ne sommes rien, ou alors pas grand-chose. Mais qui prend le temps de contempler la sphère céleste, celle qui, justement, nous remet à notre juste place ?


(11 novembre 2014)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire