vendredi 25 septembre 2015

Une jounée comme presqu'un autre

25 septembre 2015

Hier soir je me suis couché tôt, m'endormant devant la télé, vers 21H00, pour me réveiller ce matin à 7H30. Immédiatement mes pensées étaient dirigées vers les médecins qui me suivant au Mittan et, de fil en aiguille, j'en arrivais à Paris, l'hôpital La pitié-salpêtrière, et mon entrevu avec le professeur qui dirige le service de radiothérapie. Je nous inventais je ne sais quelle conversion, puis brusquement, presque brutalement, je réalisais que j'étais sur mon balcon, buvant mon café et fumant mon premier cigarillo de la journée. Ce fût comme une chute vertigineuse. J'ai également croiser Cynthia qui se préparait pour se rendre au collège et, un quart d'heure plus tard elle partait. Je fus déçu de la voir si peu longtemps et, à présent, il me faudra attendre ce soir pour la retrouver.

Comme chaque jour, lorsque mon état le permet, je vais écrire ponctuellement toute la journée. Mais sur quoi, je n'en sais rien. Qu'est-ce qui va me traverser l'esprit aujourd'hui, sur quoi aurais-je envie de m'arrêter, quelle pensée, quel sentiment ? Je sais simplement que mon rendez-vous avec mon psychiatre n'a pas eu lieu hier, celui-ci s'étant emmêlé les pinceaux dans ses rendez-vous. Du coup, la séance est reportée à cet après-midi. Enfin, ce week-end il va falloir que je m’attelle à trouver parmi tous mes papiers, il y en a des cartons entiers, les documents dont j'aurai besoin pour créer mon dossier de demande de logement social. Il ne s'agit pas de grand chose, juste le documents concernant mon invalidité et ma reconnaissance d'adulte handicapé, mais impossible de savoir où je les ai mis. De même, il faudra que je fasse des copies des rapports des médecins qui concernent mon état médical et imprimer la fiche de mes ressources financières. Après, une fois le dossier créé et déposé, comme le disent beaucoup, ce sera à la grâce de dieu, ou de mes relations.

Bref, j'écris, certes, mais ce que je raconte n'est guère passionnant. C'est comme s'il manquait du tragique, mais le tragique qui est derrière ces mots, vous le connaissez par cœur, et moi-aussi.

Comme hier, je n'ai envie de m'attarder sur rien en particulier, pour ainsi ne penser à rien. Pour ce faire, à chaque nouvelle heure je prends un calmant, le fameux Xanax, ce qui fera qu'aujourd'hui, au lieu des six qui me sont prescrits journellement, j'en prendrai aux alentours de dix, un peu plus ou un peu moins, cela dépendra de mon état psychologique. Effectivement, j'ai envie de me ressentir comme un flâneur, comme quelqu'un qui ferait les boutiques sans avoir l'intention d'achetter quoi que ce soit, regardant à droite, à gauche, sans s'arrêter véritablement sur quoi que ce soit, être un touriste qui, parce qu'il y a trop de choses à découvrir, comme par exemple à Paris, n'a enfin de compte pas le temps de s'attarder réellement sur ce qu'il voit. Bref, c'est être dans le superficielle, l'état que je recherche pour moi en ce jour, sans doute pour ne pas focaliser sur ma maladie, sur ce qui s'annonce, me détacher, m'éloigner de moi-même, c'est donc une espèce de fuite. Pour autant, est-ce une fuite en avant ? Mais vers quoi alors ? Vers ma volonté, mon désir, que tout cela ne soit pas, ni cancer, ni complication de ce dernier ? Fuite envers mes craintes, ma peur de ce qu'il peut advenir et ce qui se passe actuellement ? Oui, je crois que c'est surtout de cela qu'il s'agit, de ma peur que je veux fuir. Mais bon, je suis parti dans ce délire aujourd'hui, c'est bien une forme de lâcheté, je le conçois très parfaitement, mais je m'octroie ce repos cette journée sans aucune anxiété, c'est ainsi que je la veux, c'est ainsi qu'elle se fera.

De même, toujours aujourd'hui, j'ai envie de me faire plaisir et tandis que d'habitude à midi je suis dehors avec la faim qui me gagne, l'appétit qui s'ouvre, se manifeste à mon esprit, je ne déjeune pourtant pas, non seulement pare que je n'ai pas envie de me retrouver enfermé chez moi, même si Cynthia est là, mais aussi parce que je n'en ai pas les moyens financiers. Cependant, bien que je sois déjà à découvert sur mon compte bancaire, je mangerai dehors ce midi, encore une fois comme un touriste, même si je sais pertinemment que je devrai y aller mollo sur les dépenses en prévision du mois d'octobre et de la venue de ma fille. Mais bon, j'ai toujours été un mauvais gestionnaire de ma bourse, quelque soit le montant de mes revenus, toujours sur le fil, parfois même celui du rasoir, mais cela ne me gêne guerre plus, moins encore aujourd'hui, car le jour où je serai dans ma tombe s’envoleront également mes dettes, si tant est que j'en ai à ce moment-là.

Sinon, de la terrasse de café où je suis installé, j'observe les belfortains. Il n'y a pas à dire, contrairement aux rennais, le sourire n'a pas l'air d'être inscrit dans leur patrimoine, dans leurs us et coutumes. Tous ont l'air grave, des plus jeunes aux plus vieux, et n'incite vraiment pas à aller vers eux. De même, si je parviens à trouver un logement à Paris, je suis d'avis que je serai plus souvent là-bas qu'à Belfort.

Je suis d'avis que j'ai un peu trop forcé sur les calmants, car je n'arrive plus à me concentrer sur quoi que ce soit, excepté ma maladie qui ne veut décidément pas quitté mon esprit. D'aucun et d'aucune qui ont un cancer se refusent à se considérer uniquement à travers ce prisme. Pour ma part, il m'est impossible de ne pas me voir que comme un malade, qui plus est en sursis.

Je ne sais pourquoi, mais j'ai envie de parler de ma sœur, de ma mère, bref de ma famille, mais le sujet est tellement vaste, il y aurait tant de choses à en dire, qu j'abdique. Comment expliquer, faire comprendre, ce qu'est cette famille chaotique, où pas l'un d'entre nous n'a réussi sa vie, sauf moi sur le tard, lorsque j'ai rencontré Cynthia ? Oui, je ne sais comment je pourrai résumer cela. Cependant, à présent je ne me sens plus de cette famille. C'est un autre qui en fît en partie, un autre disparu au fur et à mesure que sa maladie progressait, que psychologiquement il s'est vu en quête de nouveaux besoins, que de manière relationnelle il ne pouvait plus rester dans le conformisme de naguère, qu'il lui fallait autour de lui des personnes qui l'apaise, mêmes malgré elles, toutes choses qu'aucun membre de ma famille n'a jamais pu m'apporter. Tous, chacun à leur niveau, ont déjà un fardeau trop lourd à porter et, parce que je les connais, je ne peux être imperméable à ces derniers, mais leur fardeau me semble tellement subalterne au mien, que de les voir ainsi les prendre si au sérieux, car là-aussi il s'agit pour une bonne part de souci financier, de se miner le moral pour cela et d'autres raisons, d'ordre affective, d'image de soi, que je ne me sens plus du tout de leur monde et, c'est triste à dire, mais leur problème ne m'affecte plus, voire me lasse tant ils sont présents depuis des années et des années. Néanmoins, même si je n'écrirai guère plus sur le sujet, cela me fait du bien, c'est ma de verser ces quelques lignes.  Dorénavant, ma seule famille c'est ma fille, ma nièce, Cynthia et son père. Il n'y a qu'avec eux que veux entretenir des liens, pour lesquels je serai près à faire des efforts, dans la limite de ce que je peux encore entreprendre. Oui, les fardeaux qui leur sont propre, je suis prêt à les porter avec eux, à les accompagner, et, dans le mesure du possible, à les aider à trouver des solutions.

Dans la même veine, je ne cesse de penser à notre couple, Cynthia et moi, à ce qu'il a été avant ma maladie, à ce qu'il est devenu depuis, et à ce qu'il deviendra si je trouve un logement sur Paris, faisant que nous nous verrons de moins en moins et, peut-être, plus du tout. Quelque part je trouve cela injuste. Nous sommes partis de rien, d'absolument rien, et maintenant que tout est en place pour entreprendre des projets à moyen ou long-terme, ma maladie met tout cela à mal, détricote notre relation antérieure, et c'est une autre qui se construit depuis deux ans, une relation dont je ne saurai vous dire sa véritable nature.

Sinon, je viens de sortir de me séance avec mon psys, lors desquelles je l'ai mis au courant des dernières nouvelles, car il était absent pendant plus de quinze jour et n'était pas au fait des dernière nouvelles. Juste à la fin de la consultation, à peu près à la heure qu'hier, je fus pris d'une crise d'épilepsie partielle. Elle dura moins longtemps qu'hier et c'est dans salle d'attente que j'attendis qu'elle passe complètement. Du coup je pense à Leila, lorsqu'elle me racontait que c'est ce qui lui arrivait régulièrement alors, mais qu'aucun autour d'elle ne le soupçonnais lorsque cela j'arrivais. Dans mon cas, dès lors que je tiens ma main droite, c'est pareil. Cependant j'hésite à augmenter la cortisone, car si j'en prend plus je serai irascible, je le sais bien. C'est pour lui, finir crise pour courte, elle m'a vidée de me énergie et, là, je suis encore à assis à table terrasse de café pour récupérer. J'ai entendu la signaler à Cynthia qui est, elle, est favorable que j'ai j'augmente la cortisone. Effectivement, si cela m'arrive maintenant tous les jours, sans doute n'aurai-je pas d'autre choix. Néanmoins et je vais attendre encore attendre demain, voire comment cela ce passe, et agirai en fonction. Enfin, en accord avec mon psy, il est convenue que j'arrête mon antidépresseur, un tous le deux jours pendant quinze jours, puis l'arrêt total de ce dernier. Si ce dernier fait l'effet que cela me produise trop de déprime, ou trop de tristesse que je ne saurai gérer, alors je reprendrai l'antidépresseur.

Quoi qu'il en soit, en commençant à penser à tout ce qui va se passer en octobre, je suis déjà épuisé à l'avance, rien que le fait de cogiter à tous les examens que l'on va certainement me faire passer, plus toute la partie administrative concernant mon changement de sécu, de caf, afin que tout soit transmis de Belfort à Paris. De même, je pense que dès le 2 octobre, après mon entretien avec le professeur, j'irai immédiatement m'inscrire en foyer d'accueil pour y dormir le soir même et entreprendre avec une assistante sociale de ce foyer de quoi monter un dossier de demande de logement. Bien évidement, en tous cas au début, je serai dans un dortoir, au milieu des clochard qui, pour la plupart, ne se lavent jamais, pues, mais importe, s'il faut en passer par là pour que mon dossier passe en priorité, je le ferai sans hésiter. Certes, je serai obligé d'être à une certaine heure dans le foyer, en général entre 19H00 et 20H00, puis enfermé jusqu'au lendemain matin, mais cela ne me dérange guère car je pense que dès que l'assistante sociale connaîtra ma situation exacte, c'est à dire ma maladie et ma prise en charge par l'hôpital, elle fera tout pour que j'ai au moins une chambre d'hôtel le plus rapidement possible, le temps de trouver urgemment un logement. La journée, les foyers étant fermé, soit je passerai mon temps au café, comme je le fais déjà actuellement, soit je passerai voir ma famille ou mes amis. Ainsi, si le timing est bon, je serai dans un logement durable, hôtel ou autre, n'ayant plus l'obligation de rentrer à quel qu’heure que ce soit, lorsque ma fille arrivera à Paris. Du coup je pourrai rester avec elle une partie de la soirée, voire dormir chez ma mère le cas échéant, mais la plupart du temps je rentrerai dans le logement provisoire qui me sera attribué et rejoindrai ma fille, chez ma mère ou ma sœur, le lendemain matin. Oui, plus ça va et plus je pense que je vais officiellement me faire domicilier à Paris, en faisant ma demeure principale. Tant pis pour Belfort, cela ne m'empêchera pas de participer au frais financier que nécessite notre logement avec Cynthia, le temps qu'elle déménage à nouveau lorsque bon lui semblera. Oui, quoi que me réserve la médecine, surtout s'il s'agit de chirurgie, je trouve bien plus préférable de rester à proximité de l'hôpital. 

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