mardi 15 septembre 2015

Elle

15 septembre 2015


Je pense à ma chérie, compagne, amour, pour laquelle je ne peux malheureusement pas faire grand chose pour l'aider à s'épanouir, à prendre à bras le corps la vie, à en profiter au-delà du pensable. Non, le mieux que je puisse faire, c'est de prendre soin de moi, d'avoir le moral quoi qu'il se passe, de tout faire pour l'inquiéter le moins possible, le fardeau qu'est la maladie de sa mère étant déjà amplement suffisant. Oui, Cynthia, qu'a-t-elle fait elle aussi au destin pour vivre pareille situation ? Sa mère condamné à court terme, du moins je le pense même si je souhaite me tromper, moi dont le cancer évolue lentement mais sûrement, sa vie professionnelle qui démarre pour de bon, mais dans un collège difficile, avec des élèves difficiles, dans une ville, une région qu'elle découvre complètement, sans ami(e)s ou famille à proximité, oui, vu son âge, 26 ans, cela fait quand même beaucoup de chose à avaler en un bloc, plus encore à digérer et à assimiler. Alors chaque jour je m'interroge pour savoir, trouver, dénicher quelque chose qui pourrait lui donner le sourire, ce sourire que j’adore et qui fut ma respiration toutes ces années passées ensemble. J'aimerai pouvoir vous le décrire, le peindre sur une vrai toile, le rendre évident en musique, mais je n'ai pas ce talent-là.

Je vous le dis comme je le pense, non parce que c'est ma compagne, mais parce que je le crois sincèrement et du fond du cœur, elle mérite d'être heureuse, car c'est une personne généreuse, fondamentalement généreuse, au sens profond du terme, prête à se mettre en quatre pour vous, quitte à mettre sa santé en péril, dès lors que vous avez touché son cœur. Si j'étais en état, si j'en avais encore la capacité, c'est un poème que je rédigerai en son honneur et non ces lignes banales où ne transpire pas mon admiration, car c'est bien de cela qu'il s'agit, pour sa personne. Mais je ne l'admire pas comme un benêt, c'est en toute connaissance de cause que c'est gravé en moi. Je me souviens très bien de qui elle était, de qu'elle était, lorsque nous nous sommes rencontrés la première fois, et je n'ai pu que constater, prendre acte, de son évolution fulgurante, tant dans la compréhension des choses de ce monde que sur elle-même. A ce niveau, pour moi elle est un cas, comme un objet étrange dont on ne parviendrait pas à discerner la forme, la décrire. Je sais simplement qu'elle est d'une intelligence remarquable, qu'il ne lui faut vraiment pas longtemps pour comprendre des choses que j'ai moi-même mis des années à réaliser, et qu'aujourd'hui, contrairement à nos débuts, nous sommes réellement à égalité, qu'elle n'est plus du tout une enfant ou une jeune adulte dans mon regard, que sa conception des choses, que je sois d'accord ou non avec elle, a maintenant autant de valeur que la mienne ou celles de mes amis.

Je ne sais pourquoi le destin l'a mis sur mon chemin, pourquoi il a fait en sorte que nous croisions un jour, mais je sais que c'est la plus belle des fleurs qu'il m'ait fait. Lorsque nous sommes rencontrés, nous étions perdus l'un l'autre. Moi, à cause des histoires avec ma fille et sa mère, elle, à cause du regard des autres, de l'image d'elle-même qu'elle voulait donner, image et regards auxquels  elle donnait trop d'importance. Un homme perdu, ne trouvant plus de sens à rien parce que séparé de sa fille, et une anorexique voulant sculpter ses formes dans le but de plaire, de séduire, voici les deux mondes qui se sont croisés, télescopés, pour finir par exploser l'un l'autre et construire, bâtir au quotidien un monde commun où le plaisir serait la locomotive. Alors qu'absolument rien n'était gagné à nos débuts, je pense que nous nous en sommes franchement bien sortis. Nous avons fait notre petit bonhomme de chemin, le plus souvent tranquillement, paisiblement, harmonieusement, tout du moins c'est ainsi que je vois notre et ressens notre histoire. Peut-être que Cynthia a une toute autre approche et que, pour elle, tout ne fût pas un long fleuve tranquille.

Quoi qu'il en soit, même si ma vie a été le plus souvent une succession de catastrophes, je sais qu'elle se terminera par la plus belle des notes qui puisse subvenir, celle d'un amour plein et entier, d'une dévotion que j'ai à son égard et que j'aime éprouver, d'une admiration que je n'ai jamais éprouvé avec les femmes qui ont partagé un temps ma vie. Oui, Cynthia m'a remis dans la vie, l'envie d'en profiter, de construire à nouveau, et si je me bat encore aujourd'hui contre ma maladie, refusant qu'elle me submerge complètement, corps et esprit, c'est parce que je veux croire que nous pourrons encore construire des choses ensemble, même si je n'ai pas idée de quoi. Je l'aime, c'est ainsi, et un point c'est tout !

2 commentaires:

  1. c'est magnifique.. merci pour partager tes sentiments.. je vous souhaite à toi et cynthia de belles choses à vivre au présent, un jour puis un autre puis encore un etc etc... l'amour permet de belles choses et d'avancer.. je l'ai découvert avec mon amour, celui qui est l'homme du reste de ma vie.. on se bat et l'amour sera le vainqueur ! j'ai pensé à toi quand je l'ai vu cet aprèm et que nous avons passé ce moment ensemble..
    à bientôt hicham, je t'embrasse
    virginie

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    Réponses
    1. Je suis bien content d'apprendre que tu ais pu voir François et j'espère que cela se reproduira vite. De même, j'espère que les résultats de son IRM vous apporterons de bonnes nouvelles.

      Je te dis à très bientôt.

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