mardi 15 septembre 2015

Après Paris...

15 septembre 2015


Je ne sais quoi raconter, je sais simplement que j'ai envie d'écrire, pour me vider, mais me vider de quoi ? J'ai encore Paris dans la tête, la fondation où j'ai été passé ce fameux Spectro IRM, mon ami Tony et ma nièce Lùa, la fille de ma sœur, avec qui j'ai dîner vendredi dernier, une soirée bien agréable, dehors, à la terrasse de l'un des restaurant de mes anciens quartiers, la Porte de Saint-Cloud. Ainsi donc, d'après ceux qui ont analysé l'examen que j'ai passé, mes tumeurs ne seraient plus cancéreuses. Ce serait des radionécroses, une complication qui peut subvenir lorsque l'on irradie des tumeurs ou métastases cancéreuses. Cependant, j'ai eu beau chercher sur internet la définition d'une radionécrose, son fonctionnement, la manière dont on peut l'éradiquer ou non, est-ce qu'elle peut continuer à grossir vu, qu'en principe, c'est un amas de tissus morts issus de la tumeur cancéreuse, entraînant la nécrose de cette dernière, je ne suis pas sûr, certain, d'avoir tout bien compris. Quoi qu'il en soit, j'ai pris rendez-vous avec le radiothérapeute du Mittan pour lundi prochain et j'entends bien qu'il m'explique de quoi il en retourne exactement. Cependant, le rendez-vous que j'attends avec impatience est celui de Paris, le 2 octobre, avec le professeur qui dirige le service de radiothérapie de l'hôpital La Pitié-Salpêtrière. Moi qui ai horreur d'invoquer le ciel en général, là je le prie pour que ce professeur ou un de ses collaborateurs accepte de me prendre en charge.

J'ai peu vu ma mère lors de mon mini séjour parisien. Il faut dire que, comme à Rennes ou à Belfort, j'étais toute la journée dehors, ordinateur sur l'épaule, même si je ne l'ai pas ouvert plus de deux fois. De même, je devais dîner chez ma sœur et déjeuner avec un autre ami, Césard, mais j'ai tout annulé. Cela devait se faire le samedi, mais j'étais tellement épuisé que je suis rentré chez ma mère pour m'y endormir tout l'après-midi. Mais cela n'est pas gave, je les verrai au mois d'octobre, car je compte bien aller à Paris avec un allé simple, quitte à faire du chantage à la santé au professeur que je dois rencontrer s'il s'avisait de refuser de me prendre en charge. Je lui dirai alors le plus simplement du monde que je m'installerai dans la salle des urgence de l'hôpital, cesserai de prendre mes médicaments, la cortisone et les anti-épileptique, ferait inexorablement un malaise ou une crise d'épilepsie le lendemain ou le surlendemain et,qu'alors, il serait bien obligé de s'occuper de moi.

Là, de suite, je pense également à ma fille qui commence à être en pleine rébellion contre sa mère qui, selon ses dires, ne la considère pas, ne tient pas sa parole, dit blanc et fait son contraire. Sa mère est ainsi, c'est vrai, mais j'ai également remarqué que ma fille pouvait se révéler insolente, provocante, y compris avec moi, même si je perçois nettement les bémols qu'elle essaye de mettre lorsqu'elle me parle au téléphone. Tout est dans le ton, un ton à la limite de l'acceptable en ce qui me concerne, dès lors que l'on est en désaccord avec elle, et je veux bien croire qu'avec sa mère, par contre, là elle se lâche complètement. A partir de là je peux comprendre que sa mère la punisse voire lui fasse du chantage, même si je ne pense pas que le chantage soit la meilleur méthode d'éducation.

Aujourd'hui Cynthia reprend l'équitation. Elle a trouvé un centre équestre situé non loin de chez nous et, peut-être, ira-t-elle deux fois par semaine. En tout cas, le fait de remonter un cheval lui redonne le sourire, lui redonne le moral. Il est vrai que l'antidépresseur qu'elle prends depuis deux semaines doit avoir son action également. Quant à sa mère, ma foi, cela ne va guère mieux. Le cancer dévore, grignote ses os, et malgré le traitement par radiothérapie, rien n'y fait, elle souffre toujours autant, malgré l'augmentation plus que significative de la morphine qu'on lui injecte, qu'on lui met en patch et qu'on lui fait avaler. En l'état, elle ne remettra pas les pieds chez elle. Elle va quitter la clinique où elle a été ré-hospitalisée pour retourner dans la maison de repos médicalisée où elle était précédemment. J'ai parlé avec mon beau-père récemment, avec Cynthia également, et ils ne se font plus d'illusions. On va dire qu'ils sont déjà dans un travail de deuil la concernant. J'aurai aimé parler à ma belle-mère, mais du fait des douleurs et des doses de morphine qu'elle prend, elle dort presque tout le temps. Du coup, si je me fais soigner à Paris, si pour se faire je dois y rester longtemps, je me demande quand je la reverrai, si je la reverrai vivante. Cependant je ne peux m’empêcher de penser que la vie est mal foutue. Comme pour Lila, qu'est-ce qu'à fait ma belle-mère au destin pour mériter un pareil sort ? Moi ce n'est pas pareil, j'ai fait du mal, et parfois volontairement, consciencieusement. De même, je n'ai jamais cherché à prendre spécialement soin de mes proches, à m'en inquiéter. Tout cela est arrivé sur le tard, cette prise de conscience que l'autre n'était pas rien, à plus forte raison s'il fait partie de notre entourage, que faire du mal ne conduit nul part, c'est une impasse, forcément, inévitablement.

En ce moment je ne sais exactement comment je me sens, pas plus que je ne sais comment je devrai me ressentir et éprouver ces jours qui passent. Je sais seulement que depuis que j'ai passé mon Spectro IRM et lu les conclusions de ce dernier, je me sens plus soulagé, mais pas forcément plus détendu. Effectivement, je peux me réjouir que ces deux tumeurs ne soient peut-être plus du tout cancéreuses, mais pour autant des radionécroses, même si elles ne peuvent se reproduire, ne sont pas pour autant synonyme de paix ou de repos. Ce dommage collatérale de la radiothérapie laisse néanmoins dans le cerveau des trous et, en ce qui me concerne, à elles deux, c'est cinq centimètres de trou, ce qui n'est pas négligeable vue la taille d'un cerveau, m'handicapant plus encore en prenant la place de zone saine, comme celles qui gèrent ma motricité, le langage ou la mémoire. De même, comme pour les tumeurs cancéreuses, elles amènent le cerveau à vouloir se défendre contre ces intruses, contre ces corps étrangers qui, même s'ils sont faits de tissus morts, ne devraient pas être là. Le cerveau crée donc des œdèmes, par auto-défense, des œdèmes qui provoquent mes crises d'épilepsies, des œdèmes sur lesquels seule la cortisone semble faire effet. Je pense donc être condamné à en prendre encore longtemps, malgré ses effets secondaires néfastes sur l'ensemble de mes tissus musculaires.

Où vais-je, je me le demande ? Où allons-nous Cynthia et moi, je me le demande également ? Oui, que je sois soigné à Paris ou non, que nous soyons souvent éloigné l'un de l'autre ou pas, beaucoup de chose vont dépendre de l'évolution de ma maladie et de celle de sa mère. Cette année sera moins rose que celle que nous avons passé à Rennes, c'est pour moi une évidence, mais à quel point va-t-elle s'assombrir, là est la question.

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