samedi 21 février 2015

Il y a bien longtemps...

Il y a bien longtemps que je n'ai pas écrit aussi tôt, à peine levé, à peine réveillé, mon esprit étant encore entrain d'émerger dans une nuage de brume. Ce matin il pleut, on va dire que c’est la Bretagne qui veut ça, mais cet après-midi devrait être ensoleillé. Là aussi, on va dire que c'est la Bretagne qui veut ça. J'aime cet état d'éveil où je suis à moitié léthargique, ne sachant où j'en suis dans mes idées, ma pensée, ne contrôlant rien et les laissant errer au grès du vent qui les porte.

Même s'il pleut, même si je ne suis qu'à moitié réveillé, je suis néanmoins sorti dehors et, comme d’accoutumé, je suis assis à l’abri des intempéries à la terrasse d'un café, mon ordinateur face à moi, m'écrivant ainsi à moi-même. Comme face à un miroir, je ne suis plus un mais deux, l'un regardant l'autre, tentant de le décrire, de le décrypter. Est-ce la conscience fasse à l’inconscient ? En tout cas cela y ressemble étrangement. Je ne sais pourquoi, mais l'image de la prison, de ses longs couloirs, d'une cellule, vient de me traverser l'esprit. Est-ce que je me sens enfermé en ce moment, c'est immédiatement la question que je me pose ? Dans une certaine mesure je le suis de ma maladie et de tout ce qui va avec. Je ne peux lui échapper, je suis obligé de la vivre et de la côtoyer au quotidien. Cependant ma maladie, comme tout ce qui fonctionne dans mon corps, que cela aille de travers ou non, c'est moi. Est-ce que je me sens prisonnier de moi-même alors ? Prisonnier n'est pas le bon terme, c'est plutôt enfermé que je m'éprouve régulièrement, comme si j'étais dans le couloir de mon appartement, ne pouvant ouvrir la porte d'entrée pour m'évader quelques instants. Voici pourquoi j'écris, que ce que je narre soit intéressant ou non, c'est pour m'évader. Pour se faire, la musique était hier mon outil de prédilection pour m'échapper, m'envoler, disparaître un instant. Je prenais un instrument, clavier ou guitare, et commençais à composer. Mais depuis l'annonce de ma maladie et de la révolution complète que cette nouvelle a généré dans ma tête, mes instruments ne me parlent plus. Ils sont dans un coin de la maison, les guitares dans leur house et le clavier contre l'un des murs, non déballé depuis mon emménagement à Rennes. Pourtant, même si le goût de la composition m'a passé, je ne peux écrire sans écouter de la musique. De même, chacun de mes états d'esprit à son groupe ou son chanteur attitré. Lorsque je me sens d'humeur mélancolique, j'écoute Radiohead. Si je me sens d'humeur triste, c'est Alain Bashung qui prend le relais. Si je suis dans une introspection paisible, j'écoute des morceaux instrumentaux, histoire de ne pas être influencé par les voix, leurs intonations ou les paroles. Là, au moment où j'écris ces lignes, c'est Eric Clapton qui résonne dans mes oreilles. Cela signifie que je veux prendre mon temps, que je ne suis ni pressé ni stressé, comme si cette mâtiné n'allait jamais finir, me laissant bercer au gré et au rythme des blues qui défilent dans mes tympans.

Oui, à part le fait d'écrire, rien ne m'intéresse plus vraiment. Ou plutôt si, j'aime également me retrouver dans la nature, comme lorsque j'accompagne Cynthia à son centre équestre. Là-bas, pas de voiture, pas de circulation, tout mouvement tourne autour des chevaux, chevaux que je peux approcher, caresser, auxquels je peux également parler. C'est un autre monde, un autre univers que je découvre depuis quelques mois seulement et qui me dépayse grandement. Bien que par nature je n'éprouve pas de grande empathie avec les animaux, tel les chiens ou les chats, face à un cheval tout devient différent. Déjà sa taille, sa hauteur en impose. De même, lorsqu'il vous dévisage avant de décider s'il vous laissera ou non le caresser, le toucher, son œil ne vacille pas et vous fixe comme un clou planté dans un mur. Puis, à un moment, il prend sa décision et soit temps son coup vers vous, invitant ainsi au contact, soit il se détourne de vous et va dans un coin de son box. De même, lorsqu'ils sont dans les manèges, je ne me lasse pas de les regarder marcher au pas, trotter ou galoper. Je trouve le mouvement de leur jambe et leur allure générale tout simplement majestueux. Oui, ce sont de magnifique animaux et chacun, comme chez nous les humains, a son propre caractère. Pas deux ne se ressemble, certains sont très coopératifs avec leur cavalier et d'autres pas du tout. Certains sont nerveux, voire très nerveux, tandis que d'autre sont tout ce qu'il y a de plus paisibles. Aussi, pour parvenir à ses fins avec un cheval, il n'y a pas d'autre choix que de le prendre tel qu'il est, avec le caractère et le tempérament qui lui est propre.

Tout cela est bien loin de la politique, de l'économie ou de la courbe du chômage. Dans ma petite bulle, même si je suis l'actualité, il n'y a pour ainsi dire presque plus de place pour tous ces rouages du système. Longtemps j'ai cru que tous les crétins qui participent de ces activités étaient primordiaux, essentiels et que sans eux, sans leur soit-disant savoir, ce serait le chaos. Mais force est de constaté que le chaos est bel et bien là, depuis des décennies, et que le gouffre ne fait que s'agrandir. Parce que tous les pouvoirs sont centralisés à Paris et, pour y avoir grandi et habité 35 ans, je sais que Paris est une bulle complètement déconnecté du reste de la France, où les valeurs tels que compétitivité, excellence, profits, bénéfices, ne sont pas de vains maux. Tous parisien, avec ou contre son gré, est confronté chaque jour à cette logique et les pouvoirs n'échappent évidement pas à cette règle. A Paris ce n'est pas l'intérêt général qui est de mise, c'est l'intérêt particulier. Alors comment demander à des dirigeants politiques qui sont tous, sans exception, dans cette posture de penser à l'intérêt générale au détriment de leur petit business personnel ? Mais je n'ai pas envie de m'attarder plus longtemps sur ces êtres médiocres.


(21 février 2015)

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