mardi 29 septembre 2015

Morosité

29 septembre 2015


Veille de départ, malaise, j'ai l'impression d'abandonné Cynthia, de la délaisser à son sort tandis que je part pour ne me préoccuper uniquement du mien, bel et bien égoïstement, la laissant avec la solitude pour unique compagne. Oui, cela m’apparaît comme un acte presque lâche, non le désir de me soigner, mais de m'installer à Paris si possible.. Je fais passer ma commodité avant la sienne et cela me déplaît fortement. De même, puisque je suis dans les postulats au niveau des soins que l'on risque de me proposer, lorsque je pense à la chirurgie, aux risques de paralysie totale ou partielle que j’encoure, je me demande si je pourrai revivre un jour avec elle, si je ne serai pas un si lourd handicap que l'on sera obligé de m'interner je ne sais où.

Je pense à la gare d'Austerlitz, au jardin des plantes qui est situé juste en face, les musées et les serres qui sont situés en son sein, et à l'hôpital où j'ai rendez-vous le 2 octobre qui est à cent mètres de la gare. Par rapport à chez ma mère, c'est à l'exact opposé de Paris et il me faudra bien une heure pour faire ce trajet en transports en commun. D'un autre côté, je me dis que si je suis dans un chambre de l'hôpital, en attendant et suite à l'opération éventuelle, la pensée du jardin des plantes me sera agréable, je m'y verrai me promener dedans. Pour que le tableau soit parfait, il me faudrait Cynthia à mes côtés, nous deux, seuls, avec le soleil et le répit que, peut-être, amènerait cette opération. Cependant, tous les médecins ayant écarté l'opération depuis que je suis suivi pour mon cancer, je l’appréhende beaucoup si elle doit avoir lieu. Peut-être qu'à Paris ils auront d'autres solutions à me proposer, des produits qui sont en période de test, de l'immunothérapie ou je ne sois qu'autre. Peut-être me feront-il rentrés dans des protocoles expérimentaux également.

Donc ce matin j'ai été voir mon psychiatre. Là aussi c'était très protocolaire, car ne sachant pas si nous allions nous revoir ou non, l'entretien a plutôt une forme d'au revoir, voire d'adieu. Sitôt sur Paris, je vais essayé de retrouver le psychiatre qui m'a largement aidé à sortir de la nasse. S'il exerce encore et que je retrouve, quelque part je me sentirai réellement soulagé et, s'il est resté tel que je l'ai en mémoire, je me sentirai également en sécurité, rassuré, quelque soit l'évolution de ma situation. Lui, je l'ai rencontré pour la première fois en 1998, et il m'a suivi pendant trois ans, à raison de deux à trois séances par semaine parfois, à 7H00 du matin souvent. Il m'a fait bousculé mes habitudes, celle de dormir et encore dormir, refusant de s'occuper des prescriptions médicales dans un premier temps, puis en s'y pliant suite à mon insistance. Tout cela, c'était peu de temps avant  ma rencontre avec la mère de ma fille, à une époque où elle ne savait trop quoi faire de sa vie. Qu'est-ce qui lui a donné l'envie d'aller avec le légume que j'étais alors, absolument pas remis de la mort de Michel et ne se voyant plus d'existence possible, au sens d'existence joyeuse, heureuse.

Bref, il commence à être tard ce soir et je n'ai toujours pas préparé mes affaires pour demain. Je vais donc faire cela en rentrant. Tout à l'heure j'ai été voir Cynthia à son cours d’équitation. Elle est tombée, mais il y a eu plus peur que de mal et cela ne l'empêchera pas d'y retourner la semaine prochaine. De même, à ma plus grande surprise, mon frère m'a téléphoné. Il m'a annoncé qu'il essayerait de monter à Paris pour me voir au mois d'octobre, mois de son anniversaire. Est-ce que cela me fait plaisir ? Sincèrement il ne serait pas monter que cela m'aurai laissé indifférent. Mais peut-être que lorsque nous serons face à face, j'éprouverai autre chose, quelque chose qui se rapproche du plaisir ou de la joie, je n'en sais rien. Aujourd'hui je suis dans ma bulle morose et je vois les choses à travers ce prisme.

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