samedi 26 septembre 2015

De tout et de rien

26 septembre 2015


Je pense à Cynthia et, vu de l'extérieur, on pourrait se demander ce que l'on fait ensemble. Effectivement, même si elle est à la maison, moi j'en suis absent. Je me lève et, sitôt une demi-heure passée, voire une heure, quelque soit l'heure, je sort, je la quitte, et ce jusqu'au soir où je ne rentre que vers 20H00 ou 21H00. On pourrait quoi que je la fuis, alors que ce n'est pas ça du tout. Que ce soit à notre domicile, à celui de ma mère, de ma sœur ou de mes amis, je ne supporte vraiment plus de rester de rester en enfermer en quatre murs. A l'hôpital, lorsque je suis hospitalisé, c'est pareil, De même, à part regarder les gens passer, je n'éprouve pas l'envie de les côtoyer, car je n'ai plus la force de me concentrer sur leur pensée, de leurs avis, de leurs opinions ou de leurs convictions. Non que je ne veuille pas, c'est simplement que je ne peux plus. De même, lorsque je suis à Paris avec ma famille ou mes amis, là aussi je ne converse pas beaucoup, cela m'épuise rapidement, et souvent, lorsqu'ils discutent avec de tierces personnes, là aussi je ne prête pas mon oreille, cela me demande trop d'attention et de réflexions de suivre des conversations dont je ne connais ni les tenants ni les aboutissements. Mais revenons à Cynthia. Mardi prochain, le veille de mon départ de pour Paris, je  l'accompagnerai à son cours d'équitation, ce sera au moins une chose que nous ferons ensemble, car plus ça va et plus nous sommes chacun dans nos propres occupations, chacun dans notre coin. même les courses nous ne les faisons plus ensemble, car rester debout une demi-heure, voire plus, je n'y arrive plus non plus, mes jambes flageolent, et il faut alors que je m’assois. De même, je ne peux plus porter de sac un peu lourd, trois ou quatre kilos étant ma limite. Enfin, depuis l’apparition de mon cancer, donc depuis presque dex ans, nous n'avons plus de rapports charnels. Oui, c'est vraiment à se demander quel couple nous formons. Je sais simplement que lorsque nous sommes en présence, même si nous n'échangeons plus beaucoup, elle est la seule personne avec qui je me sens bien, avec qui je peux rester dehors ou dedans sans qu'elle me fatigue, ce qui n'est ni le cas avec mes amis ou ma famille. De même, si parfois je l'agace car je lui fait répéter plein de fois des choses que j'oublie, que parfois je lui dit des choses qui ne peuvent lui faire plaisir, je sais qu'elle me comprends, que pour l'instant elle accepte ceci, que c'est néanmoins une véritable complice, bien plus que mes amis ou mon frère. Quelque part, si nous n'étions pas en couple, elle deviendrait ma meilleure amie, avant Tony, ma confidente et, le cas échéant, ma conseillère, ce qu'elle est déjà bien évidemment.

Aujourd'hui, comme souvent, je n'ai rien qui m'intéresse dans la ville, pas plus les murs que les gens, c'est vraiment comme un petit village, ou plusieurs succession de village, où à l'intérieur de chacun tout le monde semble se connaître, et parce que par les oui-dires que j'entends malgré moi, ils ne m'intéresse vraiment pas, la plupart d'entre eux semble aller dans la débrouillardise, beaucoup semblent sans emploi et, lorsqu'ils en ont un, d'après ce que j'entends, ils sont au SMIG, guère plus. De même il est évident que la majorité d'entre eux n'ont pas poussé les études bien loin, à peine le BEPC, qu'ils n'ont guère de culture générale avancée, et que les thèmes qui m'intéresse, c'est à dire la psychologie, la philosophie ou la métaphysique, même si je me suis essayé avec un ou deux, n'ont pas suivi la distance, c'était plus que du superficielle, du survole, et dès que je rentrai un peu en profondeur, juste sous la première couche du sujet, déjà ils n'avaient plus de répondant, et, ne sachant quoi me répondre, ils acquiesçaient à mes propos. Pourtant, même s'ils sont plus ou moins bourrus, plus ou moi inculte, même s'ils vous répondent avec un ton vraiment sec, froid, ils sont serviables, polies. Oui, concernant le quartier où j'habite, bien que ce soit dans Belfort, c'est vraiment comme une banlieue de Seine Saint-Denis. Les peaux blanches, mis à part quelques vieux et vieilles, il n'y en a pour ainsi dire pas. Par contre, dans la veille ville, c'est complètement le contraire. Il n'y a que dans l'unique piétonne, du fait de tous les commerces présents, que se mélange un peu. De même je n'ai jamais vu autant de femmes voilées au kilomètre carré, jeunes et moins jeunes, et parfois je me demande où je suis car je sais pertinemment que ce n'est pas culture et que je ne partage pas non plus leur religion. Cela me fait souvent bizarre, je me demande où est ma place, mais pour autant je n'ai vraiment l'impression que cela pose problème aux belfortains, qu'ils soient noirs, blancs ou d'origine maghrébine ou arabe. Tout ce petit monde m'a l'air de bien cohabiter, même si chacun a l'air d'avoir ses quartiers distincts.

Quoi qu'il en soit et je pense à mon séjour à Paris, voire mon déménagement, ej me dis que jesrai vraiment seul, faisant ma petite vie comme je la mène et l'ai mené à Rennes, dans mon coin, sans contacts, car si je trouve un logement, je ne sera pas dans mes anciens quartiers, et les transports parisien, la circulation parisienne, que ce soit dans les rue ou les trottoirs, me fatigue trop vite, je pense que je ne verrai que peu souvent mon entourage de là-bas, que la majorité des fois je ne me déplacerai pas vers eux, car encore une fois, à part parler de ma maladie, je n'ai rien à dire, ni aux uns ni aux autres dès lors qu'ils savent ce qui en est. Oui, les soucis administratifs et financiers de ma mère, je ne peux rien faire pour l'aider. A partir de là, je ne veux pas qu'elle m'encombre l'esprit, donc a concentration, concentration qui me fatigue, alors que je suis complètement impuissant face à ses problèmes, y compris problèmes de santé qui, avec, l'âge commence à la diminuer sérieusement. Pour ma sœur il en va de même. Son ras-le-bol de son travail, du trop de surcharge que l'on lui impose, sa frustration de ne pouvoir exercer le métier qu'elle aimerait faire, ses dépressions plus ou moins chroniques, l'argent qu'elle dépense au-dessus de ses moyens, ou tout du moins en étant sur le fil rouge, ce qui la stress également, là aussi je ne peux rien faire pour elle et, même si elle gentil dans le fond, j'en ai assez de la voir toujours se plaindre. Pour mon frère c'est réglé, il est à Toulouse et je n'aurai donc aucune raison de le voir car, en cela je suis bien déterminer à présent, je ne ferai aucun pas vers lui et s'il veut me voir, ce sera à lui de venir à moi par ses propres moyens. Restent Tony et Césard. Césard, même si j'apprécie sa présence et suis prêt à faire l'effort d'aller le voir, comme pour Tony, il me prends quand même sacrément la tête à me mettre Dieu à toutes les sauces, comme ma mère d'ailleurs et, dans une moindre mesure, ma sœur. Cela me freine donc souvent à aller le voir ou à l'appeler. Oui, tout cela sont des discours, des rhétoriques, qu'elles soient musulmanes ou chrétiennes, dont je sature complètement. J'ai pris qu'ils croient en Dieu, cela ne me pose pas de problème et n'aborde jamais le sujet, les respectant dans leur croyance, mais eux, ils semblent incapables de le faire en moi, il n'accepte que pour moi la mort est la fin de toute existence humaine et, ce, définitivement. Ainsi, c'est avec Tony que je passe mes meilleurs moments, et pourtant nous ne parlons pour ainsi dire plus ensemble, un peu comme avec Cynthia. Tony a eu un cancer du foi il y a trois ans maintenant. Cela l'a changé petit-à-petit psychologiquement, lui à fait voir beaucoup de choses autrement, lui indiquant bien, comme pour moi maintenant, où était le superficielle et le principale, les véritables priorités. Un an après que l'on est découvert son cancer et ce, vraiment inopinément, suite à une prise de sang pour mesurer son taux d’alcoolémie alors qu'il avait été arrêté pour un excès de vitesse, donc un an après, la greffe étant le seul moyen de le sauver, mais ne trouvant pas de donneur, c'est sa femme, qui heureusement possédait le même groupe sanguin que lui, un groupe rare, O je crois, qui lui a donné une partie de son foi afin que l'on puisse retirer celui de Tony infesté de tumeurs. Ses tumeurs étaient si grosses et se développant vite, il a eu le droit à de la chimiothérapie locale, où on lui injectait directement les produits chimiothérapiques en plein de son foi, ce qui le brûlait et le faisait monter au plafond. Tout cela a duré un an, puis vint la greffe et, depuis, plus de nouvelle de cancer ou de métastase, et c'est tant mieux. Depuis, comme moi, il parle de moins en moins, bien qu'il soit quand même plus sociable que moi et entretient encore beaucoup de contacts. Je me souviens qu'avant son cancer et, plus encore le mien, nous refaisions le monde depuis que nous nous sommes connus, ou presque. Aucun sujet de société, qu'il s'agisse de politique ou d'autres choses, n'échappait à notre regard, bien souvent à notre critique acerbe. Quand je l'ai connu, il y a près de dix ans, il était délégué syndicale au théâtre de Chaillot, et pour ma part j'avais une vue sur la répartition des richesses qui ne pouvaient que rejoindre les siennes. Aussi, l'un et l'autre habitant dans le seizième arrondissement, là où vous ne trouvez que des cadres supérieurs ou des personnes riches, fréquentant les mêmes brasseries que ces derniers, de fil en aiguille nous finissions par les fréquenter, qu'il s'agisse d'entrepreneurs, de personnes des médias, du staff du PSG, etc, et dès qu'un sujet sur le monde arrivait, guerre, économie, pauvres, émigrants, vous pouviez être sûr que nous rentions dans le lard de ces cols croisés le plus souvent, mais cela de manière courtoise, respectueuse, même si c'était sur un ton franchement sec. Chacun utilisait ses arguments, eux comme nous, mais au final, toujours, ils rendaient les armes. Mais tout cela, toutes ces conversation que Tony et moi avons eu ensemble, avons eu avec qui le voulait, tout cela est révolue. Comme moi il se tient au courant de l'actualité, mais cela ne l'intéresse plus vraiment. Lui aussi, à sa façon, il ne se sent plus vraiment concerné et ce qui l'intéresse dorénavant, c'est de construire sa retraite, de profiter du moment présent, et de ne plus se prendre la tête à essayer de changer les tournures d'esprits des uns et des autres. Comme moi, il est comme dans sa petite bulle, celle qui lui convient, n'a plus besoin que l'on l'y rejoigne, que l'on en soit convaincu. Lui il l'est, comme je suis convaincu de la mienne, là réside l'essentiel, la seule chose importante. De même, tout comme moi là encore, j'ai remarqué qu'il ne prend plus à la peine de s'embarrasser de personne qui ne l'intéresse pas plus que ça, contrairement à hier où il était prêt à qui consacrer un temps à quiconque le sollicitait. Aussi, lorsque nous nous voyons à Paris, nous sommes côte à côte, chacun avec notre café, lui lisant son journal ou échangeant avec une tierce personne, moi regardant le paysage, les gens passés ou l'écoutant lorsqu'il a quelque chose à dire.

2 commentaires:

  1. Je n'ai pas encore tout lu je vous écrirai lus longuement d'ici quelques temps car la semaine qui vient va être chargée. Notre 8ème petit enfant une petite fille va naître mardi par césarienne. Je vais aider mon fils et son petit garçon de 21 mois
    Je pense que la maladie isole enfin peut-être pas la maladie mais la fatigue qu'elle entraîne. Et puis nous allons aussi à l'essentiel
    Quant à vos rapports avec Cynthia, il n'y a pas trop à se poser de questions; elle vous aime très certainement et respecte votre vie; on n'a pas besoin d'être toujours collé l'un à l'autre
    Je vous embrasse très affectueusement
    Bon courage pour les jours à venir
    Mamy

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    1. Bonjour Mamy,
      comme vous dites, nous allons à l'essentiel et vous avez bien raison de faire passer votre famille avant ma lecture, surtout lorsqu'il s'agit d'enfants en si bas-âge.

      Sinon oui, je pense que vous avez raison là-encore, bien plus que la maladie, c'est la fatigue qu'elle génère qui nous éloigne des autres.

      J'espère que la césarienne de votre belle-fille se déroulera bien et qu'elle ne sortira pas de la maternité avec une trop grosse cicatrice. Ma sœur a également accouché ainsi de sa fille.

      Je vous dis à bientôt et vous souhaite de passer d'excellents moments avec votre fils et la famille qu'il bâtit.

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