lundi 21 septembre 2015

Diagnostique

21 septembre 2015


Il y a bien longtemps que ne me suis pas levé aussi tôt, 7H00, et il est à présent 9HOO, je suis à la terrasse de café de l'hôtel Saint-Christophe, hôtel de ville face à moi et Cathédrale sur ma gauche, au bout de la grande place. Depuis mon réveil j'ai mal à la tête et je viens donc de prendre un cachet en conséquence. Je pense à mon rendez-vous tout à l'heure, vers 14H00, avec mon radiothérapeute, mais cela avec contrariété. Oui, ce matin ma maladie et ses contraintes m'agace. J'en ai marre des examens, des rendez-vous,  des médicaments à prendre matin et soir, de voir un psychiatre, de prendre à nouveau des psychotropes, de ne plus avoir de bonnes nouvelles concernant mon cerveau et mes tumeurs. Pour tout dire, je me sens en colère, une colère intérieure, mais présente néanmoins.

De même je pense à Paris et me dis de plus en plus que, dans la limite du possible, je ne dois compter sur personne là-bas, pas plus sur ma famille que sur mes amis, si je dois parfois y résider une semaine, un mois, voire plus. Donc je vais tout  faire en octobre, le maximum de démarches, aller voir tous les services sociaux que je peux, faire jouer toutes mes relations pour trouver très rapidement un logement, quitte à refaire ce que j'ai fait en débarquant à Lyon pour rencontrer Cynthia. En effet, au début j'ai dormi dans des foyers d'hébergement, ceux des SDF, puis ai été pris en charge par une assistante sociale pour qu'elle m'aide à trouver un logement. Seulement j'ai été plus rapide qu'elle, et j'avais trouvé l'emploi et le logement bien avant qu'elle n'intervienne. Seulement à Paris ce sera différent car je ne peux plus travailler et qu'avec mes faibles ressources, l'allocation pour adulte handicapé, je serai complètement dépendant des commissions qui étudient les dossiers de demande de logement. Mais si je dois en passer par là encore une fois, je le ferai sans l'ombre d'une hésitation. Certes, à priori ma sœur est d'accord pour m’accueillir avec ma fille en octobre, mais au-delà je ne suis sûr de rien et j'avoue ne pas lui faire confiance plus que cela. Oui, j'ai plus confiance en mes amis qu'en ma famille. Eux, je le sais, me logerai le temps qu'il faudrait, à chaque fois qu'il le faudrait, mais je sais que je serai une véritable charge pour eux, ce que je ne veux pas être.

A cause de tout cela, à cause de la distance entre Paris et Belfort et de mes finances, j'ai l'impression de préparer, de mettre en place ma séparation d'avec Cynthia, bien malgré moi, mais si je veux être correctement soigné, il me semble que je n'ai pas d'autres choix tangibles.

A côté de moi, quatre hommes de mon âge sont installés à une table. Ils parlent essentiellement politique, économie et finance, de l'état de notre pays, de notre gouvernement et de notre président. Même si sur certains points j'étais en parfait accord avec leur pensée, néanmoins je ne me sentais pas du tout concerné à titre personnel. Oui, ils s'entretenaient sur un monde par lequel je ne me sens plus concerné. A un moment ils parlèrent de taxe foncière, d'impôt sur le revenu. Là aussi je ne me sentais nullement concerné, même si j'en avais encore à payer dans l'avenir. Effectivement, je crois que si j'étais seul, sans Cynthia, je ne paierai plus rien, car que peut me faire l'état, le fisc, le propriétaire de mon logement, qui soit pire que ma maladie qui me tue lentement ? Oui, ce n'est pas très citoyen ce que j'exprime, mais comme j’exècre notre système, la loi de l'argent et uniquement elle, je pourrai enfin agir selon mes conviction. Mais l'on pourrait m'objecter que si je suis pris en charge à 100% pour ma maladie, c'est quand même grâce à toutes ces taxes que vous payez les uns et les autres, et que je ne devrai pas me permettre de cracher autant sur notre système. Dans un sens,parce que le système est ce qu'il est, vous n'auriez pas tort. Mais de mon point de vue, si l'on abrogeait le droit à la propriété, si l'on répartissait de manière juste et beaucoup plus équitable les richesses, je ne vois pas pourquoi dans un tel système ma maladie ne pourrait pas être pris en charge, ou à mes propres frais puisque les salaires seraient normalement équitables et les prix de quoi que ce soit seraient donc établis en fonction de ces derniers, de salaires peu ou prou identiques pour tout le monde, ou parce que nous aurions trouvé, mis en place, un autre système d'échange que l'argent, les banques n'ayant plus de raison d'être dans ce monde-là.

Il est à présent 16H30, cela fait une heure que j'ai quitté mon radiothérapeute et l'oncologue qui me suivent au Mittan, annexe du CHU de Besançon, et depuis, toujours assis à la terrasse de café du Saint-Christophe, je contemple le ciel, les quelques nuages blancs qui le traversent, je suis dubitatif. L'oncologue m'a confirmé ce qu'elle m'avait dit la semaine dernière, qu'aucune chimiothérapie n'était possible et que la seule, générale, ne servirait strictement à rien, ne pourrait agir sur ma tumeur. En ce qui concerne ma plus grosse tumeur, elle ne croit toujours pas que c'est une radionécrose, mais bel et bien une tumeur cancéreuse qui continue de grandir, de grossir. Mon radiothérapeute, quant à lui, croit que c'est une radionécrose avec dans son noyau, toujours active, se trouve une tumeur cancéreuse. Lui aussi m'a dit qu'elle pouvait continuer à grossir. Pensant que j'ai donc des radionécroses, il m'a également dit qu'heureusement nous n'avions pas fait les séances de radiothérapies initialement prévues, car cela n'aurait qu'empirer la situation. Tout comme mon oncologue, Héloïse, il va me faire un courrier à l'attention professeur que je rencontrerai à Paris, lui signifiant que dans mon cas, il ne voyait que la chirurgie possible, même si mes tumeurs sont localisées dans un endroit très sensible de mon cerveau, tout acte chirurgicale pouvant entraîner une paralysie totale de ma personne, la perte du langage et tout ce qui va avec. C'est pour moi une raison supplémentaire de n'être qu'avec des personnes qui me foutent la paix, voire mieux, d'être seul. Oui, seul, je serai sans pression supplémentaire, celles de faire des efforts de comportement par exemple, de pouvoir faire la gueule si je suis irrité pour une raison ou une autre, à commencer par ma maladie, surtout si je devais me faire opérer, idée qui ne m'enchante guère, je l'admet bien volontiers. Même si l'hôpital La pitié-Salpêtrière a les meilleurs neurochirurgiens de France et les technologies qui vont avec leur discipline, ce serait quand même une opération à haut risque, à cause de la localisation de mes tumeurs, de leur emplacement dans mon cerveau.

Prenant de mes nouvelles il y a quelques instant, Cynthia me demandait si j'accepterai d'être opéré, malgré tout les risques. Je lui ai répondu que cela faisait une heure que je me posais la question et que je n'avais aucune réponse claire sur la question. Aussi, comme elle me l'a dit, attendons de voir ce que donnera mon entretien à Paris, quelles conclusions tireront de mon cas le professeur et les différents intervenant que je ne manquerai pas de voir, oncologue pour commencer, mais également peut-être neurologue, neurochirurgiens, etc. Oui, octobre se révèle un bel inconnu et, ce, à tous les niveaux, que ce sot au sujet de ma maladie ou à mes rapports avec ma famille, ma fille en tête. Je fonde de grands espoirs sur le professeur et l'équipe qui me prendra en charge, mais je e suis pas dans le rêve pour autant. J'ai bien conscience que, quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils décident, ce sera pour limiter les dégâts, mais que d'autres problèmes, aggravant la situation, confirmant l'évolution de ma maladie, subviendront plus tôt que tard.

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