dimanche 6 septembre 2015

Ennui

6 septembre 2015


Dire que je m'emmerde est peu dire. Déjà hier, samedi, j'ai dormi absolument toute la journée, non parce que j'en avais envie, mais par ennui, aucune activité à l'horizon, aucune manifestation à laquelle assisté, aucun endroit dans la ville ou s'asseoir pour voir les gens passer, vivre. Aujourd'hui, du fait que tous les commerces ou presque soient fermés, c'est encore pire. Hier je me suis bourré d calmants, le Xanax, afin de rester éveillé le moins longtemps. J'en prenais un, m'assoupissais une heure ou deux, me réveillais, prenait un petit café, puis reprenais un Xanax, histoire d'enclencher le même mouvement. Cependant, vers 17h00 je suis quand même sorti. J'ai été à la gare avec mon ordinateur, mais à part répondre à Zazou, je ne m'en suis pas survie. J'ai du rentrer vers 19h00 et, dans ce laps de temps, c'est quatre Xanax que j'ai pris.Sachant que la posologie conseillé dans le Vidal, le dico des médicaments, est d'un Xanax toute les quatre heure, soit six par jour, vous comprendrez que depuis le matin j'avais largement dépassé la dose.  Qu'à cela ne tienne, l'ennui étant toujours là, 19h00 était l'heure du traitement de choc, de mes médicaments du soir, neuroleptique et neurodépresseur en tête. Je rajoutais à ceux-là et aux autre deux autres Xanax, histoire d'être sûr de partir pour une longue nuit, que celle-ci se finisse enfin. Cela n'a pas loupé et à 200h00 j'étais dans les bras de Morphée. Vers minuit je me réveillais une première fois, puis vers quatre heure et, vers cinq heure je décidais de me lever. Je n'avais pas du tout la tête dans le gaz et pris mon premier café, allumais mon premier cigarillo et, déjà, je me demandais ce que j'alais faire de cette journée. Oui, même écrire ne m'attirait pas et si je le fais, là, maintenant, c'est vraiment histoire de faire quelque chose, preuve en est, qu'y a-t-il de passionnant, d'extraordinaire dans mes histoires d'ennuis et de médicaments pour pallier à ces derniers ? Donc, vers six heure, je pris mes médicaments du matin, cortisone et le reste. Cependant, histoire de me rendormir le plus longtemps possible, j'augmentais la dose de mon neuroleptique, le Tercian. Au lieu d'en prendre un demi, j'en ai pris un entier, en plus du Xanax évidement. Cela a marché, et je me suis réveillé tout à l'heure vers 11h30. Comme quoi, pour dormir, augmenter la dose de neuroleptique est plus efficace que d'augmenter celle des anxiolytiques. Le problème, c'est qu'à trop haute dose, le neuroleptique bloque le processus de la pensée, vous n'arrivez plus ou avez du mal à réfléchir, à raisonner. Là encore, j'ai mis une petite heure à réveiller mon esprit, me demandant comment j'allais occuper cette journée. Reproduire la solution d'hier ? Non, aujourd'hui je 'ai pas envie de me bourrer de cachet. Regarder la télé, un film ? Non, cela m’ennuie également royalement. Je n'arrive plus à fixer mon attention sur un écran, à me concentrer sur une émission plus d'un quart d'heure. Alors je me suis conditionné à sortir, bien que je sache qu'il ne se passerait rien de transcendant cette après-midi. J'ai hésité à sortir avec l'ordinateur tant je n'ai rien qui me traverse l'esprit à coucher sur du papier, mais au cas où, je l'ai pris. Là, je suis dans le quartier des rues piétonnes, vide de monde car tout est fermé, à part la boulangerie et le café où je me trouve. Aujourd'hui, contrairement à hier, il y a du soleil et le vent frais de d'habitude ne souffle pas. Cela au moins est agréable. Ce quartier, celui des rues piétonnes qui vont de la rivière « La savoureuse » à la gare, je l'appelle le quartier Foch, nom de l'arrêt de bus qui le dessert.

Je viens donc d'arriver à la gare, je m'occupe comme je peux, en marchant par exemple, même si je ne peux le faire longtemps du fait du poids de mon ordinateur. Je pense à  mon cancer sans y penser, je le constate, car si j'y pensais comme il y a quelque jours, je ne m'ennuierai pas et viderai ma tête sur  ce sujet par écrit, encore par écrit et toujours par écrit. Cependant, au Mittan, je ne les trouve pas très pressé pour me caler un rendez-vous pour ce fameux spectre IRM. N'ont-ils qu'une seule machine au CHU de Besançon ? Le planning est-il surchargé ? Demain, en voyant l'oncologue, je poserai la question, car en attendant cet examen et les soins qui en découleront, mes deux tumeurs, elles, n'attendent pas, elles continuent à grossir.

Cancer du cerveau, cerveau qui me fait penser, éprouver, ressentir, réfléchir, raisonner, pleurer ou rire, c'est comme Alzheimer, comment ne pas s'étonner que notre personnalité ne se modifie pas, ne  change pas, ainsi que nos humeurs, nos sujets d'intérêts ou de désintérêts, et parfois du tout au tout. Le malade ne peut rien y faire, il ne peut échapper à lui-même, il ne peut que prendre acte qu'il n'est plus le même, et encore, pas toujours, tandis que vous, vous pouvez vous enfuir, nous fuir, vous protéger de quelqu'un que, de toute les façons, vous ne connaissez plus, qui fût mais qui n'est plus. Si pour soi-même nous ne pouvons être un parfait inconnu tant qu'il nous reste assez de conscience de nous-mêmes, il n'en est évidement pas de même de vous envers nous. Ce pourquoi vous nous aimiez hier n'est plus, soit brusquement, soit petit-à-petit. Il en va de même envers les reproches que vous pouviez nous faire, ces tares disparaissent également, laissant peut-être la place à d'autres tares, d'autres défauts, peut-être pires que ceux d'hier. Non, le cerveau n'est vraiment pas un organe comme un autre, le corps médical le sait bien, et même si votre cœur fonctionne encore, si le cerveau est mort, on vous débranche. Hier, le signe médical de la mort d'un être était son cœur à l'arrêt, aujourd'hui c'est le cerveau, car on ne sait ni le réparer, ni le remettre en marche une fois que toutes ses fonctionnalités ont cessé de marcher. Peut-être demain les chercheurs trouveront des solutions, mais je crois qu'il faudra attendre très longtemps pour que les problèmes de santé du cerveau ne soient plus des condamnations.

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