dimanche 27 septembre 2015

Pensées

27 septembre 2015


Donc, depuis deux trois jours j'arrête mon antidépresseur. Je ne sais si de ce fait, déjà, cela agit, mais je ne me réveille plus aussi guilleret, c'est certain. Non, de suite j'ai en tête des pensées qui me rendent plus ou moins moroses, même si ce sont les mêmes que d'habitude, à savoir ma maladie et son avenir, des interrogations sur mon séjour à Paris, si je trouverai vite un logement, même si c'est à l'hôtel, car il y a des hôtels au mois pris en charge, ou en partie, par les services sociaux. Leurs chambres sont souvent réservée aux femmes avec bébé ou enfant sans domicile fixe. Mais je me fou d'être un peu morose, je ne suis pas sombre, noir, pour autant, et, franchement, je préfère que rien ne joue sur mon humeur. Sur l'anxiété, oui, sur l'humeur,ce qui est mon véritable souffle, non, et tant pis si je dois en pâtir parfois. Comme je serai sans Cynthia, dans ce domaine, je n'aurai strictement aucun effort envers personne à effectuer. De toute façon je serai le plus souvent seul et qu'est-ce qu'en ont à faire les gens, surtout à Paris, de ma condition et de mes humeurs. Que je rie ou je pleure, personne ne s'arrêtera, c'est presque certain, et quiconque stopperai sa marche pour venir à moi, que pourrait-il faire ? Enrayer ma maladie ?

Je viens d'avoir Cynthia au téléphone. Elle venait d'avoir sa mère au téléphone, sa mère allongée dans son lit d'hôpital ne cessant de se plaindre de ses douleurs, malgré la morphine et tous les antalgiques qu'elle prend, sa mère qu'elle avait du mal à comprendre car, du fait de sa fatigue, de son épuisement, elle avait du mal à parler, articulant très mal, ayant du mal à bouger les lèvres, sa mère qui réclamait ses petits-enfants, les voir encore et encore, au maximum, car elle se sentait mourir, partir, et lorsqu'elle raccrocha avec Cynthia, c'était en pleurant. Après que l'on vienne me dire que la vie est un miracle, forcément un bienfait, tout cela n'est que foutaise et, une fois de plus, je me range du côté d'Emil Cioran et non du côté des religions ou tout autre forme de spiritualité. La vie est faite pour nous achever, peu importe de quelle manière, esquintant ainsi ceux et celles qui restent autour de leur défunt. Je pense donc à Cynthia, qui vit ce drame à distance, et me demande ce qu'elle préférerait. Être près de sa mère ou non, sachant qu'elle ne pourrait pas faire grand chose pour changer la donne, tout comme son père ne peut pas le faire. Reste la présence, mais dans l'état de sa mère, elle qui a mal tout le tout, que les médicaments assomment au point de dormir presque toute la journée, sent-elle au moins cette présence, peut-elle véritablement se concentrer sur cette dernière, en prendre acte, en tirer un plaisir quelconque. Oui, malgré la souffrance, je pense que la présence, même par téléphone, est un réconfort, mais dans quelle mesure selon l'état de chacun ?

Écrire épuise, ou tout au moins fatigue mon intention, mais cela fait du bien, même si je le fais en plusieurs étapes. Oui, j'ai tout l'impression de jeter dans une grande poubelle, une poubelle sans fond, impossible à remplir, sans plus rien à cacher de ce que je pense, de ce que je ressens, sans plus aucune pudeur tellement elles sont comme des menottes à mes yeux maintenant. Oui, la pudeur, même si cela ne signifie pas qu'elle ne sert à rien dans mon esprit, car elle sert pour une cohérence sociale où nous ne cessons de nous côtoyer, il faut donc des règles communes et la pudeur fait bien souvent partie de ces dernières, mais moi, moi qui sait que je vis mes derniers mois, peut-être mes dernières années avec un peu de chance, qu'en ais-je à faire de ma cohérence avec des gens qui appliquent des règles pour vivre, non pour mourir ? Je n'ai strictement plus rien à faire de ce monde qui ne pense qu'avenir et avenir, sans cesse, d'où leur déprime ou leur joie, ne pensant qu'exceptionnellement que leur avenir aura une fin. Un jour, s'il fait trop chaud, peut-être me mettrai-je nu en plein centre ville, pourquoi à Paris. Bien sûr la police viendra m'arrêter pour outrage à la pudeur, peut-être même serai-je condamné, mais qu'en ais-je à faire franchement, car qu'est que le jugement, quelle valeur à cette sanction comparée à celle que m'inflige mon propre corps ? Tout cela, tout notre système en devient risible. Oui, il n'est pas du tout identique d’envisager demain comme la vie éternelle ou presque ou demain comme sa mort potentielle et ce, chaque jour. Je ne sais quelle est la meilleure de voir les choses, mais je suis certain d'une chose, c'est bel et bien la première façon de voir qui a conduit notre monde, nos diverses sociétés, à êtres ce qu'elles sont, avec leurs inégalités et toutes les injustices qu'elles génèrent. Je me demande donc ce que serait un monde construit avec le second regard, car il est clair que ses valeurs seraient fortes différentes.

Toujours tourné sur mon nombril, je me demande à quelle sauce me manger. Je ne sais plus dire pour ansi dire quoi penser de moi, tellement il me semble me méconnaître. Parfois j'ai l'impression que je veux être un ermitte, ce qui n'est pas vraiment faux dans les faits, mais je sens que parfois j'éprouve également en contact avec l'autre, même si je ne parle pas, ne serait-ce qu'à l'écouter ou être en présence. Je parle, communique, à travers mon clavier, c'est beucoup moins fatiguant pour moi, moi lassant. Là, je pense à Leila qui m'a écrit par mail, s'ouvrant ainsi peu plus de cette manière, et sa vie m'intéresse, de A à Z, de son Algérie natale à sa venue en France, de sa bonne santé à son cancer primaire du cerveau. Encore une fois je suis triste, ne me donne vraiment pas envie d'aimer la vie, lorsque je constate son bas-âge et cette maladie qui la ronge avant même qu'elle est découvert bien des choses, bien des aspects positifs, légers, de la vie. Comme pour Cynthia, comme pour vous touts, je vous souhaite de durer le plus longtemps et, puisque nous sommes là indépendamment de notre sort personnel, de vous épanouir au maximum, de trouver ou de construire ceci pour cela, quitte à vous croire égoïste dans le mauvais sens du terme, car qui pourra répondre à vos besoins mieux que vous-même ? Cela n'implique de marcher sur l'autre ou de le nier, mais comme à table il faut qu'il y ait à mangé pour tout le monde, il ne faut pas hésiter à réclamer son dû, cela n'empêchera pas les autres de manger à leur faim, même s'ils doivent changer quelques habitudes, comme cesser de mettre la télé lorsqu'on est à table, cela ne les privera pas de la regarder en dehors de ces créneaux horaires. Donc, à part que je veux être tranquille, que le meilleur moyen pour y parvenir est de fréquenter le moins de monde possible, voire presque plus ou plus personne, je ne sais pas pour autant qu'elles sont devenues mes nouvelles valeurs, je n'arrive pas bien à les définir. A part la santé dont j'ai bien compris la valeur de l'importance, hormis ce qui concerne directement mon cancer, le reste de mon corps je m'en fou. Ceci est une ineptie, car tout le corps est lié, en communion plus ou moins totale, et ne focaliser que sur une partie et délaisser tout le reste est, à mon sens, un bêtise. Pourtant c'est que je fais, sans état d'âme, car je pense que quelle que soit la partie de mon corps que j'entretiens, le cancer en aura raison et, comme je ne cherche vraiment pas à vivre longtemps, même si depuis deux ans c'est à peu près agréable, malgré quelques coups d'adrénaline, de panique, car je peux faire ce que je veux ou non, dans la limite de ce que je peux faire évidement, le tout dans mon rythme parce qu'il n'y a pas d'autre choix, courir, me presser, me précipiter étant dans un autre temps, révolu, condamner à jamais, ayant déjà un rythme et la force musculaire d'un vieux de plus de 80 ans. Heureusement que les valises à roulettes existent désormais, car sinon je me demande comment je ferai pour effectuer des voyages.

Alors, mes valeurs, que sont-elles devenues depuis deux ans ? Je sais que celles antérieures se sont effondrées, effritées. Pour autant je ne sais toujours pas par lesquelles elles ont été remplacées. Pour vous dire la vérité, je crois que je n'en ai plus vraiment, même pas à inculquer à ma fille. C'est plutôt une manière de vivre, une façon d’appréhender les choses, qui se dessine dans mon esprit et dans mes actes en conséquence. Éviter systématiquement les gens qui m'ennui ou me dérange, éviter ceux que je ne sens pas, peut-être à juste tort, éviter de faire de nouvelle rencontre à priopri, non pas pour les personnes elle-mêmes, mais simplement parce que je n'ai envie de parler, cela me fatigue vite trop vite, être le plus souvent seul en conséquence, en silence radio s'il le faut, quitte à inquiéter certaines personnes, à commencer par ma mère. Oui, la seule personne que j’appellerai tous les jours lorsque je serai à Paris, et peu importe le temps que cela durera, sera Cynthia, bien avant ma fille, même si elle qui me préoccupe le plus, son entrée dans l'adolescence et son aversion qu'elle a de plus en plus envers sa mère et le compagnon de cette dernière. Il y a encore trois ans je me serai satisfait de cette situation, j'aurai estimé que c'était un juste retour des choses, que ma fille commençait à rendre coup pour coup tous les coups que sa mère nous avait porté, même si à l'époque Jade n'en avait nullement conscience et ne voulait pas en entendre parler. Mais aujourd'hui, ce n'est vraiment plus dans ce registre que je pense et, tant que faire se peut, j'ai ranger au placard la vengeance, même s'il reste toujours une pointe d'amertume, surtout celle de ne pas pouvoir participer à élever ma fille, à l'éduquer, simplement parce que le désir de sa mère était ainsi et qu'elle a tout mis en œuvre pour qu'il se réalise. A ma modeste mesure j'ai tout fait pour l'en empêcher, que ce soit devant la justice ou les kilomètres. De même, je le sais, je n'ai pas fait tout ce qui était en mon pouvoir pour me rapprocher de ma fille, empêcher sa mère devant la justice de déménager sans m'en avertir, en conséquence j'aurai peut-être eu une chance de la récupérer si sa mère avait persisté dans sa démarche. Mais rien, je n'ai rien fait de tout cela, et sitôt après le verdict du juge, pourtant très clément en ma faveur, j'ai laissé tombé les bras. C'est à cette époque que j'ai connu tenu, ma fille avait trois ou quatre ans, c'est à cette époque que ma famille, excepté mon frère une ou deux fois, ne m'a aidé concrètement pour que sois sous un même toit que me fille, pouvant l'héberger les week-end et la grande majorité des vacances, car j'étais constamment sous le biais du chantage de ma mère pour se faire ou non, quant à ma sœur, il y avait toujours un problème. Ce sont souvent des amis qui me récupéraient chez eux lorsque ma mère faisait défection parce qu’elle était mécontente de moi, parce que je voulais pas éduquer ma fille comme elle l'entendait, estimant qu'étant un homme, comme ma sœur d'ailleurs, elles estimaient que la mère ou n'importe quelle femme était mieux qualifiée qu'un homme pour élever un enfant. A quel point ne faut-il pas sacrément être une grosse conne ou un gros cons, car là aussi ils sont nombreux, pour avoir une vue de l'esprit aussi coincée, aussi étriquée ? Mais pour en revenir à ma fille et sa situation actuellement, je ne vois plus sa mère là-dedans car elle, je le sais est conne, c'est sa nature, et ne cherche pas à ce que notre fille vive dans le monde d'aujourd'hui, même s'il y a bien des choses à dire sur lui, non, elle cherche et l'a fait vivre déconnecté du monde, sans télé, sans ordinateur, et si je n'avais pas pris un téléphone portable à ma fille pour que nous puissions nous joindre quand bon nous semble, je suis presque certain qu'elle n'en aurait toujours pas aujourd'hui. Non, dans cette histoire de rébellion, c'est à ma fille que je pense, car j'aimerai qu'elle vive dans la sérénité, que ce ne soit pas dans la rancœur qu'elle évolue, cela n'aura rien de très bon sur son présent.

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